samedi 28 mai 2022

Tom Lysiak



C’est sans se poser trop de questions que Tom Lysiak a fait son chemin dans le monde du hockey. Ce n’est qu’au moment où il a remporté le championnat des compteurs de la ligue de l’ouest qu’il a pris conscience de son potentiel. C’est alors que ce jeune rural albertain qui de son propre aveu, n’aimait pas les villes, embaucha un agent new-yorkais, Dick Sorkin, qui le convainquit qu’il aurait un avenir plus radieux au sud de la frontière. En prévision du repêchage de 1973, Lysiak débuta donc sa campagne pour faire savoir qu’il ne voulait pas aboutir à Montréal, Toronto ou Vancouver.

Après avoir remporté un deuxième championnat des compteurs consécutif, Lysiak s’inscrivit comme l’un des meilleurs espoirs de l’encan. Il était attendu que Denis Potvin soit choisi au premier rang par les Islanders. Toutefois, au deuxième rang, la sélection appartenait aux Canadiens, qui l’avaient obtenu des Seals en retour des services de Carol Vadnais.  En plus de sa position géographique, Montréal ne représentait pas une bonne alternative aux yeux de Lysiak en raison de son surplus de talent. Ce dernier n’avait pas l’intention de passer par les mineures et préférait grandement une équipe récente.

Le directeur-gérant des Canadiens Sam Pollock en prit note et envoya son choix avec sa propre sélection de première ronde aux Flames d’Atlanta, en retour des choix de première ronde des Flames de cette même année (ensuite envoyée à St-Louis contre un choix qui deviendra Bob Gainey) et celle de 1977 (qui donnera Mark Napier). Son coéquipier chez les Tigers de Medecine Hat, Lanny McDonald, prit lui le chemin d’une équipe canadienne, étant repêché par Toronto deux rangs plus tard.

Avec son habile maniement de rondelle, Lysiak s’imposa immédiatement avec Atlanta. Ses 64 points firent de lui le meilleur pointeur de l’équipe en 1973-74, titre qu’il obtint cinq années de suite.

Il aida également l’équipe de deuxième année à se qualifier pour les séries. Les Flames furent toutefois balayés par les Flyers, ce qui devint d’une certaine façon leur marque de commerce. L’entraîneur-chef Bernard Geoffrion fut remplacé par Fred Creighton pendant la saison 1974-75, mais au fil des ans, Atlanta continua de s’incliner au premier tour, souvent par balayage. De plus, malgré qu’il était son meilleur joueur, le courant ne passait pas entre Creighton et Lysiak. Et comme si ce n’était pas assez, Lysiak eut des problèmes avec une autre personne dans son entourage. En effet, il s’avéra que Sorkin, son agent, avait détourné des fonds de ses clients, dont Lysiak, pour entre autres alimenter un problème de jeu.

Malgré ce contexte difficile, Lysiak continua de mener la charge de l’offensive des Flames avec ses partenaires de trio, Willi Plett et Eric Vail. C’est toutefois en mars 1979 que sa carrière prit un tournant inattendu. À ce moment, Atlanta décida de donner un grand coup en effectuant une transaction avec les Black Hawks impliquant huit joueurs. Lysiak (leur capitaine), Greg Fox, Harold Phillipoff, Pat Ribble et Miles Zaharko furent envoyés à Chicago. En retour, Ivan Boldirev, Phil Russell et Darcy Rota prirent le chemin inverse. Bien que le contexte n’était pas idéal, Lysiak, meilleur pointeur de la franchise à ce moment, fut étonné et déçu de quitter Atlanta, lui qui y était bien établi et qui venait tout juste de signer un contrat de sept ans. Ironiquement, à la fin de la saison, ce fut au tour de Creighton de quitter l’organisation.

À son arrivée à Chicago, Lysiak fit le relais dans un changement de garde. Stan Mikita disputait alors sa dernière saison complète. (Il ne joua que 17 parties en 1979-80, avant de prendre sa retraite.) D’autre part, la saison 1980-81 marqua l’arrivée de Denis Savard.

Les deux étant des centres, Lysiak ne faisait pas partie du même trio que Savard (il jouait principalement avec Darryl Sutter et Rich Preston), mais il eut quand même de très bonnes saisons avec les Hawks. Il égala même son plus haut total de points (82) en 1981-82.

Le passage de Lysiak à Chicago fut toutefois marqué d’un événement controversé. Le 30 mars 1983, après avoir été écarté du cercle des mises au jeu, Lysiak fit sauter les patins par derrière du juge de ligne Ron Foyt. Cette faute entraînait une suspension automatique de 20 matchs. Il s’agissait de la première fois que ce nouveau règlement était appliqué. Ne pouvant en appeler, Lysiak demanda une injonction à la cour de l’Illinois. Lorsqu’il obtint un sursis de 10 jours, la LNH accepta finalement d'entendre l’appel de Lysiak. En retour, ce dernier s’engagea à retirer sa plainte. Devant une menace de débrayage des officiels, l’appel fut finalement rejeté. Lysiak prit finalement la décision avec philosophie.

Devant la montée irrésistible de Denis Savard, le rôle de Lysiak avec l’équipe devint ensuite un peu plus défensif.

C’est finalement après la saison 1985-86 qu’il décida de prendre sa retraite. En 919 parties, sa fiche est de 292-551-843. Malgré qu’il écopa d’une des plus longues suspensions de la ligue, il n’amassa pourtant qu’un total de 569 minutes de pénalité au cours de sa carrière.

Bien qu’il eut de bonnes séquences en séries à Chicago, en 1982 et en 1983 principalement, il ne dépassa jamais la demi-finale.

Il retourna ensuite à Atlanta, où il démarra une entreprise de paysagement et de construction.

C’est en 2016 qu’une leucémie l'emporta. Il avait 63 ans.

Sa fille Jessica, qui a compétitionné à l'émission Master Chef en 2013, a épousé Justin Braun, qui est maintenant avec les Rangers. Le cousin de Lysiak est le père de Cale Makar.

Sources:

"Tom Lysiak ne veut surtout pas jouer pour le Canadien" de Robert Duguay, 11 mai 1973, La Presse, page B2,

"Je serai très heureux à New York" de François Béliveau, 16 mai 1973, La Presse, page B3,

"Flames Rally to Defeat Capitals in Third Period" de Robert Fachet, March 8, 1977, Washington Post (washingtonpost.com),

"The Spectacular Rise and Ignoble Fall of Richard Sorkin, Pros Agent" de Paul L. Montgomery, October 9, 1977, New York Times (nytimes.com),

"Tom Lysiak écope" et "Lysiak entend contester la décision" de PC, 1er novembre 1983, La Presse, page S2,

"« Un exemple radical, mais il fallait qua ça arrête » - L’arbitre Ron Fournier" de Réjean Tremblay, 2 novembre 1983, La Presse, page S5,

"Lysiak pourra en appeler de sa suspension" de PC, 23 novembre 1983, La Presse, page S6,

" « Je jouerai beaucoup au golf » - Tom Lysiak", 9 décembre 1983, La Presse, page S6,

"Hockey legend Lysiak passes away at 63" de Chris Clegg, June 8, 2016, South Peace News (southpeacenews.com).

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