mardi 4 août 2020

Les derniers choix




Le repêchage amateur de la LNH a grandement évolué depuis sa toute première édition en 1963. Les critères d'admissibilité, le nombre de rondes ainsi que les règlements de transferts ont tous été modifiés au cours des années. Le repêchage de cette année sera d'ailleurs totalement différent des années précédentes pour les raisons que l'on connaît.

Les nombreuses expansions ont grandement fait augmenter le nombre de joueurs sélectionnés au cours des ans, mais le fait demeure que d'être repêché est déjà tout un accomplissement en soi, même si une majorité de ces choix ne joueront jamais un match dans la LNH.



L'autre jour je regardais une reprise de ''How I Met Your Mother'' sur Netflix et un des personnages se moque de l'autre en lui faisant remarquer qu'il ressemble au ''Last pick in the draft''  ou le ''dernier choix du repêchage''.





Je trouvais que c'était une excellent réplique. Tellement que ça m'a inspiré à vous parler de ces quelques joueurs qui ont été sélectionnés au tout dernier rang et qui ont malgré tout réussi à jouer quelques matchs dans la LNH. Je voulais également essayer de déterminer qui était le ''meilleur'' dernier choix de l'histoire mais comme j'ai dit plus tôt, les nombreux changements au repêchage font en sorte qu'il est difficile de déterminer qui est le plus reculé et le meilleur de ces derniers choix.

Par exemple si on commence au premier repêchage de 1963, on ne retrouvait que 4 rondes et comme vous savez, seulement 6 équipes y participaient et encore, Detroit ne participa qu'aux deux premières rondes. Il faut dire qu'à l'époque les équipes se garnissaient toujours à l'ancienne avec des contrats d'exclusivité qu'ils faisaient signer tôt dans la jeunesse des meilleurs prospects. Ces premiers repêchage n'était qu'une manière de repêcher des joueurs qui étaient un peu hors du radar. On permit même à d'autres ligues de participer au repêchage de 1965! Durant ces 5 premières années de repêchage, on parvint tout de même à y trouver quelques perles comme Pete Mahovlich (2e rang 1963), Ken Dryden (14e rang 1964) et Brad Park (2e rang 1966).

Cette pratique d'exclusivité fut abolie en 1968 soit après la grande expansion. Donc lors de ces 5 premières années de repêchage, on ne retrouvait qu'une vingtaine de joueur repêchés annuellement. Du lot, un seul ''dernier choix'' se rendit à la LNH soit Gerry Meehan. Repêché par les Maple Leafs en 4e ronde au 21e rang lors de ce premier repêchage de 1963, Meehan joua plus de 600 matchs dans la LNH et est l'un des 5 joueurs de ce repêchage de 21 joueurs à y avoir joué. Avec des repêchages où l'on retrouve désormais plus de 200 joueurs sélectionnés, je considère qu'il ne se qualifie donc pas vraiment comme le meilleur dernier choix de l'histoire, mais il est tout de même le ''premier dernier''... Il fut également un des premiers capitaines de l'histoire des Sabres.

Avec les expansions subséquentes, le nombre de rondes augmenta et nous donna un système étrange où le nombre de rondes pouvait durer jusqu'à la fin des temps, soit jusqu'à ce que toutes les équipes se soient désistées. Cela nous permit d'assister à plusieurs énormités, comme les Blues de St.Louis qui furent seuls à repêcher des rondes 10 à 15 en 1970. St.Louis et Montréal firent de même en 1976 en repêchant à deux jusqu'en 15e ronde. Montréal récidiva en 1978 où ils repêchèrent comme des fous furieux jusqu'en 22e ronde. Mais preuve de leurs talents de recrutement, ils réussirent tout de même à repêcher de futurs joueurs comme Louis Sleigher (futur ennemi avec les Nordiques) avec leur avant-dernier choix en 21e ronde et aussi tout un vol avec Chris Nilan en 19e ronde. Ces deux joueurs seront d'ailleurs d'importants acteurs du fameux massacre du vendredi saint en 1984...

Cependant, les autres DG n'étaient pas des Sam Pollock et aucun repêchage ne fut aussi ridicule que celui de 1974, où l'on se rendit à un record de 25 rondes gracieuseté des Rangers et des Capitals. Les Rangers abandonnèrent toutefois après la 23e ronde avec la sélection d'un attaquant du nom de Jim Warner avec le 245e rang au total. Warner joua plus tard 32 matchs avec les Whalers en 1979-80 et même s'il n'est pas techniquement un dernier choix, puisque les Capitals continuèrent pendant deux autres rondes, Warner est tout de même celui qui provient de la ronde la plus tardive. Les Rangers ont tout de même du mérite d'avoir réussi aussi à sélectionner deux autres joueurs à avoir joué dans la LNH lors de ces rondes tardives soit Jim Mayer (4 matchs) en 20e ronde et Warren Miller (262 matchs) en 21e...

Les Capitals n'étaient pas aussi doués en recrutement. Probablement trop énervés d'être les nouveaux venus ou peut-être qu'ils voulaient se loader de talent le plus possible après avoir réalisé qu'il seraient vraiment mauvais à leurs débuts, ils ne firent pas grand chose de bon avec cet abus de sélection. Aucun des joueurs sélectionnées après leur 10e ronde ne se rendit à la LNH. Même leur premier choix au total, Greg Joly, fut une déception...

Cet abus de ronde ne fit évidemment pas des heureux. C'était le cas de Punch Imlach, alors DG des Sabres, qui sélectionna un joueur fictif du Japon en 11e ronde afin de se moquer de ce processus de sélections qui n'en finissaient jamais.

Mais bref le nombre de rondes fut réduit à 6 en 1979 avant de remonter à 10 la saison suivante et ensuite à 12 en 1982. Il restera à 12 lors des 10 années suivantes et on retrouvait alors, en plus du repêchage régulier, le repêchage supplémentaire permettant de repêcher des joueurs des collèges américains plus âgés. On rabaissa le nombre de rondes à 11 en 1992, ensuite 9 lors de la convention collective de 1995 et nous sommes maintenant à seulement 7 rondes depuis 2005.

Cela nous donne tout un spectre de rondes et de choix qui fait en sorte qu'il est difficile de déterminer le meilleur ''dernier'' choix. 

Après Meehan vu plus haut en 1963, le prochain dernier choix par la suite fut Blair Barnes (126e au total) en 1979 par les Oilers mais le repêchage ne comportait exceptionnellement que 6 rondes cette année-là et Barnes ne joua qu'un seul match dans la LNH.

Le premier ''dernier choix'' ce cet ère moderne (disons 1980 avec plus de rondes) fut Andy Brickley qui fut repêché 210e au total en 10e ronde par les Flyers en 1980. Il joua d'ailleurs presque 400 matchs dans la LNH et joua dans les mineures jusqu'en 2000. 

Comme vous savez, les repêchage des années 80 avaient la particularité de voir des équipes prendre le risque de sélectionner des joueurs provenant des pays communistes dans les dernières rondes dans l'espoir de les voir débarquer en Amérique un jour. Sergei Pryakhin, qui est considéré comme le premier joueur russe à avoir joué dans la LNH est aussi un tout dernier choix. Il fut sélectionné par les Flames en 12e ronde (252e au total) en 1988 et il fut effectivement le premier à recevoir une autorisation officielle des autorités russes pour venir jouer dans la LNH. Pryakhin joua son premier match avec les Flames en mars 1989 et s'il est véritablement le premier à avoir eu une telle permission, il n'était toutefois pas le premier russe à jouer dans la LNH. Cet honneur revient plutôt à Victor Nechayev en 1982...

Les Oilers avaient aussi fait la sélection d'un attaquant russe avec la sélection d'Igor Vyazmikin avec cette même 252e sélection un an plus tôt, soit en 1987. Vyazmikin n'arriva cependant à Edmonton qu'en 1991 et n'y joua que 4 matchs.

Beaucoup de ''paris russes'' tardifs portèrent aussi fruit durant ces années. Même s'ils n'étaient pas des derniers choix, on retrouvait d'autres sélections de dernière ronde qui portèrent fruit comme Sergei Makarov (231e par Calgary en 1983), Vladimir Krutov (238e par Vancouver en 1986), Sergeï Nemchinov (244e par les Rangers en 1990) et le gardien Andrei Trefilov (261e par Calgary en 1991).

En 1993, alors que le repêchage était à 11 rondes, on aperçut le plus tardif des choix à ce moment à se rendre dans la LNH avec cette fois un défenseur suédois du nom de Hans Jonsson qui fut sélectionné au dernier rang (286e au total) par les Penguins de Pittsburgh, champions en titre et donc derniers à choisir. Jonsson resta longtemps en Suède mais joua finalement 4 saisons au début des années 2000 avec les Penguins.

La saison suivante on retrouva un autre défenseur suédois être sélectionné avec la 286e sélection, soit Kim Johnsson par les Rangers. Johnsson représente selon moi notre premier prétendant digne du meilleur dernier choix. Un défenseur somme toute sous-estimé, Johnsson joua plus de 700 matchs avec les Rangers, Flyers, Wild et Blackhawks et amassa une bonne part de points avec 284. 

Les nombre de rondes diminua donc après 1994 mais le nombre d'équipe augmenta et par conséquent, le nombre de joueurs sélectionnés. Le champion du plus tardif dernier choix est le défenseur (encore un suédois) Jonathan Ericsson qui fut repêché en 9e ronde mais au 291e rang au total par les Red Wings en 2002. Ericsson est d'ailleurs toujours d'office, quoiqu'il a passé une partie de la dernière saison dans la ligue américaine. Il a au compteur 680 matchs de joués mais il n'est pas aussi bon que Johnsson l'était à mon avis. Il n'a même pas eu la chance de jouer lors de la dernière coupe des Wings en 2008...

On retrouve ici une ambiguïté alors qu'au même rang #291 en 2003 on retrouve le gardien Brian Elliott, alors repêché par les Senators. Il n'était toutefois pas le dernier alors qu'on retrouvait également un record avec une 292e sélection cette année-là. Probablement un échange conditionnel qui a fait ajouté cette dernière sélection. Elliott était donc avant-dernier mais son 291e rang est ex-æquo avec Ericsson pour le plus haut rang à s'être rendu dans la LNH. Donc mention spéciale à Elliott quand même. Ce sont les Devils (champions en titre) qui détenaient ce 292e choix de 2003 et ils sélectionnèrent l'attaquant russe Arseny Bondarev, qui évidemment ne se rendit pas dans la LNH. .

Patric Hornqvist
Après le lock-out de 2004-05, on redescendit de nouveau le nombre de rondes pour nous donner désormais que 7 rondes. Avec une trentaine d'équipe (et bientôt 32) on retrouve toujours plus de 200 choix annuellement. On pourrait croire qu'avec moins de rondes, on retrouverait plus de derniers choix à avoir joué au moins un match mais ce n'est étrangement pas le cas. Le ''dernier dernier choix'' d'importance est l'ailier droit Patric Hornqvist (suédois quoi d'autre) qui fut repêché au dernier rang de la 7e ronde (230e au total) par Nashville en 2005. Avec 238 buts et 480 points en 770 matchs jusqu'à maintenant, l'actuel membre des Penguins a obtenu 8 saisons consécutives de plus de 20 buts dont une de 30 et une autre de 29.

Il est donc probablement le meilleur ''dernier choix'' de l'histoire, du moins pour un attaquant. Le seul autre prétendant serait à mon avis Johnsson, mais quoique j'apprécie ce dernier, je crois que les statistiques et les deux coupes de Hornqvist gagnées avec les Penguins viennent davantage peser dans la balance. Il est également efficace défensivement et n'a pas encore terminé sa carrière quoiqu'il semble être sur la pente descendante. 

Hornqvist est d'ailleurs notre dernier dernier joueur potable dans cette liste. Le plus récent dernier choix de notre liste fut le défenseur Jacob Middleton par les Kings en 2014. Il n'a cependant joué que 13 matchs dans la LNH depuis ce temps. Aucun des autres derniers choix depuis n'a encore joué un match dans la LNH.

Donc en 57 ans de repêchage sous toutes ses formes. On retrouve 10 des derniers choix à avoir joué dans la LNH. En plus de Gerry Meehan, Blair Barnes, Andy Brickley, Igor Vyazmikin, Sergei Pryakhin, Hans Johnsson, Kim Johnsson, Jonathan Ericsson et Patric Hornqvist, on retrouve également un ailier gauche du nom de Jay Henderson qui fut repêché au dernier rang de l'encan de 1997 par les Bruins de Boston. Il joua 33 matchs dans la LNH avec les Bruins, récoltant 1 but et 3 passes.

Pour récapituler, comme je disais plus tôt mon choix pour le meilleur dernier choix demeure Hornqvist qui non seulement a deux coupes à son actif, mais est également le meneur pour les points avec 480. Meehan est deuxième avec 423 et ensuite Johnsson avec 284. Ericsson est le gagnant pour le rang au total le plus élevé avec 291 (avec mention spéciale à Brian Elliott) et Jim Warner, quoique pas un dernier choix, se mérite aussi une mention en tant que celui qui fut repêché dans la ronde la plus tardive (23e).

Bref, ce n'est pas parce qu'on est repêché en dernier qu'on ne peut se rendre dans la LNH. On ne retrouve pas encore de membres du temple de la renommée, mais tout de même quelques vaillants soldats.

Pour votre information, la photo en haut de l'article date de 2015 lors de la sélection du fameux ''Mr. Irrelevant'', une tradition depuis 1976 d'honorer le dernier choix de la NFL. Le lauréat est annoncé en grandes pompes lors de ces derniers moments du repêchage et reçoit un chandail honorifique en plus de gagner une semaine de vacances en Californie pour lui et sa famille en plus de nombreux autres prix et un trophée nommé le ''Lowsman Trophy''. Un jeu de mot évident avec le Heisman Trophy, le Lowsman représente plutôt un joueur qui échappe le ballon...




À quand un tel trophée pour le dernier choix de la LNH?


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