mercredi 21 février 2024

L'accident de Tim Horton

Il y a cinquante ans aujourd’hui, la légende des Leafs et le restaurateur Tim Horton nous quittait dans des circonstances tragiques. Mais avant d’en venir à ceci, reculons un peu dans le temps.

Les Sabres de Buffalo se sont joints à la ligue en 1970. Bien qu’une équipe d’expansion, leurs débuts ont tout de même été respectables. Ils ont d’abord bénéficié de la fin de l’exception culturelle pour pouvoir repêcher Gilbert Perreault avec leur tout premier choix. Avec l’ex-entraîneur des Leafs Punch Imlach derrière le banc, ils ont terminé devant leurs frères d’expansion (les Canucks), mais aussi devant deux équipes d’expansion de 1967 (les Golden Seals et les Penguins) et même une équipe des Original Six (les Red Wings).

L’année suivante, ils eurent encore la main heureuse en repêchant un autre joueur qui les aida immédiatement, Richard Martin. À la fin de la saison, Pittsburgh voulut acquérir le vétéran Eddie Shack pour l’aider à faire les séries. En retour, Buffalo obtint un jeune qui n’avait pas encore fait ses preuves, René Robert. Éventuellement réuni avec Perreault et Martin, ils deviendront la French Connection, le premier trio marquant de cette période de l’équipe.

En juin 1972, les Sabres saisirent l’occasion d’aller chercher un vétéran pour encadrer leurs jeunes en réclamant au ballotage des Penguins celui qui avait joué 1184 matchs avec les Leafs (et donc qui était bien connu d’Imlach), Tim Horton. Celui-ci envisageait plutôt la retraite, mais son ancien entraîneur réussit à le convaincre qu’il pouvait toujours contribuer.

En 1972-73, Horton joua 68 matchs et permit aux Sabres d’atteindre les séries pour une première fois. Il conserva son domicile à Toronto et fut autorisé à ne se présenter qu’à une ou deux pratiques par semaine. S’il parlait peu dans la chambre, il avait un rôle de professeur et de conseiller et son opinion était recherchée. De plus, sa condition physique était irréprochable. Horton décida donc de revenir l’année suivante.

Le 20 février 1974, les Sabres ont affronté les Leafs au Gardens. Le dimanche précédent, lors d’un match contre Détroit, Horton avait été blessé à la joue. En raison de la douleur qu’il éprouvait, il avait donc demandé à l’entraîneur Joe Crozier de ne pas jouer en troisième période, dans un match où il fut malgré tout choisi comme la troisième étoile. De plus, il avait demandé de ne pas revenir à Buffalo avec le reste de l’équipe. Il alla plutôt rencontrer son partenaire d’affaires Ron Joyce, avec qui il possédait sa chaîne de beignes et cafés depuis 1964 puis, vers 4h, il prit le chemin de Buffalo. Il avait pris des antidouleurs et quelques bières.

Sur le Queen Elizabeth Way, aux alentours de St.Catharines, un policier avertit ses collègues qu’une voiture roulait à 100 milles à l’heure (160 km/h) dans une zone de 60 (97 km/h). Il s’agissait de la De Tomaso Pantera qu’Imlach avait offerte à Horton pour le convaincre de retarder sa retraite.

De Tomaso Pantera

Un peu plus de 50 km plus loin, alors qu’il était poursuivi, Horton effectua une violente sortie de route et fit plusieurs tonneaux. Le temps était clair et la chaussée était sèche.  Ne portant pas de ceinture de sécurité, il fut éjecté de la voiture. On le retrouva à 123 pieds (37 m) du bolide, qui lui, traversa un terre-plein de 4 m avant de se retrouver en direction inverse. Horton fut tué sur le coup. Il avait 44 ans.  Celui qui était reconnu comme étant affable et un bon coéquipier laissa dans le deuil son épouse et ses quatre filles.

Le soir même, les Sabres étaient à domicile pour affronter les Flames d’Atlanta. Crozier déclara alors à son équipe que rien ne ramènerait Horton et qu’il aurait voulu qu’ils retournent au travail et qu’ils se battent pour une place en séries. Par contre, les deux équipes portèrent un brassard noir en signe de deuil. Buffalo parvint malgré tout à soutirer un verdict nul de 4-4 aux Flames.

Un an plus tard, Joyce racheta les parts de la chaîne de restauration qui avait à ce moment une trentaine de sites, qui appartenaient dorénavant à l’épouse d’Horton. La transaction se chiffra à 1 million $, et Joyce en fit ensuite le géant qu’on connait aujourd’hui.

Horton, vainqueur de quatre coupes Stanley, fut admis au Temple de la renommée en 1977.

Sources:

"Crash claims Horton", Canadian Press, February 21, 1974, The Windsor Star, page 1,

"Tributes to Horton accentuate grief", Canadian Press, February 22, 1974, The Windsor Star, page 20,

"Perreault, Martin et Robert ont perdu leur professeur" d’Yvon Pedneault, 22 février 1974, La Presse, page B4,

″Horton’s death shocks the hockey world ′A great defenseman, a great person′ ″, CP, February 22, 1974, Montreal Gazette, page 30,

″Luce sparks three-goal Buffalo rally″, UPI, February 22, 1974, Montreal Gazette, page 31,

″Horton widow dead at 68″, December 26, 2000, CBC Sports (cbc.ca),

"Remembering Tim Horton" de Chris Iorfida, February 21, 2013, CBC (cbc.ca),

wikipedia.org.

2 commentaires:

  1. Tim Horton, Michel Brière, Bob Gassoff, Pelle Lindberg, Steve Chiasson, Luc Bourdon, Dan Snyder, Jonathan Girard... On connaissait tous les grandes lignes mais plusieurs détails apportent un éclairage nouveau sur cette tragédie. Merci pour cet intéressant article.

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