jeudi 21 juillet 2022

Le masque Delbert G. Louch








J'en ai déjà fait mention à quelques reprises, j'adore faire le tour des brocantes à la recherche d'articles de hockey ; rondelles, équipements vintage, masques de gardien, etc. Et ces recherches peuvent parfois être payantes, surtout en histoire. J'ai récemment mis la main sur un exemplaire des masques fabriqué par Delbert G. Louch. Vous avez fort probablement déjà vu photo semblable, mais avec le visage de Johnny Bower derrière le masque.

C'est en 1954 que M. Louch développa la première version de ce protecteur facial transparent, dans son atelier de St-Mary's, en Ontario. Fabriqué avec deux épaisseurs de plexiglas afin d'assurer une rigidité, il en fit parvenir un exemplaire à tous les gardiens de la LNH, espérant une réponse positive et que les gardiens se mettent à l'utiliser de manière continue. Malheureusement, les critiques furent destructrices ; embue rapidement, obstrue la vue (dû aux reflets des lumières), ne protège pas assez le front, etc. 

Celui qui donna le plus de chances au masque de Louch fut Jacques Plante. Après avoir subit des fractures aux os des joues en 1954 et en 1955, Plante cherchait une façon de convenablement se couvrir le visage, sans pour autant en réduire sa visibilité et son efficacité. Plante y colla des serviettes pour le coller à son visage, et ainsi absorber les chocs et la sueur. Il coupa également un espace pour ses yeux, afin d'éviter le reflet dérangeant des spots de lumière dans les arénas, et créa le trou pour la bouche afin d'éviter au protecteur d'embuer,. C'est en partie ce masque qui emmena Plante à se faire mouler le visage pour créer son masque de fibre de verre, qu'il présenta à toute la famille de la LNH en novembre 1959. C'est d'ailleurs en 1959 que l'on vit un gardien avec ce qui pourrait être l'ancêtre du casque de ski-doo.

Portant son masque de fibre de verre (avant qu'il soit peinturé beige/blanc), tenant son masque de plexiglas modifié

C'est pourtant deux ans auparavant, en 1957 que Louch accoucha du modèle que j'ai acquis. Il était destiné autant aux gardiens de but de hockey que de crosse, pour les receveurs au baseball et aux arbitres. Le port de ce dernier se vit particulièrement dans les ligues mineures et les universités. Emile Francis, futur entraîneur des Rangers de New York, le porta pendant quelques matchs en décembre 1959, alors qu'il évoluait avec les Comets de Spokane, dans la Western Hockey League. Ayant une épaule dans une attelle suite à une blessure (en dehors de la glace on s'entend), Francis décida de porter le masque protecteur au cas où il ne pourrait relever le bras assez rapidement pour protéger son visage pour capter une rondelle. 

Joe Sellinger avec Michigan State

Emile Francis avec les Comets de Spokane

Ce nouveau modèle fut une fois de plus testé par quelques gardiens de la LNH, dont Glenn Hall et Johnny Bower (voir début de l'article) encore sans grand succès. Toutefois, Terry Sawchuck endossa le produit, ayant une mention sur les boîtes qu'il suggérait fortement à chacun de porter un masque ... sans qu'il n'est jamais porté ce masque plus d'une pratique.

Test probablement aussi efficace que de "kicker" les tires d'un char

Ce protecteur avait également une version pour les joueurs, qui ne couvrait que les yeux et le nez. Pas mal l'ancêtre de la visière que nous connaissons aujourd'hui.


Les innovations de M. Louch sont encore très méconnues aujourd'hui. Pourtant ses tentatives ont aidé à l'amélioration des équipements protecteurs que nous connaissons maintenant. D'ailleurs, la "version" de Jacques Plante se retrouve au Hockey Hall of Fame ... sans la mention de M. Louch. Né en 1903, M. Louch est décédé en mai 1990.

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