samedi 18 juillet 2020

Tom McCarthy


Wayne Gretzky, probablement, le meilleur joueur de l’histoire, n’a jamais été repêché par une équipe de la LNH, puisqu’il est passé par l’AMH (Association mondiale de hockey). Mais dans le junior, au repêchage de 1977, il a sûrement été choisi au premier rang, n’est-ce pas? En fait, non. Les Generals d’Oshawa ont plutôt choisi Tom McCarthy. Et comme si ce n’était pas assez, les Flyers de Niagara Falls lui ont préféré quant à eux Steve Peters. Gretzky s’est donc retrouvé à Sault-Ste-Marie. Il faut dire que la Merveille avait annoncé ses couleurs et avait déclaré qu’il ne jouerait qu’un an au niveau junior, avant de signer avec l’AMH. Contrairement à la LNH, l’AMH n’avait pas de scrupules à signer un joueur à cet âge. 

En 1977-78, McCarthy amassa 97 points. Ce n’est pas mal, mais c’est beaucoup moins que les 182 points de Gretzky. Ce n’est toutefois pas la merveille qui a remporté le championnat des pointeurs, puisque Bobby Smith en a accumulé 192. 

Au repêchage de la LNH de 1978, c’est Smith qui a été choisi en premier, par les North Stars du Minnesota. À 17 ans, Gretzky aurait quant à lui dû retourner à Sault-Ste-Marie, mais tel qu’annoncé, il préféra le circuit maudit. C’est ainsi qu’il s’est retrouvé à Indianapolis, avec les agonisants Racers. Quant à McCarthy, il aurait pu aussi signé dans l'AMH, avec les Bulls de Birmingham, mais il a décliné l’offre. Il est plutôt retourné à Oshawa, où il a connu une solide saison 1978-79, amassant 144 points. Dans la Ligue de l’Ontario, seulement Mike Foligno a fait mieux, avec 150.

Lors de l’encan de 1979, il fallait faire de la place pour les joueurs de moins de 20 ans qui avaient joué dans la maintenant défunte AMH. On ne pouvait quand même pas les retourner dans le junior (surtout Gretzky). La LNH accepta donc de baisser l’âge d’éligibilité à 19 ans, mais d’admettre les joueurs de l’AMH de 18 ans. Toutefois, McCarthy, qui avait toujours 18 ans mais qui n’avait pas accepté l’offre de l’AMH l’année précédente, n’aurait pas été éligible. Estimant son client lésé, l’agent de McCarthy menaça de poursuivre la ligue. Cet imbroglio mit du temps à se régler et le temps qui s’écoula s’avéra utile. Au moment où tout a été finalement convenu et que la ligue était prête à organiser le repêchage, nous étions le 9 août, la date la plus tardive à laquelle la séance a été tenue. De façon très commode, cette date se trouvait également après le 19e anniversaire de McCarthy. Comme il avait maintenant 19 ans, il devenait éligible et la ligue évitait ainsi la poursuite. L’année suivante, en 1980, on fixa l’âge à 18 ans.

Gretzky n’était plus là pour être pris avant McCarthy, ayant été désigné comme sélection prioritaire par les Oilers. Par contre, parmi les autres joueurs qui avaient été signés en bas âge par l’AMH, il y avait Rob Ramage (1er), Mike Gartner (4e) et Rick Vaive (5e). Quant à Foligno, il a été choisi 3e. Raymond Bourque a entendu son nom au 8e rang. Finalement, McCarthy a été sélectionné au 10e rang, par les North Stars du Minnesota.

McCarthy fit l’équipe immédiatement. Sa récolte de 36 points n’était pas si mal, mais c’était tout de même 101 de moins que Wayne Gretzky. Par contre, comme la Merveille avait joué dans l’AMH l’année précédente, il n’était pas éligible au titre de recrue de l’année. C’est plutôt Raymond Bourque, avec 65 points, qui se mérita le Trophée Calder.

Au cours de la saison, McCarthy fut blessé aux côtes, ce qui était un avant-goût de ce qui allait suivre, puisqu’il subit au fil de sa carrière de nombreuses blessures. La saison fut toutefois couronnée par un parcours en séries intéressant. Après avoir raté les éliminatoires cinq fois en six ans, le Minnesota a atteint le troisième tour pour la première fois de son histoire. À noter qu’au deuxième tour, les North Stars ont eu la distinction de mettre fin aux espoirs des Canadiens de remporter une cinquième Coupe Stanley consécutive. Ce sont finalement les Flyers qui les empêcheront d’atteindre la finale. Ce ne fut toutefois que partie remise, puisqu’en 1981, ils y parvinrent, mais ils durent alors s’incliner devant les irrésistibles Islanders. 

C’est finalement à sa quatrième saison que McCarthy put finalement disputer une saison qui ne fut pas raccourcie par les blessures. Alors qu’il était sur le même trio que Dino Ciccarelli et Neal Broten, il en profita alors pour amasser 76 points, son sommet en carrière. Il s’agissait tout de même de statistiques très respectables qui lui permirent de participer au match des étoiles, bien que nous étions dans les très offensives années 1980. (En passant, en 1982-83, Wayne Gretzky a remporté le Trophée Art Ross avec 196 points.) 

En 1983-84, il eut une saison presque complète, où il marqua 39 buts, un autre sommet personnel. Néanmoins, c’est en avril qu’il subit une autre blessure. Pour que cela arrive, il n’a même pas eu à aller sur la patinoire, puisqu’elle résulta d’un accident de la route… À son retour en séries, il entra en collision avec le but et se fractura un os du dos. 

En novembre 1985, encore une fois, il n’eut pas besoin de jouer au hockey pour avoir des ennuis de santé, alors qu’il fut victime d’une paralysie de Bell qui lui paralysa une partie du visage. 

C’est finalement en mai 1986 que le séjour tumultueux de McCarthy au Minnesota, qui a compris un combat avec l’alcoolisme qui a mené un séjour dans une clinique, s’est terminé lorsqu’il a été échangé aux Bruins. 

À sa première saison à Boston, selon ses standards, McCarthy joua relativement beaucoup (68 matchs) et marqua 30 buts. 

L’année suivante fut différente, alors qu’en plus d’un séjour dans la Ligue américaine, il joua plus de matchs en séries (13) qu’en saison régulière (7). Les Bruins atteignirent la finale, mais s’inclinèrent contre les Oilers. Ce fut alors la fin de sa carrière dans la LNH, puisqu’en 1988-89, il joua quelques matchs en Italie, avant de prendre sa retraite, les blessures ayant fait leur œuvre. 

Il retourna ensuite au Minnesota, où il avait ouvert un restaurant.  Les abus d’alcool et de marijuana abondèrent et il se mit à fréquenter un ami, qui était en fait un trafiquant de drogue. 

En 1994, McCarthy dut rendre un "service" à son "ami" pour payer une dette.  Alors qu’il devait transporter une cargaison de 150 livres de marijuana de la Californie au Minnesota, il fut arrêté. Condamné, il débuta de purger sa peine dans un pénitencier au Kansas, où il mit sur pied un programme de hockey et où il fit ainsi d'une certaine façon ses débuts comme entraîneur. Suite à des démarches de son père, il put terminer sa peine de cinq ans au Canada. 

Par la suite, il trouva sa voie en étant entraîneur de plusieurs équipes mineurs, au niveau junior A entre autres, dans la région de Muskoka, sur la baie Georgienne. Il veilla alors à enseigner aux jeunes, autant à propos du hockey que de ce qui se passe à l’extérieur. Il travailla aussi brièvement en Roumanie. 

Sources :

Willes, Ed, The Rebel League, the short and unruly life of the World Hockey Association, McClelland & Stewart, 2004, p.217-224,

McIndoe, Sean, The Down Goes Brown History of the NHL, Random House Canada, 2019, p.78-79,

"Simmons: The time that Gretzky wasn’t first pick" de Steve Simmons, May 26, 2020, Toronto Sun (torontosun.com),

hockeydraftcentral.com, wikipedia.org.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire