vendredi 19 août 2011

Le nombre d’équipes à partir de 1966 vs l'ajout de sources des joueurs








Dépendant de votre âge, peut-être avez-vous un père, un grand-père, un oncle (à moins que ce soit vous–même) qui vous a parlé du temps béni où « y avait juste six clubs », où tous les joueurs étaient excellents et seulement les meilleurs des meilleurs accédaient à la LNH. Cette période des « Original Six » (Boston, Chicago, Détroit, Montréal, New York et Toronto) a effectivement duré un bon moment. Elle a débuté en 1942-43, avec la disparition des Americans de New York / Brooklyn, et elle a pris fin avec l’expansion de 1967 (Los Angeles, Minnesota, Oakland, Pittsburgh, Philadelphie et St.Louis).

Déjà plus petite que les autres ligues professionnelles principales, la LNH a mis plus de temps que le baseball majeur (1961) à procéder à une expansion. De plus, ce n’est qu’en 1972 qu’elle a vu arriver une ligue rivale (l’AMH). La NFL a quant à elle subi la compétition de l’AFL dès 1960. Du côté de la NBA, le nombre d’équipes a varié de 8 à 12 entre 1946 (le début de ce qui allait devenir la NBA) et 1967, année où arrivera la compétition de la ABA. Pour ce qui est de la LCF, la plus jeune des neuf équipes de l’époque est la Colombie-Britannique, qui a débuté ses activités en 1954.

Lorsqu’arrive finalement l’expansion en 1967, la LNH est donc en retard sur tout le monde. Bien que le bassin de joueurs disponibles (presque exclusivement des canadiens(1), avec quelques américains) soit plus petit que celui des autres ligues, il n’en demeure pas moins que le talent est effectivement assez concentré et il est difficile de percer l’alignement d’une équipe. Martin aborde cet aspect dans son billet au sujet de Guyle Fielder (17 août).

La concentration de talent n’empêchera pas Boston, Chicago et New York de passer la plus grande partie de la période à la traîne, remportant à eux trois un grand total d’UNE Coupe Stanley (Chicago en 1961), laissant les 24 autres à Détroit, Montréal et Toronto. Mais ça, c’est une autre histoire.

Mais à partir de 1967, le nombre d’équipe augmente rapidement. D’autres expansions suivront en 1970, 1972 et 1974. De son côté, l’Association Mondiale de Hockey (AMH) arrive en 1972 avec ses 12 équipes. Leur nombre variera, mais il montera jusqu’à 14. Au total (LNH + AMH), le sommet est donc atteint en 1974-75 et 1975-76, avec 32 équipes. En l’espace de 8 ans, le nombre d’équipes a été multiplié par plus que 5.



Pendant ce temps, le bassin de joueur a peu changé. Les États-Unis produisent toutefois un peu plus de joueurs, début d’une tendance lourde qui s’étire jusqu’à aujourd’hui, alors que presque 25% des joueurs sont maintenant américains. À ce moment, le phénomène n’en est néanmoins qu’à ses débuts.

On voit arriver quelques scandinaves, mais cela semble restreint à quelques équipes (habituellement pas très bonnes et qui cherchent une façon de s’améliorer rapidement). Ils viennent aussi habituellement à plus d'un à la fois, comme s'il en fallait plus qu'un pour justifier la dépense d'envoyer un dépisteur en Europe. (À moins que ce soit pour qu'ils aient de la compagnie et souffrent moins d'isolement?) Thommie Bergman débarque à Détroit en 1972. Les Leafs amènent Borje Salming et Inge Hammarstrom à Toronto en 1973. Les Jets (alors dans l’AMH) y vont ensuite d’un magasinage intensif en Suède (Ulf Nilsson et Anders Hedberg en 1974, en plus de rapatrier Thommie Bergman, Willy Lindstrom et Mats Lindh en 1975, Dan Labraaten en 1976, Kent Nilsson en 1977). Ils font de même en Finlande (Veli-Pekka Ketola, Lars-Erik Sjoberg et Heikki Riihiranta en 1974, en plus d’aller chercher Markus Mattson en 1977). L’expérience semble bien se dérouler, puisqu’ils gagnent la Coupe Avco en 1976, 1978 et 1979.




Les North Stars tentent aussi l’expérience suédoise (Roland Eriksson en 1976, Per-Olov Brasar et Kent-Erik Andersson en 1977), ainsi que les Canucks (Lars Lindgren, Thomas Gradin et Lars Zetterstrom en 1978) et les Capitals (Rolf Edberg et Leif Svensson en 1978, Bengt Gustafsson en 1979). D’autres suivront. Néanmoins, le phénomène débute et le nombre d’équipes a augmenté beaucoup plus rapidement que le nombre de joueurs disponibles. Le calibre est donc effectivement dilué. Dans une certaine mesure, grand-papa a raison, pour les années 1970 du moins.

En 1979, la fin de l’AMH stabilise le nombre d’équipes à 21, maintenant que le bassin de joueurs bénéficie d’un apport grandissant de la Suède et de la Finlande.

Du côté de la Tchécoslovaquie, c’est un peu plus compliqué, en raison de la présence du rideau de fer. Les joueurs doivent faire défection pour joindre la LNH. Il y en a bien eu quelques uns auparavant (comme Jaroslav Jirik, texte du 11 juillet 2011 et Vaclav Nedomansky, qui rejoint les Toros de Toronto de l’AMH en 1974), mais à partir de ce moment, il y en a un peu plus. Les Leafs font l’acquisition de Jiri Crha en 1979, Vitezslav Duris en 1980 et Peter Ihnacak (texte du 10 novembre 2010) en 1982. Les Nordiques regardent bien sûr dans cette direction avec Anton et Peter Stastny en 1980 et Miroslav Frycer (texte du 6 octobre 2009) et Marian Stastny en 1981. Les Canucks (encore) tenteront leur chance avec Jiri Bubla et Ivan Hlinka en 1981. Leur cas est particulier, car étant donné qu’ils étaient en fin de carrière, ils furent les premiers à obtenir la permission de leur gouvernement pour se rendre en Amérique du Nord. Ces différentes expériences eurent des succès très variables.

Il y eut d’autres fuites pour passer à l’ouest (comme Petr Svoboda en 1984 - texte 10 octobre 2009), mais au fil du temps, les joueurs tchécoslovaques devinrent de plus en plus accessibles pour les équipes de la LNH.

Le bassin de joueurs continue donc d’augmenter, mais le nombre d’équipes est stable à 21.



En mars 1989, c’est au tour du premier soviétique, Sergei Pryakhin, à obtenir la permission de se joindre à la LNH, avec les Flames. (Oublions les trois matchs de Victor Nechayev en 1982, texte du 25 novembre 2009.) Il ne mettra que quelques mois à devenir le premier soviétique / russe à gagner la Coupe Stanley. L’expérience semble concluante, puisque le gouvernement soviétique autorise plusieurs joueurs à traverser l’Atlantique pour la saison suivante, dont la fameuse ligne KLM (Krutov et Larionov à Vancouver (encore!), Makarov à Calgary), Viacheslav Fetisov au New Jersey, Helmut Balderis au Minnesota (texte du 23 janvier 2010) et l’inoubliable Sergei Mylnikov avec les Nordiques (qui jouera 10 matchs au total, texte du 16 mars 2009).

À ce moment, les joueurs qui sont autorisés à partir sont plus âgés. Alexander Mogilny, qui n'entre pas dans cette catégorie, doit pour sa part faire défection pour se joindre aux Sabres. Comme le tchèque Petr Klima quelques années plus tôt, il portera comme numéro l'année de sa défection (89 pour Mogilny, 85 pour Klima).


Une autre source s’ajoute donc, et l’approvisionnement en joueurs y deviendra de plus en plus facile, avec la dissolution de l’URSS.

Pendant ce temps, le nombre d’équipes reste à 21, mais seulement jusqu’en 1991, qui marque le début de la dernière phase d’expansion. C’est en 2000 que le nombre actuel de 30 sera atteint. Il s’agit donc d’une augmentation de 43% depuis 1991. C’est moins que dans les années 1970, mais c’est tout de même considérable.

Pendant ce temps, de nouvelles sources de joueurs s’ajouteront, mais celles-ci seront beaucoup plus marginales, comme la Suisse et le Danemark. Il y a donc à nouveau une certaine dilution, bien que les États-Unis continuent d’augmenter leur contribution. (Le nombre de canadiens dans la ligue est relativement stable depuis un moment. Il y en avait 493 en 1979-80, il y en avait 483 en 2010-11. La différence, c’est que ça représentait 84,3% en 1979-80 et 54,2% en 2010-11.)

Peut-être alors que de nouvelles générations parleront plus tard à leurs petits enfants de « quand j’étais jeune pis qu’y avait juste 21 clubs »…

(1) Comme mon sujet est les bassins de joueurs où pigent les équipes professionnelles, j’exclus ceux qui sont nés dans d’autres pays mais qui sont déménagés au Canada lorsqu’ils étaient enfants et/ou qui ont joué junior ici comme Stan Mikita, Juha Widing, Bob Nystrom, etc.)

Source : quanthockey.com

5 commentaires:

  1. J'ai remarqué aussi que c'était plus souvent qu'à son tour des équipes poches (minus les Flames des années 80) qui essaient des nouvelles sources...

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  2. Super job, Ben Acton!

    Saviez-vous que Jiri Bubla est en fait le père biologique de Jiri Slegr, qui a aussi été défenseur à Vancouver? ;)

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  3. Jiri Slegr dans la Coupe Canada 91 je pensait que ça allait être un des meilleurs joueurs de la terre plus tard...

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  4. @ Anonyme

    D'abord, merci.

    Quant à Slegr, en bout de ligne, il a peut-être bien fait de changer de nom pour prendre celui de son beau père, considérant ce qui est arrivé par la suite. (Bubla a fait de la prison pour trafic d'héroïne.)

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