Question de gérer leur argent, les joueurs de hockey n’ont évidemment pas tous la même approche. Si certains se retrouvent en difficulté suite à des dépenses somptueuses comme Derek Sanderson (qui s’est retrouvé à la rue, voir texte du 26 février 2014) ou à de mauvais conseils comme Jack Johnson (qui a déclaré faillite en 2014), d’autres se lancent en affaire.
Au-delà des classiques restaurants / brasseries, d’autres utilisent leur connaissance du monde de hockey. Depuis quelques années, il y a une vague de joueurs qui ont été ou qui sont toujours actionnaires d’équipes juniors. Suivant l’exemple de Wayne Gretzky avec les Olympiques de Hull, on pense entre autres à Patrick Roy avec les Remparts de Québec, à Jocelyn Thibault avec le Phoenix de Sherbrooke, aux frères Dale et Mark Hunter avec les Knights de London, Dino Ciccarelli, David Legwand et Derian Hatcher avec le Sting de Sarnia, ou à Gordie Howe et Pat Quinn avec les Giants de Vancouver.
D’autres se sont tournés vers un produit qu’ils utilisent constamment, l’équipement. Comme l’ont aussi fait les frères Christian (voir texte du 22 décembre 2014) et Robin Burns (voir texte du 28 janvier 2013), Serge Savard, Yvan Cournoyer et Guy Lapointe ont investi dans ce secteur.
En 1969, ils firent partie d’un groupe d’une quinzaine d’investisseurs qui fondèrent Les Industries du Hockey Canadien Inc. L’usine fut installée à Drummondville, la ville natale de Cournoyer.
L’entreprise réussit rapidement à se tailler une place importante sur le marché du bâton et ce, malgré l’arrivée des produits finlandais au Canada. En développant un manche de bois mou, renforci de fibre de verre, le produit final était plus léger. De plus, on comptait évidemment parmi ses utilisateurs les plus visibles Cournoyer, Lapointe et Savard.
En 1976, Canadien s’était déjà emparé de la deuxième place avec 17% du marché, derrière la sherbrookoise Sherwood (voir texte du 31 août 2015). En 1978, la part de marché de Canadien grimpa à 20%, avec des ventes d’environ 4 millions $. En ajoutant les parts de Victoriaville (voir texte du 25 novembre 2013), on peut voir à quel point le bâton Québécois était en position de force, malgré la poussée des finlandais, Koho en tête.
C’est en septembre de cette même année que le groupe décida de vendre l’entreprise à Action Traders, une compagnie de Toronto qui distribuait déjà Koho au Canada. Elle ne sera toutefois qu’un an dans son giron. Amer Group, l’entreprise finlandaise qui possédait Koho, en fera l’acquisition. On produira également d’autres pièces d’équipement avec le nom Canadien.
En 1986, Amer Group, qui perdait de l’argent, est racheté par une autre entreprise finlandaise. Karhu-Titan, qui s’était établi à Cowansville en 1978 à côté de son usine de skis de fond, et qui avait racheté Jofa (voir textes du 8 et du 28 mars 2014) de Volvo en 1985, continua la consolidation des marques et l’avala. Sa progression fut rapide, en raison de ses efforts en recherche et développement et de ses signatures de Wayne Gretzky, Mike Bossy, Mario Lemieux, Michel Goulet et plusieurs autres.
À ce moment, on produisait 1,2 millions de bâton à Drummondville et 110 personnes y travaillaient.
La combinaison des marques Koho, Canadien et Titan fit de Karhu-Titan le numéro un sur le marché.
En 1998, l’entreprise, qui se nommait désormais Sports Holdings, fut rachetée par The Hockey Company, détenteur de CCM. (voir texte du 15 avril 2013)
La consolidation s’est poursuivit, alors que CCM s’est fait racheté par l’américaine Reebok en 2004, acheté à son tour par l’allemande Adidas en 2005.
Pour des fins de marketing, la consolidation des marques entraîna la disparition de certaines d’entre elles, dont Canadien. Pourtant, elle avait été utilisée par sa maison-mère en Finlande. Il faut croire que pour un finlandais, de l’équipement de marque ″Canadien″, ça fait exotique, un peu comme lorsque Koho est arrivé ici.
Cette même consolidation, combinée avec la délocalisation de la production de plusieurs pièces d’équipement, a aussi eu raison de plusieurs usines. Si la rue Canadien existe toujours à Drummondville (près du boulevard Lemire et de l’autoroute 20), l’immeuble abrite aujourd’hui une usine d’extrusion de plastique.
Sources:
″Finnish sticks score on hockey markets, slash Canadian sales″ de Wayne Lilley 22 octobre 1976, Montreal Gazette, p.17,
″Hockey stick firm tries for a comeback″ de David Sherman, 18 février 1978, Montreal Gazette, p.43,
″Sale of hockey stick firm only waits for a signature″ de Jay Bryan, 15 septembre 1978, Montreal Gazette, p.17,
″Beekay sale reviewed″, CDJ-Gazette, 26 octobre 1979, Montreal Gazette, p.65,
″New technology beefs up hockey stick wars″ de Peter Hadekel, Gazette 9 novembre 1985, p.G1,
″Finnish-owned company makes 600,000 a year″ de Brian Dunn, 20 novembre 1986, Montreal Gazette, p.C1.
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