David Bauer est né dans une famille en vue de onze enfants de la région de Kitchener-Waterloo, en Ontario. Celle-ci possédait une entreprise dans le domaine de la fabrication de pièces automobiles. Parmi les enfants, plusieurs firent leur marque. Frank fut maire de Waterloo pendant un moment. Au niveau sportif, son grand frère Bobby s’illustra avec les Bruins, alors qu’il forma avec Milt Schmidt et Woody Dumart, deux autres joueurs d’origine allemande de la région de Kitchener, la fameuse Kraut Line, avant de se retrouver tous les trois dans l’armée pendant la Deuxième guerre mondiale.
David joua également au hockey. En 1943-44, après que son équipe, les Majors
du Collège St.Michael’s de Toronto, furent éliminés par les Generals d’Oshawa,
ces derniers eurent le droit d’ajouter trois joueurs pour poursuivre leur
parcours en finale de la Coupe Memorial.
Les Generals choisirent alors Ted Lindsay, Gus Morton et Bauer. Oshawa alla jusqu’au bout et remporta la
Coupe Memorial en défaisant les Smoke Eaters de Trail.
Bauer retourna avec les Majors l’année suivante,
mais après un seul match, il se joignit à l’armée comme son frère, où il put
continuer de jouer au hockey.
À la fin de la guerre, plutôt que de suivre les
traces de Bobby et de jouer professionnellement, David choisit plutôt de suivre
sa vocation et de devenir prêtre.
Il fut ordonné à l’âge de 29 ans et retourna
ensuite à St.Michael’s, où il servit comme professeur et entraîneur de hockey.
En 1961, le Père Bauer retourna à la finale de
la Coupe Memorial, mais cette fois comme entraîneur des Majors, avec sous ses
ordres des joueurs comme Larry Keenan, Dave Dryden et Gerry Cheevers. St.Michael’s permit alors à Bauer de
remporter sa deuxième Coupe.
Jugeant difficile de conjuguer les exigences
d’une équipe de ce niveau et les objectifs académiques, le collège décida se
retirer. Quant à Bauer, il fut assigné
au Collège St,Mark’s de l’Université de la Colombie-Britannique, où il devint
entraîneur des Thunderbirds et les mena à la finale nationale en 1962-63.
Jusqu’en 1963, le Canada envoyait les
vainqueurs de la Coupe Allan pour le représenter aux championnats du monde et
aux Olympiques, puisque les professionnels n’y étaient pas admis. Pendant longtemps, cette formule a suffi pour
dominer, mais avec la montée des pays de l’est, principalement l’Union
soviétique et la Tchécoslovaquie, les résultats canadiens se mirent à
chuter. Le Père Bauer suggéra alors de
former une équipe nationale et il en fut désigné l’entraîneur. Pour la former, il sollicita alors l’aide de
son frère Bobby, qui avait représenté le Canada en 1956 à Cortina d’Ampezzo et
en 1960 à Squaw Valley, alors qu’il était entraîneur des Dutchmen de
Kitchener-Waterloo.
En 1964, aux Jeux d’Innsbruck, en Autriche,
l’équipe nationale subit son premier test.
Composée de joueurs amateurs pour la plupart assez jeune, elle offrit
une performance respectable. Par contre,
elle fut victime d’une injustice lorsqu’un changement à la règle du bris d’égalité
dix minutes avant la fin du match vint avantager la Tchécoslovaquie et la
priver d’une médaille de bronze. Il s’agissait
de la première fois que le Canada était exclu du podium olympique. Le résultat fut près d’être renversé en 2005,
avant que l’IIHF n’y renonce.
Le Père Bauer continua ensuite de gérer l’équipe,
mais il laissa sa place derrière le banc.
Après une autre quatrième place aux
championnats du monde de 1965, c’est finalement en 1966, en Yougoslavie, que l’équipe
du Père Bauer parvint à accéder au podium avec une médaille de bronze. Le Canada conserva le même classement en 1967
en Autriche et en 1968 aux Jeux de Grenoble.
L’équipe nationale canadienne redescendit en
quatrième place en 1969, avant d’être dissoute.
Les championnats devaient avoir lieu à Montréal et Winnipeg et finalement
admettre les professionnels. Lorsque la
décision fut renversée, le Canada protesta en se retirant des championnats du
monde et des Olympiques jusqu’en 1977.
Pendant ce temps, le Père Bauer se consacra à développer le hockey en
Autriche et au Japon.
Lorsque le Canada réintégra le tournoi
olympique en 1980, à Lake Placid, on confia la gestion de l’équipe au Père
Bauer. Le Canada y termina sixième.
Au cours de son implication dans le monde du
hockey, il n’oublia jamais sa vocation, mais sans jamais l’imposer aux non
catholiques. Il célébra la messe dans
une multitude d’endroits et réussit même à obtenir pour son équipe une audience
auprès du Pape Paul VI après les Jeux d’Innsbruck. Par contre, sa préoccupation principale était
de préparer ses joueurs pour la vie, en leur inculquant de bonnes valeurs et en
leur permettant de poursuivre leurs études.
Pour lui, le sport amateur était une façon d’y parvenir et il s’opposa
toujours à la présence des professionnels aux Olympiques.
Sa philosophie ne l’empêcha toutefois pas d’être un bon
vivant et d’apprécier le scotch.
Il reçut l’Ordre du Canada en 1967 et fut élu
au Panthéon des sports canadiens en 1973. Un aréna utilisé lors des Jeux de
Calgary en 1988 fut également nommé en son honneur.
Un cancer du pancréas l’emporta en 1988, à l’âge
de 64 ans. À titre posthume, il fut
admis au Temple de la renommée du hockey en 1989 et au Panthéon de la
Fédération de hockey sur glace en 1997.
Sources :
Oliver, Greg, Father
Bauer and the Great Experiment: The
Genesis of Canadian Olympic Hockey, ECW Press, 2017, chap.6,
“Décès du père Bauer”,
PC, Le Devoir, 10 novembre 1988, p.24, “Fr. David Bauer was a man of the cloth,
a priest of the rink” de Greg Oliver, 26 mars 2017, The Catholic Registrer
(catholicregistrer.org), “Father David Bauer”, Panthéon des sports canadiens
(sportshall.ca), hhof.com, wikipedia.org.
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