mercredi 27 avril 2022

Gary MacGregor

 


 


Lorsque j'ai écrit mon texte sur Ray Ferraro il y a quelques mois, j'ai découvert qu'il faisait partie d'un club sélect de seulement 5 joueurs à avoir franchi le cap des 100 buts en une saison dans toute l'histoire du hockey junior canadien. Ferraro (108 buts en 1983-84) est d'ailleurs le seul en dehors de la LHJMQ à avoir accompli l'exploit. Il avait ainsi rejoint d'illustres joueurs légendaires tels que Guy Lafleur (2 fois; 103 en 1969-70 et 130 en 1970-71), Pat Lafontaine (104 buts en 82-83), Mario Lemieux (record de 133 buts en 83-84) 

ainsi que... Gary MacGregor.

Né le 21 septembre 1954 à Kingston en Ontario, MacGregor était un petit joueur de centre frêle (5'9" et 170 livres) qui souffrait du diabète. Cela n'avait toutefois pas empêché un joueur comme Bobby Clarke de se rendre à la LNH, et plus tard au temple de la renommée, donc MacGregor suivit son exemple et devint un joueur électrisant et très hargneux au sein de son équipe Midget à Kingston où il était le leader et le meilleur joueur.

Les Royals de Cornwall avaient l'habitude de recruter à Kingston et après leur deuxième saison dans la LHJMQ où ils terminèrent derniers, ils avaient besoin de renflouer leur alignement presque au complet alors que seulement une demi-douzaine de joueurs allaient revenir en 1971-72. L'entraîneur Orval Tessier savait que si MacGregor acceptait de joindre les Royals, d'autres joueurs de Kingston accepteraient également l'invitation. 

C'est donc avec MacGregor et son ami de Kingston Bob Murray (futur membre des Blackhawks et DG des Ducks) que les Royals de Cornwall démarrèrent leur saison 1971-72, saison où ils firent un virage à 180 degré et remportèrent non seulement la première place et le championnat de la LHJMQ mais également la coupe Memorial. MacGregor fut un élément clé de cette saison magique des Royals, récoltant 39 buts et marquant le filet vainqueur lors du match de la finale de la coupe Memorial.

Il continua sa progression en 72-73 avec 43 buts en seulement 45 matchs. Son talent de marqueur était alors plus qu'évident alors qu'il récolta un record de l'époque avec 26 buts en 16 matchs durant les séries de 73 où les Royals s'inclinèrent contre les Remparts en finale du championnat de la LHJMQ. Ce record fut plus tard battu par Mario Lemieux en 1984 avec 29 buts et ensuite Jean-Pierre Dumont en 1998 avec le record actuel de 31 buts.

Il repartit ensuite de plus belle en 1973-74 lors de sa dernière saison junior où il franchit cette barre incroyable des 100 buts en une saison alors qu'il termina exactement à 100 buts en plus de 74 passes pour 174 points, ce qui lui valut le 7e rang de la LHJMQ à ce niveau mais le premier pour les buts marqués. À noter également que Jacques Locas des Remparts passa très près de le rejoindre alors qu'il termina pour sa part à 99 buts lors de cette même saison. MacGregor se mérita ainsi le trophée Michel Brière pour le joueur le plus utile ainsi que le trophée Frank Selke pour le joueur le plus gentilhomme.

Étant alors éligible au repêchage de 1974, il se fit sélectionner par les Canadiens en 2e ronde (30e au total) ainsi que dans l'AMH au 10e rang par les Cougars de Chicago. 

Malgré les recommandations de Orval Tessier qui l'implorait de choisir les Canadiens, MacGregor tenta sa chance dans le circuit maudit. Il faut dire que les Cougars lui offraient davantage d'argent que les Canadiens en plus d'avoir la chance de jouer immédiatement, ce que les puissants Canadiens de l'époque ne garantissaient probablement pas, vu la qualité de l'équipe.

MacGregor connut des débuts fracassants dans l'AMH, terminant premier pointeur des Cougars en 1974-75 avec 42 buts et 34 passes pour 76 points. Ce fut toutefois sa dernière bonne saison alors que sa carrière piqua vers le bas aussitôt la saison terminée. En difficulté financière, les Cougars venaient de jouer leur dernière saison et leurs joueurs furent dispersés à travers la ligue. Cependant, ce sont les nouveaux Spurs de Denver qui héritèrent de la plupart des joueurs des Cougars, dont MacGregor. Les Spurs sont d'ailleurs souvent considérés comme la continuation des Cougars. 

Mais les Spurs étaient encore plus instables et ne purent même pas jouer une seule saison complète, étant forcés de déménager à Ottawa avant le passage du jour de l'an. Désormais sous le nom des Civics (mais avec toujours le même chandail des Spurs), l'équipe continuait d'être dans le rouge et malgré de bonnes foules, elle ne dura que deux semaines dans la capitale canadienne avant d'être officiellement dissoute. À travers de toute cette instabilité, MacGregor vit sa production chuter alors qu'il n'obtint que 16 buts en 38 matchs avec les Spurs/Civics. Il fut réclamé par les Crusaders de Cleveland pour terminer la saison 75-76 et ne marqua que 5 buts en 35 matchs avec eux.

Cette instabilité et chute de production continua les saisons suivantes pour MacGregor dans cette AMH et ses équipes en difficulté. On imagine à ce moment qu'il regrettait sa décision de ne pas avoir choisi les Canadiens... La franchise des Crusaders, confrontée à l'arrivée des Barons de Cleveland dans la LNH,  déménagea au Minnesota durant l'été 1976. Il ne joua cependant jamais au Minnesota, étant plutôt échangé en septembre 1976 aux Racers d'Indianapolis en retour du légendaire Dave Keon

Après seulement 16 matchs sans aucun but à sa fiche à Indianapolis, MacGregor continua sa grande tournée de l'AMH en étant échangé en novembre 1976 aux Whalers de la Nouvelle-Angleterre en retour de Rosaire Paiement. Ce fut encore une fois très bref alors qu'il fut échangé une troisième fois en seulement 5 mois, alors qu'il fut envoyé aux Cowboys de Calgary en janvier 1977. J'imagine toutefois qu'il était blessé à ce moment car il ne rejoua pas de la saison 76-77 et ne joua jamais pour les Cowboys non plus, alors que la franchise ferma aussi ses portes une fois la saison terminée. 

La saison 1977-78 débuta ensuite dans l'AMH, mais cette dernière ne comprenait plus que 8 équipes, comparativement aux 12 de la saison précédente et les 14 de la saison 1975-76. MacGregor aboutit alors avec les Oilers mais ne joua que 37 matchs avec eux, étant même relégué dans leur club-école, les Flyers de Spokane de la WIHL. Il se retrouva du boulot avec les Racers au début de la saison 1978-79 et semblait avoir retrouvé un peu de sa touche offensive alors qu'il avait une fiche de 8 buts et 12 points en 17 matchs. Il était aussi un des premiers coéquipiers de Wayne Gretzky qui fit ses débuts professionnels avec les Racers à ce moment. Cependant les Racers ne terminèrent évidemment pas la saison, fermant boutique après seulement 25 matchs, et s'être départi de Gretzky après seulement 8...

MacGregor fit alors une brève incursion dans l'organisation du Canadien lorsqu'il fit partie des Voyageurs de la Nouvelle-Écosse de la Ligue américaine l'espace de 5 matchs. Il termina toutefois cette saison 78-79 avec les Indians de Springfield, toujours dans l'AHL.


Après une saison sabbatique en 1979-80, il revint jouer une autre saison avec les Indians en 80-81 pour ensuite terminer sa carrière avec une dernière saison en Allemagne en 1982.

Sa fiche fut de 90 buts et 70 passes pour 160 points en 251 matchs dans l'AMH. On peut dire qu'il fut victime de l'instabilité du circuit maudit alors qu'il joua en tout pour 7 de ses équipes (incluant 2 équipes avec les Spurs/Civics) en 5 saisons...

Cependant sa santé n'était malheureusement pas la meilleure pour espérer de se démarquer davantage alors qu'il dut s'absenter à plusieurs reprises après sa seule bonne saison à Chicago en 1974-75. Reconverti en homme d'affaires, il mourut subitement d'une crise cardiaque en avril 1995 alors qu'il n'avait que 40 ans.

Il fut admis au temple de la renommée des sports de Kingston en 2002.


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