C’est il y a maintenant 45 ans que l’Association mondiale de hockey (AMH) a cessé ses activités. Avec ses innovations, ses coups d'éclat, mais aussi ses histoires parfois chaotiques, la ligue a dû peiner pour attirer l’attention et se démarquer de sa rivale mieux établie, la LNH.
Au niveau du titre, bien qu’elle ait donné lieu à du jeu très intéressant, avec des joueurs de qualité, la Coupe Avco n’avait évidemment pas le prestige de la Coupe Stanley. Toutefois, lors de la dernière saison du circuit maudit, il y avait un défi supplémentaire.
La fusion entre la LNH et l’AMH (ou si vous préférez l’absorption des équipes restantes de l’AMH) était dans l’air depuis un moment. Ce ne fut donc pas une totale surprise lorsque la Ligue nationale, deux semaines après avoir voté contre, a finalement voté pour la proposition, le 22 mars 1979. C’est le lendemain que le tout fut confirmé par les quatre équipes restantes de l’AMH (Edmonton, Hartford, Québec et Winnipeg, Birmingham et Cincinnati furent exclus). Par contre, à ce moment, les équipes devaient toujours disputer 13 ou 14 matchs pour compléter leur saison, avant de se lancer en séries. À quel genre de compétition devrait-on s'attendre lorsqu’on sait déjà que tout ça disparaîtra sous peu?
Au niveau des joueurs, les compétiteurs veulent gagner, mais il faut aussi garder en tête qu’il y avait beaucoup d’incertitude. Les règles ″d’expansion″ dures envers les équipes de l’AMH faisaient en sorte qu’il était loin d’être évident qu’elles parviendraient à conserver leurs joueurs. De plus, la disparition de deux équipes impliquait forcément la perte de postes. Les hockeyeurs avaient donc intérêt à ne pas lever le pied et à se faire valoir en vue de l’année suivante.
Au niveau des médias et du public, c’est un peu différent. Si on regarde par exemple pour la ville de Québec, on peut voir en consultant Le Soleil de l’époque qu’une fois la déception passée suite au balayage des Nordiques contre les Jets en demi-finale, l’espace consacré à l’AMH diminue sensiblement. La priorité est plutôt accordée aux modalités de passage des Nordiques à la Ligue nationale, avec les défis organisationnels que ça impliquait. La couverture de la finale de la Coupe Stanley, où les Canadiens avaient la possibilité de gagner un quatrième titre de suite prenait également beaucoup de place. La finale de l’AMH était donc limitée à de petits articles d’agence de presse dans des pages lointaines, les journalistes locaux étant occupés à autre chose.
La finale opposa les champions en titre, Winnipeg, contre Edmonton. À noter par contre que les Oilers (avec leur nouveau joueur, Wayne Gretzky) avaient dominé la saison régulière. Par contre, une fois en finale, si Edmonton a massacré Winnipeg à deux reprises (8-3 et 10-2), les expérimentés Jets ont remporté trois matchs serrés, avant de conclure avec une victoire de 7-3.
C’est le robuste Dave Semenko des Oilers qui a marqué le dernier but de l’histoire de l’AMH, en déjouant Gary "Suitcase" Smith.
Lors des entrevues d’après-match, l’entraîneur des Jets, Tom McVie, était déjà passé à autre chose, en mentionnant ce qu’il rechercherait pour sa future équipe de la LNH. De son côté, le richissime propriétaire des Oilers, Peter Pucklington, était tout de même déçu de la défaite, malgré le fait qu’après de longues et pénibles négociations, il avait finalement obtenu son entrée dans la Ligue nationale. Quant à Dennis Sobchuk, alors avec les Oilers et qui connut son lot de difficulté au cours de sa carrière, il rata le chant du cygne de la ligue, en raison… d’un bête empoisonnement alimentaire.
On statua alors que les Jets, qui avaient remporté trois titres en sept ans, pourraient conserver la Coupe Avco. Par contre, il y en avait trois copies. Les deux autres sont maintenant au Temple de la renommée à Toronto et en Nouvelle-Écosse.
Comme les Jets remportèrent le dernier titre du circuit maudit le 20 mai 1979, il en fut question dans les journaux de l’édition du 21 mai. Par contre, il s’agissait aussi de la journée où les Canadiens avaient la chance de terminer leur série contre les Rangers en finale de la Coupe Stanley (ce qu’ils ont effectivement fait). La dernière Coupe Avco a donc été plutôt éclipsée par la finale de la grande ligue.
Le 22 mai, les Jets ont organisé leur parade. Il s’agissait par contre aussi d’une journée d’élection fédérale, qui avait évidemment aussi beaucoup attiré l’attention pendant cette période.
Suite à la victoire des Conservateurs de Joe Clark sur les Libéraux de Pierre Elliott Trudeau, la question était plutôt de savoir si les fonds promis pour l’agrandissement du Colisée (nécessaire pour le passage à la Ligue nationale) seraient toujours disponibles.
Ils le furent. Les Nordiques passèrent donc à la Ligue nationale. On enterra ainsi discrètement l’AMH, qui fut tout de même brièvement ressuscitée plus tard.
Sources :
″La Nationale dit oui à l’expansion″, PC, Le Soleil, 23 mars 1979, page C1,
″La LNH à Québec l’automne prochain″ de Claude Larochelle, Le Soleil, 24 mars 1979, page A1,
″Les Jets en quête d’un troisième titre″, PC, Le Soleil, 10 mai 1979, page C2,
″Les Jets gagnent la première″, Le Soleil, 12 mai 1979, page C7,
″Champagne for Jets, but beer for Oilers″, CP, May 21 1979, Calgary Herald, page C2,
″Les Jets pourront garder la Coupe Avco″, UPI, Le Soleil, 22 mai 1979, page C7,
″Lamontagne croit que les conservateurs ne bloqueront pas l’agrandissement du Colisée″, PC, Le Soleil, 23 mai 1979, page A2,
″Sport en bref - Hockey″, Le Soleil, 23 mai 1979, page F5,
hhof.com.
Très intéressant : comme disait Dickie Dunn dans Slap Shot, "t'as bien saisi l'esprit de l'affaire". Merci keithacton.
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