samedi 23 janvier 2010

Helmuts Balderis

Il y a des choses parfois qu'on oublie à propos de l'ancienne URSS. On oublie qu'il s'agissait d'un empire et que les divers composant de cet empire qui sont de nos jours des États-nations autonomes vivaient souvent sous la gouverne de l'administration centrale et non pas nécessairement de bon cœur. Même dans les dernières années du régime, la vie était parfois difficile pour ceux qui n'obéissaient pas. Mais comme on dit parfois, où il y a du pouvoir, il y a nécessairement de la résistance. L'histoire d'Helmuts Balderis est à cet effet une très bonne histoire de résistance passive au hockey...

Helmuts Balderis-Sildedzis (Хелмутс Балдерис-Силдедзис en russe) est né en 1952 à Riga en Lettonie, alors un pays de l'URSS. C'est en 1967, à l'âge de 15 ans qu'il débuta avec le Dinamo de Riga de la ligue de hockey d'URSS. (En passant, la manière de différencier le Dinamo de Riga et celui de Moscou est que le Dynamo de Moscou prend un "y" et l'équipe lettone prend un "I".) Avec le temps, il devint un hockeyeur hors-pairs et devint, au milieu des années 70, le héros des fans de hockey lettons. Sa renommée sortie très tôt des frontières de sa petite république, il fut par exemple invité à partir de 1976 à se joindre à l'équipe nationale soviétique, "invitation" qui était très peu faite auprès de joueurs non-russes à l'époque.

À ce moment de sa carrière, Balderis était à son sommet. Lors de la saison 1976-77, il remporta le championnat des marqueurs avec 63 points en 35 matchs dont 40 buts. Ça donne quand même une moyenne de 1,14 buts par matchs, À titre comparatif, lorsque Wayne Gretzky enfila 92 buts en 80 matchs en 1981-82, il avait alors une moyenne de 1,15 buts par matchs. Pour votre information, le record de la plus haute moyenne de l'histoire appartient depuis des lunes à Joe Malone dont les 44 buts en 20 matchs avec le Canadien en 1917-18 lui donna une moyenne de 2,2 buts par match... C'est probablement un record qui ne sera jamais battu... Pour en revenir à Balderis... en cette saison 1976-77, Il fut également nommé joueur de l'année en URSS en plus de faire parti de l'équipe d'étoile de la ligue d'URSS et de remporter le trophée Izvestia remis au meilleur marqueur de la ligue. De plus, Balderis connut un tournoi du championnat mondial de 1977 d'enfer, remportant le titre de meilleur joueur du tournoi ainsi qu'une place sur l'équipe d'étoile du tournoi.

Ce succès de la saison 1976-77 d'Helmuts Balderis allait toutefois orienter la carrière de ce dernier dans une direction où il ne voulait aller. À l'aube de la saison 1977-78, le CSKA, la célèbre équipe de l'Armée Rouge, "invita" Balderis à se joindre à son alignement, chose qui à l'époque était très peu faite aux joueurs non-originaires de Russie. Une invitation signifiait toutefois qu'on devait se reporter à l'équipe d'étoile de la ligue. C'est contre son gré que Balderis, qui jouissait alors d'un statut de superstar auprès des fans de hockey lettons, se joint au CSKA. Un refus aurait eu des conséquences assez répréhensibles. Balderis décida alors de jouer la carte de la résistance passive... Au moment où il devint un joueur du CSKA, Balderis était au sommet de sa carrière et jouer avec des légendes soviétiques comme Vladimir Petrov, Boris Mikhailov et Valeri Kharlamov aurait peut-être dû augmenter sa production offensive comparativement à ce qu'il connût avec le Dinamo de Riga, mais il en décida autrement. Afin de manifester pacifiquement sa réquisition auprès de la superpuissance de la ligue soviétique, lui qui désapprouvait l'entraînement rigoureux de l'équipe et le sérieux de cette dernière, la vedette lettone ralentit volontairement sa production. Ainsi, il passa de 40 buts en 35 matchs à sa dernière saison avec le Dinamo à 17 en 36 lors de la saison suivante avec le CSKA.

Cette manifestation passive de Balderis s'équilibra toutefois avec le temps avec un désir de jouer au hockey et à mesure que les saisons passaient, sa production augmenta. À sa dernière saison avec le CSKA, en 1979-80, Balderis récolta quand même un bon 61 points dont 26 buts. Mais le jeu de Balderis toujours un peu volontairement gauche n'impressionnait toujours pas les autorités de l'équipe qui décidèrent de le renvoyer à son club original à l'aube de la saison 1980-81. Et c'est dans la joie que Balderis revint à Riga en gonflant son total de points par rapport à ses récoltes moscovites. En 1983, il se mérita à nouveau le trophée Izvestia remis au meilleur de la ligue pour sa récolte de 63 points dont 32 buts en 40 matchs. Balderis représentait toutefois toujours l'URSS lors de rencontres internationales, ce qui lui valut de faire parti de l'équipe soviétique championne du monde de 1983. Il ne fera toutefois jamais parti de ces joueurs soviétiques décorées par maintes médailles olympique, se contentant dans sa carrière que d'une médaille d'argent aux jeux de Lake Placid de 1980.

C'est après la saison 1984-85 où il était encore un joueur dominant pour son équipe qu'Helmuts Balderis se retira du hockey pour la première fois. Suite à son retrait, il obtint la permission d'aller entraîner au Japon. Entre temps, comme il était dorénavant permis aux joueurs soviétiques de venir jouer en Amérique. Les North Stars du Minnesota repêchèrent Balderis en 1989 au 12e rang, jugeant qu'il pourrait peut-être effectuer un retour. Cela constitua le joueur le plus vieux à avoir été repêché par la NHL, à l'âge de 36 ans... Lorsqu'il fit un retour au jeu lors de la saison 1989-90 afin d'évoluer dans la NHL avec les North Stars, Helmuts Balderis devint le seul joueur sa génération, celle des joueurs de la génération de la Série du Siècle, à évoluer dans la NHL. Autre fait marquant de son court passage au Minnesota, Balderis devint à 37 ans le plus vieux joueur à marquer son premier but dans la NHL. Il devint également le premier joueur originaire de Lettonie à avoir porté un uniforme de la NHL. Comme on peut toutefois s'en douter, l'âge et l'éloignement du jeu avait considérablement ralenti les talents du joueur Letton. Lors de son unique saison avec les Stars, il récolta un maigre 3 buts pour un total de 9 points en 36 matchs. Il se retira à nouveau à la fin de la saison...

Lorsque la Lettonie devint un État indépendant en 1991, Balderis qui jouissait du statut de héros national sortit à nouveau de sa retraite afin d'évoluer dans son pays natal en plus de jouer sporadiquement au sein d'équipes de la jeune ligue de hockey de Lettonie jusqu'à la saison 1995-96. Bien que dans la quarentaine, Balderis dominait solidement la ligue. Par exemple, en 1992-93, Balderis récolta un bon 142 points dont 76 buts en... 22 matchs... Inutile de dire qu'il fut le premier marqueur de la ligue...

Il travaille présentement pour la fédération de hockey de Lettonie, la Latvijas Hokeja Federācija...

Il fut intronisé au temple de la renommée de l'IIHF en 1998...


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