lundi 7 septembre 2015

Les équipes de compagnie









Je profite de la fête du travail pour aborder le sujet des équipes de compagnie, et pour déborder un peu du hockey.
 
Pendant la première partie du siècle dernier, les ouvriers changeaient moins souvent d’employeurs.  C’était évidemment particulièrement le cas dans les villes mono industrielles.  Même si quelqu’un avait voulu changer d’entreprise, le choix était assez limité…
 
On côtoyait donc les mêmes collègues pendant de nombreuses années et un sentiment d’appartenance plus grand se développait.
 
Plusieurs avaient des clubs sociaux qui organisaient de nombreuses activités.  Parmi elles, il pouvait y avoir des équipes de hockey.  D’ailleurs, la première incarnation des As de Québec, en 1928, en était une.  Son nom original était A.C.E.s, pour Anglo-Canadian Employees.  L’Anglo-Canadian Pulp and Paper était une papetière qui a plus tard été connu sous le nom de Reed, Daishowa (à un moment actionnaire des Nordiques), Stadacona (propriété d’Enron), Brant-Allen et White Birch, avant de fermer en 2012.
 
La photo qui suit en est une de l’équipe de la multinationale américaine Singer, de St-Jean-sur-Richelieu.  Elle évoque les champions de la ligue de la ville de 1925-26, associés à l’usine de machines à coudre.
Source : Musée virtuel du Canada (MVC), protégé par le droit d’auteur.
 
Cette photo a donc été prise environ à la période où mon grand-père y a été embauché, à l’âge de 15 ans.
 
Déclaré trop frêle pour l’armée pendant la Deuxième Guerre mondiale, il demeura à l’usine, mobilisée pour l’effort de guerre.  Des femmes y firent alors leur entrée pour remplacer les hommes partis au front.  Parmi elles, il y avait celle qui deviendra son épouse.  Oui, mes grands-parents se sont rencontrés en fabriquant des bombes…  Comme c’est romantique!
 
Il y sera jusqu’en 1976, où il sera remercié peu de temps avant ses 50 ans de service, seuil qui lui aurait valu une montre en argent.
 
La production sera ensuite graduellement transférée vers des pays du tiers-monde, jusqu’à la fermeture définitive de ce qu’il restait de l’usine en 1986.
 
Il s’avéra plus tard que l’entreprise avait allégrement pigé dans le maigre fonds de pension des employés, en plus de prendre de nombreux congés de cotisations.   S’en suivit une interminable bataille juridique, la faillite de Singer, avant le dernier règlement en 2006, avec Rentes sur l’état du gouvernement fédéral.  À ce moment, des 600 retraités éligibles, il n’en restait qu’environ 70 toujours vivants et mon grand-père n’en faisait pas partie.
 
Bonne fête à tous les travailleurs, passés, présents et futurs, incluant mon grand-père, celui qui m'a fait découvrir le hockey.
 
Sources : « Papier White Birch annonce la fermeture de l’usine Stadacona » de Pierre Couture, 12 janvier 2012, Le Soleil, (lapresse.com),  « Les retraités de Singer pourront souffler un peu » de Laurier Cloutier, 9 mars 2006, La Presse Affaires p.1, museevirtuel.ca, ville.quebec.qc.ca/culture_patrimoine/archives/, wikipedia.org.

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