jeudi 2 novembre 2023

Les grands voyageurs #11: Alexandre Giroux

 



Si vous avez déjà lu des chapitres de cette série, le joueur que j'ai considéré aujourd'hui n'est pas de cette catégorie de joueurs excessivement nomades qu'on a pu voir comme Trevor Jobe et ses 38 équipes(!), ce qui à ce jour est toujours mon record. 

Il a quand même trimbalé son baluchon à travers (seulement) 19 organisations, incluant celles au junior, mais j'avais surtout envie d'en parler pour plusieurs autres raisons, pas seulement le nombre d'équipes. Allons-y donc en commençant par une (trop longue) anecdote personnelle.

Il y a quelques semaines, j'ai ressorti mon X-Box 360 afin de rejouer à NHL12. Pourquoi prendre une vieille version au lieu du maudit NHL23 que j'ai acheté l'an passé? Ou bien me décider à sortir un autre 80$ pour acheter le 24? Et bien plusieurs raisons. Je sais que c'est pas juste moi, mais je déteste les nouvelles versions de NHL. Malgré plusieurs tentatives d'adaptation, je suis jamais capable de «setuper» ce maudit jeu à des settings de jeu acceptables. 

Malgré toutes mes expérimentations, mes matchs sont soit trop faciles (genre que je gagne 9-1 tout le temps) ou bien trop difficiles et/ou sans offensive (défaites de 2-0 ou victoires 1-0). Souvent quoique je fasse, je défonce le gardien adverse de 40 tirs sans pouvoir marquer tandis que l'adversaire gagne en effectuant seulement 12 tirs. Ensuite je change mes settings et je gagne 10-3.

Bref, y'a jamais moyen de trouver un bon setting d'une game à l'autre et tout ça me fait chier. En plus, ils ont ajouté au fil des années tellement de nouveaux modes de jeu qui ne m'intéressent pas (CHEL w-t-f) et qui ne font que sur-peupler le menu. Je suis donc habitué à mon bon vieux NHL12 et surtout à un système de settings juste assez amusant et ardu pour mes goûts.

J'ai entendu dire que le système de jeu a été complètement refait cette année pour le 24 mais je sais pas si je vais me laisser tenter. De plus, il y a un autre facteur qui me force à revenir dans le passé: J'ai 40 ans.

J'ai 40 ans et un des plaisirs de ces jeux est de se re-créer soi-même en joueur et gagner des trophées. En 2011-12 j'avais 28-29 ans et donc je fitais encore dans le spectrum d'âge des joueurs de la LNH. Maintenant j'ai 40 ans et c'est juste weird. Ça fait pas de sens de me faire un joueur de cet âge qui marque 50 buts. Je pourrais le mettre moins fort, le mettre sur la 3e-4e ligne et en marquer 10-15? Mais il est où le fun là-dedans? 

Vous pourriez argumenter en disant que tant qu'à fantasmer en s'imaginant comme joueur de la LNH, je pourrais me recréer plus jeune, genre 18 ans? Mais je trouves ça encore plus weird... Non, dans ma tête, mon moi-même virtuel est arrivé en scène au début des années 2000 et vers 2011 il était un joueur vedette établi. Pas une recrue et pas non plus un crouton de 40 ans. Bref c'est aussi pour ça que je joue encore à NHL12...

Caméo de Karl Alzner en background. Allo Karl!

Mais Alexandre Giroux il fite où et comment dans cette histoire pas rapport? Et bien dans le club-école de mon club des Oilers de NHL12, on y retrouve un joueur côté 76 overall du nom d'Alexandre Giroux. Il est aussi étiqueté «SNP» pour Sniper, donc c'est clair que j'allais me laisser tenter et l'insérer quelque part dans mon alignement. 

Donc malgré son 76 plus bas que le reste de mon alignement dans les 80+, Giroux a maintenant 15 points en 12 matchs dont 8 buts... Mais qui était-il donc ce Giroux? Je me souvenais vaguement de lui à l'époque où le jeu est sorti et les années depuis n'ont fait qu'aggraver mon souvenir. Je trouvais donc intéressant d'aller l'analyser aujourd'hui, si ce n'est que pour honorer son rendement dans mon alignement...

Réjean Giroux
Alexandre Giroux est né le 16 juin 1981 à Québec. Son père, Réjean Giroux, a joué comme attaquant pour les Remparts de 1969 à 1972, étant souvent jumelé avec Guy Lafleur. Il remporta la coupe Memorial de 1971 avec ce dernier avant de connaitre une saison de 109 points en 71-72 en compagnie de Jacques Richard, suite à quoi il fut repêché par les Blackhawks de Chicago. 
 
Il décida toutefois de rester au bercail en signant avec les nouveaux Nordiques de Québec pour la saison inaugurale de l'AMH en 1972-73. Il serait d'ailleurs le seul joueur à avoir joué le premier match des Remparts en 1969 ainsi que le premier des Nordiques.

Rétrogradé dans la NAHL avec le club-école des Nordiques en 1973-74, Réjean termina au sommet des pointeurs de la ligue avec 122 points. Cela lui valut une nouvelle offre des Blackhawks qu'il accepta cette fois-ci. Il évoluera deux ans dans la CHL avec les Blackhawks de Dallas avant qu'une blessure sérieuse au genou ne mette fin à sa carrière en 1976.

Pour sa part, le fils Alexandre débuta dans la LHJMQ en 1998-99 avec les Olympiques de Hull et fut un choix de 7e ronde (213e au total) des Sénateurs au repêchage de 1999. Il connut ensuite en 99-00 une saison de 52 buts et 99 points en compagnie de Michael Ryder, en plus de s'incliner en finale contre l'Océanic de Rimouski. Il termina son stage junior en 2001-01 avec les Huskies de Rouyn-Noranda.

Il débuta ensuite son long parcours dans la ligue américaine, d'abord en 2001-02 avec le club-école des Sénators de l'époque, les Griffins de Grand Rapids, et les deux saisons suivantes avec les Senators de Binghamton. Il fut toutefois inclus dans un échange en mars 2004 avec les Rangers qui l'obtinrent en compagnie de Karel Rachunek, en retour du défenseur Greg De Vries.

Il continua son chemin dans l'AHL, cette fois-ci avec le Wolf Pack de Hartford, où il connut deux saisons de 32 et 36 buts respectivement. Il put enfin gouter à un premier match dans la LNH à la fin de la saison 2005-06, sans récolter de points. Ce fut son seul match avec les Rangers.


Il signa ensuite comme agent libre avec les Capitals en 2006-07. Il obtiendra cette saison-là une fiche de 42 buts et 28 passes avec les Bears de Hershey, ce qui lui valut un rappel avec les Caps en fin de saison. Il obtint ainsi ses premiers points dans la LNH avec 2 buts et 2 passes en 9 matchs.

Il signa ensuite avec les Thrashers d'Atlanta. Mais après une seule demie-saison avec leur club-école à Chicago, les Capitals refirent son acquisition et il retourna à Hershey.

Vint alors la mémorable saison 2008-09. En compagnie de Keith Aucoin et Chris Bourque (fils de Raymond), les puissants Bears étaient l'endroit parfait pour Giroux qui connut une des meilleures saisons de l'histoire de la AHL en récoltant 60 buts et 37 passes pour 97 points, ce qui le plaçait au sommet de la ligue pour les buts et les points. 

Il s'agissait seulement de la 5e fois de l'histoire de la AHL qu'un joueur atteignait le plateau des 60 buts et aucun ne l'a atteint depuis. Durant la saison, il connut une séquence record en marquant dans un 15e match consécutif, éclipsant alors la marque détenue par le légendaire Brett Hull depuis 1987.

En plus de ses 60 buts, il mena également les Bears en Séries avec 15 buts en 22 matchs alors que les Bears remportèrent la coupe Calder de 2009. Ces 75 buts combinés en 2008-09 en font ainsi le recordman à ce niveau, le précédent détenteur étant Stéphan Lebeau avec 71 en 1988-89. Cette saison-là, Lebeau avait récolté un record toujours valide de 70 buts en saison, mais seulement 1 en séries.

De plus, Giroux accomplit cet exploit en seulement 69 matchs, étant rappelé par les Capitals l'espace de 12 matchs. Malheureusement pour lui, son principal défaut était son coup de patin. Étant légèrement plus lent dans la LNH, il lui manquait cette fameuse fraction de seconde de démarcation et il ne parvint jamais à transposer ses talents offensifs dans la grande ligue. Durant ce séjour de 12 matchs avec les Caps, son plus long à vie dans la LNH, il n'obtint qu'un seul but et une passe.


La saison suivante, 2009-10, fut pratiquement identique. Il obtint 50 buts, mais cette fois-ci davantage de passes avec 53 pour un sommet en carrière de 103 points, au deuxième rang de la AHL derrière son coéquipier Aucoin. Il joua cette fois 9 matchs avec les Caps, obtenant 1 but et 2 passes. 

Les Bears retournèrent ensuite en finale et remportèrent une deuxième coupe Calder consécutive, premier club à accomplir ce fait d'arme depuis les Indians de Springfield en 89-90 et 90-91 (avec un alignement totalement différent d'une saison à l'autre). Un repeat étant très rare et très dur à accomplir dans ce circuit, les Bears sont les derniers à ce jour à l'avoir fait. Lors de ces deux années de gloire, c'est Giroux qui termina premier en séries pour les buts et les points chez les Bears. Ces deux années exceptionnelles à Hershey lui valurent également le trophée Les Cunningham pour le joueur le plus utile en 2008-09.

Malgré une nouvelle offre des Capitals pour demeurer à Hershey, il opta de tenter sa chance dans une autre organisation, en signant avec les Oilers d'Edmonton en 2010-11. Il joua alors principalement avec le club-école, les Barons de Oklahoma City, où il connut une saison de 32 buts et 46 passes pour 78 points, bon pour le deuxième rang de la AHL. Il s'agissait de sa 7e saison consécutive de plus de 30 buts, ce qui égalisait un record. 

Toutefois, le même scénario se produisit dans la LNH où il fut retranché après le camp d'entrainement. C'était le début de cette ère de jeunes loups offensifs à Edmonton et il fut donc déclassé au profit de plus jeunes comme Jordan Eberle, Taylor Hall, Magnus Paajarvi et Linus Omark. Il ne put obtenir que 2 points en 8 matchs à Edmonton durant la saison.


Ce fut ensuite un dernier tour pour Giroux dans la AHL en 2011-12, cette fois dans l'organisation des Blue Jackets. Il obtint alors 54 points avec les Falcons de Springfield et seulement 1 but en 9 matchs à Columbus. Il passa bien près de s'approprier le record de 8 saisons consécutives dans la AHL avec 30 buts, alors qu'il termina avec 28.

Il quitta ensuite pour la KHL avec le Dynamo de Riga en 2012-13. Après une saison en demie-teinte, il fut prêté au Klothen HC de la ligue Suisse. Il sembla s'y plaire puisqu'il passa ensuite les trois saisons suivantes au sein de ce circuit avec Ambri-Piotta. Il remporta également la coupe Spengler avec l'équipe canadienne en 2016.

Il passa ensuite une autre saison de retour dans la KHL avec le Zagreb Medvescak et ensuite en 2017-18 avec les Brûleurs de Loups de Grenoble où il termina premier pointeur de la ligue Magnus. Voulant ensuite prendre sa retraite, il fut toutefois convaincu par un ami de se joindre à l'Assurancia de Thetford Mines dans la LNAH. Il y joua deux saisons, terminant premier du circuit pour les buts marqués en 2018-19. Il revint ensuite pour un dernier 5 matchs en 2021-22.

Sa fiche à vie dans la LNH fut de 6 buts et 6 passes en 48 matchs.
Sa fiche à vie dans la AHL fut de 368 buts et 336 passes pour 704 points en 771 matchs. Ces 368 buts le placent au 7e rang de l'histoire des marqueurs dans ce circuit. Signe que la AHL s'est quelque peu détériorée côté offensive, il est le dernier à avoir franchi le cap des 50 buts, des 60 buts et des 100 points.

Il aura joué pour 19 équipes au total:
- 2 au junior: Hull, Rimouski
- 7 dans la AHL: Grand Rapids, Binghamton, Hartford, Hershey, Chicago, Oklahoma City, Springfield
- 4 dans la LNH: New York, Washington, Edmonton, Columbus
- 5 en Europe: Riga, Kloten, Ambri-Piotta, Zagreb, Grenoble
- 1 dans la LNAH: Thetford Mines.


Sources:
De Guy à Ovi, de père en fils chez les Giroux, Le Soleil, 9 novembre 2018
Réjean Giroux: la carrière dont il ne rêvait même pas chez les Nordiques, Journal de Québec, 25 septembre 2022
Barons' Alexandre Giroux will not give up on NHL dream, The Oklahoman, 30 jan. 2011
Hershey hero Giroux re-signs with Capitals, AHL.com, 5 août 2009

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