Le championnat mondial junior, qui se déroulait
en partie à Montréal, s’est terminé il y a quelques jours et le bilan qui en a
été fait est mitigé. Je crois qu’il faut
mettre les choses dans le contexte.
Au fil des années, TSN / RDS ont fait un très
bon travail pour mousser l’intérêt pour cette compétition qui, avouons-le, a
l’avantage de se dérouler pendant une période creuse pour la télévision
sportive. La stratégie est tout à fait
valable. Le tournoi (que j’aime bien)
est en fait une combinaison d’un match des étoiles des meilleurs espoirs et
d’un tournoi international. On peut donc
suivre son équipe nationale ou les meilleurs espoirs de son club préféré.
Au niveau des diffuseurs, bien qu’ils aient
sûrement augmenté au fil des années, à l’origine, les droits de diffusion payés
ne devaient pas être astronomiques. Il y
a bien des frais de déplacements, qui peuvent être importants lorsque l’action
se déroule en Europe, mais qui sont beaucoup moindres lorsque le tournoi est
disputé à proximité.
Avec les années, l’intérêt grandit (encore plus
du côté du Canada anglais). Le tournoi a
déjà eu lieu à Red Deer. Il serait
toutefois étonnant qu’il y retourne, puisqu’il a maintenant besoin de bassins
de population et d’arénas plus importants.
Il ne faut toutefois pas se leurrer. S’il soulève de telles passions ici, ce n’est
pas autant le cas ailleurs. L’an
dernier, en Suède, la moyenne d’assistance par match a été de 4654. L’année précédente, en Russie, la moyenne a
été de 3554. Cette année, à Montréal et
Toronto, 12 212. C’est pourquoi Hockey
Canada a réussi à convaincre la Fédération internationale de tenir son tournoi
au Canada aux deux ans. (Et la dernière
fois qu’il a eu lieu aux États-Unis, c’était à Buffalo et l’aréna était rempli
de canadiens.)
Cette année, Hockey Canada a vu grand, en
situant le tournoi dans les deux plus importants marchés au pays, Toronto et
Montréal. Et il a été un peu trop
arrogant.
Il y a eu plusieurs commentaires (tout à fait
justifiés, en ce qui me concerne) au sujet du prix des billets. 71$ pour un billet en haut dans les bleus
pour voir le Canada (junior) botter le derrière de la Slovaquie, c’est plus que
l’équivalent pour les Canadiens (pourtant les deuxièmes billets les plus chers
de la ligue). Pas si surprenant qu’il y
avait des milliers de bancs vides. Le
président de la Fédération internationale, René Fasel, a d’ailleurs avoué
candidement qu’à ces prix, il n’y aurait personne en Europe.
Mais la période prolongée où seulement la vente
en forfait était disponible n’est pas à ignorer non plus. Pour être prêt à payer des prix prohibitifs
pour treize matchs de niveau junior, dans le temps des fêtes en plus, il faut
vraiment être mordu. Certains se sont
dits qu’ils paieront, mais qu’en vendant les billets de matchs moins
intéressants, le coût baissera et qu’il y aura moyen malgré tout "d’avoir
une vie" pendant le temps des fêtes.
Sauf que le mot s’était passé que les billets étaient hors de prix et
plusieurs ont passé à autre chose. Avec
comme résultat que ceux qui tentaient d’écouler leurs billets excédentaires
sont ou restés avec, ou ont dû les brader à des prix dérisoires, surtout pour
les matchs n’impliquant pas le Canada.
Les sites de revente en étaient pleins.
Mais malgré tout cela, le tournoi a connu un
beau succès, avec les troisièmes meilleures assistances de son histoire
(derrière deux autres éditions qui ont eu lieu en sol canadien). Le volet torontois a attiré plus de gens
(malgré qu’on devait y acheter un total de 19 matchs en forfait), mais Montréal
n’a pas à rougir. La compétition n’a
tout simplement pas atteint les attentes démesurées de Hockey Canada. Par contre, ces chiffres seront tout de même
de beaucoup supérieurs à ceux qu’obtiendra Helsinki (qui n’est pourtant pas un
bled perdu ou un marché étranger au hockey) l’an prochain.
Les suggestions quant au retrait complet de Montréal pour 2017 (alors que le tournoi reviendra à Montréal et Toronto, mais cette fois avec la ronde des médailles à Montréal) m’ont fait sourire. Si la compétition a lieu au Canada à tous les deux ans, qu’on veut des marchés d’importance et qu’on fait la fine bouche sur Montréal, que restera-t-il? Les marchés de cette taille ne sont pas si nombreux au pays et si on le tient à répétition en Alberta par exemple (qui l’a eu en 2012), il risque de perdre un certain cachet.
L’ex-entraîneur Tom Renney, arrivé à la tête de
Hockey Canada en juillet 2014, a réitéré son intention de tenir la compétition
comme prévue à Montréal. C’est une bonne
chose. Mais Hockey Canada devra non
seulement faire preuve de modestie, mais aussi le claironner haut et fort. Sinon, ceux qui ont acheté des forfaits (à
peine deux ans auparavant) et qui ont été pris avec des billets invendus
risquent d’y penser deux fois. Et ceux
qui ont renoncé à y assister en raison des prix trop élevés risquent de
demeurer avec la même perception.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire