mardi 31 mai 2022

Stri-Sport

Stri-Sport Inc. est née en 1983 de l'idée de trois amis à la croisée de chemins : Pierre Nizet, Robert Beauregard et Roch Fortin. Ayant déjà travaillé dans une compagnie où étaient fabriqués des jambières de gardien, Beauregard convainquit ses amis de se lancer dans cette aventure, question qu'ils puissent démontrer qu'ils pouvaient faire quelque chose de grand de leurs vies. L'ambition de ces trois amis ? Fabriquer de l'équipement de qualité pour les gardiens élite, dont ceux de la LNH.  

Roch Fortin, Pierre Nizet et Robert Beauregard

C'est à partir d'une mise de fond de 300$ qu'ils établirent les bases de Stri-Sport dans une grange à St-Adolphe-de-Dudswell dans les Cantons de l'Est. Travailler en tuque et en bottes de motoneige était la norme pour les trois associés lors du premier hiver (rigoureux qui plus est) passé dans cette grange ouverte à grands vents, à se faire la main. Au départ, la compagnie ne produisait que des jambières, avant de diversifier leur production en ajoutant les bloqueurs et les mitaines de gardien. C'est grâce à un travail en sous-traitance pour des compagnies dont Canadien, CCM et Koho que Stri-Sport put réinvestir leurs profits afin de déplacer leurs installations deux ans plus tard dans le sous-sol du centre communautaire de St-Adolphe-de-Dudswell, allant même jusqu'à engager une quinzaine de personnes pour fournir à la demande. 

Ce qui distinguait cette petite compagnie des grands manufacturiers, c'est que chaque pièce était fait à la main avec des produits de première qualité. Pas question de production à la chaîne ou d'envoyer une partie de la production en "cheap labour" en Asie. Stri-Sport n'adhérait pas aux nouvelles jambières fait en mousse, leurs jambières étant majoritairement rembourrer avec du crin de chevreuil (au lieu de cheval comme c'était l'habitude). Il y avait également une pièce additionnelle de protection ajouté au bloqueur près de l'index afin d'éviter qu'une rondelle dévié du bâton puisse blesser la main du gardien.

Manon Rhéaume
avec les Draveurs
le 26 novembre 1991

Les années passèrent et les produits Stri parvinrent à faire leur niche au sein des ligues mineures, dont la AHL et la LHJMQ. Manon Rhéaume arborait d'ailleurs un équipement avec la marque Stri lors de sa seule présence dans l'uniforme des Draveurs. Également, plus de 10% de leur production était acheminé en Europe, notamment en Suède et au Danemark. La croissance de l'entreprise l'obligea à déménager leurs installations à East Angus en décembre 1988 afin d'héberger leur trentaine d'employés. À cette époque, Mario Brunetta était le seul gardien à porter l'équipement Stri sur les patinoires de la LNH, alors qu'il faisait la navette entre les Citadels d'Halifax et les Nordiques de Québec. Espérant propulser la popularité de leur équipement, Stri-Sport fit également parvenir un équipement à Patrick Roy, mais ce dernier ne le porta jamais lors d'un match. 

C'est cependant la LNH elle-même qui, volontairement ou non, est venue freiner cette croissance. À partir de la saison 1989-90, chaque équipementier devait débourser 10 000$ par pièce d'équipement sur laquelle son nom apparaissait, s'ils voulaient être visible dans "le show". Dans le cas de Stri-Sport, c'était donc des frais d'affichage de 40 000$, eux qui fabriquaient désormais également des plastrons en plus des jambières et des gants de gardiens. N'ayant pas ces moyens, l'objectif de s'établir dans la LNH devint improbable, perdant également leur seul porte étendard, alors que Brunetta dû changer de fabriquant pendant la saison au profit de l'équipement Vaughn. Stri recommença donc à faire de la sous-traitance, étant utilisé sous la marque "Jayco" par Bob Froese avec les Flyers de Philadelphie. La gamme CCM Prolite était également fabriqué par Stri, porté entre autre par nul autre que Keanu Reeves

En 1992, la compagnie Stri-Sport fut acheté justement par CCM. Lorsque CCM dut se restructurer et fut placé sous la protection de ses créanciers en 1995, ils délaissèrent la fabrication d'équipement de gardien et fermèrent définitivement l'usine d'East Angus.

Maintenant, le souvenir de Stri existe encore parmi quelques vétérans et amoureux du vintage, qui utilisent encore parfois cette équipement dans leur ligue de garage.

Mario Brunetta, le seul gardien à avoir arboré la marque "Stri" sur les patinoires de la LNH

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