Dès sa naissance, Don McLeod dut faire face à des obstacles qui auraient rendu une carrière dans le hockey professionnel improbable. Ayant une déformation au pied, il y eut même des doutes qu’il marche un jour. Pourtant, des opérations, des attelles et des orthèses finirent par lui permettre d’y arriver.
Pour pouvoir faire des activités normales pour un garçon de son âge, McLeod eut également l’aide de son père. Travaillant à la fonderie de Trail, en Colombie-Britannique, il lui fabriqua pendant ses heures de lunch un soulier en métal pour lui permettre de jouer au baseball. Au hockey, devant ses difficultés à patiner, il se retrouva dans les buts. D’ailleurs, à l’âge adulte, il portait un patin gauche de taille 10 et un droit de taille 7, en plus d’avoir une jambe droite plus courte de quelques centimètres.
Au niveau junior, il s’aligna avec les Oil Kings d’Edmonton. En 1966, il les aida à remporter la Coupe Memorial. Leurs adversaires en finale étaient alors les Generals d’Oshawa dont le capitaine, Bobby Orr, a été blessé et peu présent pendant la série.
Une fois devenu professionnel, l’excentrique McLeod s’est promené, allant entre autres à Fort Worth, Springfield, Baltimore, en plus d’un passage avec les As de Québec, dans la Ligue américaine.
C’est finalement en 1970-71 que McLeod eut finalement sa chance de jouer dans la LNH. Toutefois, il atterrit avec les faibles Red Wings, qui terminèrent avant-derniers dans la ligue. Avec une moyenne de 5,16 en 14 matchs, ce ne sont pas ses performances qui ont contribué à renverser la tendance. D’ailleurs, il n’a fallu que 101 secondes avant qu’il n’accorde son premier but. Pour le marqueur, Darryl Sittler, il s’agissait également de son premier but.
L’année suivante, il joua quatre matchs sans victoire avec les Flyers.
La saison 1972-73 marqua le début des activités de l’Association mondiale de hockey (AMH). McLeod se trouvait alors dans la catégorie de joueurs principalement ciblée par la nouvelle ligue, soit ceux qui oscillaient entre la Ligue nationale et les ligues mineures. Il signa alors avec les Aeros de Houston, où il partagea le filet avec Wayne Rutledge.
En 1973-74, les Aeros, qui étaient déjà une bonne équipe, ajoutèrent à leur alignement Gordie, Mark et Marty Howe. L’effet fut immédiat. Gordie termina troisième pointeur de la ligue. McLeod se mérita le trophée Hatskin, remis au meilleur gardien, et les Aeros remportèrent la Coupe Avco.
Cette performance lui permit d’être invité à faire partie de l’équipe d’étoiles de l’AMH qui affronta l’équipe nationale soviétique. C’est toutefois Gerry Cheevers qui joua sept des huit matchs. Lorsque McLeod prit le filet, l’AMH perdit 8-5. Pendant la partie du tournoi en territoire soviétique, les joueurs pouvaient être accompagnés par une personne. Si la plupart d’entre eux choisirent leur copine ou leur épouse, McLeod choisit sa mère.
Voulant monnayer sa performance, McLeod insista pour un contrat à six chiffres. Pour une raison obscure, Houston ne lui offrit que 99 999,99$. Faisant du sou manquant une question de principe, il quitta et signa plutôt avec les Blazers de Vancouver.
McLeod joua 71 des 78 matchs, mais à la fin de la saison, les Blazers déménagèrent à Calgary pour devenir les Cowboys.
Il continua de voir beaucoup d’action au sein d’une équipe qui n’était pas mauvaise. Reconnu pour son maniement de rondelle avec sa palette courbée, McLeod atteignit son sommet en 1975-76, avec 13 passes. À l’époque, il s’agissait du record chez les professionnels, qui a depuis été battu par Grant Fuhr. Son habilité pouvait également servir à faire sentir sa présence auprès des oreilles de certains adversaires...
Par contre, devant l’absence de projet pour construire un aréna plus grand, le propriétaire décida de dissoudre les Cowboys et de vendre les joueurs au plus offrant. En fait, la courte histoire des Cowboys a surtout été marquée par un triste événement, soit l’attaque de Rick Jodzio sur Marc Tardif au Colisée de Québec.
La façon de dissoudre l’équipe permit aux champions en titre de la Coupe Avco, les Nordiques, d’acheter les contrats de McLeod, Don Tannahill, Ron Chipperfield et Peter Driscoll et ce, au grand déplaisir des autres équipes.
L’expérience québécoise de McLeod tourna toutefois rapidement au vinaigre. Malgré qu’il ait joué avec les As en 1967-68, il semblait avoir oublié comment était la ville de Québec. Il se plaignit de difficultés à s’adapter à la ville, de trouver des écoles pour ses enfants et de se dénicher une maison. Il sembla surpris de l’importance que le français y occupait et reprocha à l’équipe de ne pas le supporter dans ses démarches.
Après un moment, McLeod fit une "fugue", en s’éclipsant pendant cinq jours sans donner de nouvelles à l’équipe. Ce n’était pas d’ailleurs pas la première fois qu’il faisait ce genre d’escapade, qui dans ce cas se rapprochait de la bouderie. Il en avait déjà fait de semblables lorsqu’il jouait pour d’autres équipes. À son retour, sans surprise, il demanda à être échangé.
Son séjour dans l’uniforme fleurdelysé ne dura finalement que sept matchs. En novembre, il fut transigé aux Oilers avec Pierre Guité, en retour de Ken Broderick, Dave Inkpen, Warren Miller et Rick Morris. Il termina l’année ainsi comme second, derrière Dave Dryden.
Ensuite, ne parvenant pas à s’entendre avec Edmonton, il tenta sa chance avec les Racers d’Indianapolis, mais succès.
À la dissolution de l’AMH, en 1979, il tenta une dernière fois de prolonger sa carrière, en se présentant au camp des Maple Leafs. Finalement, Mike Palmateer et Paul Harrison conservèrent leur poste. De leur côté, les recrues Jiri Crha et Vincent Tremblay jouèrent quelques matchs, ne laissant pas de place pour McLeod.
Suite à sa retraite, celui qui a été surnommé "Smokey" en raison de son usage assidu du tabac (avant, pendant et après les matchs), est devenu représentant pour Hershey dans l’ouest canadien.
Il est décédé d’un arrêt cardiaque en 2015, à l’âge de 68 ans.
Sources:
"Imbattable avec McLeod" de Claude Larochelle, 19 août 1977, Le Soleil, page C1,
"Achat de contrats" de Claude Lussier, 27 août 1977, Le Quotidien, page B5,
"La passe-avant ne sera plus la même", PC, 27 août 1977, La Presse, page B2,
"McLeod, introuvable", 1er novembre 1977, Le Quotidien, page B4,
"Sons de cloche", 1er novembre 1977, La Tribune, page 17,
"Don ′Smokey′ McLeod demande à être échangé", PC, La Tribune, 3 novembre 1977, page 23,
"Smokey fuming", CP, November 3, 1977, Calgary Herald, page A17,
"Échange du gardien McLeod", Progrès Dimanche, 20 novembre 1977, page 172,
"Wilson fini pour l’année", PC, 28 novembre 1977, La Voix de l’Est, page 8,
"Marita Koch améliore son record du monde", 1er septembre 1978, Le Soleil, page C4,
"Don ′Smokey′ McLeod became Calgary fans favourite" de Tom Hawthorn, March 25, 2015, The Globe and Mail (theglobeandmail.com),
"Life & Times: Goalie overcame club foot to play pro hockey" de Chris Stock, April 4, 2015, Edmonton Journal (edmontonjournal.com),
"Riding with Cowboys, Calgary’s first pro hockey club" de Tod Saelhof, February 5, 2019, Calgary Sun (calgarysun.com).
Il semble plutôt que la raison de ce surnom de "smokey" lui a été attribué suite à son passage auprès des Trail Smoke Eaters.
RépondreSupprimer@ Pierre Bouthillier
RépondreSupprimerL'article du Globe and Mail mentionne les deux possibilités, mais tranche en faveur du tabac. Celui du Edmonton Journal ne fait que mentionner les deux théories.