samedi 8 août 2020

Trêve de hockey #100 - Le salaire de Scottie Pippen





Un nouveau plateau est ici atteint à LVEUP avec cette centième trêve de hockey où nous nous égarons de notre sujet principal pour parler d'un autre sport. Personnellement c'est assez rare que je participe à ces trêves mais le hasard fait que j'en ai une sur le plancher et que ça coïncide avec notre 100e... En plus de ça elle a comme sujet un sport dont nous ne parlons que très rarement, soit le basketball...

Je suis moi-même peu familier avec le basket. Je connais bien quelques-unes des légendes et franchises de ce sport, j'apprécie un bon dunk, j'ai joué religieusement à NBA JAM au Sega Genesis et j'essaie de suivre à distance ce qui s'y passe mais je ne crois pas avoir déjà regardé un match complet de la NBA...




Mais comme beaucoup d'entre vous probablement, j'ai regardé le documentaire ''The Last Dance'' sur Netflix. Étant fan invétéré de n'importe quelle série de documentaires sportifs (par exemple Baseball de Ken Burns), je savais que j'allais adorer The Last Dance que j'ai d'ailleurs écouté plus d'une fois. On y retrouve tout ce qui fait un grand documentaire sportif, soient les origines des principaux joueurs et entraîneurs, leurs triomphes face à l'adversité, leur processus de cheminement d'équipe mauvaise à équipe championne, des documents d'archives rarement vus etc... La trame sonore est également excellente avec beaucoup de bon vieux rap old-school représentatif des années discutées. Tout ça va probablement m'inciter à écouter plus de basket au final.

J'ai aussi bien apprécié comment on a présenté l'impact de l'équipe légendaire des Bulls de Chicago des années 90 mais aussi le contexte compétitif qu'on retrouvait chez leurs adversaires. Le réalisateur a effectivement pris le temps de faire des parallèles entre les Bulls et les anciennes équipes championnes avant eux ainsi que de leurs principales équipes et joueurs ennemis comme les Pistons de Detroit, les Knicks de New York et le Jazz de l'Utah par exemple.

Bien sûr une majorité de cette série de 10 épisodes est concentrée sur l'illustre Michael Jordan, dont la production de cette série dépendait en tout point. On raconte même que c'est lui qui causa ce délai de plusieurs décennies avant sa diffusion

On ne peut qu'être impressionné par l'énorme talent de Jordan, surtout après avoir vu tous ces nombreux montages sur du bon beat dans cette série, mais aussi par son extrême côté compétitif et égo-maniaque qui frôle la sociopathie...

Mais après Jordan, le joueur dont on parle le plus est son fidèle coéquipier Scottie Pippen dont un des grands aspects de sa carrière et un des principaux problèmes en coulisses de ces Bulls de 1997-98 était le fait qu'il était le joueur le plus sous-payé de la NBA durant ces années de gloire. Au moment de la ''Last dance'', Pippen, un joueur 7 fois all-star, 5 fois champion et 3 fois membre de la première équipe d'étoiles, n'était que le 6e joueur le mieux payé chez les Bulls et ne figurait qu'au 122e rang de la NBA...




Bien sûr le principal responsable de cet ''injustice'' (on parle quand même d'un multimillionnaire ici) était Pippen lui-même qui aurait pu faire 10 fois plus d'argent s'il avait attendu davantage et mieux joué ses cartes. Au moment de signer ce contrat, Pippen avait alors deux ans restants à son contrat de recrue initial signé en 1987. Il avait cependant l'option de renégocier et prolonger son contrat n'importe quand durant ces deux années restantes. Le timing était crucial alors que le cap salarial de la NBA à l'époque était différent et pas mal plus modeste de ce qu'il allait devenir dans les années suivantes.

Ne voulant pas risquer de perdre une certaine stabilité financière et n'étant pas encore totalement élevé au niveau de superstar, il signa une prolongation de contrat de 5 saisons durant les séries de 1991 pour un montant total de 18 millions, ce qui était alors un salaire presque autant élevé que celui de Jordan mais qui signifiait qu'il était sous contrat jusqu'à cette saison 1997-98. Dans le documentaire, il évoque qu'il ne se sentait pas capable de ''parier sur lui-même'' en cas de blessure ou de carrière écourtée et qu'il devait assurer rapidement les conditions financières des siens, lui qui provient d'une famille pauvre de 11 enfants.

Les agents de Pippen lui conseillèrent de refuser cette extension de contrat et même le président des Bulls Jerry Reinsdorf lui déconseilla de la signer, estimant que la durée du contrat était trop longue. Pippen fit tout de même à sa tête et son contrat devint rapidement un des plus abordables de la NBA et un élément de frustration qui dura pendant 7 longues années.


Après cette signature de contrat, la popularité de la NBA explosa dans les années suivantes, principalement à cause de Jordan, Pippen, les Bulls et l'équipe américaine de la Dream Team de 1992 et donc les salaires explosèrent également. Par exemple, lors de son retour au jeu après sa première retraite, Magic Johnson signa pour 14 millions annuellement avec les Lakers de Los Angeles. Patrick Ewing des Knicks obtint ensuite 18 millions annuellement (le total du contrat de Pippen) en 1995-96. Jordan fut également sous-payé pendant quelques saisons (malgré qu'il figurait tout de même dans le Top 10 ou Top 5) mais obtint un contrat record de plus de 30 millions annuellement pour ses deux dernières saisons avant sa deuxième retraite. Pendant ce temps, Pippen ne gagna que 2.775 millions en 1997-98 soit le douzième du nouveau salaire de Jordan. 

Dans une équipe et un sport avec de tels égos, inutile de dire que Pippen était frustré. Le président des Bulls avait comme politique de ne jamais renégocier ses contrats, ce que Pippen tenta de faire durant quelques semaines de grève et plusieurs demandes d'échange en 1997-98. Ce contrat était sans aucun doute une bénédiction pour les Bulls qui purent davantage construire autour de Jordan et Pippen avec plus d'aisance financière.

Un journaliste questionna Pippen à propos de son salaire et c'est avec la sagesse d'un shaman que Pippen y alla d'une déclaration tellement ''badass'' qu'elle m'a inspiré le sujet de ce texte...



''My day will come...''


Donc la vie continua tout de même après cette ''Last dance'' et ce dernier championnat. Jordan prit sa deuxième retraite (mais pas sa dernière) et les Bulls commencèrent leur fameux processus de reconstruction. Un des premiers à partir fut Pippen. Dans le documentaire, on assiste à une énorme animosité entre Pippen et son DG Jerry Krause alors que le climat était tendu depuis plusieurs années entre les deux et surtout durant cette saison 1997-98.

Krause, qui est surtout dépeint (injustement selon plusieurs) comme le méchant dans cette histoire, se montra toutefois redevable envers Pippen après cette 6e conquête en exauçant ses vœux soit celui d'un meilleur salaire et d'un départ de Chicago.

Krause effectua en effet un ''sign and trade'' en octroyant d'abord un salaire de 67 millions pour 5 ans à Pippen avant de l'échanger le lendemain aux Rockets de Houston. Krause déclara même plus tard qu'il s'agissait en fait d'un ''cadeau de départ'' envers Pippen. Les choses dérapèrent cependant rapidement pour Pippen à Houston (où il avait entre autres des problèmes avec Charles Barkley) et il fut subséquemment échangé aux Trail Blazers de Portland où il joua durant 4 saisons.


Jordan et Pippen adversaires après leurs années à Chicago. Bizarre...


À la fin de ce contrat de 5 ans, les Bulls étaient désormais avec un nouveau DG soit l'ancien coéquipier de Pippen et membre du premier three-peat des Bulls de 1991 à 1993, John Paxson. Ce dernier le convainquit de revenir terminer sa carrière à Chicago pour guider les nouveaux jeunes joueurs de l'équipe qui en arrachait depuis la fin de leur dynastie et du départ de leurs joueurs vedettes.

Il signa donc en 2003-04 un contrat de 10 millions pour deux ans avec les Bulls mais se retira de la compétition après une seule saison où il rata les séries pour la première fois de sa glorieuse carrière. Il fut toutefois payé pour sa dernière année de contrat même après sa retraite. Il obtint donc en 1 an la moitié de ce qu'il avait gagné en 12 ans avec les Bulls...


Retour à Chicago en 2003-04


En tout, Pippen aura gagné plus de 87 millions après la saison 1997-98 soit durant ses années où il était davantage sur le déclin. Il n'avait auparavant gagné que 22 millions avec les Bulls avant son ''sign and trade'' de 1998. Donc effectivement, je crois que son ''day has come'' car tous ces gains le portèrent à une fortune de 109 millions de dollars amassés en carrière, ce qui étonnamment est supérieur aux gains de joueur de Michael Jordan qui lui se situe à 86 millions. Jordan a cependant joué moins d'années avec toutes ses retraites et lors de son retour de deux saisons avec les Wizards de Washington, il jouait à rabais à seulement 1 million annuellement au sein de ce club où il était également co-propriétaire.

Cependant je ne crois pas que personne ne se plaint de leur sort, surtout celui de Jordan qui a probablement récolté autant sinon plus avec ses nombreux contrats publicitaires... et probablement un nouveau chèque intéressant suite à la diffusion de ''The Last Dance''...


En terminant sur une note totalement différente, voici un vidéo du l'étrange jeu interactif  ''Slam City with Scottie Pippen'' paru au Sega CD en 1994...




Sources:
wikipedia



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