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dimanche 29 octobre 2023

Gloire et misère: Buffalo

 


Chaque franchise de la LNH ayant connu des hauts et des bas, j'ai pensé analyser chaque franchise sous deux angles différents, soit ses années de gloire (l'âge d'or) d'un côté et ses années de misère de l'autre (l'âge de crotte), tout en omettant en grande partie de parler des années «normales». Bien sûr, on peut souvent retrouver plus d'un âge d'or ou âge de crotte. Et vous allez voir que parfois la «gloire» et la «misère» sont relatives selon l'équipe. Genre que je sais pas trop ce que ça va donner côté gloire pour les Blue Jackets, mais on verra rendu là.

J'ai en même temps établi quels ont été les différents «No man's land» de la LNH au cours des années, soit les pires endroits où on pouvait se retrouver comme joueur et/ou comme fan.


Cliquez ici pour les chapitres précédents:
Anaheim, Arizona, Boston


Sabres de Buffalo


Années de gloire: 1972-73 à 1983-84
Les Sabres de Buffalo eurent la main heureuse en ayant la chance d'obtenir Gilbert Perreault lors de la loterie de repêchage à l'expansion de 1970. Rejoint l'année suivante par Richard Martin (5e choix au total en 1971) et René Robert (obtenu des Penguins en 1972), Perreault et ses compatriotes formèrent la fameuse «French Connection» qui terrorisa les gardiens adverses pour le restant de la décennie.

Les Sabres devinrent donc rapidement compétitifs, accédant aux séries en 1972-73, soit l'année où la French Connection fut assemblée. Eux et les Flyers furent les meilleures équipes d'expansion de l'époque, tellement qu'ils se rencontrèrent en finale en 1975, après une saison de 49 victoires de la part des Sabres qui s'inclinèrent toutefois en 6 matchs contre les «Broad Street Bullies».

L'équipe ne se rendit jamais aussi loin durant le reste de cette période mais demeura une des plus compétitives de la ligue, alignant 5 saisons de 44 victoires et plus entre 74-75 et 79-80. Et malgré que la French Connection commença à s'effriter avec le départ de Robert en 1979 et ensuite Martin en 1981, les Sabres étaient parvenus à recruter des renforts supplémentaires au fil des années, notamment le prolifique Danny Gare qui connut deux saisons de 50 buts. 

Le légendaire Scotty Bowman arriva en scène comme nouvel entraîneur et DG en 1979-80 et malgré que cela ne se passa pas aussi bien que ses autres séjours légendaires (Montréal, Detroit, Pittsburgh), il continua de faire des Sabres une équipe forte au début des années 80 avec de nouvelles vedettes comme Dave Andreychuk, Phil Housley et le gardien Tom Barrasso qui gagna les trophées Calder et Vézina en 1983-84, saison où les Sabres connurent une autre saison de 48 victoires.

Malheureusement, le plus haut où les Sabres se rendirent durant l'ère Bowman fut une présence en finale de conférence en 1979-80.

Joueur emblématique de cette période: Gilbert Perreault

Années de misère: 1986-87
Il s'agit ici d'une courte période que je ne considérais pas comme totalement misérable au départ. Rater les séries c'est plate mais faut bien que ça arrive et cela ne représente pas toujours des «années» de misère pour autant. Mais après avoir finalement raté les séries de peu en 1985-86, soit la première fois depuis 1973-74, les Sabres manquèrent totalement le bateau en 1986-87 avec une fiche de 28-44-8, ce qui ne figure pas dans les pires fiches de l'histoire mais cela leur conférait quand même le dernier rang dans la LNH. 

Il s'agissait également de la dernière véritable saison de Gilbert Perreault qui s'était initialement retiré à la fin de la saison précédente, mais qui décida de revenir pour un court séjour de 20 matchs étant donné qu'il parvenait ainsi à obtenir davantage de pension s'il jouait ce 20 matchs. C'était quand même une manière un peu cynique de conclure une carrière, et cette époque chez les Sabres par le fait même.

Donc c'était une saison assez misérable pour les fans, mais au moins les Sabres purent profiter de ce dernier rang pour repêcher premiers et ainsi sélectionner Pierre Turgeon.



Joueur emblématique de cette période: Paul Cyr
Je voulais mettre un joueur vedette comme Andreychuk ou Housley mais finalement allons-y dans la misère avec Paul Cyr, un certain flop au repêchage de la part de Bowman qui fut d'ailleurs souvent critiqué pour ses sélections à Buffalo. Voir ce texte de février dernier ou encore mieux, le podcast pour sa bio.


Années de gloire: 1992-93 à 2000-01
Après quelques années de reprise après l'ère Bowman, les Sabres redevinrent compétitifs, dont une saison de 45 victoires en 1989-90. Mais c'est à partir de la saison 1992-93 qu'ils recommencèrent réellement à connaître des moments de gloire. Cette saison 1992-93 fut particulièrement mémorable pour les Sabres et leurs partisans avec les fiches de tonnerre que connurent Pat Lafontaine avec 148 points et Alexander Mogilny avec 127 points dont 76 buts, ce qui le plaçait au sommet des buteurs de la ligue, ex-aequo avec Teemu Selanne. Cette saison 1992-93 culmina ensuite par l'élimination surprise en 4 matchs des Bruins en première ronde, eux qui étaient pourtant grandement favoris. Le fameux «May Day», ce but en prolongation lors du 4e match, est depuis un incontournable dans le folklore du hockey.



Mais quelle passe de Lafontaine quand même. Aussi je n'avais jamais vu auparavant la séquence où Brad May a embrassé la lame de son bâton avant le but.


Aussi en 1992-93 furent les débuts du gardien Dominik Hasek avec l'équipe. Si le «Dominator» n'était pas encore le portier numéro un de l'équipe durant cette saison, cela ne sut tarder alors qu'il le devint la saison suivante, remportant le premier de ses six trophées Vézina qu'il gagna à chaque saison de 93-94 à 2000-01, à l'exception de 95-96 (Jim Carey) et 99-00 (Olaf Kolzig).

Les Sabres ne ratèrent les séries qu'une seule fois durant cette période (95-96) suite à quoi ils s'améliorèrent de saison en saison, se rendant en 2e ronde en 96-97, en 3e ronde en 97-98 et finalement en finale en 98-99, dans une cause perdante contre les Stars de Dallas.

Ils demeurèrent encore compétitifs suite à cette défaite crève-cœur en finale (et le fameux «No goal» de Brett Hull), se rendant encore en deuxième ronde en 2000-01. Ce fut toutefois le chant du cygne de cette ère des Sabres alors que Hasek quitta pour Détroit dans l'entre saisons et les Sabres ratèrent les séries en 2001-02.

Joueur emblématique de cette période: Dominik Hasek
Difficile d'en prendre un autre, malgré la présence des Lafontaine et Mogilny...


Années de misère: 2001-02 à 2003-04
Les années post-Hasek furent difficile non seulement au niveau hockey alors qu'ils ratèrent les séries lors des trois saisons suivantes, mais surtout au niveau administratif alors que leurs propriétaires furent accusés de fraude fiscale. La franchise fut alors opérée par la LNH et une incapacité à trouver de nouveaux propriétaires fit alors planer des rumeurs de déménagement. 

La saison 2001-02 fut également difficile pour les fans qui durent également dire adieu au capitaine Mike Peca, qui était en dispute contractuelle et avait fait la grève durant toute la saison 2000-01 avant d'être finalement échangé aux Islanders.

Durant ce temps d'incertitude, le dg des Sabres ne pouvait faire que des mouvements mineurs et de base à a formation. Un nouveau propriétaire fut finalement trouvé en mai 2003 et la franchise commença tranquillement à se relever en 2003-04, ratant toutefois les séries de nouveau.

Joueur emblématique de cette période: Vyacheslav Kozlov
Celui obtenu des Red Wings en retour d'Hasek (avec un choix de 1re ronde) ne se plaisait pas à Buffalo, frustré d'avoir été largué par les Wings. Après un mauvais début de saison et une disette de 16 matchs sans marquer, il fut laissé de côté, ce qui le mit encore plus en furie. Il demanda alors d'être échangé, ce qui n'arriva toutefois qu'à l'été 2002, après une saison médiocre où il se blessa en plus au talon et où il rata la moitié de la saison.

J'aurais pu prendre pour illustrer cette période un véritable joueur d'impact comme Miroslav Satan ou Martin Biron, le successeur de Hasek, mais pour illustrer la misère, mieux vaut un joueur vivant la misère.

Années de gloire: 2005-06 à 2006-07
Le retour du lock-out de 2004-05 sembla amener un vent d'air frais à Buffalo alors que la franchise décolla et remporta 52 victoires en 2005-06 et ensuite 53 en 2006-07, un sommet dans leur histoire qui leur vaudra le trophée du Président en 2006-07, tandis que l'entraîneur Lindy Ruff fut nommé entraîneur de l'année en 2005-06. 

Avec un nouveau noyau de joueurs excitants qui correspondaient parfaitement à la «nouvelle LNH» comme Daniel Brière, Chris Drury, Maxim Afinogenov, Jason Pominville, Ryan Miller et Thomas Vanek, les Sabres se rendirent deux fois en finale de conférence.

L'équipe était à ce point dominante qu'elle aurait davantage mérité de se rendre en finale au lieu des Hurricanes en 2006. L'équipe se retrouvait toutefois en proie à de nombreuses blessures couteuses, dont 4 de leurs meilleurs défenseurs (Teppo Numminen, Jay McKee, Henrik Tallinder et Dmitri Kalinin. Malgré ça, l'équipe poussa les Hurricanes à la limite avant de s'incliner au 7e match.

Malgré ces deux éliminations crève-cœur en finale de conférence, on sentait que les Sabres avaient tout de même les outils pour continuer d'être une puissance lors de nombreuses années...

Joueur(s) emblématique(s) de cette période: Daniel Brière / Chris Drury
Les deux co-capitaines des Sabres quittèrent le bateau après cette fameuse saison 2006-07. Brière, auteur d'une saison de 95 points, signa un lucratif contrat avec les Flyers, tandis que Drury quitta pour les Rangers. Cela porta un coup dur au moral des fans des Sabres, qui durent toutefois s'endurcir pour les années suivantes...

Années de misère: 2011-12 à 202?
Après le départ du duo, les Sabres ratèrent les séries pendant deux saisons mais se replacèrent légèrement par la suite, ayant toujours un bon noyau compétitif et un excellent gardien en Miller (Vézina en 2009-10), en plus d'un jeune défenseur prometteur en Tyler Myers (Calder en 2009-10).

Cela ne dura toutefois pas longtemps et les Sabres recommencèrent à rater les séries à partir de la saison 2011-12. Ils ne les ont pas encore atteints depuis, soit une disette de 12 saisons, ce qui représente ni plus ni moins que le record de l'histoire de la LNH à ce niveau. Les seuls s'en étant rapproché ont été les Panthers avec 10 saisons (2000-01 à 2010-11) et les Oilers, également 10 saisons (2006-07 à 2015-16).

Durant cette période, les Sabre terminèrent derniers de la ligue à quatre reprises, soit en 2013-14, 2014-15, 2017-18 et 2020-21. Cela leur aurait normalement permis de repêcher du sang neuf mais ils virent souvent leur malchance continuer une fois de plus lors des loteries, devant se rabattre sur Sam Reinhart au 2e rang en 2014 (au lieu d'Aaron Ekblad) et ensuite surtout Jack Eichel au 2e rang en 2015 (au lieu de Connor McDavid). Ils ont été davantage chanceux par la suite en pouvant sélectionner premier en 2018 (Rasmus Dahlin) et 2021 (Owen Power), mais il est encore trop tôt pour déterminer les gagnants de ces repêchages.

Il n'y eut donc pas grand espoir à Buffalo durant ce temps, mais les choses semblent finalement changer alors que l'équipe remporta 42 victoires l'an dernier (première de 40+ depuis 2010-11) et l'équipe rata les séries de justesse. Leurs fans purent également retrouver de l'euphorie à l'aréna avec la saison d'enfer de Tage Thompson (47 buts et 47 passes).

J'hésite toutefois à fermer cette période de misère pour l'instant, la saison dernière n'étant peut-être qu'une brève éclaircie. Je crois que tant qu'ils ne retourneront pas en séries, cette horreur de période se poursuivra.

Joueur emblématique de cette période: Zemgus Girgensons
Pourquoi lui? Pourquoi pas Eichel ou Rasmus Dahlin? Et bien parce Zemgus Girgensons est en place depuis 2013 et y est encore. Donc il le mérite. Choix de première ronde de l'équipe en 2012 (14e au total), l'attaquant originaire de Lituanie est donc le Sabre actuel ayant le plus d'ancienneté avec l'équipe avec 630 matchs. Et à l'image de cette équipe en reconstruction depuis autant de temps, il n'a jamais vraiment répondu aux attentes d'un choix de première ronde, son sommet en carrière étant de 15 buts et 15 passes en 2014-15 et une production oscillant depuis entre 15 et 20 points par saison.

ALERTE NO MAN'S LAND - 2017-18 à 2021-22
J'hésite ici avec la «timeline» de ma fameuse mention d'alerte No man's land, soit le pire ou un des pires endroits où se retrouver comme joueur et/ou comme fan. On sait que Buffalo n'a jamais été l'endroit le plus sexy mais ils sont maintes fois parvenus à attirer et garder de nombreux bons joueurs au cours des années. Cependant, aux alentours de 2017 à 2021, Buffalo avait vraiment une aura de malheur et de désenchantement qui venait avec l'équipe, avec des joueurs énonçant clairement leur envie d'être ailleurs.

C'était le cas notamment pour Ryan O'Reilly, qui déclara après la dernière place des Sabres en 2017-18 qu'il avait perdu l'amour du hockey. Il fut d'ailleurs échangé au cours de l'été suivant, en retour entre autres de Thompson. C'était aussi le cas de Reinhart et de Jack Eichel, qui se fit par ailleurs retirer son «C» de capitaine en 2021, suite à des commentaires similaires.

Ça semble s'être stabilisé depuis mais pendant un temps, Buffalo et Arizona étaient vraiment nez à nez en terme de no man's land, mais on peut dire que maintenant Buffalo s'en est sorti, pour l'instant.


Dans la prochaine partie, on revient au Canada avec les Flames.


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