dimanche 12 février 2023

Stock volé à vendre #11 : Les Oilers de Tulsa

Peu de temps après le début de l'aventure "La Vie Est Une Puck", Martin est devenu chroniqueur pour le défunt site 25stanley.com, avec sa "Chronique Vintage". Bien qu'on croyait ces textes perdus à jamais, la magie d'Internet (et beaucoup de patience …) nous a permis d'en retrouver la majorité. Au cours des prochaines semaines / mois, nous en ressortirons quelques-uns des boules à mites, pour votre plus grand plaisir. 









Originalement publié le 1er décembre 2010 

Les Canadiens affrontent ce midi les jeunes Oilers d’Edmonton. Pourquoi ne pas en profiter pour parler d’une autre équipe qui se nomme les Oilers, les Oilers de Tulsa…

Pour ceux qui ne le savent pas, Tulsa est une ville d’Oklahoma. Vous serez surpris d’apprendre non seulement que cette ville existe, mais qu’elle possède une très riche tradition de hockey…

La première version des Oilers de Tulsa fut fondée en 1926 et a joué dans une ligue nommée American Hockey Association, une ligue formée principalement d’équipes du Midwest américain. L’équipe disparut en même temps que la ligue durant la Seconde Guerre mondiale. Une nouvelle ligue, la US Hockey League fut formée au sortir de la guerre et les Oilers de Tulsa en firent à nouveau partie. La ligue ainsi que cette deuxième mouture des Oilers disparurent après la saison 1950-51…

La troisième incarnation des Oilers de Tulsa est celle que je trouve très intéressante. Elle se joignit à une ligue mineure professionnelle nommée la Central Hockey League en 1964-65. Cette ligue était la propriété de la NHL et servait de ligue de développement pour les futurs talents. Elle était un peu l’équivalent actuel de la ECHL sauf qu’on y envoyait les joueurs directement entre la NHL et cette ligue, sans transiter vers la AHL. Les Oilers de Tulsa étaient à l’origine le club-école des Maple Leafs de Toronto. L’histoire qui m’intéresse ici s’est déroulé lors de la saison 1983-84…


Nous sommes donc lors de la saison 1983-84. L’équipe des Oilers de Tulsa s’avère l’une des franchises les plus respectées de la CHL et elle possède en soi l’une des meilleurs en cette saison, se dirigeant vers un troisième titre du championnat depuis sa fondation. À cette époque, l’équipe était, comme vous le voyez en haut, un des clubs-école des Rangers de New York. Un gros problème est survenu en beau milieu de la saison lorsque les propriétaires durent cesser les activités de l’équipe en plein milieu de la saison.

C’est ici que l’histoire devient épique…

Bien que les dirigeants aient baissé pavillon, les joueurs refusèrent de le faire et ainsi, l’équipe décida tant bien que mal de continuer la saison. Ils partirent donc dans un autobus afin de jouer tous les matchs qui leur restaient dans le calendrier. C’est un des joueurs, Bill Baker, un ancien de la légendaire équipe olympique américaine de 1980, qui proposa l’idée. La ligue et les Rangers décidèrent ainsi de financer le tout et à partir du milieu du mois de février de finir la saison sur la route…

Il n'y avait à cette époque que 5 équipes dans la ligue. Ces autres équipes étaient les Golden Eagles de Salt Lake City, les Flames du Colorado, les Checkers d’Indianapolis et le Magic du Montana. Regardez une carte des États-Unis et imaginez vous avoir à passer son temps dans un autobus entre ces 4 villes ou États avec quelques détours occasionnels vers Tulsa pour pratiquer dans un aréna dans un centre d’achat comme aux Galeries de la Capitale… C’est ce que l’équipe a dû endurer pendant plus de 2 mois.

L’équipe fut soudée par un esprit de corps hors pair du fait d’avoir à voyager pour aller jouer devant un auditoire toujours hostile envers vous, ce qui veut dire qu’on a jamais les moindres fans pour vous encourager, sans pouvoir couramment pratiquer.  Ils pratiquaient souvent en jouant au soccer dans les couloirs comme seul exercice, éloignés de leur famille et sans salaire stable. Mais comme c’est souvent dans les épreuves que naissent les meilleures histoires, ce qui devait arriver arriva. Le 27 avril 1984, plus de deux mois après avoir débuté leur voyage sans fin, les « Homeless Oilers » balayèrent l’équipe d’Indianapolis pour remporter la Coupe Adams remis aux champions de la Central Hockey League…

Ironiquement, c’est dans le bar de l’hôtel que les célébrations eurent lieu. Une parade autour de l’autobus s’en suivit et s’en était officiellement terminé de l’histoire de cette incarnation des Oilers de Tulsa après 20 ans d’existence…

L’entraîneur Tom Webster fut nommé entraîneur de l’année pour cette saison 1983-84. On se rappellera de lui par la suite pour avoir été l’entraîneur des Kings au temps de Wayne Gretzky…

Vous comprendrez peut-être un peu mieux la raison du succès de cette équipe si je vous dis que le jeune John Vanbiesbrouck était le gardien des Oilers de Tulsa lors de cette saison. Il fut nommé le meilleur joueur de la saison grâce à son jeu brillant qui fut important dans ce long voyage victorieux, mais pénible…

Sachez également que l’ancien capitaine des Nordiques et vedette de la WHA Robbie Ftorek faisait partie du nombre des joueurs ayant vécu sur la route lors de cette saison. L’ancien défenseur et playboy du Canadien Rick Chartraw a également joué quelques matchs avec les Oilers de Tulsa avant d’être cédé, étrangement, aux Oilers d’Edmonton au milieu de la saison… Le défenseur Grant Ledyard évolua également avec les Oilers lors de cette saison avant de faire une carrière de plus de 1000 matchs dans la NHL. Il fut d’ailleurs nommé meilleur joueur des séries de la CHL de 1984.

La Central Hockey League suspendit ses activités peu de temps après la fin de la saison et la disparition officielle des Oilers de Tulsa.

Une ligue au nom semblable fut fondée en 1992 et une quatrième incarnation des Oilers de Tulsa fit partie de cette nouvelle ligue… L’équipe existe toujours et elle est la seconde filiale de l’Avalanche du Colorado.

Si vous voulez un fait qui peut lier présentement les Oilers d’Edmonton et les Oilers de Tulsa, sachez que le directeur général de l’équipe de l’Oklahoma se nomme Taylor Hall.

Mais ça, c’est une autre histoire…

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