lundi 6 septembre 2021

Histoires d'agents libres qui tournent en rond


Marc Bergevin a finalement annoncé qu’il n’égalerait pas l’offre des Hurricanes faite à Jesperi Kotkaniemi.  Bien que le directeur-gérant de la Caroline Don Waddell le nie, certains y voient une forme de vengeance envers Bergevin qui, en juillet 2019, avait fait une offre hostile à Sebastian Aho, que les Canes avaient finalement égalée. C’est sûrement un hasard, mais l’offre à KK inclut un boni à la signature de 20$, le numéro d’Aho…

Ce n’est toutefois pas la seule situation où une histoire d’agent libre semble avoir eu un effet boomerang.  En voici quelques-unes.

Marcel Dionne à Los Angeles

Repêché deuxième derrière Guy Lafleur en 1971, Marcel Dionne s’est retrouvé à Détroit au sein d’une équipe en pleine traversée du désert. Ses résultats individuels furent au rendez-vous, mais il ne participa jamais aux séries dans l’uniforme rouge et blanc. Les performances décevantes de l’équipe lui causèrent alors des frustrations. Dionne laissa donc son contrat venir à échéance et devint ainsi agent libre, chose rare à l’époque. Lorsqu’en juin 1975, les Kings lui ont offert 1,5 million $ pour cinq ans, l’occasion était trop belle. Comme compensation de la perte de Dionne (et de Bart Crashley), les Red Wings acceptèrent de recevoir Dan Maloney, Terry Harper et un choix de deuxième ronde (qui se retrouva éventuellement au Minnesota).  Dionne aurait aussi pu signer avec une équipe de l'AMH, mais dans ce cas, Détroit n'aurait rien reçu.


Rogatien Vachon à Détroit

Trois ans plus tard, il y eut un autre (rare) cas d’un joueur autonome de premier plan qui a changé de camp. Comme par hasard, les deux mêmes équipes étaient impliquées, mais en changeant de rôle. Ce sont alors les Red Wings qui ont subtilisé Rogatien Vachon aux Kings en lui offrant 1,9 million $ pour cinq ans.

Ne pouvant s’entendre au sujet de la compensation, on se rendit devant d’un arbitre. Celui-ci accorda le jeune espoir Dale McCourt aux Kings qui lui, s’y opposa. S’en suivit une saga judiciaire qui en conclusion, donna raison à McCourt. Los Angeles reçut plutôt André St-Laurent et les choix de première ronde des Wings de 1980 (Larry Murphy, tout de même futur membre du Temple de la renommée) et 1981 (Doug Smith).

En plus d’être coûteux, le séjour de Vachon à Détroit fut plutôt décevant. Il ne participa jamais aux séries et après deux ans, il fut échangé aux Bruins en retour de Gilles Gilbert.


Scott Stevens à St-Louis

Le début des années 1980 a été pénible pour les Blues. Ils s’en sont sorti, mais ils furent reconnus pendant un moment comme étant une équipe à petit budget. Toutefois, suite au flair de leur directeur-gérant, Ronald "le Prof" Caron, St-Louis mit la main sur Brett Hull et Adam Oates et devint compétitif.

Audacieux, Caron voulut passer au niveau supérieur en utilisant un outil peu courant, la signature d’un agent libre. Sa cible fut le robuste et talentueux défenseur Scott Stevens, et il lui offrit en juillet 1990 5,145 millions $ pour quatre ans. La démarche coûta finalement cinq choix de première ronde aux Blues.


Brendan Shanahan à St-Louis

Non seulement l’acquisition de Stevens s’est avéré coûteuse, mais elle fut de courte durée. L’année suivante, Caron récidiva en signant Brendan Shanahan des Devils. Ne pouvant plus offrir encore cinq choix de première ronde, les Blues durent s’entendre avec New Jersey au sujet d’une compensation. Devant un arbitre, les Devils exigèrent… Scott Stevens, qui leur fut accordé.

Selanne et Kariya au Colorado

De 1996 à 2001, Teemu Selanne et Paul Kariya ont joué ensemble à Anaheim.

À l’été 2003, Kariya était toujours avec les Mighty Ducks (pourtant finalistes en titre), mais Selanne était maintenant à San Jose. Tous deux autonomes, mais sans bague de la Coupe Stanley, ils décidèrent alors de se réunir au sein d’un sérieux aspirant au titre, l’Avalanche du Colorado, championne de 2001. Et pour ce faire, ils le firent à rabais. Selanne déclina une option de 6,5 millions avec les Sharks pour signer pour un an au Colorado pour 5,8 millions $. Quant à Kariya, après avoir exigé 10 millions d’Anaheim, il signa avec l’Avalanche pour 1,2 million $.

L’expérience fut un désastre. Kariya ne joua que 51 matchs et connut une mauvaise saison (36 points). Du côté de Selanne, sans même avoir l’excuse d’avoir joué moins de parties, il eut une de ses pires années en carrière (32 points).

L’Avalanche s’inclina finalement en deuxième ronde devant l’équipe à qui Selanne avait tourné le dos, San Jose. Cette défaite envoya ainsi les deux compères en congé forcé, puisque la saison 2004-05 fut éventuellement annulée en raison du lock out.

À la reprise des activités, Selanne retourna à l’endroit où il avait rencontré Kariya, à Anaheim. C’est là qu’il remporta finalement la Coupe, en 2006-07.

Par contre, Kariya ne retourna pas avec l’équipe qui l’avait repêché. Il choisit plutôt les Predators et ne fit pas partie du triomphe de 2007.


Sources :

"Expected happens, Dionne joins Kings", AP, June 24, 1975, Windsor Star, page 24,

"No Suit This Time" de Jack Dulmage, June 24, 1975, Windsor Star, page 24,

"Wings sign Rogie to multi-year pact", AP, August 9, 1978, Montreal Gazette, page 42,

"What has Red Wings but won’t fly?", SI Staff, December,4, 1978, Sports Illustrated (vault.si.com),

hockeydraftcentral.com, wikipedia.org.

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