On a déjà beaucoup parlé des Golden Seals et des Barons sur ce blog mais voici une analyse plus approfondie du contexte de l'époque et des raisons qui ont poussé les dirigeants de cette équipe à fusionner avec les North Stars du Minnesota en 1978, devenant jusqu'à ce jour la dernière équipe professionnelle du "Big 4" à cesser ses activités. Il y a beaucoup à dire et ce sera donc un article en deux parties. Je vous rappelle également de ne pas oublier d'aller voter pour l'équipe des étoiles des Seals/Barons mais avant ça prenez le temps de lire dans quel contexte évoluaient les Maruk, MacAdam et Meloche avant de devenir des North Stars...
Après 9 saisons tumultueuses à Oakland, l’équipe des Seals de Californie (anciennement connue sous le nom des Golden Seals) était désormais à un point de non-retour. Le propriétaire de l’équipe, Mel Swig, fut dévasté lorsqu’il apprit que le projet d’un nouvel aréna à San Francisco fut avorté suite à la défaite du maire Joseph Alioto aux élections municipales de 1976. Swig avait comme projet de déménager les Seals dans ce nouvel aréna de 17,000 places qui aurait assuré la survie du club. C’est alors que George Gund, un des actionnaires minoritaires de l’équipe, convainquit Swig de déménager l'équipe dans sa ville natale de Cleveland en Ohio.
Tout se déroula très rapidement durant l'entre-saison de 1976 afin de finaliser cette opération. La ligue approuva finalement le déménagement le 14 juillet 1976 et c’est alors que naquit l’éphémère équipe des Barons de Cleveland, nommés en l’honneur de l’ancienne équipe glorieuse du même nom dans la ligue américaine. C’était le premier déménagement d’une équipe de la LNH depuis que les Senators d’Ottawa déménagèrent à St.Louis en 1934 (avant d'être dissous l'année suivante). Nous sommes donc en plein milieu de l’été 1976 et en conséquence peu de temps fut disponible pour la promotion de la nouvelle équipe de Cleveland dont beaucoup des citoyens ignoraient l’existence. Seulement 9000 spectateurs furent
présents au premier match local de l’équipe, un match nul de 2-2
contre les Kings le 6 octobre 1976. Ce sera malheureusement une des meilleurs assistances de leur histoire. Un des principaux problèmes au niveau des assistances chez les Barons était la mauvaise situation géographique de leur aréna. Le
Richfield Coliseum n'était pas un endroit facile d'accès dû à sa situation géographique au milieu de nulle part dans un champ entre Cleveland et la ville voisine d'Akron. Pas exactement ce qu'on appelle un quartier branché... On retrouvait également plusieurs problèmes d'embouteillage sur la seule autoroute qui menait à l'aréna. Lisez d'ailleurs cet ancien article de Martin à ce sujet.
Les choses ne se passaient donc pas
comme prévu pour les Barons qui enchaînaient les séries de défaites devant des foules minuscules (moyenne de 5300 lors de cette première saison). Ces assistances dignes des ligues mineures étaient encore pires que celles enregistrées à Oakland. Comme ces recettes au guichet étaient la principale source de revenu de l'équipe et qu'ils ne détenaient pas beaucoup de contrats de diffusion radio ou télé, les Barons étaient inévitablement dans le rouge. Les choses allaient tellement mal que lors du
match des étoiles de 1977 à Vancouver, Mel Swig implora les gouverneurs de la ligue
de lui venir en aide en implantant un plan de sauvetage sans quoi il n'aurait d'autre choix que de dissoudre l’équipe sans attendre la fin de la saison. La
ligue fut surprise de ce constat, elle qui avait auparavant prit
contrôle des Seals lorsque l’ancien propriétaire George O.Finley
s’en départit en février 1974. La LNH fut propriétaire des Seals
jusqu’à l’arrivée de Swig en 1975 et les gouverneurs croyaient que ce dernier
avait les reins plus solides pour assurer la survie de l’équipe et ils refusèrent donc de soutenir davantage cette
franchise. Swig demanda donc à ses joueurs d’accepter une
réduction de salaire de 27% rétroactive au 1er janvier 1977.
C'est alors que "la marde fut pognée" si vous me pardonnez l'expression. Les joueurs refusèrent unanimement cette proposition et par conséquence, Swig ne pouvait plus payer ses joueurs à partir de la première semaine de février. 27 des 46 joueurs sous contrat avec l'équipe (incluant leur club-école) attendaient toujours leur dernier chèque de janvier et quelques-uns d'entre eux furent tout simplement libérés dont les attaquants Frank Spring et Phil Roberto ainsi que le défenseur Glenn Patrick qui signa peu après avec les Oilers d'Edmonton dans l'AMH. La plupart des joueurs du club-école, les Golden Eagles de Salt Lake City, ne furent pas payés également et ce sont les propriétaires des Golden Eagles qui payèrent ces quelques joueurs de leurs propres poches. Lors d'une conférence de presse, le vétéran défenseur Bob Stewart, co-capitaine et représentant des joueurs des Barons déclara que lui et ses coéquipiers étaient en désaccord avec le renvoi de ces 3 joueurs et qu'ils feraient la grève en boycottant le match du 18 février 1977 contre les Rockies du Colorado à moins de recevoir l'entièreté des salaires manquants. Même le grand Gilles Meloche, qui en avait pourtant vu d'autres avec l'équipe sans jamais se plaindre demanda à être échangé.
Article de The Gazette du 3 février 1977 Cliquez pour une plus grande résolution |
C'est alors que "la marde fut pognée" si vous me pardonnez l'expression. Les joueurs refusèrent unanimement cette proposition et par conséquence, Swig ne pouvait plus payer ses joueurs à partir de la première semaine de février. 27 des 46 joueurs sous contrat avec l'équipe (incluant leur club-école) attendaient toujours leur dernier chèque de janvier et quelques-uns d'entre eux furent tout simplement libérés dont les attaquants Frank Spring et Phil Roberto ainsi que le défenseur Glenn Patrick qui signa peu après avec les Oilers d'Edmonton dans l'AMH. La plupart des joueurs du club-école, les Golden Eagles de Salt Lake City, ne furent pas payés également et ce sont les propriétaires des Golden Eagles qui payèrent ces quelques joueurs de leurs propres poches. Lors d'une conférence de presse, le vétéran défenseur Bob Stewart, co-capitaine et représentant des joueurs des Barons déclara que lui et ses coéquipiers étaient en désaccord avec le renvoi de ces 3 joueurs et qu'ils feraient la grève en boycottant le match du 18 février 1977 contre les Rockies du Colorado à moins de recevoir l'entièreté des salaires manquants. Même le grand Gilles Meloche, qui en avait pourtant vu d'autres avec l'équipe sans jamais se plaindre demanda à être échangé.
Swig tenta de vendre l'équipe d'urgence à Sandy Greenberg, le propriétaire du Richfield Coliseum mais cette transaction échoua. On
commença à parler sérieusement de dissoudre l’équipe et de
procéder à un repêchage de dispersion des joueurs des Barons à
travers la ligue. Il était commun de voir des équipes être dissoutes dans d'autres ligues (spécialement l'AMH) mais il s'agissait de quelque chose qui n'était jamais arrivé dans l'histoire de la ligue sauf dans le cas extrême des Wanderers de Montréal qui eux furent victimes d'un incendie et durent cesser d'urgence leurs activités lors de la première saison de la LNH en 1917-18. Plusieurs autres équipes ont été dissoute entre deux saisons mais jamais pendant la saison régulière et c'était quelque chose que la ligue tenait vraiment à éviter pour garder sa crédibilité en tant que circuit majeur. Une autre option qui s'offrait aux joueurs était de tout simplement attendre car selon la
convention collective, les joueurs avaient le droit de devenir agents
libres s'ils étaient sans salaire pendant plus de deux semaines. La
plupart des joueurs des Barons habitaient alors dans des condos
avoisinants à Akron et ils y attendaient piteusement la suite des choses en
se préparant mentalement à faire leurs adieux à leurs coéquipiers.
C’est alors qu'Alan Eagleson, le directeur de l’association des joueurs, intervint auprès de la
ligue et prépara un accord pour assurer la survie des
Barons pour le reste de la saison 1976-77. Il négocia également avec les joueurs des Barons pour qu'ils continuent de jouer quelques matchs pendant qu'il travaillait sur ce plan de sauvetage. Finalement, l'arrangement suivant fut conclu; Swig défraya 350,000$ tandis
que les 17 autres propriétaires égalèrent le même montant, soit environ 20,000$ chacun.
L’association des joueurs emprunta les autres 600,000$ nécessaires à une
banque de Toronto à condition que cette somme d'argent ne soit utilisée uniquement que pour le salaire des joueurs. Le Hockey News décrivit la situation comme étant
"l'une des plus bizarres missions de secours de l’histoire du sport
professionnel". Les Barons purent donc survivre à cette première saison
de misère qu'ils terminèrent en dernière place de leur division avec 63 points. Comme consolation, il s'agissait tout de même d'une récolte supérieure à celle des Capitals (62), des Rockies (54) et des piteux Red Wings de Detroit (41) mais Swig en avait ras-le-bol. Après la saison, il vendit l’équipe aux
frères George et Gordon Gund, ceux qui étaient responsables du
déménagement à Cleveland.
Les Gund étaient une des familles les
plus riches de la région et ils avaient à cœur la réussite de ce projet. Ils
tentèrent le tout pour le tout durant la saison 1977-78 en faisant
autant de promotion que possible et en exerçant leur influence dans
leur ville natale pour attirer des fans au Richfield Coliseum mais en
vain. Les Gund perdirent environ 3 millions et demi de dollars lors de la saison
1977-78. À leur grande déception, l’expérience Cleveland se
révéla être un échec total.
Les frères George et Gordon Gund |
À leur défense, il ne s'agissait pas vraiment de l'époque la plus stable de la LNH et leur situation n'était pas unique. Les expansions répétées au courant des dernières années ainsi que la présence de la WHA affectèrent grandement la santé du hockey professionnel. Par exemple, plusieurs de ces récentes équipes d’expansion (comme les Islanders de New York) n'étaient même pas parvenues à payer totalement leurs frais d'entrée dans la ligue. D'autres équipes survécurent de peine et de misère aux années 70. Je pense notamment aux Penguins de Pittsburgh qui traversèrent des crises de propriétaires au même moment ainsi qu'aux Scouts de Kansas City qui eux aussi ne survécurent que deux saisons et déménagèrent au Colorado peu après le départ des Seals à Cleveland. Alan Eagleson déclara que la situation à Cleveland n’était que la pointe de l’Iceberg et que pour lui la solution pour améliorer la santé de la LNH était de réduire le nombre d’équipe à 14 ou 15 au lieu des 18 alors en place à ce moment.
La dernière édition de la franchise en 1977-78 |
Les frères Gund partageaient l'avis d'Eagleson et trouvèrent une solution afin de garder vivant leur rêve d’opérer une franchise de la LNH. C'est alors qu'ils entrèrent en contact avec les propriétaires des North Stars du Minnesota. Les North Stars n’étaient pas autant en danger de dissolution que les Barons mais leurs propriétaires, un groupe de 9 hommes d'affaires, en avaient assez de perdre de l'argent après 6 saisons où l'équipe rata les séries et où les assistances diminuèrent presque autant qu'à Cleveland. Les Gund vendirent donc l’idée à la ligue de fusionner les deux équipes et de consolider leurs effectifs au lieu de continuer d'assister à l'agonie de deux franchises en voie d'extinction. Le 14 juin 1978, soit un jour avant le repêchage amateur, les Frères Gund firent donc l'achat des North Stars qu'ils fusionnèrent aussitôt avec les Barons. Les North Stars seraient la seule équipe restante mais comprendraient maintenant, en plus de leurs effectifs, ceux des Barons (incluant joueurs, entraineurs et dirigeants). Les Barons disparurent donc discrètement de la scène et les North Stars demeurèrent au Minnesota mais prirent toutefois la place vacante des Barons dans la division Adams. Les North Stars "version 1.2" durent cependant abandonner tous les choix au repêchage des Barons et ensuite procéder à un repêchage de dispersion pour les joueurs en trop dans leur système.
Dans la deuxième partie je parlerai plus en détails de
ce repêchage spécial marquant la fin définitive des Barons ainsi que l’effet que cette fusion apporta sur la
nouvelle mouture des North Stars à partir de la saison 1978-79…
Des jours plus joyeux se pointèrent à l'horizon pour les North Stars et les ex-Barons... |
La suite ici
Sources:
Wikipedia
Hockeydb
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