jeudi 8 décembre 2022

Joueur oublié des 90's #70 - Gary Leeman




 

Gary Leeman est une drôle de bibitte. Parmi tous les marqueurs de 50 buts en une saison dans l'histoire de la LNH, il est probablement celui dont on se demande le plus comment il y est parvenu. Il est le genre de joueur que je me suis toujours demandé s'il était moyennement bon ou s'il était... bonnement moyen?

Gary Spencer Leeman est né à Toronto le 19 février 1964. Avant de se rendre à la LNH, il joua d'abord avec les Hounds de Notre-Dame de la ligue Midget AAA de Saskatchewan. Évoluant d'abord comme attaquant, il fut converti en défenseur lors de son arrivée dans la WHL avec les Pats de Régina en 1981-82. Ce changement de position porta fruit, puisqu'après sa première saison avec les Pats, il fut sélectionné en deuxième ronde (24e au total) par les Maple Leafs de Toronto au repêchage de 1982. La saison suivante, il obtint 86 points dont 24 buts, ce qui lui valut le titre de meilleur défenseur de la WHL en plus d'être nommé sur la première équipe d'étoiles. Il put ensuite terminer la saison avec les Leafs, où il fut utilisé pour deux matchs lors des séries de 1983.

Il fit ses débuts officiels dans la LNH en 1983-84 où en 52 matchs, il obtint une fiche de 12 points. La saison suivante, l'entraîneur des Leafs le ramena à sa position d'autrefois comme ailier droit. Il ne redeviendra plus jamais défenseur mais sera parfois utilisé à la pointe en situation d'avantage numérique.

La «Hound Line»
Leeman, Courtnall et Clark


 
Après deux autres saisons d'environ une trentaine de points et quelques séjours dans les mineures, il débloqua en 1986-87 avec 21 buts et 31 passes. Il était alors utilisé avec deux autres produits originaires des Hounds de Notre-Dame, Wendel Clark et Russ Courtnall, avec qui il forma la «Hound Line». Les deux saisons suivantes furent encore meilleures pour Leeman, alors qu'il obtint respectivement 30 et 32 buts. 
 
Dorénavant jumelé avec Ed Olczyk et Mark Osborne, il explosa en 1989-90 avec une fiche de 51 buts et 44 passes pour 95 points. Il devint alors le deuxième joueur de l'histoire des Maple Leafs à franchir le plateau des 50 buts après son ancien coéquipier Rick Vaive, qui lui franchit ce même plateau pendant trois saisons d'affilée de 1981-82 à 1983-84. Leeman participa également au match des étoiles de 1989.

Cette saison 1989-90 fut toutefois un tournant dans sa carrière. La saison suivante, il subit une séparation de l'épaule lorsqu'il fut plaqué par Chris Chelios des Blackhawks. Cette blessure lui fit rater une trentaine de matchs et il n'a jamais semblé retrouver son élan offensif par la suite. Il termina cette saison avec seulement 17 buts et 29 points en 52 matchs.

Au même moment, de bonnes histoires de cul à la «Lance et compte» se déroulaient dans le vestiaire des Leafs. Leeman aurait à un certain moment commencé à sortir avec l'ex-femme de son coéquipier Al Iafrate, ce qui aurait poussé ce dernier à exiger un échange. Iafrate refusait apparemment de participer à toute fonction publique qui impliquait la présence de Leeman. Iafrate fut finalement échangé aux Capitals en janvier 1991. N'étant également plus heureux à Toronto, Leeman aurait aussi demandé à être échangé, ce qui allait éventuellement se produire de manière spectaculaire...

Durant la saison 1991-92, le nouveau DG des Leafs Cliff Fletcher en passa toute une à son ancien collègue Doug Risebrough, le nouveau DG des Flames. Fletcher orchestra ni plus ni moins que le plus gros échange de l'histoire de la LNH en terme du nombre de joueurs impliqués. Un échange 5 contre 5 où les Maple Leafs cédèrent Leeman, Craig Berube, Alexander Godynyuk, Michel Petit et le gardien Jeff Reese aux Flames en retour de Doug Gilmour, Jamie Macoun, Kent Manderville, Ric Nattress et le gardien Rick Wamsley.

 
 
Cet échange galvanisa les Leafs qui devinrent très compétitifs du jour au lendemain tandis que les Flames se sont carrément ramassés avec des peanuts. Croyant que Leeman avait besoin d'un changement d'air, les Flames déchantèrent assez rapidement dans le cas de leur nouvelle acquisition alors qu'il termina cette saison 91-92 avec seulement 2 buts et 7 passes en 29 matchs à Calgary. Il n'en avait obtenu que 20 points à Toronto avant l'échange. Des spasmes au dos expliquent en grande partie cette saison médiocre pour Leeman alors qu'il rata une vingtaine de matchs en tout, ce qui lui fit perdre sa place dans la rotation, que ce soit à Toronto ou Calgary.

On retrouve souvent cet échange dans les listes des pires transactions de l'histoire mais allons-y objectivement en comparant les stats de ces 10 joueurs avec leur nouvelle équipe après cet échange:

TORONTO
  • Doug Gilmour (C): 131 buts, 321 passes pour 452 points en 393 matchs
  • Jamie Macoun (D): 13 buts, 88 passes pour 101 points en 466 matchs
  • Kent Manderville (C): 8 buts, 15 passes pour 23 points en 136 matchs
  • Ric Nattress (D): 2 buts, 14 passes pour 16 points en 36 matchs
  • Rick Wamsley (G): 4 victoires, 6 défaites, 0 match nul en 11 matchs.
  • TOTAL: 1042 matchs obtenus, 154 buts, 438 passes, 592 points + 4 victoires

CALGARY
  • Gary Leeman (AD): 11 buts, 12 passes pour 23 points en 59 matchs
  • Craig Berube (AG): 10 buts, 17 passes pour 27 points en 234 matchs (+628 minutes de pénalité)
  • Alexander Godynyuk (D): 3 buts, 5 passes pour 8 points en 33 matchs
  • Michel Petit (D): 8 buts, 40 passes pour 48 points en 134 maths
  • Jeff Reese (G): 17 victoires, 6 défaites et 3 matchs nuls en 39 matchs
  • TOTAL: 499 matchs obtenus, 32 buts, 74 passes, 106 points + 17 victoires et 3 matchs nuls

Ouch. C'est effectivement pas reluisant. On peut même dire qu'en enlevant Gilmour de l'équation, les Maple Leafs auraient quand même gagné la transaction seulement par l'obtention de Jamie Macoun, un solide défenseur pendant près de 500 matchs avec l'équipe. On peut quand même consoler les Flames en se disant qu'ils ont gagné la portion des gardiens de cet échange avec Jeff Reese qui fut un bon adjoint à Calgary... en plus d'être même considéré comme «menace offensive» lors d'un match où il récolta un record de 3 passes.

La saison suivante fut à peine mieux pour Leeman à Calgary où après 30 matchs il avait 9 buts et 14 points, très loin de la production de Gilmour à Toronto (sommet en carrière de 127 points). De plus, les Flames n'avaient pas vraiment besoin de lui, ayant assez d'attaquants offensifs qui fonctionnaient. Ils avaient davantage besoin d'un attaquant défensif et c'est alors qu'ils acquirent Brian Skrudland du Canadien en retour de Leeman, un peu plus d'un an seulement après le blockbuster Leafs/Flames.
 
Désormais avec sa troisième équipe, aussi sa troisième équipe canadienne, il obtint tout de même 18 points en 20 matchs pour clore cette saison 1992-93 avec en tout 32 points en 50 parties. Il dut toutefois rater de nouveau plusieurs matchs à cause de spasmes au dos. Lors des séries et le parcours du CH jusqu'à la coupe de 1993, Leeman fut utilisé sporadiquement alors qu'il était tantôt blessé tantôt laissé de côté par Jacques Demers. Il fut cependant présent durant l'entièreté de la finale contre les Kings. Il disputa en tout 11 des 20 matchs du Canadien durant ce parcours, récoltant 1 but et 2 passes. Son seul but fut obtenu durant la série de première ronde dans le 4e match contre les Nordiques.
 
 

Malgré qu'il n'était pas spectaculaire, l'échange Leeman/Skrudland fut quand même un bon coup du DG Serge Savard alors que Leeman obtint de bonnes statistiques en saison malgré ses blessures. De son côté, Skrudland, qui était devenu la cible des critiques à Montréal, n'aura joué que 16 matchs à Calgary, avec une récolte de 6 points. Il fut ensuite laissé sans protection et il fut choisi par les Panthers de la Floride lors du repêchage d'expansion de l'été 1993.

La saison suivante fut toutefois horrible pour Leeman à Montréal. Souvent laissé de côté et critiqué pour manque d'effort, il fut éventuellement envoyé dans la AHL avec les Canadiens de Fredericton après une récole de seulement 2 buts en 28 matchs. Il hésita tout d'abord à s'y rapporter mais accepta éventuellement son sort. Il retrouva sa touche à Fredericton avec 26 points dont 18 buts en 23 matchs, et put finalement retrouver son poste à Montréal en fin de saison. Il obtint d'ailleurs un match de 4 points à son retour. Cependant, d'autres blessures vinrent lui nuire et il ne put vraiment retrouver sa place, étant écarté de nouveau durant les séries. Suite à cette saison ordinaire, l'équipe le libéra.
 
Avouez que vous avez jamais vu une photo de Leeman avec le chandail des Canucks...

 
 
Après le lock-out au début de la saison suivante, Leeman se retrouva du boulot en janvier 1995 avec les Canucks, encore une équipe canadienne. Il fut de nouveau utilisé que sporadiquement et ne jouera que 10 matchs (2 buts, 0 passes) à Vancouver qui le libéra après cette seule demie-saison. Sans nouvelle offre dans la LNH, il mit le cap sur l'Italie en 1995-96 avec le club Gherdëinaen de la ligue Série A. Ayant besoin de renforts, les Blues de St.Louis firent appel à ses services en le signant comme agent libre au début de la saison 1996-97. Il obtint une passe en 2 matchs avant d'être rétrogradé à Worcester dans la AHL. Étant plus tard racheté par les Blues, il termina la saison dans la IHL avec les Grizzlies de l'Utah.

Ayant besoin d'un «Wind of change» à ce stade-ci de sa carrière*, Leeman alla terminer sa carrière en Allemagne avec les Scorpions d'Hanovre de la première division allemande. Il y joua d'abord une saison avant de jouer en Suisse avec deux clubs, mais il reviendra terminer cette même saison avec les Scorpions. Il prit sa retraite à la fin de cette saison 1998-99.
 
 
*Cette blague est une gracieuseté de mon collègue BobKudelski qui me l'a refilé l'autre jour. Je ne l'endosse pas particulièrement mais il a quand même un fond de raison là-dessus car les Scorpions d'Hanovre sont effectivement nommés en honneur du célèbre groupe rock du même nom, eux qui sont originaires de cette ville.
 

En 667 matchs dans la LNH, Gary Leeman aura récolté 199 buts et 267 passes pour 466 points, ainsi que 24 autres points en 36 matchs des séries.
 

Parmi tous les joueurs ayant marqué 50 buts en une saison, seulement 5 ne sont pas parvenus à un total de 200 en carrière. Leeman est celui qui s'est approché le plus de ce plateau mais est aussi celui qui a joué le plus de matchs.
 
Les autres sont:
Hakan Loob (193 buts en 450 matchs)
Jonathan Cheechoo (170 buts en 501 matchs)
Wayne Babych (192 buts en 519 matchs)
Jacques Richard (160 buts en 556 matchs)
 




Pour la petite histoire, Al Iafrate ne semble plus être en guerre avec Leeman, les deux ayant fait partie de tournois au profit de la recherche sur le cancer au courant des dernières années.


Sources:
Skrudland: Je ne me sentais plus désiré ici, La Presse, 29 janvier 1993
Demers: «Leeman n'a pas fait la job», La Presse, 6 février 1994
Leeman s'en va faire ses preuves à Fredericton, La Presse, 9 février 1994

1 commentaire:

  1. O-PEE-CHEE aurait pu écrire derrière sa carte "Gary est un bon compteur qui peut faire une passe sur la glace comme à la ville." ;0)

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