mercredi 4 décembre 2019

Nels Stewart




Dans l'histoire de la LNH, seulement 7 joueurs ont détenu le titre du meilleur marqueur de tous les temps. Pendant 15 ans, soit de 1937 à 1952 c'est Nels ''Old Poison'' Stewart qui trônait au sommet.



Né le 29 décembre 1902 à Montréal, mais ayant grandi à Toronto, Robert Nelson Stewart débuta son parcours avec les Indians de Cleveland dans la United States Amateur Hockey Association où il mena la ligue pour les buts marqués durant 4 de ses 5 saisons dans ce circuit. Il fut plus tard surnommé "Old Poison'' en raison de son tir puissant et précis, autant capable d'atteindre le fond du filet que de défigurer un gardien. 

Il joignit les rangs des Maroons de Montréal lors de leur deuxième saison d'existence, en 1925-26. Malgré qu'il évolua quelquefois comme défenseur à ses débuts, il mena la ligue avec un total impressionnant de 34 buts en 36 matchs lors de cette saison recrue et remporta le trophée Hart, en plus d'aider les Maroons à remporter leur première Coupe Stanley contre les Cougars de Victoria, dans ce qui fut la dernière année où le trophée fut disputée entre deux ligues différentes. Il marqua 6 des 10 buts des Maroons en 4 matchs lors de cette finale. Si ces trophées existaient à l'époque, il aurait probablement remporté le Conn Smythe ainsi que le Calder en plus de son trophée Hart.

Contrairement à plusieurs contemporains immortels de l'époque comme Howie Morenz, Aurèle Joliat ou Eddie Shore, le nom de Nels Stewart n'a pas la même prestance que ces derniers. Réputé comme un mauvais patineur, il n'avait effectivement pas l'habitude des montées électrisantes à la Morenz. Grand et costaud pour son époque (6'1'', 200 lbs), il avait plutôt perfectionné l'art de l'échec-avant et du positionnement agressif autour du filet. Ses habiletés à bien flairer les retours et à marquer dans des mauvais angles firent de lui un des premiers marqueurs de style ''garbage goal'' d'importance. D'autres joueur dans ce style étaient déjà apparus par le passé, mais aucun n'avait obtenu un statut de vedette en jouant de la sorte jusqu'à l'arrivée de Stewart. Ce style de jeu fut plus tard perfectionné par des joueurs comme Gordie Drillon, Phil Esposito et Tim Kerr. 

Il était également très solide sur patins et capable de marquer d'une seule main ou en se faisant accrocher. Cependant, sa réputation de mauvais patineur lui colla à la peau et ce fut souvent confondu pour un manque d'effort. Pour d'autres, son coup de patin fut plutôt considéré comme trompeur, alors qu'il pouvait parcourir plus de glace avec ses grandes enjambées. À propos de Stewart, Frank Selke déclara qu'il n'avait jamais vu un joueur qui semblait mettre si peu d'effort pour récolter autant de succès. Il déclara également que Stewart était un des joueurs les plus malins et intelligents qu'il ait vu jouer. Stewart n'était également pas un enfant de chœur, se forgeant également une réputation comme bagarreur et instigateur. Une légende raconte également qu'il aurait maintes fois craché du tabac dans les yeux des gardiens adverses lorsqu'il orbitait autour du filet.

Stewart joua en tout 7 saisons avec les Maroons, connaissant plus tard une saison de 39 buts et 55 points en 44 matchs lors de la saison 1929-30, année où la passe avant en zone offensive fut permise. Il remporta également un deuxième trophée Hart. En compagnie de son ami d'enfance Hooley Smith et de Babe Siebert, il forma pendant plusieurs saisons un des trios les plus redoutables de l'époque, la ''S Line''. Cette ligne était une des meilleures offensivement, mais aussi au niveau de la robustesse alors que les trois figuraient également parmi les plus punis de l'époque. Stewart mena d'ailleurs la ligue pour les minutes de pénalités en 1926-27, avec trois minutes de plus que son grand rival Eddie Shore. Il obtint également le record pour les deux buts les plus rapides lorsqu'il marqua deux buts avec 4 secondes d'écart contre les Bruins en janvier 1931. Ce record fut plus tard égalé par Deron Quint des Jets de Winnipeg en 1995-96.

En difficulté financière durant la grande dépression (voir texte du 1er décembre 2019), les Maroons durent vendre plusieurs joueurs pour survivre. Ils envoyèrent Stewart aux Bruins de Boston avant la saison 1932-33 contre une somme d'argent. Il continua son bon travail avec les Bruins, connaissant deux saisons de 20 buts en 3 ans. Il fut ensuite vendu aux Americans de New York avant la saison 1935-36. Il joua une saison à New York mais dut être renvoyé à Boston l'année suivante alors que les Americans firent défaut dans le paiement de la transaction. Il débuta donc la saison 1936-37 de retour à Boston, mais fut retourné une fois de plus à New York dans une autre transaction d'argent qui aboutit cette fois-ci. C'est avec les Americans qu'il marqua son 272e but en carrière en février 1937. Ce but lui fit donc dépasser Howie Morenz comme meilleur marqueur de l'histoire, mais ce ne fut toutefois pas célébré en grande pompe, alors que Morenz avait marqué son dernier but en janvier 1937, soit seulement 3 semaines avant ce but de Stewart. On ignorait alors que Morenz avait marqué son dernier but car on espérait toujours son retour mais il avait effectivement joué son dernier match. Il mourut de complications suite à une opération quelques semaines plus tard.

Stewart termina l'année avec 26 buts en 43 matchs, soit sa dernière saison de plus de 20 buts. Lors de ce qui était alors une saison plus tranquille dans la ligue, ces 26 buts firent de lui le meneur de la ligue une fois de plus. Il devint peu après le premier joueur à franchir le cap des 300 buts marqués en carrière.

Il joua 3 autres saisons avec les Americans avant de prendre sa retraite après la saison 1939-40. Au moment de sa retraite il avait un total de 324 buts et 191 passes pour 515 points en 650 matchs. Malgré ses excellents débuts comme champion avec les Maroons et ses quelques années parmi l'élite de la ligue, il ne put cimenter davantage sa légende au niveau d'un Howie Morenz. Le fait d'avoir joué majoritairement pour des équipes défuntes n'a pas aidé non plus à faire perdurer son nom. Les Maroons étaient également dans l'ombre de Morenz, Joliat et des Canadiens à Montréal tandis que les Americans étaient dans l'ombre des Rangers, ce qui explique beaucoup.



Son titre de meilleur marqueur de l'histoire de la LNH perdura jusqu'en 1952 lorsque le grand Maurice Richard dépassa Stewart avec son 325e but. Malgré que Stewart termina sa carrière en 1940 et que les saisons sont désormais plus longues, il demeure toujours en 2019 dans le Top 200 des meilleurs marqueurs de l'histoire. Il se retrouve plus précisément au 181e rang devant Dale Hunter et Petr Sykora.

Après sa retraite, Stewart devint entraineur des Sailors de Port Colborne dans la ligue junior de l'Ontario. Lors de la saison 1942-43, il prit en charge la future vedette des Maple Leafs Ted Kennedy, un joueur qui s'apparentait à Stewart par ses talents de marqueur mais aussi son manque de vitesse. Stewart l'aida à perfectionner son jeu de passe et son jeu acharné autour du filet et Kennedy déclara plus tard qu'il fut la plus grande influence qu'il ait eu.

Il fut intronisé au temple de la renommée en 1952, soit 5 ans avant sa mort à l'âge de 54 ans en 1957. Il serait apparemment mort d'une crise cardiaque dans son chalet à Wasaga Beach en Ontario.




Si ça vous intéresse voici pour compléter le résumé des 7 joueurs ayant eu le titre de meilleur marqueur de l'histoire:

Joe Malone (1917 à 1923): Total de 143 buts

Cy Denneny (1923-1933): Total de 247 buts

Howie Morenz (1933 à 1937): Total de 271 buts

Nels Stewart (1937 à 1952): Total de 324 buts

Maurice Richard (1952 à 1963): Total de 544 buts
Gordie Howe (1963 à 1994): Total de 801 buts
Wayne Gretzky (1994 - ) Total de 894 buts

Si Alexander Ovechkin parvient à dépasser Gretzky (678 buts au moment d'écrire ces lignes), il deviendrait le 8e à se mériter le titre du meilleur marqueur de l'histoire. Ovechkin porte le numéro 8...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire