Né en 1887, les parents de Grover Cleveland Alexander choisirent de prénommer leur fils en l’honneur du président des États-Unis en poste à l’époque, le démocrate Grover Cleveland (le seul à remplir deux mandats non consécutifs à la présidence).
Après une bonne saison à Syracuse dans la Ligue
New York State en 1910, où il remporta 29 matchs, son contrat fut racheté par
les Phillies de Philadelphie pour 500$.
À son arrivée, son gérant voulut le tester en
l’envoyant lancer un match présaison contre les puissants Athletics de Connie Mack, champions de la Série mondiale et qui jouaient à l’époque également à
Philadelphie. Alexander répondit en
lançant cinq manches, sans donner ni point, ni coup sûr ou but sur balles. Cette performance s’avéra annonciatrice de ce
qui allait suivre, puisqu’il termina sa saison recrue avec une fiche de 28-13. Son total de 28 victoires constitue toujours
un record pour une recrue.
Nullement impressionné, il lança au cours de
cette même année un marathon de 12 manches, qu’il remporta 1-0 contre Cy Young,
dans ce qui fut finalement le dernier match dans les majeures de celui-ci.
Bien qu’au sein d’un club qui n’était pas une
puissance, Alexander domina les monticules de la Ligue nationale, tout en
lançant une quantité impressionnante de manches. Au cours de ses sept premières années dans la
ligue, il fut celui qui lança le plus de manches à six reprises. En 1915, 1916 et 1917, il termina en tête de
la Ligue nationale pour les manches lancées (376, 390, 387), les victoires (31,
33, 30), la moyenne de points mérités (1,22, 1,55, 1,83), les retraits sur
trois prises, les matchs complets et les blanchissages.
En 1917, il lança un programme double et
remporta les deux matchs.
À la fin de cette saison exceptionnelle, il
apprit qu’il avait été échangé aux Cubs de Chicago avec son receveur, Bill
Killefer, contre deux joueurs et 60 000$ (120 fois le prix payé
initialement pour ses droits). Les
Phillies avaient désespérément besoin de cet argent…
Il ne demeura toutefois pas longtemps dans la
ville des vents puisqu’après seulement trois matchs, il fut conscrit. Sergent dans l’artillerie, il combattit en
France et en revint complètement transformé.
Il faut dire qu’à cette époque, la notion de syndrome de stress post
traumatique était inconnue.
Il fut exposé au gaz moutarde et devint
partiellement sourd. Il se mit également
à souffrir d’épilepsie et à boire abondamment.
Souvent, on confondit le premier problème avec le deuxième, alors qu’au
fond, ils étaient fréquemment reliés.
Son alcoolisme le poursuivit jusqu’à la fin de sa vie.
Alexander demeura tout de même un lanceur
efficace (il remporta entre autres 27 victoires en 1920), mais pas autant qu’à
ses années à Philadelphie. Le gérant des
Cubs Joe McCarthy finit par se lasser de ses écarts de conduite et en 1926, il
affirma que tant qu’à être un club de dernière place, les Cubs seraient mieux sans
celui qu’on surnommait « Old Pete ».
Alexander fut donc libéré et il se retrouva alors avec les Cardinals de
St-Louis, où son vieux comparse, Bill Killefer, était entraîneur.
Les Cards se rendirent en Série mondiale et
Alexander remporta les matchs 2 et 6. La
veille du match 7, il passa une nuit des plus arrosées. En septième manche, St-Louis menait 3-2, mais
avec deux retraits, les Yankees avaient rempli les buts. Lorsque le lanceur des Cards développa une
ampoule, le gérant Roger Hornsby décida de faire appel à Alexander, malgré qu’il
ressentait toujours les vapeurs de la veille.
Ce dernier retira Tony Lazzeri sur trois prises et lança les deux
dernières manches. Pour clore le match,
Babe Ruth fut retiré en tentative de vol.
Après avoir été du côté des perdants en 1915, Alexander a ainsi remporté
sa seule Série mondiale. Les Cardinals y
retournèrent en 1928, mais ils furent battus par ces mêmes Yankees.
Sa consommation d’alcool finit par user
Alexander et après une dernière saison avec les Phillies en 1930, sa carrière
dans les majeures prit fin. Avec une
fiche globale de 373-208, il possède le troisième plus haut total de victoires
de l’histoire des Ligues majeures, à égalité avec Christy Mathewson. Il fut élu au Temple de la renommée en 1938.
Il joua ensuite jusqu’en 1940 pour l’équipe de
la House of David, une équipe semi-pro reliée à une communauté juive. Sa vie après les majeures fut par contre
marquée par la pauvreté.
Il mourut en 1950, à l’âge de 63 ans.
En 1952, Hollywood s’empara de son histoire et
en fit un film romancé, The Winning Team.
Étrangement, celui qui portait un prénom inspiré d’un président
américain fut interprété par Ronald Reagan, qui devint éventuellement également président. Son épouse fut de son côté interprétée par Doris Day.
En 2001, il fut honoré par les Phillies, sans
toutefois qu’on retire son numéro, puisqu’à cette époque, il n’en portait pas.
Sources :
Reidenbaugh, Lowell, Baseball’s
Hall of Fame, Cooperstown, Where The Legends Live Forever, Arlington House,
1988, p.12-13,
“Old Pete”: How
Grover Cleveland Alexander got his nickname” de Lenny DiFranza, (baseballhall.com),
wikipedia.org.
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