Comme c’était habituellement le cas des meilleurs européens à l’époque, c’est surtout sur la scène internationale qu’Ulf Sterner s’est illustré. Il a d’abord été membre de l’équipe suédoise qui a participé aux Jeux de 1960, à Squaw Valley, en Californie. À ce moment, le Tre Kronor a terminé au cinquième rang. Sterner est ensuite retourné à son club de Forshaga, en Suède.
Aux championnats du monde de 1961, Sterner, un ailier gauche, aida les Suédois à monter d’un échelon et à terminer au quatrième rang. Ceci mettait la table pour le tournoi de 1962, au Colorado. À ce moment, Sterner accumula 16 points, le troisième total du tournoi. Parmi ceux-ci, on compte entre autres deux buts décisifs contre le Canada. À cette époque, il n’y avait pas de ronde des médailles, seulement un tournoi à la ronde. Ce match, la seule défaite canadienne, a donc permis à la Suède de conserver sa fiche parfaite et de remporter la médaille d’or.
En 1963, Sterner et ses coéquipiers, alors qu’ils disputaient le championnat dans leur pays, s’accaparèrent de la médaille d’argent, derrière l’Union soviétique. Sterner vint encore une fois hanter le Canada, en marquant trois buts dans une victoire de 4-1. À la maison, Sterner se mérita la Guldpucken (la rondelle d’or), remise au meilleur joueur de Suède.
Sa performance permit d’attirer l’attention des pauvres Rangers. Ceux-ci l’invitèrent alors à leur camp et Sterner fit suffisamment bonne impression pour qu’on lui offre un essai de cinq matchs. Par contre, cette signature lui aurait fait perdre son précieux statut d’amateur et ainsi, son laissez-passer pour les Olympiques d’Innsbruck, en 1964. Sterna déclina donc l’offre. Le pari Sterner rapporta des dividendes, puisque les Suédois se méritèrent la médaille d’argent, derrière les Soviétiques. Sterner contribua à ce résultat en amassant 12 points, le quatrième plus haut total du tournoi.
À ce moment, Sterner se sentit prêt pour l’Amérique du Nord. Les Rangers l’assignèrent d’abord aux Saints de St.Paul, dans la Ligue centrale, puis aux Clippers de Baltimore de la Ligue américaine. Finalement, c’est le 27 janvier 1965 que Sterner fit ses débuts à New York. Si des joueurs nés en Europe comme Pentti Lund et Stan Mikita ont joué dans la LNH avant lui, ils avaient toutefois grandi et été formés au Canada. Dans le cas de Sterner, il devenait ainsi le premier européen formé en Europe à jouer dans la Ligue nationale. Sterner vint près de marquer, mais son but fut refusé.
L’expérience dura quatre matchs, où il n’amassa pas de point. Il devint par contre évident que Sterner ne pouvait pas jouer physiquement comme on le faisait dans la Ligue nationale. Il fut ensuite rétrogradé dans la Ligue américaine pour terminer la saison, avant de retourner en Suède. Cette fois, c’est en deuxième division, avec le Rögle BK, qu’il s’aligna. Il faudra alors attendre aux années 1970 avant de voir des suédois jouer régulièrement en Amérique du Nord.
Son retour au pays lui permit aussi de retourner aux championnats du monde en 1966, une quatrième place pour la Suède.
En 1967, ce fut un retour sur le podium pour les Suédois, avec une médaille d’argent, toujours derrière l’Union soviétique.
Si Sterner dut rater les Olympiques en 1968, il revint en 1969, pour y remporter une autre médaille d’argent. Et comme c’était son habitude, il trouva un moyen de faire mal au Canada. Par contre, cette fois-ci, l’expression "faire mal" prit une autre signification. Pour la dernière fois, l’équipe nationale canadienne était dirigée par le père David Bauer. Au cours du match, pour une raison tout à fait obscure, Sterner asséna un coup de bâton à la tête du prêtre, qui se trouvait derrière le banc de son équipe, malgré que ce n'était vraiment pas dans ses habitudes. L’équipe, qui comptait entre autres Ken Dryden dans ses rangs, fut tellement surprise que personne ne vint à la défense du pauvre père. Il faut dire que personne ne confondrait Sterner avec un Prix Nobel… Ceci ne l’empêcha pas d’accumuler 14 points, le plus haut total du tournoi (à égalité avec trois autres joueurs) et d’être nommé le meilleur attaquant de la compétition.
Sterner ajouta à son palmarès d’autres médailles d’argent en 1970 et 1973 et une médaille de bronze en 1971. Au total, il compte sur une médaille d’or, cinq d’argent (toutes derrière l’Union soviétique) et une de bronze, en plus de sa médaille olympique.
Il termina ensuite sa carrière en jouant en deuxième et en troisième divisions suédoises, en plus d’une saison en Grande-Bretagne.
Il a par la suite été entraîneur en Allemagne.
Membre du Temple de la renommée de l’IIHF, il élève aujourd’hui des chevaux sur sa ferme en Suède, où il leur donne des noms de ses anciens coéquipiers ou de ses adversaires…
Sources :
Garneau, Richard, À toi, Richard…, Éditions internationales Alain Stanké, 1992, page 325,
"Sweden Beats Canada in World Hockey 5-3", AP, 14 mars 1962, Montreal Gazette, page 22,
"Rangers Defeat Bruins", AP, 28 janvier 1965, Montreal Gazette, page 29,
"Ulf Sterner impressionne à son début à New York", PA/UPI, 28 janvier 1965, La Presse, page 43,
"Canada ousted in 4-2 loss", CP, 28 mars 1969, Montreal Gazette, page 28,
wikipedia.org.
Celui là vous l'avez sorti du champ gauche, je ne connaissais absolument pas ce joueur.
RépondreSupprimerLe coup de bâton au Père Bauer, était-il accidentel ? et si non Sterner a t il été puni.
Bravo pour votre travail de recherche
Il semblerait que non, il n'était pas accidentel, ce qui est d'autant plus surprenant que le hockey international de cette époque était vraiment très propre. Il faut croire que les arbitres regardaient ailleurs (et il n'y avait pas de reprise vidéo)...
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