jeudi 29 septembre 2016

Jimmy Carson







Avant de faire partie d'un des échanges les plus célèbres de l'histoire du sport professionnel, l'attaquant Jimmy Carson des Kings de Los Angeles était une jeune vedette montante dans la LNH. Cet échange sera toutefois le point tournant de sa carrière et ses meilleures années étaient déjà derrière lui alors qu'il sortait à peine de l'adolescence.

Né le 20 juillet 1968 à Southfield au Michigan, James Charles Carson imita son compatriote américain Pat Lafontaine en s'alignant dans la LHJMQ avec le Canadien Junior de Verdun où il fit partie des meilleurs compteurs de la ligue durant deux saisons. Il récolta 44 buts et 116 points lors de sa première saison en 1984-85 et explosa la saison suivante avec 70 buts et 153 points suite à quoi il fut repêché par les Kings au 2e rang du repêchage de 1986 derrière l'attaquant Joe Murphy.


Luc Robitaille et Jimmy Carson


Lors de sa première saison dans la LNH à 18 ans, Carson fit équipe avec un autre gradué de la LHJMQ, Luc Robitaille. "Lucky" Luc, deux ans plus vieux que Carson, avait pour sa part été repêché par les Kings en 9e ronde en 1984. Lui et Carson furent réunis sur le même trio et ces deux ex-rivaux de la LHJMQ développèrent une chimie instantanée avec les Kings. On assistait à un changement de garde à ce moment-là chez les Kings alors que Marcel Dionne quitta pour les Rangers de New York durant la première saison de Carson et Robitaille. Ces derniers, en compagnie d'un autre jeune joueur nommé Bernie Nicholls symbolisaient un espoir de renouveau chez les Kings. Robitaille (45b, 39p, 84pts) remporta le trophée Calder en 1986-87 tandis que Carson (37b, 42p, 79 pts) l'accompagna sur l'équipe d'étoiles des recrues.




Les deux comparses remirent ça de plus belle la saison suivante alors que Robitaille termina en première position chez les Kings avec 53 buts et 111 points tandis que Carson récolta 55 buts et 107 points. Carson termina donc ses deux premières années dans la ligue avec une récolte de 92 buts avant d'atteindre l'âge de 20 ans, ce qui constitue toujours un record. Avec ce début de carrière prometteur, le propriétaire des Kings Bruce McNall, conseilla à Carson de s'acheter une maison dans les environs, ce qui indiquait à Carson que son avenir était assuré à Los Angeles. Toutefois la suite des choses prît une tournure spectaculaire.

Le 9 août 1988, les Kings font l’acquisition de Wayne Gretzky, Marty McSorley et Mike Krushelnyski des Oilers d'Edmonton. En retour, les Oilers reçurent les services de Carson, Martin Gélinas, 15 millions de dollars et 3 choix de première ronde en 1989 (Jason Miller), 1991 (Martin Rucinsky) et 1993 (Nick Stajduhar). Du lot, seulement Carson allait pouvoir joindre les Oilers en 1988-89 alors que Gélinas jouait encore au niveau junior. La pression d'Edmonton et le fait de jouer dans l'ombre indélébile de la merveille aura eu un énorme impact sur sa confiance et sa carrière. Même Glen Sather, le directeur général des Oilers implora les fans de ne pas comparer Carson à Gretzky lors de la première conférence de presse suite à l'échange mais rien ne pouvait vraiment réconforter les fans. Il obtint tout de même de bonnes statistiques lors de sa première saison à Edmonton (49 buts, 51 passes pour 100 points) et cliquait assez bien avec Jari Kurri. Mais ce n'était pas assez pour faire oublier le départ du grand Wayne aux yeux des partisans (jusque-là très gâtés) des Oilers.




En plus d'avoir à surmonter cette pression démesurée, Carson ne cliquait pas vraiment avec le reste du vestiaire des Oilers, la plupart étant tous canadiens d'origine qui avaient grandi ensemble dans l'organisation et remporté plusieurs coupes Stanley. Les Oilers aimaient bien sortir après les matchs, boire des bières et lire le Hockey News mais Carson préférait pour sa part lire le Wall Street Journal et avait une attitude plus réservée. Selon ses propres dires, les Oilers de 1988-89 ressemblaient plutôt à une famille brisée suite au départ de Gretzky. Carson se sentait donc un peu exclu. Les Oilers furent éliminés en première ronde, ironiquement par les Kings, et Carson ne récolta que 3 points durant ces séries décevantes. Après cette première saison mouvementée, il ne se sentait pas plus désiré dans le vestiaire qu'avec les partisans et demanda donc d'être échangé après 4 matchs lors de la saison 1989-90.





En novembre 1989, un peu plus d'un an après "L'échange", Carson fut échangé de nouveau, cette fois-ci presque à la maison. Les Oilers l'envoyèrent à Detroit en compagnie de Kevin McClelland et un choix de 5e ronde en retour de trois joueurs qui aidèrent grandement les Oilers à remporter une 5e coupe en 1990; Adam Graves, Petr Klima et Joe Murphy. Les Oilers réussirent donc à rentabiliser d'une certaine manière l'échange de Gretzky. Graves, Murphy et Martin Gélinas formèrent la "Kid Line" avec les Oilers de 1990 dont la dernière conquête à ce jour symbolisait le fait que la dynastie des Oilers n'était pas seulement celle d'un seul joueur.


Joe Murphy, Adam Graves et Martin Gélinas en 1990


Carson, qui évoluait au centre, était désormais relégué derrière Steve Yzerman et Sergei Fedorov chez les Red Wings. De nombreuses blessures vinrent également diminuer son rendement avec sa nouvelle équipe. Sa meilleure saison à Detroit fut celle de 1991-92 où il obtint 34 buts et 35 passes pour 69 points en 80 matchs, ce qui était loin de ses meilleures saisons avec les Kings quelques années auparavant.

Il augmenta la cadence durant la saison 1992-93 où après 52 matchs il était en marche pour une saison d'un point par match mais il fut retourné aux Kings en janvier dans un échange impliquant Paul Coffey. McNall avait toujours dit à Carson qu'il essaierait de le rapatrier avec les Kings à la bonne occasion et il tint ainsi sa promesse. Carson put donc retourner à Los Angeles après 5 ans mais il retrouva alors une toute nouvelle équipe menée par celui dont il jouait dans l'ombre depuis ce fameux échange de 1988. Il contribua à la fin de la saison des Kings ainsi qu'au parcours jusqu'en finale de la Coupe Stanley de 1993. Il récolta 5 buts et 4 passes en 18 matchs lors de ce parcours dans une cause perdante contre les Canadiens. Durant cette saison 92-93 il récolta en tout 73 points dans ce qui fut sa dernière saison potable au niveau des points. Toutefois, sa réputation de joueur qui n'en donnait jamais assez commençait à le rattraper. McNall déclara plus tard qu'il se doutait que Carson n'ait jamais mis tout son coeur dans sa carrière de hockeyeur et qu'au moment de son deuxième séjour à Los Angeles, il était plus intéressé par son après-carrière que par son rendement sur la glace. Les blessures encourues durant les saisons précédentes le rendirent également plus frileux. Durant les étés entre les saisons, Carson suivait des cours en finance afin de préparer sa vie après le hockey.


Retour à Los Angeles en 1993


La saison suivante, il fut échangé aux Canucks contre Dixon Ward mais ne fut pas un très grand facteur durant son séjour à Vancouver. Il ne récolta que 28 points durant cette saison partagée entre Los Angeles et Vancouver. Il ne joua par la suite que 2 matchs en séries pour les Canucks qui s'inclinèrent également en finale de la Coupe Stanley et où Carson dut ronger son frein dans les estrades comme joueur de réserve. Son contrat fut racheté par les Canucks durant l'entre-saison et il signa par la suite un autre contrat avec les Whalers de Hartford. Les Whalers croyaient que Carson avait encore le potentiel de marquer une trentaine de buts par saison et qu'il aiderait l'équipe en manque de marqueurs à faire les séries.



Son séjour à Hartford fut à l'image de l'équipe à cette époque, soit au bout du rouleau. Il joua 38 matchs pour les Whalers lors de la saison écourtée de 1995 et récolta un maigre 19 points. Lors de la saison 1995-96, il ne joua que 11 matchs où sa production se résuma à un seul but. Il ne termina pas la saison avec Hartford mais plutôt avec le club HC Lausanne en Suisse où il récolta 7 points en 13 matchs. La saison suivante, il retourna à Detroit mais cette fois dans la IHL avec les Vipers qu'il aida à remporter la Turner Cup de 1997, son seul championnat en carrière à l'exception de sa première saison dans la LHJMQ avec Verdun. Il récolta 23 points en 18 matchs avec les Vipers ainsi que 10 points en 13 matchs lors des séries. La saison suivante, il tenta un retour dans la LNH avec les Islanders de New York où il obtint un essai pour leur camp d’entraînement. Il fut toutefois retranché et alla joué une autre saison avec les Vipers en 1997-98 où il récolta 38 points en 49 matchs suite à quoi il décida à 28 ans de tourner la page et de se concentrer sur sa carrière en finance.


Essai à Long Island en 1997


Il est présentement conseiller financier pour la compagnie d'assurance Northwestern Mutual et habite en banlieue de Detroit. Il a une fille et trois garçons dont aucun de joue au hockey. En 626 matchs dans la LNH, il récolta 275 buts, 286 passes pour 561 points. Pas de mauvaises statistiques en soi mais jouer dans l'ombre de Gretzky n'aura fait de Carson que l'ombre de lui-même.


Sources:

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