mardi 27 avril 2021

Headshot !





Bien avant que Jacques Plante ne popularise le port du masque (de gardien, pas chirurgical), les gardiens avaient le visage à la merci des lancers et des bâtons de leurs adversaires, et parfois même de leurs coéquipiers.

Nous connaissons (presque) tous l'Histoire (oui, ça mérite un grand H). Après avoir reçu un lancer de la part d'Andy Bathgate en pleine tronche le 1er novembre 1959, Jacques Plante reçut 7 points de suture et retourna au jeu après avoir convaincu l'entraîneur Toe Blake de le laisser porter son masque. Le Canadien et lui remportèrent le match, ainsi que les dix suivants. Remis de sa blessure, Plante laissa ensuite le masque au vestiaire pour un match qui résulta en une défaite. Il décida donc que la nouvelle pièce d'équipement le suivrait jusqu'à la fin de sa brillante carrière. Les restaurants McDonald's avaient d'ailleurs distribués une magnifique bande-dessinée sur le sujet, quoique pas tout à fait véridique.
 

Mais avec le perfectionnement des autres équipements, particulièrement les bâtons de joueurs, l'ajout de cette pièce d'équipement n'a pas complètement réglé le danger des hommes masqué, comme en font foi les exemples suivants. Le 26 octobre 1977, alors avec les Flames d'Atlanta, Daniel Bouchard reçut un lancer directement sur l'œil gauche en première période, gracieuseté d'Ace Bailey, qui fissura son masque et lui procura 10 points de suture. Six ans plus tard, en décembre 1983, la fatalité revint sur Bouchard. Devant la cage des Nordiques, il bloqua un lancer de Steve Stoyanovich des Whalers avec sa gorge (ce que je ne recommande pas du tout !) en fin de première période. Après quelques heures d'observation à l'hôpital, il fut déclaré hors de danger. Il revint au jeu 7 jours plus tard.

"Les femmes aiment les cicatrices"

La glorieuse carrière de Bernard Parent prit fin abruptement le 17 février 1979. En tentant de "tasser" un joueur des Rangers du devant du filet, le bâton de son défenseur Jimmy Watson se retrouva accidentellement dans l'ouverture de l'œil droit de Parent. Victime d'une hémorragie de la chambre antérieure de l'œil droit, il perdit la vue de ce côté pour deux semaines. Malheureusement pour lui, elle ne revint jamais assez pour lui permettre de revenir à la compétition.


Mike Liut portait un masque iconique et terrifiant à la fois (voir texte du 8 janvier 2015). Toutefois en fin de première période le 27 octobre 1982, le puissant lancer frappé d'Al MacInnis lui fracassa le nez et, par le fait même, le-dit masque. À son retour au jeu le match suivant (!), Liut portait un combo casque et grille Jofa. Plus tard dans sa carrière, il fit la transition vers le masque moderne, fabriqué par Michel Lefebvre (de l'équipement du même nom).

Liut semblait beaucoup moins intimidant
avec ce type de casque

L'évolution des masques a justement continué, améliorant la protection des portiers face aux commotions cérébrales, aux coupures à la tête, aux ecchymoses, mais le risque zéro est impossible à atteindre. En première période du match du 22 mars 1989, l'incident que subit Clint Malarchuk aurait pu avoir des répercussions tragiques, lorsqu'il se fit sectionné la veine jugulaire par le patin de Steve Tuttle. Dès lors, le port de la "bavette" et du protège-cou devint de plus en plus répandu. Malgré la gravité de sa blessure qui nécessita pas moins de 300 points de suture, Malarchuk fut de retour devant son filet huit jours plus tard pour affronter son ancienne équipe, les Nordiques de Québec. Mais la suite de sa vie ne fut pas facile (voir texte du 10 avril 2010)

J'ai volontairement pas mis de photo de l'accident ...
Vous ferez vos recherches si vous avez l'estomac solide.

Et malgré tout, il arrive encore de nos jours qu'un tir puisse couper un gardien. À la mi-match du duel opposant les Sharks de San Jose aux Islanders de New York le 18 février 2008, un tir de la pointe de Radek Martinek cassa une branche de la grille du gardien des Sharks, Evgeni Nabokov, lui coupant sévèrement le nez. Nabokov ne rata que 10 minutes de jeu et retourna dans l'action, dans une défaite de 3 à 2.


Ce que je retiens de ces blessures, outre le fait que ça arrive régulièrement en première période, c'est qu'à chaque match, les gardiens acceptent le danger de leur position, prêt à recevoir des lancers rapides et puissants, sans compter les nombreuses collisions qui peuvent se produire. L'affirmation "Pas besoin d'être fou pour être gardien, mais ça aide" de Bernard Parent ne pouvait être plus juste.

Source : hockeygoalies.org

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