Ça fait un bail qu'on a pas fait un sondage sur ce blogue. C'était une pratique plus courante à nos débuts mais sans savoir pourquoi, on a un jour arrêté d'en faire. On a par exemple sondé la population à savoir qui était le meilleur entre Merlin Malinowski ou Terry Ruskowski, Jari Kurri ou Teemu Selanne ou encore entre les 6 ou 7 frères Sutter. Sinon la dernière fois c'était en 2017 pour élire les membres de notre illustre Top 100 des joueurs aux noms les plus drôles.
Donc pour terminer cette autre année de contenu LVEUP, je compte reprendre la tradition ici avec une question qui vous tiraille probablement autant que moi depuis des années, à savoir…
«Quel est votre joueur préféré entre Lucien DeBlois et Mario Marois?»
Ces deux joueurs, en plus d'avoir un nom de famille avec la même terminaison, ont également eu des carrières étrangement similaires, ce qui fait que je les ai souvent confondus. Il faut aussi dire que je ne les ai jamais vu jouer à l'époque, étant trop jeune. Donc si vous êtes un vieux de la vieille et êtes offusqués que je ne connaisse pas assez ces joueurs, retenez-vous de me lancer des roches svp…
La principale différence entre les deux est que Marois était défenseur tandis que DeBlois était attaquant. Mais leurs nombreuses similitudes font quand même en sorte que c'est vraiment difficile de les différencier. C'est même assez hallucinant car plus je creuse et plus je trouve des ressemblances et des parcours similaires. Les deux sont nés en 1957, les deux ont été capitaines d'équipes canadiennes dans les années 80, les deux avaient un «pinch» (DeBlois plus que Marois), les deux ont joué pour les Rangers, les Nordiques et les Jets, et quelquefois en même temps comme coéquipiers. Les deux ont terminé leur carrière en 1992. Et fait très inusité, les deux ont accompli un «double-retour», ce rare exploit où tu retourne deux fois à une ancienne équipe…
Donc essayons ensemble de démêler tout ça et ensuite vous pourrez voter pour votre préféré…
Lucien Deblois # 35 - Rangers de New York |
Mario Marois #25 - Rangers de New York |
Lucien DeBlois (né Joseph Lucien Jean Gonzague DeBlois) est né à Joliette le 21 juin 1957.
Mario Marois est pour sa part né à l'Ancienne-Lorette le 15 décembre de cette même année 1957.
DeBlois débute dans la LHJMQ en 1973-74 avec les Éperviers de Sorel tandis que Marois arrive en scène la saison suivante avec les Remparts de Québec. Les deux joueurs deviendront ensuite capitaine de leur équipe respective, DeBlois en 1975-76 et Marois en 1976-77.
Lors de sa dernière saison, avec une récolte de 134 points dont 56 buts, DeBlois remporte le trophée Michel-Brière, remis au joueur le plus utile de la ligue. Les deux seront plus tard admis au Temple de la Renommée de la LHJMQ, DeBlois en 2009 et Marois en 2016.
Les deux joueurs figurent sur les listes des meilleurs espoirs du junior canadien et sont ensuite sélectionnés au repêchage de 1977, tous les deux par les Rangers de New York. DeBlois est le premier choisi au 8e rang tandis que Marois est sélectionné en 4e ronde (62e au total). DeBlois est le seul des deux à être aussi repêché dans l'AMH, avec les Nordiques. Bien qu'il ne fut pas un flop, la sélection de DeBlois fut plus tard critiquée par les fans et les journalistes newyorkais car comme plusieurs autres équipes, ils auraient pu sélectionner Mike Bossy qu'ils ont plutôt perdu aux mains de leurs grands rivaux, les Islanders, au 15e rang.
Les deux font ensuite leurs débuts professionnels à New York en 1977-78. DeBlois passera toute la saison avec les Rangers, récoltant 22 buts et 8 passes pour 30 points. Marois ne joua pour sa part que 8 matchs et passa le reste de la saison dans la ligue américaine. Il récolta toutefois 1 but et 1 passe lors de son premier match dans la LNH.
Les deux sont ensuite à temps plein dans la LNH en 1978-79, saison durant laquelle ils parviendront à la finale de la Coupe Stanley contre les Canadiens. Cependant, leur séjour à New York prendra fin assez vite par la suite, DeBlois étant échangé aux Rockies du Colorado en novembre 1979 tandis que Marois fut échangé aux Canucks de Vancouver un an plus tard, soit en novembre 1980.
Ces nouveaux environnements seront également très brefs pour les deux joueurs, DeBlois étant échangé de nouveau aux Jets de Winnipeg durant l'été 1981 (en retour de Brent Ashton) tandis que Marois ne joua que 50 matchs à Vancouver avant de terminer la saison 80-81 avec les Nordiques de Québec.
DeBlois jouera d'abord 3 saisons à Winnipeg, étant nommé capitaine de l'équipe a début de la saison 1982-83. Avec les Jets, il connaitra sa meilleure saison en carrière en 1983-84 avec 34 buts et 45 passes pour un total de 79 points.
De son côté avec les Nordiques, Marois devint également capitaine peu après DeBlois, alors qu'il hérita du «C» en 1983-84 suite à la retraite de son prédécesseur André Dupont. Comme DeBlois, il connaitra en 1983-84 son meilleur rendement offensif pour les buts avec 13 et un total de 49 points.
À la fin de la saison 83-84, DeBlois était en impasse contractuelle à Winnipeg et il fut donc échangé de nouveau, cette fois-ci aux Canadiens de Montréal en retour de Perry Turnbull. Après son sommet en carrière la saison précédente, la production de DeBlois chuta dramatiquement en 1984-85, passant de 79 points à seulement 23. Il fut toutefois grandement importuné par une blessure qui lui fit rater 29 matchs. Il espérait revenir en force en 1985-86 mais ce fut le même scénario qui se répéta avec 31 points en 61 matchs. Il put toutefois terminer la saison en beauté en aidant le tricolore à remporter sa 23e Coupe Stanley au printemps 1986. Il ne fut toutefois utilisé que sporadiquement et ne récolta aucun point en 11 matchs durant ces séries.
Suite à cette conquête de 1986, le Canadien libéra DeBlois. Maintenant agent libre, il passa bien près de signer un contrat avec les Nordiques mais préféra finalement retourner avec les Rangers car de son propre aveu, l'option de payer moins d’impôts était plus alléchante, un refrain redondant depuis maintenant plusieurs décennies pour les équipes canadiennes.
Après un mauvais début de saison en 1985-86 et des différends contractuels avec leur capitaine, les Nordiques échangèrent Marois à l'ancienne équipe de DeBlois, les Jets, au début de la saison 1985-86 en retour de Robert Picard. Apparemment que lorsqu'il a appris la nouvelle, Marois était furieux et aurait volé son chandail en quittant le Colisée en criant que personne ne porterait plus son numéro…
Étrange anecdote à propos de cet échange, dans l'édition du Soleil du lendemain, Maurice Fillion déclare qu'il a préféré annoncer la nouvelle à Marois juste avant le match du même soir, contre les Flames. Marois aurait alors demandé s'il avait à jouer ce match quand même, suite à quoi Fillion lui aurait dit qu'il n'était pas obligé…
Il me semble que c'est aberrant de savoir que ce genre de trucs pouvait arriver à l'époque. Si tu échanges ton joueur, il est assez clair que tu ne peux plus le faire jouer, même si l'autre joueur n'est pas encore arrivé. Et si Marois se serait blessé durant ce match avec «pas sa bonne équipe»? Ou s'il avait été tellement furieux qu'il aurait décidé de jouer comme un pied ou, on sait jamais, de marquer dans son propre but?
Anyway, ça demeure une histoire assez «Nordiquienne»...
Marois connut de bons moments à Winnipeg, dont son sommet en carrière avec 51 points en 1987-88. Mais désirant se renforcer en défensive durant la saison 88-89, les Nordiques réparèrent l'erreur d'avoir chassé Marois de Québec en ramenant leur ancien capitaine au bercail en décembre 1988 en retour de l'homme fort Gord Donnelly.
Et parlant de retour au bercail, les Nordiques continuèrent dans cette même veine durant l'entre-saison en récupérant l'entraîneur Michel Bergeron. Ce retour de Bergeron à Québec fut un gros facteur pour la venue de deux autres québécois avec les Nordiques en 1989-90. Il y avait bien sûr Guy Lafleur, qui après un an avec les Rangers décida de venir terminer sa carrière à Québec, mais il y avait aussi un ancien coéquipier de Lafleur et un ancien joueur évoluant sous les ordres de Bergeron à New York qui décida de revenir au Québec, nul autre que Lucien DeBlois.
N'ayant jamais retrouvé l'élan offensif démontré lors de ses années avec les Jets, DeBlois était désormais campé comme avant défensif, n'atteignant que la trentaine de points annuellement. Donc après ces trois années passées à New York, il redevint coéquipier de Marois à Québec.
Comme on l'a vu précédemment, il s'agissait d'une longue période de séduction pour enfin voir DeBlois avec les Nordiques, eux qui l'avaient repêché en 1977 alors qu'ils étaient encore dans l'AMH et qui l'ont ensuite presque signé en 1986.
Cependant, comme les carrières de ces deux joueurs étaient sur la pente descendante et que les Nordiques n'allaient vraiment nulle part, ces séjours ne firent pas long feu, quoique à ce stade-ci de l'histoire, ils devaient être assez habitués... Marois rata de plus en plus de matchs dû à des blessures et DeBlois ne connut qu'une saison de 17 points.
Après cette saison 1989-90 catastrophique (pire fiche de leur histoire de 12-61-7) et un début de saison 90-91 qui n'annonçait rien de mieux, les Nordiques décidèrent de larguer du bois mort et de vraiment faire un virage jeunesse. Marois fut placé au ballottage et réclamé par les Blues de St-Louis en octobre 1990, tandis que DeBlois fut inclus dans un échange avec Aaron Broten et Michel Petit qui permit aux Nordiques d'obtenir Scott Pearson des Maple Leafs.
Les deux joueurs continuèrent donc leur chemin avec une nouvelle équipe jusqu'à ce qu'ils effectuent tous les deux ce double-retour discuté au début du texte. Les Jets de Winnipeg rapatrièrent les deux joueurs durant la saison 1991-92, obtenant d'abord Marois des Blues en novembre 1991 en retour de considérations futures tandis que Deblois fut obtenu des Leafs pour conclure la saison en mars 1992.
Ayant commencé leur carrière ensemble au début de la saison 1977-78, les deux joueurs jouèrent également leur dernier match régulier dans la LNH ensemble le 16 avril 1992, quoique DeBlois joua 5 matchs en séries tandis que Marois ne fut pas utilisé par les Jets.
En 993 matchs dans la LNH, Lucien DeBlois aura récolté 249 buts et 276 passes pour 525 points.
En 955 matchs dans la LNH, Mario Marois aura récolté 76 buts et 357 passes pour 433 points.
Les deux joueurs continuèrent dans le domaine du hockey après leur départ de la LNH. Marois joua une dernière saison en 1992-93 comme joueur-entraîneur adjoint dans la ligue américaine avec les Canucks d'Hamilton avant de passer derrière le banc comme assistant avec l'équipe la saison suivante. DeBlois pour sa part devint entraîneur-chef des éphémères Alpines de Moncton de la LHJMQ en 1995-96 avant de devenir assistant-entraîneur avec les Blades de Kansas City dans la IHL.
Parlant de la IHL, les deux anciens coéquipiers furent réunis en juillet 1998 pour occuper de hautes fonctions avec les Bulldogs de Québec, anciennement connus sous le nom des Rafales de Québec, Marois comme entraîneur-chef et DeBlois comme directeur-général. Mais l'équipe fut dissoute rapidement, soit moins d'un mois après cette annonce. Pourquoi annoncer de nouveaux dirigeants si l'équipe est même pas censé survivre? Je doutais vraiment de la véracité de cette histoire, ne l'ayant trouvé que sur Wikipedia et nulle part ailleurs. Mais c'était avant de rechercher ces faits sous ce nom des «Bulldogs» que j'ignorais, et non des Rafales, que j'ai pu confirmer le tout. Faudrait vraiment que je me penche sur le cas des Rafales un jour...
Les deux se retrouvèrent toutefois du boulot, DeBlois comme dépisteur avec les Mighty Ducks, tandis que Marois devint entraîneur du Grand Portneuf de Pont-Rouge dans la ligue Semi-Pro, ancêtre de la LNAH. Il devint par la suite dépisteur à son tour, avec les Canucks, où il retrouva pour la 1000e fois DeBlois sur son chemin, alors que ce dernier devint également dépisteur pour les Canucks en 2005. Il occupa ces fonctions jusqu'en 2017. Quant à lui, Marois fut également dépisteur pour les Hurricanes et les Red Wings et l'aréna de l'Ancienne-Lorette a été nommé en son nom depuis sa retraite.
Donc sans plus tarder, il est temps pour vous de voter:
Sources:
Savard: Lucien créera un meilleur équilibre, La Presse, 14 juin 1984
«Je pense que les amateurs n'ont pas encore vu le vrai Lucien Deblois», La Presse, 21 septembre 1985
Lucien DeBlois retourne avec les Rangers, La Presse, 11 septembre 1986
Échangé aux Jets contre Picard, Marois furieux, Le Soleil, 27 novembre 1985
Les Rafales sont morts, place aux Bulldogs!, La Tribune, 24 juillet 1998
Bel article, merci.
RépondreSupprimerAvez-vous remarqué la jolie coquille d'une des cartes O-Pee-Chee? Mario Marios...