dimanche 30 juin 2024

Stock volé à vendre #19 - Le cas de Rogatien Vachon

Peu de temps après le début de l'aventure "La Vie Est Une Puck", Martin est devenu chroniqueur pour le défunt site 25stanley.com, avec sa "Chronique Vintage". Bien qu'on croyait ces textes perdus à jamais, la magie d'Internet (et beaucoup de patience …) nous a permis d'en retrouver la majorité. Au cours des prochaines semaines / mois, nous en ressortirons quelques-uns des boules à mites, pour votre plus grand plaisir.









Originalement publié le 26 juin 2011

On s’apprête à vivre ce moment de l’année où les joueurs en fin de contrat vont tester le marché afin de voir si le gazon est plus vert ailleurs qu’avec notre équipe. Il s’agit d’un geste assez exemplaire de l’individualisation d’un sport d’équipe, deux concepts qui peuvent paraître antiéthiques mais qui se fondent bien dans notre société contemporaine… Le sport d’équipe, la primauté de l’équipe au-dessus de l’athlète, s’est estompé au profit d’un joueur mercenaire. Si vous n’aimez pas ce terme, dites-vous qu’il a pour étymologie le mot latin mercenarius, lui-même dérivé du mot merces qui signifie salaire. Une période où le salaire du joueur prime sur les décisions d’un sport, comment ne pas nommer cela du mercenarisme…

Anyway… Si nous sommes très habitués à ce mercenarisme sportif de nos jours, la pratique n’a pas en une autre période été courante.

En fait, jusqu’au début des années 70, la plupart des joueurs avaient ce que l’on appelait une clause de réserve dans leur contrat. Cette clause faisait en sorte qu’une équipe possédait toujours les droits d’un joueur après que le contrat de ce dernier soit arrivé à terme. À l’inverse d'aujourd'hui, les dirigeants des équipes avaient le gros bout du bâton et le joueur n’était souvent qu’un pion. Donc, à cette époque, si une autre équipe voulait acquérir un joueur dont le contrat était terminé, il devait transiger pour avec l’équipe qui possédait toujours ses droits…

C’est avec l’arrivée de la WHA (World Hockey Association, Association Mondiale de Hockey) dans les années 70 que la pratique d’inclure une clause de réserve dans un contrat disparut. Le passage notamment de Bobby Hull vers les Jets de Winnipeg a fait en sorte que la LNH émit une injonction contre la nouvelle ligue en raison de cette clause de réserve. Le cas fut rejeté et la clause de réserve devint une chose obsolète dans le monde du hockey au même titre que la position de maraudeur, le gardien sans masque et le joueur sans casque plus tard…

Suite à cette décision, les joueurs étaient donc maintenant libres de pouvoir aller où bon leur semblait dès la fin de leur contrat. À cette époque, peu de joueurs n’ont fait de changement vers une autre équipe de la LNH après leur contrat, préférant essayer de jouer avec la ligue rivale souvent parce que les contrats étaient plus lucratifs et les problèmes que pourraient engendrer une clause de réserve n’étant pas nécessairement résolus. Ce n’était à l’origine que des joueurs de moindre importance, les journeymen, qui passaient d’une équipe à l’autre à titre d’agents libre et souvent avec un mince dédommagement de la part de l’équipe qui faisait l’acquisition du joueur pour ne pas envenimer le débat.

C’est avec l’acquisition de Rogatien Vachon par les Red Wings en 1978 que l’ère des agents libres et de la mercerisation des joueurs débuta officiellement…

En 1978, après plusieurs saisons avec les Kings où il a fortement contribué à faire de cette équipe d’expansion une des plus puissantes équipes de la NHL, Rogatien Vachon décide de quitter la Californie pour évoluer avec une équipe qui connaissait des années de misère, les Red Wings. Jadis une des équipes des plus dominantes de la NHL, les Red Wings étaient maintenant une équipe minable de fond de cave. Le directeur général de l’époque, et légende vivante des Red Wings, Ted Lindsay, convaincu de pouvoir changer la situation, offrit un très lucratif contrat à Vachon afin qu’il s’amène au Michigan en sauveur. Le prix payé par Lindsay représentait à cette époque le plus gros salaire jamais accordé à un gardien de but… Le contrat était d’environ 1,9 million de dollars.


La méthode d’acquisition n’étant pas nécessairement courante à cette époque, les Kings demandèrent compensation pour le départ de leur gardien vedette. Le 8 août, un arbitre indépendant de la NHL nommé Ed Houston décida que les Kings devaient recevoir une compensation et que celle-ci allait être le jeune Dale McCourt et non Jim Rutherford et Bill Lochead, ce que les Red Wings proposaient. McCourt, un jeune prospect, mentionna aussitôt qu’il refusait de se joindre aux Kings et ce malgré le contrat de 3 millions de dollars que les Kings lui offraient. Une longue saga judiciaire s’en suivit et l’affaire fut réglée peu de temps avant d’atteindre la Cour Suprême des États-Unis… Les Red Wings durent céder André St-Laurent et leur choix de première ronde de 1980 et de 1981 afin de conserver McCourt.

À noter que ce choix de 1980 servira à repêcher un futur membre du Temple de la renommée, Larry Murphy. Mais bon, McCourt put demeurer avec les Red Wings… Entre temps, O-Pee-Chee avait publié cette horrible carte où McCourt apparaissait dans un uniforme des Kings peinturé par-dessus son uniforme des Red Wings…

Pour ce qui est de Vachon, son arrivée avec les Red Wings fut plutôt décevante, remportant que 6 de ses 21 premiers départs lors de cette saison 1978-79. Les fans des Red Wings se mirent aussitôt à réclamer le gardien Jim Rutherford en guise de protestation… Ce qui était anticipé comme un gros coup lors de la signature devint rapidement un flop et après deux difficiles saisons avec les Red Wings, Rogatien Vachon fut cédé aux Bruins en retour du fameux « Gilles Gilbert du Boston ». Vachon termina sa carrière quelques saisons plus tard avec ces mêmes Bruins…

Le geste de signer Rogatien Vachon fut peut-être un flop sur la glace, mais fit énormément évoluer la cause des joueurs voulant changer d’équipe à la fin de leur contrat en ce que pour la première fois de l’histoire, une vedette partit de son équipe pour aller vers une autre au sein de la NHL. La pratique s’est depuis régularisée, les compensations par exemple furent abandonnées, laissant le joueur plus souverain de son destin. On a même fait de nos jours une date importante dans le calendrier des fans de hockey avec la journée des l’ouverture des joueurs autonomes, c’est peu dire…

vendredi 28 juin 2024

Les téléphones du repêchage de 1994









En 1994, le repêchage de la LNH avait lieu à Hartford. Ce fut le dernier repêchage des Nordiques de Québec, qui repêchèrent un certain Tim Thomas avec le dernier choix de leur histoire. Mais la raison pourquoi j'écris un article aujourd'hui à propos de ce repêchage, c'est dû aux téléphones que les équipes utilisaient à ce moment. Car au lieu d'avoir des téléphones intelligents comme aujourd'hui, ou un bon vieux téléphone à roulette, chaque table était munie de ce modèle de téléphone.



Voici à quoi ressemble l'endos :


J'ai trois mots pour décrire cette œuvre : MA GNI FIQUE !!!

Ces téléphones fournis par la compagnie PCI (Phantom Communications International) ont déjà été en vente libre et sont désormais disponible dans un eBay ou Marketplace près de chez vous. Il vous suffit de bien fouiller. Voici quelques modèle que j'ai trouvés dans la dernière année. 

Blackhawks de Chicago

Stars de Dallas

Canadiens de Montréal

Red Wings de Detroit

Toujours disponible sur eBay au moment d'écrire cet article. 
https://www.ebay.ca/itm/115877440468


Un jour, j'aurais ce tellement dans mon bureau …

jeudi 27 juin 2024

Les trophées LVEUP 2023-24

 

 
Ils sont de retour! Les fameux trophées de La vie est une Puck!
 
Ici, on en a que faire des marqueurs de buts, des bons gardiens et des joueurs gentilhommes. Contrairement à la LNH, les prix LVEUP récompensent la médiocrité et les statistiques peu flatteuses. 

Pour voir les anciennes éditions des années précédentes, cliquez ici.

Voici sans plus tarder, les prix LVEUP 2023-24!
 




Si, comme nous, vous vous ennuyez du temps où les meneurs au chapitre des minutes de pénalité avaient droit à une carte de hockey soulignant cet exploit, voici votre revanche. 
 
Premier trophée de l'histoire de LVEUP, le Dave Schultz Memorial Trophy se voit remis annuellement au joueur ayant accumulé le plus de minutes de pénalités durant la saison régulière.
 
Ce trophée porte le nom de celui qui détient le record de minutes de pénalité en une saison, Dave «The Hammer» Schultz. Ce grand matamore des Broad Street Bullies accumula ni plus ni moins que 472 minutes au banc des pénalités en 1974-75, deuxième année où les Flyers remportèrent la Coupe Stanley à coups de dents pétées et de côtes arrachées... 
 
Les choses ayant grandement changé depuis (pour le meilleur ou pour le pire), on ne voit presque plus de joueurs dépassant les 100 minutes par saison de nos jours, mais ce trophée mérite toujours sa raison d'être.

Les précédents gagnants :
2022-23 : Pat Maroon (150)
2021-22 : Mark Borowiecki (151)
2020-21 : Tom Wilson (96)
2019-20 : Evanger Kane (122)
2018-19 : Evander Kane (153)
2017-18 : Michael Haley (212)
2016-17 : Mark Borowiecki (154)
2015-16 : Derek Dorsett (177)
2014-15 : Steve Downie (238)
2013-14 : Tom Sestito (213)
2013 : Colton Orr (155)
2011-12 : Derek Dorsett (235)
2010-11 : Zenon Konopka (307)
2009-10 : Zenon Konopka (265)


And the winner is : 
 
Liam O'Brien
153 minutes


 
Ça va bien une barbe rousse pour un joueur des Coyotes quand même...

Un ancien de l'Océanic et des Huskies, Liam O'Brien se promène à travers la LNH et les mineures depuis la saison 2014-15, évoluant d'abord longtemps pour les Capitals et leur club-école à Hershey. Il a ensuite joué une saison avec l'Avalanche et est un membre des Coyotes depuis 2021-22, jouant davantage de matchs à chaque saison, le tout culminant par sa meilleure saison cette année avec 5 buts et 9 passes pour 14 points. Et un peu sorti de nulle part, il s'est retrouvé cette saison au premier rang de la LNH avec 153 minutes de pénalité en 75 matchs.

Il a devancé des noms plus familiers comme Brady Tkachuk au 2e rang à 134 minutes et Tom Wilson à 133.

Bravo Liam!


 

 
Nommé en l'honneur du célèbre Bill Mikkelson, qui lors de la saison inaugurale des Capitals de Washington en 1974-75, termina avec un impressionnant différentiel record de -82, le Bill Mikkelson Trophy est remis au joueur ayant accumulé le pire différentiel durant la saison régulière. 
 
Donc le récipiendaire du trophée Mikkelson peut se vanter d'être le joueur le plus mal sur-utilisé de la Ligue nationale.
 

Les précédents gagnants :
2022-23 : Andrew Peeke (-41)
2021-22 : Keith Yandle (-47)
2020-21 : Rasmus Dahlin (-36)
2019-20 : Andreas Athanasiou (-46)
2018-19 : Rasmus Ristolainen (-41)

2017-18 : Nick Leddy (-42)
2016-17 : Tyson Barrie et Matt Duchene (-34)
2015-16 : Mikkel Bodker (-33)
2014-15 : Nail Yakupov (-35)
2013-14 : Alexander Edler (-39)
2013 : Erik Gudbranson et Brian Campbell (-22)
2011-12 : Milan Jurcina (-34)
2010-11 : Chris Philips (-35)
2009-10 : Patrick O'Sullivan (-35)


And the winner is :
 
 
William Eklund
-45

Septième choix au total par les Sharks en 2021, le suédois William Eklund a joué sa première saison complète dans la LNH en 2023-24 et s'en est pas trop mal sorti dans les circonstances (les circonstances étant d'être un joueur recrue des Sharks en 2023-24) avec 16 buts et 29 passes pour 45 points, bon pour le 2e rang des pointeurs des Sharks derrière Mikael Granlund et suivi de Fabian Zetterlund au 3 rang. Est-ce que ces trois joueurs jouent ensemble sur un trio nommé «la Lund line» ? Ils devraient, sinon à quoi bon continuer cette existence fétide...
 
Mais en défensive, il a appris à la dure avec ce -45 chez les pauvres Sharks, ce qui est très près de notre record depuis l'attribution de ce trophée, le fameux -47 de Keith Yandle en 21-22. 
 
Eklund devance, ou traîne derrière selon votre perspective, trois joueurs ex-aequo à -44, soit son coéquipier Filip Zadina ainsi que deux joueurs des Blackhawks, Philipp Kurashev et nul autre que Connor Bedard...
 
Bravo William et on te souhaite une bonne progression en 2024-25.

 


Remis annuellement au gardien ayant enregistré le plus de défaites en saison régulière, le Gary "Suitcase" Smith Trophy est un autre des «Original 3» des trophées de LVEUP créés en 2010.
 
Malgré quelques bonnes saisons avec les Canucks et un trophée Vézina partagé à Chicago avec Tony Esposito (à l'époque où ce trophée était remis aux gardiens ayant la plus basse moyenne), Gary Smith est surtout célèbre pour avoir établi un record toujours inégalé de 48 défaites en une saison, soit en 1970-71, alors qu'il évoluait avec les Golden Seals de la Californie. Son surnom «Suitcase» provient du fait qu'il s'est beaucoup promené, jouant avec 7 équipes de la LNH au total, ce qui représentait un record à l'époque.

 
Les précédents gagnants :
2022-23 : John Gibson (31)
2021-22 : Karel Vejmelka (32)
2020-21 : John Gibson (19)
2019-20 : John Gibson (26)
2018-19 : Devan Dubnyk (28)
2017-18 : Cam Talbot (31)
2016-17 : Calvin Pickard (31)
2015-16 : Cam Talbot (27)
2014-15 : Mike Smith (42)
2013-14 : Ryan Miller (30)
2013 : Semyon Varlamov (21)
2011-12 : Jonas Hiller (30)
2010-11 : Nikolai Khabibulin (32)
2009-10 : Jeff Drouin-Deslauriers, Tomas Vokoun et Miikka Kiprusoff (28)


And the winner is :
 
Petr Mrazek
31 défaites


Déjà qu'il soit encore dans la ligue, de surcroit en temps que #1, c'est assez surprenant. Mais les Hawks avaient besoin de Petr Mrazek pour tanker le plus possible l'an passé, et il a tellement bien fait ça qu'ils ont décidé de continuer dans la même veine en 23-24. On peut dire qu'il a de nouveau réussi sa mission avec sa fiche de 18-31-4 en 56 matchs.

Il a réussi à déloger le triple récipiendaire John Gibson des Ducks à 27 défaites ainsi que Joonas Korpisalo des Sénateurs à 26.

Toute nos félicitations distinguées à toi Petr.



Le Frank Caprice Trophy est nommé en l'honneur du grand Frank Caprice, gardien des Canucks des années 80, qui est en quelque sorte le gardien ayant gardé plus de 100 matchs dans la LNH avec le plus bas pourcentage d'arrêt (.859) depuis qu'on tient en considération cette statistique. 
 
Vous savez, quand on était un gardien plus que médiocre dans une période difficile pour les gardiens, ça mérite d'être souligné. Le trophée Caprice est donc remis au gardien ayant gardé plus de 20 matchs avec le pire pourcentage d'arrêt durant la dernière saison.


Les précédents gagnants :
2022-23 : Spencer Martin (.871)
2021-22 : Joonas Korpisalo (.877)
2020-21 : Carter Hart (.877)
2019-20 : Jimmy Howard (.882)
2018-19 : Aaron Dell (.886)
2017-18 : Scott Darling (.888)
2016-17 : Michal Neuvirth (.891)
2015-16 : Jonas Hiller (.879)
2014-15 : Viktor Fasth (.888)
2013-14 : Dan Ellis (.879)
2013 : Miikka Kiprusoff (.882)
2011-12 : Dwayne Roloson (.886)


And the winner is : 

Antti Raanta
.872


On a une petite anomalie ici avec Antti Raanta qui a quand même connu une bonne saison comme auxiliaire en Caroline avec une fiche de 12-7-0-2 en 24 matchs et une moyenne quand même acceptable de 2.99 buts alloués par match. Donc pour un gardien adjoint, tout ça est très raisonnable.

Mais habituellement, on a droit comme représentant du Caprice à un gardien provenant des équipes de fond de classement du moment. Ici, on en a un provenant des Hurricanes, fraîchement couronnés de 52 victoires et 111 points... Je la comprends vraiment pas. Par exemple, le deuxième sur la liste cette année est Arvid Soderblom (who the fuck is that?), coéquipier de Mrazek à Chicago avec une moyenne de .880 et une fiche plus appropriée de 5-22-2... De plus le .872 de Raanta est très proche du pire rendement de l'histoire du Caprice, soit le .871 de Spencer Martin de l'an passé.

Donc si quelqu'un peut m'expliquer ce qui s'est passé lors de ces 24 matchs de Raanta... mais quand même, on l'applaudit. Toute une saison mon Antti!




Comme le circuit Bettman, nous récompensons un directeur général, mais nous optons pour élire le cancre des cancres en lui décernant le Mike Milbury Trophy, remis au directeur général ayant fait la ou les pires transactions ou mouvements de personnel de l'année. 
 
Dire qu'il aurait pu seulement demeurer dans notre mémoire comme celui qui a assommé un fan des Rangers dans les estrades avec sa propre chaussure, mais Mad Mike désirait plus de postérité et est ainsi devenu coach et DG des Islanders de New York dans les années 90. Son règne malfamé fut marqué de décisions douteuses comme d'échanger Roberto Luongo, échanger Zdeno Chara et un 1er choix (Jason Spezza) pour Alexei Yashin, signer ce même Yashin pour 10 ans, repêcher Rick DiPietro au premier rang etc... la liste est longue.
 

Les précédents gagnants :
2022-23 : Chuck Fletcher
2021-22 : Kelly McCrimmon
2020-21 : Bob Murray
2019-20 : Stan Bowman
2018-19 : Peter Chiarelli
2017-18 : Pierre Dorion 
2016-17 : Tom Rowe  
2015-16 : Bryan Murray
2014-15 : non remis
2013-14 : Mike Gillis


And the winner is :
 
Kyle Dubas

On aurait pensé que le congédiement de Ron Hextall allait enfin mener à l'embauche d'un DG qui allait arrêter de nier que les Penguins ne sont plus des contenders et peut-être qui sait, de briser le Big 3 Crosby-Malkin-Letang. Mais au lieu de ça, on a embauché Kyle Dubas qui est en quelque sorte parti du dépotoir à pneus en feu qu'il avait contribué à allumer à Toronto pour aller en allumer un autre à Pittsburgh...

Premier gros move de Dubas, faire l’acquisition d'Erik Karlsson dans un échange à trois équipes avec San Jose et Montréal où on a pu voir Mike Hoffman et Jeff Petry faire une apparition. Karlsson, et son contrat de 11,5 millions, a obtenu 52 points, soit la moitié de l'an dernier (101) et est sous contrat jusqu'en 2026-27. Est-il trop tôt pour déclarer cela la pire transaction de la dernière saison? On n'a pas vraiment trouvé de pire exemple, si ce n'est que l'échange de Jake Guentzel aux Hurricanes en fin de saison en retour principalement de Michael Bunting, un de ses anciens joueurs chouchous à Toronto, et de plusieurs autres pièces de rechange (et un choix de fin de première ronde). Donc rien qui pourrait faire remonter la note à Dubas.

Comme autres prétendants, nous avons aussi considéré (ou plutôt re-re-reconsidéré) Pierre Dorion des Sénateurs et Brian MacLellan des Capitals.

Donc félicitations Kyle. Et puisses-tu agréer de nos sentiments cordiaux envers toi et toute ta famille.
 
 



Remis au joueur de centre ayant au moins 50 mises en jeu et 50 matchs joués qui possède le pire pourcentage de mise au jeu remportées, le Craig Smith Trophy a été ainsi auto-nommé en l'honneur de celui qui détenait cet illustre distinction au moment où on y a pensé, soit Craig Smith lui-même lors de l'édition des prix 2013-14. 
 
Il récompense donc le spécialiste des mises en jeu le moins doué de la LNH.


Les précédents gagnants :
2022-23 : Brandon Hagel
2021-22 : Joel Farabee
2020-21 : Yegor Sharangovich
2019-20 : Tobias Rieder
2018-19 : Danton Heinen
2017-18 : Jordan Nolan
2016-17 : Jayson Megna 
2015-16 : Jordan Nolan
2014-15 : Jordan Nolan
2013-14 : Craig Smith 


And the winner is :

Filip Zadina
22.1%

En plus d'avoir été mauvais pour les +/- au point d'être parmi les finalistes du trophée Mikkelson, Filip Zadina des Sharks a aussi été mauvais au cercle des mises en jeu. Bien que listé comme ailier droit, Zadina a quand même été d'office pour 68 mises en jeu durant la saison, donc quasiment une par match. Il n'en a remporté que 15 d'entre elles, pour un pourcentage d'efficacité de 22.1%.
 
Il l'emporte devant Alexis Lafrenière avec 25.8% et Jordan Greenway des Sabres à 29.8%.

Mon Filip, c'est tout à ton honneur que nous te remettons ce trophée Craig Smith. Et que de meilleurs lendemains puissent se lever sur toi chaque matin pour toi et ta descendance.
 




Ancien joueur de seulement 3 matchs dans la LNH avec les Canadiens en 1983-84, Dave Allison a plus tard sévi comme entraîneur par intérim des Sénateurs d'Ottawa pour un très modique 27 matchs (fiche de 2-22-3) lors de la saison 1995-96 avant d'être licencié et remplacé par Jacques Martin. Il n'est jamais revenu dans la LNH suivant ce bref épisode.
 
En honneur de ce parcours éphémère, le Dave Allison Trophy est remis à l'entraîneur qui a été le plus rapidement congédié dans la LNH durant la saison.


Les précédents gagnants :
2022-23 : Bruce Boudreau
2021-22 : Jeremy Colliton/Joel Quenneville
2020-21 : Claude Julien
2019-20 : Mike Babcock
2018-19 : John Stevens
2017-18 : Alain Vigneault
2016-17 : Gérard Gallant
2015-16 : Todd Richards


And the winner is :

Mike Babcock


On a un nouveau recordman ici à LVEUP pour ce récipiendaire du Dave Allison. Mike Babcock s'est surpassé en devenant le coach le plus rapidement congédié de l'histoire de notre trophée avec un impressionnant total de 0 match dirigé avec l'équipe qui l'a slaqué.

Après s'être fait sacré dehors des Maple Leafs au début de la saison 2019-20 en raison des déboires de l'équipe et du climat toxique qu'il imposait à Toronto (ce qui lui valut un premier trophée Allison), Babcock a finalement refait surface durant l'été 2023 en étant nommé nouvel entraineur des Blue Jackets pour 4 millions annuellement, devenant l'entraîneur le plus haut salarié de l'histoire de l'équipe.

Cependant, quelques semaines plus tard, il fut révélé que Babcock n'avait pas perdu son côté «boomer old school de style Full Metal Jacket» en ordonnant à ses nouveaux joueurs de parcourir les photos de leur cellulaire pour «évaluer leur caractère». Tempête dans un verre d'eau pour quelques-uns, violation de vie privée choquante pour d'autres, il fut finalement décidé que c'était mieux pour tout le monde de faire comme si il n'avait jamais été engagé et il démissionna de son poste peu avant le début du camp d'entraînement. Comme lors de son premier renvoi par les Leafs en 2019, plusieurs révélations d'anciens joueurs suivirent par la suite et c'est à se demander s'il parviendra à refaire surface une fois de plus dans la LNH, ses bonnes années à Détroit et Anaheim étant profondément enfouies sous une avalanche de mauvaises décisions depuis.

Donc toutes nos éloges et redevances envers Bad-Cock, le premier double-récipiendaire du Dave Allison de l'histoire. Il ne l'a pas volé.




 
Pensé en hommage au célèbre chandail "Fishsticks" des Islanders des années 90, le Fishsticks Award récompense le pire chiffon à avoir été porté lors d'un match régulier durant la dernière saison.   
 
À moins d'un cas de force majeure, nous incluons seulement les chandails portés lors de matchs réguliers dans la LNH, incluant les matchs extérieurs. Conséquemment, les uniformes du match des étoiles et des échauffements d'avant-match ne sont pas considérés pour le titre. 


Les précédents gagnants :
2022-23 : Le Reverse Retro ultra plate des Blackhawks
2021-22 : Le «Smashville» des Predators
2020-21 : Le Reverse retro «fantôme» des Stars
2019-20 : Le chandail "Bavette Stadium Series" de l'Avalanche
2018-19 : Le 3e chandail noir délavé du Lightning
2017-18 : Le chandail Stadium Series des Capitals
2016-17 : Le 3e chandail orange des "Mighty" Ducks d'Anaheim 
2015-16 - Le chandail "Bolts" du Lightning

And the winner is :

Alors ici on va faire quelque chose de spécial.

Au départ on pensait élire le chandail de la Stadium Series des Islanders ou le 3e chandail noir des Sharks. Cependant on s'est rappelé de l'existence de ce 3e chandail des Coyotes qui a fait ses débuts la saison dernière:


L'an passé, on a préféré élire le Reverse Retro des Blackhawks et on a quelque peu oublié celui-ci des Coyotes (comme tout ce qui a trait à cette franchise de toute manière). Mais il aurait peut-être mérité de l'emporter simplement pour l'inclusion du cactus sur la culotte.

Mais considérant l'état des choses, ce ne serait pas suffisant de simplement lui attribuer un simple trophée Fishsticks. Car voyez-vous, les Coyotes ne sont plus. Ce sera donc l'ultime chance qu'on aura de les honorer pour l'ensemble de leur œuvre.

À moins qu'apparemment ils soient capables de revenir d'ici 5 ans avec un autre plan de débile qui me donne déjà mal à la tête...

Je me devais donc (Raysheppard ici) de faire ça en grand avec une véritable éloge funèbre pour eux et leur chandail, que voici:

La première fois que j'ai eu connaissance des Coyotes dans ma vie doit remonter aux alentours de 1998. Je jouais à NHL98 ou NHL99 sur mon vieux Pentium III et en parcourant les équipes à me prendre contre, je suis tombé sur cette nouvelle équipe qu'était «Phoenix» avec son logo étrange de renard mutant cyclope...

J'avais quelque peu arrêté de suivre le hockey vers 1995 et donc j'ignorais la fin des Jets et le déménagement à Phoenix. Quelle ne fut pas ma stupéfaction de voir cet étrange uniforme dans toute sa brune splendeur, particulièrement sous forme de blobs polygonaux pixelisés qu'étaient les graphiques des jeux vidéos de la fin du siècle dernier...

S'en sont suivies plusieurs années, même décennies, d'incompréhension sur la conception de l'identité de cette équipe et des diverses variantes de leur uniforme qui sont apparues depuis. Je pense notamment à l'affreux 3e chandail «désertique» dévoilé lors de la saison 1998-99, ou bien le rebranding plus sobre (mais tout aussi inintéressant) de 2003 et ses autres diverses variantes putrides d'intérêt depuis.

On tenta ensuite l'ultime affront en ramenant les premiers chandails offensants de l'ère 1996-2002 dans un élan de nostalgie inutile où on essaya de nous faire croire par nostalgie que ce chandail était beau. Non. Il était laid en 1997 et il l'est encore.

On effectua même d'autres variantes avec le programme Reverse Retro de la LNH en revomissant le 3e chandail discuté plus haut sous non pas une mais deux autres variantes qui nous purgent encore plus de vomi en jet par le nez...

Pourtant, croyez-moi, je ne déteste pas le logo en tant que tel. En tout cas pas totalement. Je le trouvais même un peu sympathique ce «Coyote/Renard/Lièvre Cyborg sous Crystal Meth». Il y aurait quand même eu du potentiel pour en faire quelque chose de pas trop mal (en réduisant le nombre de couleurs par exemple). Mais on a toujours préféré l'entourer de tellement de flafla, motifs inutiles surchargés et de couleurs criardes et non-complémentaires. C'est ce qui nous donne cet hommage aujourd'hui, qui s'éternise et s'éternise comme la durée de cette franchise de crotte.

Mais comme toute mauvaise chose a pas de fin, je me devais quand même de rendre ainsi hommage au chandail des Coyotes. 

Cher Chandail. Malgré tout tu me manqueras, Chandail. Je penserai à toi quand je fais quelque chose de plate comme nettoyer mes gouttières ou lorsque je manque de papier de toilette. 

Voici pour terminer un vidéo commémoratif que j'ai fais en l'honneur du chandail des Coyotes, qui se méritent finalement un premier trophée Fishsticks, un peu comme aux Oscars lorsqu'on décerne un «Lifetime achievement award» à un vieil acteur...



Bravo, chandail des Coyotes. Et pas bonne chance pour la suite. Puisse-tu pourrir en enfer dans la fosse sceptique de Lucifer...

Ouf. Tout un hommage. Vous pouvez aller fumer une clope dehors et revenir après la pause pour un autre trophée.




Lors de la saison 2015-16 et l'arrivée d'Alex Semin, nous avons introduit le Mariusz Czerkawski Ceremonial Trophy en honneur de cet ex-joueur polonais qui joua une saison plus que médiocre avec le CH en 2002-03 avant d'être expédié dans les mineures et racheté rapidement.
 
Plusieurs facteurs entrent en compte afin de mériter ce trophée et il ne s'agit pas nécessairement du pire joueur du Canadien de la saison. On pourrait simplifier en qualifiant le gagnant du "plus grand flop" de l'année chez le CH mais on peut y apporter certaines nuances selon l'année ou le joueur en question.

Comme critère principal pour le Trophée Czerkawski, nous privilégions les cas d'expériences ratées, comme une signature comme joueur autonome (haut risque ou bas risque) qui a floppé. Ça peut aussi être un choix au repêchage qui n'a pas rempli les attentes, un joueur indésirable au sein de l'équipe ou bien celui qu'on avait le plus hâte que son contrat se termine.
 
Les meilleurs facteurs pour trancher en cas d’incertitude peuvent être un rachat de contrat, un renvoi dans les mineures ou un échange-débarras avant la fin de la saison.


Les précédents gagnants:
2022-23 : Evgenii Dadonov
2021-22 : Mike Hoffman
2020-21 : Michael Frolik
2019-20 : Keith Kinkaid
2018-19 : Karl Alzner
2017-18 : Mark Streit 2.0
2016-17 : Greg Pateryn
2015-16 : Alexander Semin
2014-15 : René Bourque
2013-14 : Louis Leblanc
2012-13 : Tomas Kaberle
2011-12 : Scott Gomez
2010-11 : Benoit Pouliot
2009-10 : Sergei Kostitsyn
2008-09 : Mike Komisarek
2007-08 : Mikhail Grabovski
2006-07 : Sergei Samsonov / Janne Niinimaa
2005-06 : Pierre Dagenais / José Théodore
2003-04 : Marcel Hossa
2002-03 : Mariusz Czerkawski


And the winner is :

Colin White


Il y a toujours des joueurs qui déçoivent au sein d'une organisation et dans le cas du CH et du trophée Czerkawski c'est souvent un gros débat dans l'équipe de LVEUP à savoir qui le mérite vraiment selon les critères subjectifs et pas toujours clairement définis de ce trophée fantasque. On le répète mais il ne s'agit pas du pire joueur de l'organisation mais plutôt de celui qui représente le mieux l'esprit de Saint-Czerkawski, soit le flop de l'année, et non pas celui qui nous a nécessairement le plus déçu, comme par exemple Josh Anderson ou Christian Dvorak.

C'est ici qu'entre Colin White. En terme d'expérience ratée c'est vraiment un bon exemple, à défaut d'avoir un Alex Semin ou Sergei Samsonov comme véritable joueur exemplaire du Czerkawski... 

White s'est amené de Pittsburgh par voie du ballotage en février dernier et a continué sa mission divine d'être le plus invisible possible en obtenant 0 but et 0 passe pour 0 points en 17 matchs. En combinant avec ses totaux de 0 but et 0 passe en 11 matchs à Pittsburgh, cela lui donne un total de 0 but et 0 passe en 28 matchs. Toute une saison.
 
Ce n'était évidemment pas un gros risque de prendre Colin White au ballotage. Avec ce contrat d'un an au salaire minimum en grosse partie digéré par Pittsburgh, il avait pratiquement la simple utilité de remplir un chandail comme 4e centre et probablement de ramasser les pucks après les entraînements.

Par contre, c'est à se demander si ce n'était pas sa dernière chance dans la LNH. Choix de première ronde des Sénateurs en 2015, il avait semblé débloquer en 2018-19 avec 41 points, ce qui lui valut un contrat de 4,75 millions par année de la part des Sens. 
 
Isshhh
 
Il fut racheté en 2022 après deux saisons décevantes parsemées de plusieurs grosses blessures qui ont semblé gâcher sa progression. Il s'était ensuite retrouvé un contrat d'un an en Floride et ensuite un autre à Pittsburgh. Il recevra tout de même 800,000$ par année jusqu'en 2028 de la part des Sens. 
 
Isshhhhhhhhhhh.

Bref, tous nos hommages à Colin White. Que cette année t'inspire à te dépasser lors des suivantes et peut-être éventuellement récolter la deuxième passe sur un but en filet désert d'un match hors-concours.




Voici pour conclure le Dennis O'Brien Trophy, remis au joueur qui a joué pour le plus grand nombre d'équipes lors de la saison régulière. 
 
À l'origine du nom pour ce trophée, on retrouve Dennis O'Brien, un solide défenseur cogneur mieux connu pour ses années passées au Minnesota dans les années 70. Cependant, durant la saison 1977-78, il eut l'honneur de devenir le premier joueur de l'histoire à jouer un match avec 4 équipes différentes dans la LNH durant la même saison.

Alors qu'il en était à sa 8e saison avec les North Stars, l'équipe le plaça au ballottage et il fut réclamé par les Rockies du Colorado en décembre. Il fut par la suite échangé à nos chers Barons de Cleveland en janvier. Une vingtaine de matchs plus tard, les Barons le placèrent au ballottage à leur tour et il termina la saison avec sa quatrième équipe, les Bruins. Au moins il eut la chance de terminer avec une bonne équipe contrairement aux trois autres… et il participa aux séries de surcroît.

Ce record fut réédité en 1991-92 par Dave McLlwain et plus récemment par Mark Arcobello en 2014-15 et ensuite Jussi Jokinen en 2017-18.


Les précédents gagnants:
2022-23 : Dryden Hunt
2021-22 : Adam Brooks
2020-21 : Greg Pateryn
2019-20 : Ilya Kovalchuk
2018-19 : Chris Wideman 


And the winner is :

Tobias Bjornfot


J'adore.

Apprendre l'existence d'un joueur tout en lui remettant un trophée, je ne demande rien de plus à la vie. 

Choix de première ronde des Kings en 2019 (22e au total), le défenseur Tobias Bjornfot a commencé la saison avec ceux qui l'ont repêché, mais après 4 saisons et demie à faire du va-et-vient entre Los Angeles et le club école du Reign d'Ontario, l'équipe a décidé de le placer au ballotage en janvier dernier. Les Golden Knights l'ont alors réclamé mais ils ne lui ont fait joué que deux matchs, l'envoyant ensuite dans la AHL avec les Silver Knights d'Henderson. Il fut ensuite placé de nouveau au ballotage en mars et réclamé par les Panthers. 
 
Donc en comptant les Kings, Golden Knights et Panthers, cela fait trois équipes, soit le même nombre que deux autres joueurs cette saison, Matthew Phillips et Anthony Beauvillier. Cependant, on tranche pour Bjornfot car il aura aussi joué pour deux équipes dans la AHL, le Reign et les Silver Knights.

Dans le cas de Beauvillier, il a joué pour les Canucks, Blackhawks et Predators mais aucun match dans les mineures. Pour sa part, Phillips a commencé la saison avec les Capitals pour ensuite faire le yoyo au ballotage avec les Penguins et un retour à Washington, en plus d'un séjour avec les Bears de Hershey, donc il s'agissait véritablement de deux équipes dans son cas.

Bravo Tobias!


Encore toute une cuvée en 2023-24... On se revoit encore l'an prochain pour une autre édition.

mercredi 26 juin 2024

Gene Carr





Ce texte a d'abord été publié comme texte inédit dans notre livre «Le meilleur de La vie est une puck» en 2022. Ce livre est désormais épuisé mais demeure toujours disponible en format digital (eBook).


Fils d’un joueur de hockey qui avait joué cinq matchs avec les ­Leafs dans les années 1940, Gene ­Carr avait un coup de patin remarquable, un style flamboyant en plus d’un potentiel offensif qui suscitait la convoitise. Lors du repêchage de 1971, l’attention fut évidemment portée vers ­Guy Lafleur, choisi premier par ­Montréal, et ­Marcel Dionne, deuxième par ­Détroit. Au troisième rang, les ­Canucks se tournèrent vers le défenseur ­Jocelyn ­Guèvremont avant que les Blues ne choisissent ­Carr avec la quatrième sélection. Il fut ainsi sélectionné devant son coéquipier avec les Bombers de ­Flin ­Flon, Chuck Arnason, choisi 7e par ­Montréal, même si ce dernier avait accumulé 163 points, 59 de plus que Carr. Le potentiel de ­Carr était tel que ­Claude Ruel l’aurait apparemment préféré à ­Dionne si les Canadiens n’avaient pas repêché au premier rang.
 
Les ­Blues étant à ce moment une équipe plutôt instable, ils échangèrent ­Carr après seulement 15 matchs dans leur uniforme. Le ­directeur-gérant des ­Rangers, ­Emile ­Francis, avait vu ­Carr lui glisser entre les mains au repêchage et voulait corriger le tir. Il envoya alors à ­St-Louis ­Mike Murphy, ­André ­Dupont et Jack ­Egers en retour de ­Wayne ­Connelly, Jim ­Lorentz et ­Carr. N’ayant pas de place pour lui au centre, les ­Blueshirts l’employèrent principalement à l’aile gauche où il n’eut pas vraiment l’occasion de se mettre en valeur, en plus d’être victime de plusieurs blessures. Malgré son bon coup de patin, il s’avéra que ­Carr manquait de finition et n’avait pas la touche du marqueur. Considérant les attentes à son endroit, il devint une tête de ­Turc des impitoyables partisans new yorkais.



Le 15 novembre 1973, ­Carr et ­Mike ­Murphy prirent un taxi qui fut impliqué dans un sérieux accident de la route qui leur laissa à chacun une sérieuse commotion. Après avoir raté plusieurs matchs, ­Carr fut échangé aux ­Kings en février 1974 contre un choix de première ronde au repêchage de 1977, qui deviendra ­Ron ­Duguay.

Dans sa nouvelle ville, il y avait toujours de grandes attentes envers ­lui, bien qu’il y avait moins de pression qu’à ­New ­York. Et sur la glace, ses boucles blondes qui virevoltaient dans l’uniforme doré des ­Kings firent de lui l’un des favoris de la foule. Lors d’une entrevue pour la radio, on lui demanda quel était son groupe de musique préféré. Il mentionna alors des nouveaux venus dans le domaine, les Eagles. Il s’avéra que ­leur chanteur ­Glenn ­Frey était à l’écoute. Originaire de ­Détroit, ­Frey était un fan de hockey et prit contact avec lui. Il en découla une grande amitié. En plus de porter son chandail lors de certains concerts, ­Frey fit entrer ­Carr dans le cercle du jet set californien, où il rencontra entre autres ­Joe ­Walsh, ­Linda ­Ronstadt et ­Elvis.

En plus, ­Frey s’inspira de l’histoire de ­Carr, celle de quelqu’un qui arrive dans une nouvelle ville et envers qui il y a de grandes attentes, pour composer ce qui deviendra l’un des plus grands succès des Eagles, ­«New ­Kid ­In ­Town».





Toutefois, l’histoire se répéta pour ­Carr à ­Los ­Angeles. Relégation au troisième ou quatrième trio, attentes déçues, blessures, etc. De plus, il y avait une grande animosité entre lui et son entraîneur, ­Bob Pulford. Pour sortir de cette situation fâcheuse, il eut recours à son agent, qui représentait également les ­Eagles. ­Celui-ci exigea alors aux ­Kings d’échanger ­Carr, sans quoi les ­Eagles ne joueraient plus au Forum d’Inglewood, en banlieue de L.A. C’est finalement le 1er novembre 1977 que ­Carr fut exaucé, alors qu’il fut échangé avec ­Dave «The Hammer» Schultz aux ­Penguins en retour de ­Syl Apps Jr. et du gendre de ­Bernard ­Geoffrion, ­Hartland ­Monahan.

C’est finalement dans la ville de l’acier que ­Carr répondit quelque peu aux espoirs placés en lui, alors qu’il récolta 17 buts (en plus des deux qu’il avait marqué avec les ­Kings) et 37 passes pour 56 points. Voulant capitaliser sur ces bonnes statistiques finalement obtenues, lorsqu’il devint autonome à la fin de la saison, il signa un contrat de trois ans pour 300 000 $ (une très coquette somme à l’époque) avec les Flames d’Atlanta. Ce fut toutefois une grave erreur des Flames.

L’année débuta sur un autre accident de la route où il bousilla sa nouvelle ­Mercedes. Sur la glace, ses performances retournèrent au point de départ et l’usure des blessures continua à faire son œuvre. Il ne joua que 30 matchs avec les ­Flames et fut éventuellement assigné aux Oilers de ­Tulsa de la ­Ligue centrale.

À l’été 1979 eut lieu le repêchage d’expansion pour annexer les quatre clubs survivants de l’AMH. La LNH ne fit pas de cadeau à ces nouveaux venus et les conditions d’admission furent difficiles. 
 
Parmi les joueurs à sélectionner, il y avait une grande quantité de mauvais contrats dont les équipes en place voulaient se débarrasser. Il y avait évidemment celui de ­Carr parmi ­ceux-ci. John Ferguson, alors ­directeur-gérant des ­Jets de Winnipeg, fut le dernier à parler. Pour ses deux dernières sélections, il se contenta de dire, plutôt dépité, qu’il prenait les deux derniers, sans même nommer ­Carr et ­Hilliard ­Graves, un joueur marginal des Canucks. Carr ne joua jamais avec les ­Jets, ni pour aucune autre équipe d’ailleurs.

En 465 matchs, il marqua 79 buts (24 % durant sa seule saison 1977-78) et amassa 136 passes, pour un total de 215 points.

Il retourna alors en ­Californie, où il travailla dans les studios hollywoodiens comme coordonnateur de transport pendant 24 ans. Toutefois, ses trois opérations au cou, six au dos, deux aux genoux et un remplacement d’une hanche laissèrent des traces et il dut se déplacer avec une canne, puis des béquilles et éventuellement un fauteuil roulant. Il put toutefois bénéficier d’un traitement expérimental aux cellules souches en 2015 pour l’aider un peu.

Après avoir finalement pris sa retraite, il est décédé en décembre dernier, à l'âge de 72 ans, des complications d'une opération au dos.

Sources :

"Sam’s shrewdness, Ruel lore’s pay off" de Pat Curran, June 11, 1971, Montreal Gazette, pages 17, 20,

"Four Rangers traded for three Blues", AP, November 16, 1971, Montreal Gazette, page 13,

"Grundman sert les ouïes à Marcel Aubut" de Claude Larochelle, 14 juin 1979, Le Soleil, pC2,

"Former NHLer Gene Carr and other ex-athletes offered a clean bill of hope" d’Allan Maki, November 6, 2015, The Globe and Mail (globeandmail.com),

"The new kid in town is back" de Charlie Hodge, June 10, 2017, Kelowna Capital News (kelownacapnews.com),

"Carr dies at 72, played 465 NHL games for 5 teams", December 14, 2023 (nhl.com),

hockeydraftcentral.com, wikipedia.org.