dimanche 18 octobre 2020

Roger Crozier


Gardien de petite taille et souffrant de pancréatite chronique, Roger Crozier avait certains facteurs qui jouaient contre lui, surtout pendant la période des six équipes, où les postes étaient rares. Il devint tout de même la propriété des Black Hawks de Chicago, qui l’assignèrent aux Teepees de St.Catharines, et avec qui il remporta la Coupe Memorial en 1960. 

Il gradua plus tard chez les professionnels, mais dans la grande ligue, à Chicago, Glenn Hall prenait pratiquement toute la place. 

En juin 1963, Crozier fut donc impliqué dans un échange qui l’envoya aux Red Wings, où le gardien numéro un était Terry Sawchuk

Il se retrouva donc avec les Hornets de Pittsburgh de la Ligue américaine, où il se mérita le Trophée Red Garrett, remis à la recrue de l’année et le Hap Holmes, remis au meilleur gardien. Suite à une blessure à Sawchuk, Crozier, de tempérament nerveux et vulnérable aux ulcères d’estomac, eut ainsi l’occasion de faire ses débuts dans la LNH. Sa performance impressionna suffisamment l’état-major des Wings qu’à la fin de la saison, elle laissa Sawchuk sans protection. Les Leafs le repêchèrent et Détroit confia son filet à Crozier. 

Crozier fit une entrée fracassante. D’abord, il se mérita le Trophée Calder, remis à la recrue de l’année. De plus, il fut le partant lors de 69 des 70 matchs de son équipe. Pendant la période de Noël, les Wings jouaient trois matchs en trois soirs. L’entraîneur Sid Abel eut donc l’idée de donner le filet à Carl Wetzel pour le match du 26 décembre à Montréal. Toutefois, après que les Canadiens eurent pris les devants 4-0 en deuxième période, Abel n’eut d’autre choix que de ramener Crozier. Wetzel joua aussi quelques minutes lors du match du 2 janvier, suite à une blessure à Crozier, mais ce fut tout. Par le fait même, Crozier est devenu le dernier gardien à participer à tous les matchs de son équipe, chose surprenante pour un joueur reconnu comme étant frêle et vulnérable. 

L’acrobatique adepte du papillon vint aussi à deux buts de remporter le Trophée Vézina (qui était à l’époque décerné aux gardiens de l’équipe qui accordait le moins de buts). C’est finalement le duo de Toronto, Bower et Sawchuk, qui le remporta, mais c’est Crozier qui fut choisi au sein de la première équipe d’étoiles. 

Les Red Wings terminèrent au premier rang, mais ils se firent surprendre au premier tour en séries par les Black Hawks. 

En 1965-66, Crozier a été contraint de rater quelques matchs pour cause de maladie. Détroit a glissé au quatrième rang, mais en séries, les rôles furent inversés. Ce sont les Wings qui surprirent les Hawks. 

Une fois en finale, Crozier continua son jeu inspiré. Il dut toutefois être retiré au cours du quatrième match, suite à une blessure. Les Canadiens en profitèrent pour remporter le match et ensuite, la série. Malgré cela, Crozier devint le premier joueur à remporter le Trophée Conn Smythe (remis au joueur le plus utile à son équipe en séries) au sein de l’équipe perdante. 

Pour les Wings, cette défaite marqua le début d’une longue traversée du désert, où l’équipe ratera les séries 15 fois au cours des 17 années suivantes. Ce n’est que 29 ans plus tard que Détroit retournera en finale. 

La carrière de Crozier se retrouva également sur la pente descendante, avec quelques autres épisodes de pancréatite. Combiné avec un excédent de stress et un mauvais début de saison, Crozier annonça sa retraite en novembre, avant de revenir sur sa décision six semaines plus tard. 

À partir de là, Crozier glissa au poste de gardien numéro 2, derrière Roy Edwards. Cette situation dura trois ans. 

C’est le 10 juin qu’eut lieu le repêchage d’expansion de 1970. Les Sabres de Buffalo utilisèrent alors la toute première sélection pour choisir Tom Webster, qui sera plusieurs années plus tard entraîneur des Kings. Il ne s’aligna toutefois jamais avec les Sabres puisque la même journée, il fut échangé aux Red Wings en retour de Crozier. 

Crozier se retrouva donc devant le filet pour le premier match de l’histoire des Sabres, une victoire de 2-1 devant les Penguins. Il joua au total 44 des 78 matchs d’une saison inaugurale pas si mal malgré tout. La récolte de 63 points n’a peut-être pas été suffisante pour accéder aux séries éliminatoires, mais il s’agissait tout de même de 8 de plus que l’ancienne équipe de Crozier, les Wings. 

Crozier demeura le numéro un pendant trois ans. Par la suite, il vit son temps de jeu diminuer en raison de problèmes d’ulcères et de vésicule biliaire. Il devint numéro deux, mais derrière un numéro un qui changeait à chaque année. Ce sont respectivement Dave Dryden, Gary Bromley et Gerry Desjardins qui se sont échangés le poste. 

En 1975, Buffalo montra une impressionnante progression et se rendit même en finale. Crozier eut l’occasion de contribuer à ce parcours qui se termina avec une défaite devant les Flyers. Pour lui, il s’agissait d’une troisième finale, encore du côté des perdants. 

Toujours ennuyé par différents malaises, il fut échangé aux faibles Capitals en mars 1977. Il ne joua que trois matchs dans leur uniforme, avant de prendre sa retraite et de se joindre à leur équipe de direction, où il occupa plusieurs postes. 

En 1983, il quitta le monde du hockey pour se joindre à la banque américaine MBNA, où il gradua jusqu’au poste de vice-président. 

C’est 1996, à l’âge de 53 ans qu’un cancer l’emporta. Pour l’honorer, son ancien employeur, MBNA, fit don d’un trophée à être présenté au gardien montrant le meilleur pourcentage d’arrêts. Il fut décerné de 2000 à 2007 et seul Marty Turco se le mérita plus d’une fois (2001 et 2003). 

Sources: "Canadiens Flying to Top Wings 6-3" de Pat Curran, Montreal Gazette, December 28, 1964, page 16, 

"Les Leafs secouent leur léthargie et l’emportent 3-1 contre les Wings", Le Devoir, 4 janvier 1965, page 15, 

"Nerves get Crozier, but door’s still open" de Jim McKay, Windsor Star, November 7, 1967, page 23,

hockeydb.com, wikipedia.org.

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