jeudi 18 avril 2024

Joueur(s) oublié(s) des 90’s #90 - Patric Kjellberg et Patrik Carnback


 

 
Ce texte a d'abord été publié comme texte inédit dans notre livre «Le meilleur de La vie est une puck» en 2022. Ce livre est désormais épuisé mais demeure toujours disponible en format digital (eBook). 
 
 

Voici deux joueurs que je n’ai jamais vraiment réussi à distinguer. Après toutes ces années, et même après avoir écrit ce texte, je doute d’en être un jour capable. En plus d’avoir plusieurs consonnes en commun dans leur nom, les deux ont connu des carrières étrangement semblables, qui impliquent plusieurs des mêmes équipes aux mêmes dates. Cette similitude m’a toujours chicoté, et c’est aujourd’hui que je vais tenter de démêler ressemblances et différences dans leurs parcours.

Jan ­Patrik ­Carnback est né le 1er février 1968 à ­Göteborg, en ­Suède. Patric ­Göran ­Kjellberg, lui, le 17 juin 1969 à ­Trelleborg, toujours en ­Suède. Carnback, un ailier droit, mesure 6’0’’ et pèse 87 kilos tandis que ­Kjellberg, un ailier gauche, le dépasse de deux pouces et de deux kilos. Les deux ont donc à peu près le même âge, un physique similaire et pour origine une ville se terminant en « ­Borg ». Ces deux villes ne sont d’ailleurs qu’à trois heures de route l’une de l’autre.

Kjellberg
Le premier irritant, lorsqu’on tente de les différencier, est la formulation de leurs noms. Les deux sont des « ­Patrick » mais ­Carnback l’écrit sans ‘‘C’’ tandis que ­Kjellberg l’écrit sans ‘‘K’’. Un truc que j’ai façonné durant mes recherches est d’abord écrire ­PatriCK avec les deux consonnes et d’ensuite y enlever la première lettre du nom de famille du joueur voulu. Je dis « truc » mais je me fourre encore une fois sur deux. 

En plus de ça, leurs noms de famille ne se distinguent pas assez pour créer une véritable accroche sonore qui resterait dans ma mémoire. Berg, ­Back, ­Borg... S’il s’agissait de ­Patric ­Forsberg et ­Patrik ­Sundin, ça m’aiderait déjà un peu. Et ça ne fait que commencer car les similarités ne vont que s’ajouter par la suite.

Carnback
Les deux débutent dans le système suédois vers 1986. Carnback avec le ­Frölunda ­HC et ­Kjellberg avec le ­Falu ­IF, tous deux en deuxième division. Comme ­Carnback est légèrement plus vieux, ils ne font pas partie des mêmes tournois (U18, ­U19, etc.). Ils graduent donc dans la première division (Elitserien), ­Kjellberg en premier en ­1988-89 avec le club ­AIK et ­Carnback un an plus tard, toujours avec ­Frölunda. C’est en 1990 qu’ils deviennent coéquipiers pour la première fois, au sein de l’équipe suédoise au Championnat du monde. 

Les deux avaient cependant déjà capté l’attention des dépisteurs du ­Canadien qui les sélectionnèrent au même repêchage de 1988. Kjellberg est choisi en quatrième ronde (83e au total) tandis que ­Carnback voit son nom sortir en sixième ronde (125e au total). Pourtant, ­Carnback venait de récolter de meilleures statistiques durant l’année. ­Peut-être que les dépisteurs du ­CH avaient le même problème que moi à les différencier et qu’ils ont décidé de repêcher les deux pour être sûrs de leur coup...

Les deux « ­Pats » retardent toutefois leur arrivée dans la ­LNH et préfèrent continuer leur chemin dans leur pays natal. Ils se retrouvent en tant qu’adversaires en première division et en tant que coéquipiers sur la scène internationale, notamment lors des ­Olympiques et du Championnat du monde de 1992. La seule véritable différence notable durant ces années en ­Suède est le titre de recrue de l’année de la ligue suédoise remporté par ­Carnback en ­1989-90.

Les deux font ensuite le saut en ­Amérique du nord en même temps, soit pour la saison ­1992-93. Ils sont alors pratiquement inséparables et font souvent partie de la même phrase dans les journaux. Ils étaient quand même attendus depuis quelques années, pas à un niveau comme les frères ­Sedin, mais on constate un certain engouement quand ils débarquent simultanément à ­Montréal. Le ­CH espérait sans doute recréer le même regain apporté par d’anciens suédois comme ­Mats Näslund et ­Kjell Dahlin quelques années auparavant.

Ils redeviennent donc coéquipiers avec le ­club-école du ­CH à ­Fredericton. Carnback est toujours le plus productif avec une fiche de 20 buts et 37 passes en 45 matchs, tandis que ­Kjellberg amasse 10 buts et 27 passes. Les deux se méritent un rappel à ­Montréal à la fin novembre, mais ils passent la majorité du temps sur la passerelle avant d’être retournés à ­Fredericton après le congé de ­Noël. Les deux restent bredouille durant ce court séjour et jouent presque le même nombre de matchs, ­Kjellberg sept et ­Carnback six. Aucun des deux ne figure parmi l’équipe championne de 1993, puisqu’ils n’ont pas été appelés en renfort durant la conquête de la coupe. Ils ont tout simplement perdu leur place dans la hiérarchie des recrues au profit de ­Gilbert ­Dionne et ­Oleg ­Petrov.

Insatisfait de ce traitement, ­Kjellberg retourne en ­Suède la saison suivante. Carnback a pour sa part la chance de se faire valoir ailleurs lorsque ­Todd ­Ewen et lui sont échangés aux nouveaux ­Mighty ­Ducks d’Anaheim en retour d’un choix de 3e ronde en 1994 (Chris ­Murray). Carnback fait donc partie de l’édition inaugurale des ­Mighty ­Ducks et y joue trois saisons comme joueur de soutien. 

En ­1995-96, de moins en moins utilisé et en froid avec son entraîneur, il se retrouve « prêté » aux ­Sharks de ­Cologne dans la ligue ­allemande et ne revient jamais dans la ­LNH. Il retourne ensuite avec son ancien club, le ­Frölunda ­HC, où il jouera jusqu’en 2003. Un parcours qui se terminera par un championnat de ­Suède et le retrait de son numéro 14 par le club.

Au même moment où ­Carnback débutait à ­Anaheim, ­Kjellberg est ravi d’être de retour en ­Suède et il s’en sort très bien. Il remporte tout d’abord la médaille d’or aux ­Olympiques de 1994 en compagnie de ­Peter ­Forsberg, puis le championnat de la ­Elitserien en 1995 avec son nouveau club, le ­HV71. Il joue ensuite avec le ­Djurgårdens ­IF où il connaît de très bonnes saisons. Et comme pour ­Carnback avec les ­Ducks en ­1993-94, c’est une équipe d’expansion qui va permettre à un de ces ­Patrick de s’établir dans la ­LNH. Cherchant de la profondeur pour leur nouvelle équipe, les ­Predators de ­Nashville mettent ­Kjellberg sous contrat, lui qui vient de terminer la saison ­1997-98 au sommet des compteurs de la ­Elitserien avec 30 buts en 46 matchs.

Kjellberg revient ainsi en ­Amérique du ­Nord pour la première saison des ­Predators et obtient finalement ses premiers points dans la ­LNH, dix ans après sa sélection au repêchage. Il récolte 31 points lors de cette première saison et termine deuxième chez les ­Predators l’année suivante avec 23 buts et 46 points. Il joue en tout trois saisons complètes au ­Tennessee avant de se voir échangé à l’ancienne équipe de ­Carnback, les ­Mighty ­Ducks, en novembre 2001. 

Le fait que les deux ont joué pour le ­Canadien ­ET les ­Ducks, même si ce n’était pas en même temps, constitue probablement le point de ­non-retour, l’élément qui fait en sorte que je ne les différencierai jamais. Après deux saisons identiques de seulement 19 points, ­Kjellberg prend sa retraite en 2003... en même temps que ­Carnback en ­Suède. Kjellberg fera cependant un court retour de trois matchs en ­2011-12 avec son ancien club, le ­Falu ­IF en 2e division, alors qu’il était âgé de 42 ans. Il récoltera deux aides.

Suite à leur retraite respective, ­Carnback devient agent de joueur et ­Kjellberg recruteur pour les ­Rangers de ­New ­York. Au final, ­Kjellberg aura quand même mérité d’avoir été repêché avant ­Carnback avec 64 buts, 96 passes et 160 points en 394 matchs dans la ­LNH. La fiche de ­Carnback, elle, compte 24 buts, 38 passes pour 62 points en 154 matchs.

J’espère que ce petit texte vous aura aidé, contrairement à moi, à démêler ces deux ­Patrick suédois de 6’ repêchés par le ­Canadien de ­Montréal en 1988, qui ont fait leurs débuts ensemble en ­1992-93, sans gagner la coupe, avant d’avoir tous les deux leur chance dans des équipes d’expansion, dont les ­Mighty ­Ducks, et qui se sont retirés du jeu en 2003.

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