La International Hockey League était une ligue professionnelle mineure qui débuta ses activités en décembre 1945. Elle était alors composée de seulement quatres équipes situées à Detroit et à Windsor. L'aspect "international" de la ligue était donc limité aux quelques 3 ou 4 kilomètres de frontière qui séparent les deux villes... Au départ, il ne s'agissait que d'une ligue Senior dont l'humble mission était de redonner la chance à des joueurs de jouer au retour de la 2e guerre mondiale et aucune de ces équipes n'était affiliée avec un club de la LNH. Quelques équipes s'ajoutèrent au cours des années suivantes et remplacèrent éventuellement les équipes originales de Windsor et Detroit. On commença à voir de nouvelles équipes dans les états voisins comme l'Ohio, le Wisconsin, l'Indiana et même le Kentucky. On vit apparaitre également quelques nouvelles équipes canadiennes à Chatham et Sarnia en Ontario. Le trophée de championnat de la IHL était nommé la Turner Cup en l'honneur de l'ex-gardien Joe Turner, originaire de Windsor et ancien des Red Wings avec qui il ne joua qu'un seul match. Turner mourut en action pour l'armée américaine durant la guerre.
Le Detroit Auto Club (1945-1951) Une des équipes fondatrices de la IHL |
C'est au début des années 50 que la ligue prit vraiment son envol et où l'on vit apparaitre quelques-unes de ses franchises les plus connues comme les Mohawks de Cincinnati (texte du 2 août 2011), les Mercurys de Toledo et les Komets de Fort Wayne (texte du 11 mai 2009). C'est aussi à cette époque que commencèrent les affiliations avec la grande ligue. Les Mohawks étaient d'ailleurs un des club-écoles du Canadien dans les années 50 et ils remportèrent la Turner Cup durant 5 années d'affilée, un record. D'autres tentatives d'expansions furent tentées dans d'autres états plus à l'ouest comme l'Iowa, le Minnesota, le Colorado et le Nebraska mais la plupart de ces nouvelles franchises ne firent pas long feu et le coeur de la ligue demeura dans la "Rust Belt" principalement dans les états de l'Ohio, de l'Indiana et du Michigan ainsi que le sud de l'Ontario. Le nombre d'équipe oscillera entre 5 et 9 équipes durant la décennie.
Les Mercurys de Toledo (1947-1962) |
Pendant les années 60 et 70, la qualité du jeu avait grandement augmenté et on considérait la IHL au même niveau que la ligue américaine. On y retrouvait de plus en plus de club-écoles affiliés à la LNH, surtout avec les nombreuses expansions et l'arrivée de l'AMH en 1972. Cependant, l'aspect "international" de la ligue disparut en 1963 après la fin des franchises de Windsor et de Chatham. On dut attendre 30 ans avant de revoir une équipe canadienne dans la IHL. Pendant les années 60 et 70 on vit apparaitre d'autres équipes emblématiques comme les Zephyrs de Muskegon (plus tard connus sous le nom des Mohawks et des Lumberjacks), les Flags de Port Huron ainsi que les Generals de Flint et les Wings de Kalamazoo.
Flags de Port Huron 1962-1981 |
Comme on le sait, le hockey traversa une période faste à partir de la fin des années 60 alors que de nombreuses expansions et de nouvelles ligues arrivèrent sur la scène (texte du 19 août 2011). Cette dilution du talent causa la perte de plusieurs ligues mineures au fil des années. Mais la IHL s'en sortait plutôt bien et tenta de profiter du départ de l'AMH, de la WHL(Western Hockey League) et la CHL (Central Hockey League) pour entamer sa propre grande expansion dans les années 80 en s'accaparant plusieurs de ces marchés délaissés par ces ligues défuntes et d'autres abandonnés par la LNH. De nouvelles équipes s'implantèrent dans des marchés majeurs entres autres à Atlanta, Cleveland, Denver, Houston, Kansas City, Las Vegas, San Diego et San Francisco. La IHL absorba également trois des équipes de la CHL après la disparition de cette dernière en 1984. La ligue installa aussi des équipes dans des marchés déjà occupés par la LNH comme Chicago, Detroit et Los Angeles. Ces expansions furent initialement un succès pour l'ambitieuse IHL, qui au début des années 90, rivalisait désormais avec la AHL pour la position de meilleure ligue mineure en amérique. Elle innova également en devenant la première ligue à éliminer les matchs nuls avec l'implantation de la fusillade en 1986.
Ces idées de grandeur et ces incursions en territoire ennemi causèrent des tensions entre la IHL et la LNH. Durant la grève des joueurs de 1994 dans la LNH, plusieurs joueurs gardèrent la forme et un revenu salarial en s'alignant dans la IHL et il fut spéculé que la IHL tentait de compétitionner directement avec la LNH et de devenir un circuit majeur. Quelques joueurs se servaient aussi de la IHL pour négocier de meilleurs contrats avec leurs équipes de la LNH. Ce fut le cas du gardien Curtis Joseph qui en 1995-96 était en dispute contractuelle avec les Blues de St.Louis et joua quelques matchs avec l'équipe de la IHL à Las Vegas en attendant. Nikolai Khabibulin fit de même durant la saison 1998-99 qu'il passa au complet avec les Ice Dogs de Long Beach en attendant de terminer son contrat avec les Coyotes de Phoenix. Il remporta d'ailleurs de trophée du joueur le plus utile de la ligue cette année-là et il fut plus tard exaucé et échangé au Lightning de Tampa Bay.
Curtis Joseph avec le Thunder de Las Vegas (1995) |
En retribution à l'attitude de la IHL, plusieurs équipes de la LNH terminèrent leurs associations avec les clubs de la IHL et préféraient dorénavant la AHL pour héberger leurs club-écoles. La AHL était demeurée en bons termes avec la grande ligue et elle misait davantage sur le développement de joueurs pour la LNH contrairement à la nouvelle attitude égocentrique de la IHL. Une des habitudes néfastes des équipes de la IHL durant cette période d'expansion était de surpayer des joueurs moyens (borderline LNH ou has-beens) au lieu de développer de jeunes joueurs. Par exemple, la AHL avait une limite par équipe de 6 joueurs ayant joué 260 matchs dans la LNH tandis que la IHL n'avait pas ce genre de règlement.
Par exemple, voici quelques joueurs familiers qui s'accrochaient dans la IHL en 1996-97; Kip Miller, Dave McLlwain, Jim Paek, Petr Klima, Pat Elynuik, Paul Broten, Tim Chevaldae, Rob Brown, Troy Murray, Phil Bourque, Wendell Young, Tony Hrkac, Chris Kontos, Vincent Riendeau, Jimmy Carson, Allan Bester, Paul Dipietro.
D'autres problèmes se pointèrent à l'horizon pour les équipes de la IHL alors que les déficits s'accumulèrent et les frais pour ces nouvelles équipes d'expansion ne faisaient qu'augmenter. Pendant ce temps, la LNH procédait à plusieurs expansions et remaniements de son côté. La LNH retourna effectivement au Colorado, à Atlanta et au Minnesota et continua à grandir dans le sud avec des équipes au Texas et en Arizona entres autres. La IHL tenta de récupérer ces marchés délaissés par la LNH en transférant des équipes à Québec (les Rafales) et à Winnipeg (le Moose du Manitoba), ramenant des équipes au Canada pour la première fois depuis 1963 mais en vain, le dommage était déjà fait. Si certains se demandent pourquoi les Rafales n'ont pas fonctionné et bien une partie de la réponse était la situation de la ligue elle-même...
Les Rafales de Québec (1996-1998) |
L'expansion massive de la IHL se révéla être un cas classique de l'expression "avoir les yeux plus gros que le ventre". Les plus petits marchés (autrefois la colonne vertébrale de la ligue) perdaient de l'argent tandis que l'attrait de la nouveauté dans les nouveaux et plus grands marchés s’essoufflait. De plus, la IHL s'étendait désormais partout en amérique; de Winnipeg à
la Floride jusqu'au Texas et la Californie. Par conséquence, les coûts de transport
étaient donc plus élevés. Quelques-unes de ces équipes de petits marchés cessèrent leurs opérations tandis que d'autres changèrent de ligue. C'est le cas des Komets de Fort Wayne qui déménagèrent dans la UHL (United Hockey League) en 1999. L'origine de la UHL, anciennement connue sous le nom Colonial Hockey League, ressemble étrangement à celle de la IHL alors qu'il ne s'agissait à la base qu'une ligue de quelques équipes au Michigan et en Ontario. La UHL s'établit ensuite dans plusieurs des marchés délaissés par la IHL comme Flint, Muskegon, Saginaw et Port Huron ce qui causa un problème à la IHL qui ne pouvait plus retraiter dans ces plus petits marchés en cas de transfert d'équipes. Non seulement la IHL avait perdu sa saveur "régionale", elle avait échoué à devenir un rival de la LNH et ne pouvait désormais même plus retrouver ses bases dans de plus petits marchés. Au tournant du milénaire, avec la présence de la LNH, la AHL, la ECHL, une nouvelle version de la CHL et maintenant la UHL, la International Hockey League dut se rendre à l'évidence et déclarer forfait. Elle cessa ses opérations après la saison 2000-01. Cette décision fut renforcée par les hauts dirigeants de la LNH et de la AHL qui insistèrent pour que les ligues mineures soit plus stables et mieux contrôlées avec comme but principal de développer de jeunes joueurs pour la grande ligue.
Solar Bears d'Orlando (1995-2001) Derniers champions de la Turner Cup |
Six des plus fortes franchises de la IHL furent transférées dans la AHL. Trois de ces équipes sont toujours en place soit les Admirals de Milwaukee, les Wolves de Chicago et les Griffins de Grand Rapids. Les derniers champions de la Turner Cup furent les Solar Bears d'Orlando en 2001. Cette équipe fut ressuscitée 10 ans plus tard dans la ECHL. En 2007, la UHL changea de nom et reprit le nom vacant de la International Hockey League mais cette ligue disparut également à son tour en 2010. Quelques équipes de la nouvelle IHL tranférèrent dans la CHL qui à son tour fut absorbée dans la ECHL en 2014 comme quoi la roue tourne constamment dans les ligues mineures...
1945-2001 |
Sources:
wikipedia
http://hockeyprograms.blogspot.ca/
hockey's future
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