Hideki Irabu est né sur l’île d’Okinawa, au Japon, où aujourd’hui on retrouve toujours une base américaine. Son père biologique serait d’ailleurs un soldat américain qu’il n’a jamais connu.
Devenu lanceur
droitier, il eut une longue carrière avec les Chiba Lotte Marines de la Ligue japonaise. Spécialiste des retraits au bâton, il fit un
lancer qui atteignit 153 km/h. Cette
marque fut un record du Japon pendant 12 ans.
En 1997, les Padres
achetèrent son contrat de Chiba. Par
contre, celui que certains appelaient le Nolan Ryan japonais refusa d’aller
jouer à San Diego. Pour lui, il n’y avait
qu’une seul destination possible en Amérique du Nord : les Yankees de New
York. Les deux équipes finirent par
s’entendre. Pour Irabu et Homer Bush,
les Padres obtinrent Rubén Rivera et Rafael Madina (deux joueurs qui n’eurent
pas de grandes carrières) et 3 millions $.
Irabu signa un contrat de 4 ans pour 12,8 millions $.
Les attentes étaient
donc grandes. Après seulement 8 matchs
dans les mineures, Irabu fut rappelé dans la Grosse pomme.
Le premier match a
laissé une bonne impression. En 6
manches 2/3, Irabu a retiré 9 frappeurs sur des prises et accordé deux points,
dans une victoire de 10-3 des Yankees sur les Tigers de Détroit. En plus d’avoir attiré 51 901
spectateurs et 300 journalistes au Yankee Stadium, le match a été suivi sur de
nombreux écrans géants dans 24 villes du Japon.
Au total, avec la télévision, 35 millions de japonais ont regardé le
match.
La suite a été moins
intéressante. Irabu s’est montré distant
et indifférent envers l’équipe. Son
éthique de travail a soulevé des questions, tout comme le fait d’apporter des
cigarettes dans le vestiaire…
Mais les Yankees
vivaient de belles années et malgré une moyenne de points mérités élevée, Irabu
gagna sa part de matchs, en plus de faire partie de l’équipe championne de la
Série mondiale en 1998, même s’il n’a pas lancé en séries.
Le 1er
avril 1999, dans un match du camp d’entraînement sans signification, Irabu
manqua à son devoir de couvrir le premier but.
Le bouillant propriétaire des Yankees George Steinbrenner, faisant aussi
référence à son excès de poids, l’a alors qualifié de gros crapaud (″fat pussy
toad″ pour être exact). Il l’a également
empêché de prendre l’avion vers la Californie avec le reste de l’équipe. Ce surnom peu flatteur a ensuite collé à la
peau d’Irabu. Il a complété la saison
1999 avec les Yankees, gagné une autre Série mondiale, mais ses jours dans la
Grosse pomme tiraient à leur fin.
Irabu est passé du
marché le plus médiatisé vers l’indifférence totale dans laquelle baignaient
des Expos agonisants. Pour l’obtenir,
les Montréalais sacrifièrent deux jeunes lanceurs : Ted Lilly et Jake
Westbrook. Lilly joua au total 15 ans et
remporta 130 victoires dans les majeures.
Westbrook joua 13 ans, remporta 105 victoires, ainsi que la Série
mondiale avec les Cardinals en 2011.
Les résultats d’Irabu
à Montréal ont été loin d’être mémorables.
En deux ans, il a été à plusieurs reprises sur la liste des
blessés. En tout, il débuta 14 matchs et
compila une fiche de 2-7.
Il joua une dernière
saison en 2002 avec les Rangers du Texas, cette fois comme releveur.
Au total, il cumula
une fiche de 34-35, 16 sauvetages, avec une ronflante moyenne de points mérités
de 5,15.
Il a ensuite effectué
un bref retour dans la ligue japonaise.
La suite a été un
mélange de dépression et de consommation d’alcool abusive. Il a d’ailleurs été arrêté à quelques
reprises à ce sujet (entre autres pour avoir agressé un barman et pour conduite
en état d’ébriété) Il a malgré tout
effectué un bref retour en 2009 au sein d’une équipe indépendante, à Long
Beach, en Californie.
En juillet 2011,
alors qu’il vivait en Californie et que sa femme voulait le quitter avec ses
enfants, l’histoire d’Hideki Irabu s’est terminée de façon tragique. Il s’est enlevé la vie.
Sources : ″Irabu
réussit sa rentrée″, 11 juillet 1997, AP, La Presse, p.S6, ″Les Japonais
voulaient voir ça″ Associated Press, La Presse, 11 juillet 1997, p.S6, ″Hideki
Irabu, Briefly a Yankee sensation, Dies at 42″ de Douglas Marin, 28 juillet
2011, New York Times (nytimes.com), ″Late ex-New York Yankees pitcher Hideki
Irabu always appeared a troubled man, up until his death″ de John Harper, 29
juillet 2011, New York Daily News (nydailynews.com), ″Page 2 - The List :
Steinbrenner’s worst″ de Jeff Merron, ESPN (espn.go.com).
que de "bons" souvenirs...
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