mercredi 9 septembre 2015

La valeur marchande de Shayne Corson






Certains d'entre vous allez peut-être me juger pour cette déclaration mais je n'ai jamais aimé Shayne Corson. Je le trouvais fendant, pleignard et surtout je ne comprenais pas pourquoi il était souvent considéré comme un joueur vedette alors qu'il n'était à mes yeux qu'un joueur moyen (dans son peak). J'avoue que je ne me rappelle pas particulièrement de ses meilleures années lors de son premier séjour à Montréal alors que j'étais trop jeune mais je me rappelle plutôt avec amertume son deuxième séjour de 1996 à 1999.

Je crois qu'avec le recul des années on peut voir à quel point ce joueur était surévalué… et controversé. Corson a été échangé trois fois dans sa carrière et à chaque fois, l'équipe qui s'en est débarrassé en est sorti grandement gagnante tandis que celle qui fit son acquisition dut traverser de dures années par la suite… À ma mémoire, je ne me souviens pas d'un joueur qui ait été aussi souvent du côté perdant des échanges qui l'impliquait... Voici une analyse de ces 3 échanges ainsi qu'un résumé de la carrière de Corson.

Premier séjour à Montréal

Shayne Paul Corson est né en 1966 dans la ville de Midland en Ontario mais il grandit plutôt à Barrie, Ontario. Il joua son hockey junior avec les Alexanders de Brantford et les Steelhawks d'Hamilton. Les Canadiens le repêchèrent au 8ème rang lors du repêchage de 1984, ce fameux repêchage qui permit de sélectionner Patrick Roy, Petr Svoboda et Stéphane Richer.

Contrairement à ces trois autres joueurs, Corson retourna jouer dans le junior et ne participa donc pas aux conquêtes de la coupe Calder en 1985 et de la coupe Stanley en 1986. Ses premiers matchs avec le CH eurent lieu durant la saison 1985-86 mais aucuns n'eurent lieu en séries alors qu'il passa le reste de la saison à Hamilton avec les Steelhawks. C'est en 86-87 qu'il joua sa première saison complète à Montréal, récoltant 23 points en 55 matchs et amassant 144 minutes de pénalité.

Il continua à développer son jeu avec les Canadiens durant les 6 saisons suivantes, étant reconnu comme un joueur hargneux et solide, capable de se défendre et ayant quelques qualités de leader (apparemment). Sa meilleure saison en carrière fut celle de 89-90 où il amassa 31 buts et 75 points et participa au match des étoiles. Ce fut sa seule saison de plus de 30 buts et plus de 70 points.

Il développa toutefois une mauvaise réputation en dehors de la glace. Il était un régulier sur la rue Crescent ainsi que ses équivalents dans les autres villes sur la route. Il eut durant son premier séjour à Montréal plusieurs altercations dans les bars et par conséquent plusieurs démêlés avec la justice. Ce qui fit en sorte qu'en février 1992, il atteint le point de non-retour avec l'organisation. Après une autre bagarre dans un club de Montréal le 13 février 1992, les Canadiens suspendirent Corson et l'avertirent qu'il serait échangé en cas de rechute. Pat Burns, qui auparavant avait pris la défense de Corson à maintes reprises, en avait assez également et y alla d'une de ses déclarations les plus marquantes…




C'est donc après la saison 91-92 que Corson fut échangé pour la première fois. Le 27 août 1992, il passa aux Oilers d'Edmonton en compagnie de Brent Gilchrist et Vladimir Vujtek. En retour, les Canadiens firent l'acquisition de Vincent Damphousse et d'un choix de 4ème ronde en 1993 (Adam Wiesel).

Il va sans dire que les Canadiens remportèrent haut la main cet échange. Damphousse connut 4 saisons de plus de 80 points à Montréal, fut le meilleur compteur lors des séries de 1993 et devint capitaine de l'équipe de 1996 à 1999. Gilchrist ne joua qu'une saison à Edmonton tandis que Vujtek ne se développa jamais comme joueur de la LNH à temps plein. Corson pour sa part connut 3 saisons peu mémorables avec les Oilers, sa meilleure en 1993-94 où il amassa 54 points et participa au match des étoiles pour la deuxième fois. Les Oilers était alors en pleine reconstruction après avoir complètement décimé leur dynastie avec de mauvais échanges et de mauvais repêchages lors de leurs années championnes et Corson était un de leurs rares joueurs d'impact, ce qui en dit gros sur la qualité de l'équipe à l'époque.

Il joua 3 saisons à Edmonton où l'équipe rata les séries à chaque fois. Ce n'est qu'après son départ que les Oilers commencèrent vraiment à remonter la pente, surtout grâce au deuxième échange de Corson.

Séjour peu mémorable avec les Oilers

Son séjour à Edmonton se termina également dans la tourmente. Il fut nommé capitaine pour la saison écourtée de 1995 mais alors que son contrat allait se terminer et que l'équipe n'allait nulle part, un incident inter-équipe allait survenir. Lors d'une défaite de 7-2 contre les Blues, il fut reporté que Corson tenta d'intervenir auprès des officiels pour se faire ajouter une passe à sa fiche personnelle. Le jeune Jason Arnott, alors à sa deuxième saison, s'engueula avec Corson, prétendant (avec raison) qu'il mettait ses intérêts personnels avant ceux de l'équipe et les deux en seraient venus aux coups. Cet incident força l'équipe à enlever le "C" à Corson pour le reste de la saison, sa dernière avec l'équipe.

Au moins les Oilers sortirent gagnants de la fin de leur association avec Corson. Son contrat se terminait et il signa après la saison avec les Blues de St-Louis. À l'époque, Corson était en quelque sorte un agent libre avec compensation et les Oilers durent donc recevoir une compensation pour la signature de Corson avec les Blues. C'est assez long et complexe à expliquer mais en gros, les Oilers récurent les droits sur le gardien Curtis Joseph et le joueur Mike Grier. Encore une fois, inutile de dire que l'équipe se qui se départit de Corson en sortit gagnante. Joseph connut trois excellentes saisons à Edmonton et les ramenèrent en séries, jouant un rôle majeur lors des deux rondes victoirieuses d'affilée en 1997 (contre les Stars) et 1998 (contre Colorado).

En plus de Joseph, Mike Grier se développa comme un bon joueur de soutien pendant plusieurs saisons et comme bonus, l'équipe était soulagée de la présence toxique de Corson, le pire capitaine de leur histoire. Gagnants sur toute la ligne.


Corson avec les Blues

À St. Louis, Corson fut encore une fois mêlé à une controverse de capitaine alors que le dictateur Mike Keenan enleva le titre à Brett Hull et le donna au nouveau venu Corson, quelques semaines après le début de la saison 95-96. Un troisième joueur fut nommé capitaine de l'équipe plus tard dans la saison lorsque les Blues firent l'acquisition de Wayne Gretzky des Kings de Los Angeles. Le passage de Corson avec les Blues fut de courte durée. Après 11 matchs lors de la saison 96-97, Keenan le retourna aux Canadiens lors de ce qui fut le dernier échange de la carrière de Corson. Celui-là me fait encore mal au coeur de nos jours. Au moins pour les Blues, l'équipe ne dut pas traverser une longue période de malheur durant le court séjour de Corson et s'en remirent assez bien.


Deuxième séjour à Montréal où il porta le "C" en remplacement de Saku Koivu

Les Canadiens, sous la gouverne de Réjean Houle, échangèrent leur capitaine malheureux Pierre Turgeon, la future star des Flames Craig Conroy ainsi que Rory Fitzpatrick en retour de Corson et du défenseur médiocre Murray Baron. Apparemment que Turgeon n'était pas heureux de son utilisation à Montréal alors qu'il était utilisé comme troisième centre (vraiment??) derrière Damphousse et le jeune Saku Koivu…

Turgeon connut 5 bonnes saisons avec les Blues dont une de 82 points en 2000-01. Pendant ce temps, l'équipe qui fit l'acquisition de Corson dut traverser une période creuse une fois de plus. Shayne connut toutefois une bonne saison avec l'équipe en 97-98, récoltant 55 points en seulement 62 matchs et participant une dernière fois au match des étoiles. Mais les choses allèrent en empirant pour l'équipe par la suite. Je crois qu'il est inutile de vous rappeler les années 1998 à 2001 des Canadiens alors que l'équipe était à son plus bas…

Corson était supposé être un des leaders de cette équipe déchue mais il termina son deuxième séjour à Montréal avec une saison plus qu'oubliable de 28 points en 1999-00 suite à quoi il signa comme agent libre avec les Maple Leafs.

Corson était un peu trop dans la bulle d'Alex Mogilny lors de son séjour avec les Leafs...

Contrairement aux dernières années, les Leafs étaient alors une équipe en bonne position, mais était toutefois en voie de devenir un "country club" rempli de joueurs gâtés. De nombreuses cliques apparurent dans le vestiaire de l'équipe et une fois de plus, Corson y causa sa part de troubles. Il eut apparemment une relation avec la femme de son co-équipier Alexander Mogilny et cet incident fractura l'esprit d'équipe des Maple Leafs. Il termina son séjour à Toronto dans la tourmente alors qu'il déserta le club lors des séries de 2003 après avoir été rayé de l'alignement. Il fut plus tard révélé que Corson souffrait de la maladie de la Colite ulcéreuse et était proie à de nombreux épisodes de crises de panique durant sa carrière et c'est ce qui expliqua son départ de Toronto en 2003. Il joua une dernière saison avec les Stars de Dallas en 2003-04 où il fut coéquipier avec… Pierre Turgeon.

Fin de carrière avec Dallas

Donc, c'est ce qui résume la carrière peu reluisante de Shayne Corson. Je n'ai jamais compris pourquoi il avait autant de valeur marchande. Voici les statistiques des joueurs impliqués lors de ces 3 échanges. Il est même difficile de choisir laquelle des équipes a le plus gagné en se départant de Corson...

1er échange:
Montréal:
Vincent Damphousse (1992-1999) : 519 matchs, 184 buts, 314 passes, 498 points
Adam Wiesel : aucun match avec l'équipe

Edmonton:
Shayne Corson (1992-1995): 192 matchs, 53 buts, 84 passes, 137 points
Brent Gilchrist (1992-1993): 60 matchs, 10 buts, 10 passes, 20 points
Vladimir Vujtek (1992-1994): 70 matchs, 5 buts, 25 passes, 30 points

2ème échange (ou compensations):
Edmonton:
Curtis Joseph (1995-1998): 177 matchs, 76 victoires, 76 défaites, 20 nulles, 14 jeux blancs
Mike Grier (1996-2002): 448 matchs, 81 buts, 102 passes, 183 points

St.Louis:
Shayne Corson (1995-1996): 88 matchs, 20 buts, 29 passes, 49 points

3ème échange:
St. Louis: 
Pierre Turgeon (1996-2001): 327 matchs, 134 buts, 221 passes, 355 points
Craig Conroy (1996-2001): 359 matchs, 57 buts, 94 passes, 151 points
Rory Fitzpatrick (1996-1999): 3 matchs, 0 points

Montréal:
Shayne Corson (1996-2000): 242 matchs, 47 buts, 89 passes, 136 points
Murray Baron (1996-1997): 60 matchs, 1 but, 5 passes, 6 points



Sources:
Cooper and Blue
Wikipedia
Legends Of Hockey



3 commentaires:

  1. Y'a de ces joueur qui vivent leur carrière professionnelle sur leur réputation junior du "quel attaquant de puissance se sera" plutôt que des résultats probants et Shayne Corson en un un parfait exemple. Perso, je l'ai toujours détesté. Je me rappelle bien de son échange lorsque le CH l'a rapatrié pour se debarrasser(et c'est bien le bon terme) de Pierre Turgeon. Celui-ci venait de récolter 5 passes(si je me souviens bien) à son dernier match avec le CH et l'entraineur Mario Tremblay avait sorti cette anerie du 3e centre pour expliquer la transaction. Mario a toujours eu de la difficulté comme instructeur avec ceux qui avaient plus de talent que lui comme joueur... Ça explique sans doute l'acquisition du "plombier" et robuste Shayne.

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  2. Olli Jokinen et Shayne Corson, même constat. Cancer pour n'importe quelle équipe.

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  3. Ah Réjean, Réjean, Réjean, je me rapelle que Pierre Turgeon, juste avant d'être échangé, a connu effectivement un match de 5 passes. Corson n'a jamais pleinement répondu au attente et par manque d'expérience DG/Coach il a été rapatrié parce que c'etait un joueur qu'ils connaissaient. Ce duo a fait très mal à l'organisation, juste à prononcer le nom Patrick Roy. Encore là en l'échangeant le CH devait avoir en retour un joueur de sa trempe. Pas des joueurs moins bon ou prospect. N'oublions pas que toute cette descente aux enfers débute par la décision de Ronald Corey qui congédie Serge Savard.......

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