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lundi 29 décembre 2014

Comment les Canadiens ont raté les séries en 1969-70








Les Canadiens ont probablement connu leur âge d’or pendant la période des « Original Six », de 1942 à 1967.  (voir texte du 19 août 2013)  Au cours de cette période de vingt-cinq ans, ils ont remporté dix Coupes Stanley, mais ils n’ont raté les séries qu’une seule fois, en 1947-48.

Mais la période des expansions à répétition (de 1967 à 1979) a été loin d’être mauvaise, avec huit Coupes Stanley, en plus de ne rater les séries qu’une seule fois, en 1969-70.

En effet, ce n’est qu’en 1994-95 que l’équipe rata les séries à nouveau.  C’est donc dire qu’en 46 saisons (de 1948-49 à 1993-94), le tricolore n’a raté les séries qu’une seule fois.  Mais que s’est-il passé en 1969-70?

D’abord, l’équipe était loin d’être mauvaise, puisqu’elle a gagné la Coupe Stanley l’année précédente et l’année suivante.

De plus, il faut se remettre dans le contexte.  La ligue venait en 1967 de passer d’un coup de 6 à 12 équipes, après 25 ans de stabilité.  Il y avait donc un clivage évident entre les "vieilles" équipes et les nouvelles.  Pour éviter une trop grande domination des équipes établies, la LNH s’est divisée en deux divisions : l’est (les équipes implantées : Boston, Chicago, Détroit, Montréal, New York et Toronto) et l’ouest (les équipes d’expansion : Los Angeles, Minnesota, Oakland, Philadelphie, Pittsburgh et St-Louis).  Les quatre premiers de chaque division accédaient aux séries.
Emile Francis

La fiche de 38-22-16, 92 points des Canadiens leur aurait ainsi valu le premier rang de la division ouest.  En fait, la seule équipe de l’est avec une fiche inférieure à ,500 (Toronto, avec 71 points en 76 matchs) aurait terminé deuxième dans l’ouest.

Mais cette cinquième place dans la ligue a donc aussi valu la cinquième place dans l’est aux Canadiens, ce qui leur fit rater les éliminatoires.  Mais par quelle marge?

Avant le dernier match de la saison, Montréal détenait une avance de deux points sur les Rangers, qui étaient en sérieuse perte de vitesse.  Une victoire de New York contre Détroit, combinée à une défaite des Canadiens contre Chicago, menaient à une égalité au niveau des points.  Le premier bris d’égalité était le nombre de victoires ce qui, selon le scénario mentionné plus haut, aurait aussi mené à une égalité.

Le deuxième bris d’égalité était le nombre de buts comptés, pour lequel Montréal avait un avantage de cinq.  Les Rangers se devaient donc de non seulement battre Détroit, mais ils devaient également marquer six buts de plus que Montréal en marquerait dans son match contre Chicago.

Le match des Rangers était prévu en après-midi, le jour après que les Red Wings se soient assuré une place en séries, après trois ans d’absence.  Il s’en serait suivi une fête bien arrosée.

Les Blueshirts ont donc bombardé le gardien des Wings Roger Crozier de 65 tirs en 40 minutes, pour prendre une avance de 9-3.  En troisième période, dans l’espoir de marquer encore plus de buts, l’entraîneur Emile Francis retira tout de même son gardien, Ed Giacomin, avec environ quatre minutes à faire.  La stratégie ne fonctionna pas.  Détroit compta deux fois et New York l’emporta 9-5.  Il y avait donc égalité au nombre de points et de victoires, mais New York avait compté quatre buts de plus.

En soirée, Montréal devait donc ou battre Chicago, ou annuler, ou perdre mais en comptant au moins cinq buts.

Avec 9 minutes et 30 secondes à faire en troisième période, Chicago menait 5-2.  Pour aller chercher les trois buts manquants, l’entraîneur Claude Ruel retira son gardien Rogatien Vachon.  Peine perdue.  Les Black Hawks marquèrent cinq buts dans un filet désert, pour l’emporter 10-2.
Claude Ruel

Bien que stratégiquement, en fonction des règles en place, Francis et Ruel avaient raison d’agir ainsi, la tournure des évènements tourna la ligue en ridicule.  Aujourd’hui, après les points et le nombre de victoire, on regarde d’abord la fiche entre les deux équipes, puis le différentiel de buts.  Dans des circonstances semblables, une équipe n’a donc pas avantage à accorder une grande quantité de buts dans un filet désert.

Sans ce format particulier pour accommoder les équipes d’expansion, ou avec trois buts de plus à un moment ou à un autre au cours de l’année, les Canadiens auraient ainsi fait les séries 46 fois de suite.  Par ailleurs, ces séries de 1970 avaient quelque chose d’autre de particulier.  Comme les deux équipes canadiennes de la ligue (Montréal et Toronto) ratèrent les séries, il s’agit de la seule saison de l’histoire de la LNH où le tournoi du printemps était exclusivement composé d’équipes américaines.

Mais les règles sont les règles.  Et d’ailleurs, on peut aussi bien argumenter que dans les années 1980, accéder aux séries alors que 16 des 21 équipes y parvenaient n’était pas un si grand exploit.

À noter que depuis la création de la LNH (en 1917) jusqu’en 1994, les Canadiens ont raté les séries huit fois.  Depuis, ils les ont raté sept fois (1995, 1999, 2000, 2001, 2003, 2007 et 2012).  Évidemment, il s’agit d’époques différentes, difficiles à comparer.  Mais il demeure que le contraste est frappant.

Sources :

“Got a minute? Got all summer – Ferguson” de Pat Curran, 6 avril 1970, Montreal Gazette, p.43,

“Rule may change after NHL farce”, Canadian Press, 6 avril 1970, Montreal Gazette, p.44,

wikipedia.org.

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