vendredi 8 janvier 2021

Doug Grant



La route vers la Ligue nationale peut parfois être longue et tortueuse. Le chemin emprunté par Doug Grant est pour le moins peu courant. 

Alors qu’il travaillait à la papetière locale, il gardait également les buts de l’équipe senior de la ville, les Royals de Corner Brook, à Terre-Neuve. 

En 1968, son équipe prit part au tournoi de la Coupe Allan, à Victoriaville. Si les Royals durent baisser pavillon devant les Tigres de l’endroit, Grant parvint malgré tout à attirer l’attention. Bob Cole, commentateur à la CBC et aussi originaire de Terre-Neuve, le remarqua et mentionna plus tard son nom à Sid Abel, des Red Wings. Grant retourna toutefois à Corner Brook. 

En 1971, Grant déménagea à St.John’s pour étudier à l’Université Memorial et par le fait même, jouer pour l’équipe de l’université. À la fin de la saison, il reçut alors un appel inattendu. Détroit voulut lui donner un essai, en l’assignant aux Wings de Fort Worth de la Ligue centrale. La possibilité d’une carrière professionnelle n’avait pas vraiment effleuré l’esprit de celui qui n’avait jamais joué dans une des principales ligues juniors (qui n’avaient pas d’équipe en Atlantique à ce moment). Les terre-neuviens qui atteignaient la LNH étaient alors rarissimes. De plus, il était aux études et maintenant marié. Toutefois, avec une offre d’un boni à la signature de 10 000$ et un salaire annuel de 8500$, il voulut tenter sa chance. 

L’année suivante, il fut assigné aux Red Wings de la Virginie. Comme Détroit traversait une période difficile, l’équipe n’avait pas de profondeur et Grant devint aussitôt le gardien numéro un de la première filiale des Wings. 

En 1973-74, au début de ce qui s’avéra une année chaotique dans la ville de l’automobile, Grant fit non seulement l’équipe, mais il fut aussi choisi par Ted Garvin, l’éphémère entraîneur des Wings, pour prendre le filet lors du premier match de la saison. À l’âge pourtant avancé de 25 ans, Grant devint ainsi le troisième terre-neuvien de naissance (et le premier gardien) à atteindre la grande ligue. Et ses débuts eurent lieu dans un endroit particulier, la Madison Square Garden de New York. Ce fut toutefois une défaite de 4-1 aux mains des Rangers. 

Dans sa province natale, la présence de Grant fut une grande nouvelle. Par contre, il faut se rappeler qu’à cette époque, la quantité de matchs télédiffusés était beaucoup plus faible et qu’il n’y avait pas de réseau entièrement consacré aux sports. Ce n’est donc qu’au mois de décembre qu’un match de Détroit devait finalement être diffusé à Terre-Neuve. Avant le match, les Wings reçurent alors un télégramme signé de milliers de ses concitoyens, les implorant de faire jouer Grant. Le deuxième entraîneur-chef de la saison, Alex Delvecchio, ignora toutefois leur supplication et fit signe à Denis Dejordy. Dans ce qui fut son seul match de l’année avec les Wings, ce dernier accorda 4 buts en première période. Delvecchio dut donc se résoudre à utiliser Grant pour les deux autres périodes, dans une défaite de 8-2. Ceci permit au moins à ses compatriotes de le voir en action. 

À la fin de cette drôle de saison où six gardiens furent utilisés, Grant fut celui qui fut le plus sollicité, avec 37 présences. Par contre, Jim Rutherford, acquis en janvier des Penguins, prit de plus en plus de place lors de la deuxième moitié de saison. 

Ceci fut annonciateur de ce qui allait suivre. L'année suivante, Rutherford devint numéro un et Grant fut limité à sept, puis à deux matchs. Passant beaucoup plus de temps dans la Ligue américaine, il devenait donc clair que même au sein d’une équipe faible, il n’y avait plus de place pour Grant à Détroit. En mars 1976, il fut donc échangé aux Blues contre des considérations futures. 

L’histoire se répéta au Missouri, alors qu’il fut limité à 17 matchs en 1976-77, puis à 9, puis 4, puis un seul. Il profita toutefois de son temps avec les Golden Eagles de Salt Lake pour remporter le Trophée Terry Sawchuk (remis aux gardiens avec la meilleure moyenne de la Ligue centrale) en 1977-78 en duo avec Ed Staniowski. L’année suivante, il répéta l’exploit, mais cette fois en duo avec Terry Richardson.

En 1979-80, les Golden Eagles de l’entraîneur Jack Evans remportèrent la Coupe Adams et c’est Grant qui remporta le Trophée Max McNab, remis au joueur le plus utile des séries. 

Grant joua quelques matchs lors des deux années suivantes, avant de mettre fin à sa carrière de hockey. De retour à Terre-Neuve, il travailla plus de vingt ans en ventes pour Molson.

Celui qui joua un total de 77 parties dans la Ligue nationale et qui est membre du temple de la renommée des sports de Terre-Neuve est maintenant à la retraite. 

Sources : 

Reid, Ken, Hockey Card Stories 2, ECW Press, Toronto, 2018, pages 139 à 141; 

"Rangers 4, Wings 1", UPI, October 11, 1973, Montreal Gazette, page 42; 

"Hawks 8, Wings 2", AP, December 6, 1973, Montreal Gazette, page 48; 

"Doug Grant has fond memories of protecting the cage in the National Hockey League" de Dave Kearsey, January 12, 2018, The Western Star (saltwire.com); 

nhltradetracker.com, hockeydb.com, sportnl.ca, wikipedia.org.


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