lundi 23 octobre 2023

Gloire et misère: Boston

 


Chaque franchise de la LNH ayant connu des hauts et des bas, j'ai pensé analyser chaque franchise sous deux angles différents, soit ses années de gloire (l'âge d'or) d'un côté et ses années de misère de l'autre (l'âge de crotte), tout en omettant en grande partie de parler des années «normales». Bien sûr, on peut souvent retrouver plus d'un âge d'or ou âge de crotte. Et vous allez voir que parfois la «gloire» et la «misère» sont relatives selon l'équipe. Genre que je sais pas trop ce que ça va donner côté gloire pour les Blue Jackets mais on verra rendu là.

J'ai en même temps établi quels ont été les différents «No man's land» de la LNH au cours des années, soit les pires endroits où on pouvait se retrouver comme joueur et/ou comme fan.

Aujourd'hui, on part dans une direction totalement opposée du dernier chapitre déstabilisant des Coyotes, avec une franchise pas mal plus stable.

Cliquez ici pour les chapitres précédents:
Anaheim, Arizona

 

Bruins de Boston

Années de gloire: 1926-27 à 1942-43
Première équipe américaine de l'histoire de la LNH en 1924, les Bruins ratèrent les séries à leur deux premières années mais c'était compréhensible en tant qu'équipe d'expansion. Ils devinrent rapidement compétitifs et dominants par la suite, avec des joueurs comme Dit Clapper, Cooney Weiland et Eddie Shore en plus du gardien Tiny Thompson. Ils s'inclinèrent en finale à leur troisième saison, soit en 1926-27 contre les Sénateurs d'Ottawa, pour ensuite remporter leur première coupe en 1929. Ils terminèrent ensuite la saison 1929-30 avec une fiche ridiculement bonne de 38-5-1 durant cette saison de 44 matchs, une des meilleures fiches de l'histoire, mais perdirent en finale contre les Canadiens.


Les Bruins, champions de 1939

Ils redescendirent un peu sur terre lors des saisons suivantes avec des saisons moyennes, et deux exclusions des séries en 31-32 et 33-34. Ils redevinrent toutefois une puissance vers 1935 avec l'arrivée entre autres de Babe Siebert, Bill Cowley et Milt Schmidt. Tout cela mènera à deux autres championnats pour les Bruins, d'abord en 1939 et ensuite en 1941. 

Les années suivantes furent ensuite difficile avec plusieurs joueurs qui partirent au front. Ils se rendirent de nouveau en finale en 1943 dans une cause perdante contre Détroit et c'en était pas mal terminé pour cette époque chez les Bruins.

Joueur emblématique de cette période: Eddie Shore
Meilleur défenseur des débuts des Bruins, Eddie Shore inculqua en quelques sorte cette identité d'équipe robuste et redoutable chez les Bruins. Récipiendaire du trophée Hart en 1933, 1935, 1936 et 1938, seul Gordie Howe et Wayne Gretzky l'auront gagné plus souvent.

Années de misère: 1959-60 à 1966-67
ALERTE NO MAN'S LAND
L'époque «Original 6» suivant le départ des Americans de New York en 1942 fit des Bruins une équipe de deuxième ordre durant cette époque où la LNH était plus ou moins une «ligue à deux vitesses» selon mon cher collègue keithacton qui vous explique cela ici.

Équipe moyenne après les années Clapper/Shore discutées plus haut, les Bruins étaient tout de même présents durant les années 50, se rendant par exemple en finale en 1946, 1953, 1956 et 1957, à chaque fois dans une cause perdante. Mais leurs dirigeants n'avaient comme ordre que de les rendre juste assez compétitifs pour remplir le Garden de Boston les soirs où les dominants Celtics de la NBA ne jouaient pas. Ce qui fit qu'on retrouvait chez les meilleurs pointeurs des Bruins durant ces années des noms éternels comme Fleming Mackell, Ed Sanford et Paul Ronty.

L'équipe tomba toutefois définitivement dans les bas-fonds à partir de 1959-60, ratant les séries pour les 8 années suivantes et terminant en dernière place à chaque saison entre 1960-61 et 1966-67, à l'exception de 1965-66 où ils terminèrent avec un seul point de plus que les Rangers, la deuxième pire équipe durant cette période, ce qui confirme l'équipe comme No Man's land durant ces quelques années. La pire saison de l'équipe durant cette période fut celle de 1961-62 qu'ils terminèrent avec une fiche de 15-47-8.

Bref, c'est un peu ingrat de déclarer un No man's land dans une ligue à 6 équipes, je crois que n'importe quel joueur se considérait chanceux de jouer dans la LNH avec si peu d'emplois disponibles. Mais quand même parmi ces 6 c'était la pire pendant presque toute cette décennie.


Joueur emblématique de cette période: Johnny Bucyk
Arrivé avec l'équipe en 1957, Johnny Bucyk connaitra à la fois l'âge d'or et l'âge de crotte des Bruins, étant présent en tout temps jusqu'en 1977-78, alors qu'il se retira à l'âge vénérable de 42 ans avec 1369 points au compteur et une place au temple de la renommée quelques saisons plus tard. Durant cette période sombre 1959-1967, il termina quatre fois au premier rang pour les points chez les Bruins, en plus de participer au match des étoiles à trois reprises.

Années de gloire: 1967-68 à 1995-96
Oui je ratisse large ici avec une période de «gloire» de presque 30 ans. Mais contrairement à plusieurs équipes, la manière dont les Bruins sont demeurés compétitifs durant ces trois décennies est exemplaire et on ne peut pas dire qu'il y a eu beaucoup de moments faibles durant cette période.

Cela commença avec l'arrivée prodigiale de Bobby Orr en 1966, ensuite des Phil Esposito, Gerry Cheevers, Wayne Cashman, Ken Hodge, etc et les deux conquêtes des puissants «Big Bad Bruins» en 1970 et 1972. Ensuite ce fut l'arrivée d'un autre puissant défenseur et futur membre du temple du nom de Raymond Bourque pour la saison 1979-80. Ensuite Rick Middleton (arrivé avant Bourque), Cam Neely, Adam Oates etc... 

Bref, on ne peut pas dire que les Bruins et leurs fans ont fait pitié, même après qu'ils aient arrêté de gagner des coupes. Ils se sont d'ailleurs rendus en finale à plusieurs reprises durant cette période, soit en 1974, 1977, 1978, 1988 et 1990.

De plus, leurs 29 participations consécutives aux séries représentent toujours un record du Big 4 nord-américain, ce qui justifie également mon «large ratissage».

Joueurs emblématiques de cette période: Bobby Orr / Raymond Bourque
À eux deux, Orr et Bourque représentent 44% des récipiendaires du trophée Norris durant cette période de 29 ans. Orr l'a gagné chaque saison de 1967-68 à 1974-75 soit 8 fois, tandis que Bourque l'a remporté en 86-87, 87-88, 89-90, 90-91 et 93-94.

Années de misère: 1996-97 à 2006-07
Les Bruins non seulement ratèrent finalement les séries en 1996-97 mais en plus ils terminèrent derniers avec une fiche de 26-47-9. Et malgré un retour l'année suivante ainsi qu'un trophée Jack Adams pour l'entraîneur Pat Burns, cela ne fut que temporaire et ils les ratèrent à nouveau en 1999-00 et 2000-01. Tout cela mena au départ de Raymond Bourque qui fut gracié par le DG Harry Sinden en étant échangé à une équipe aspirant aux grands honneur au printemps 2000.

Malgré quelques bonnes saisons par la suite, c'était portes tournantes chez les entraîneurs et également beaucoup d'instabilité dans les buts. Ils étaient parfois excellents en saison, pour ensuite subir des éliminations hâtives, dont deux fois aux mains d'une équipe négligée du Canadien (2002 et 2004) qui faisait les séries par la peau des fesses, ce qui était assurément très insultant pour les fans des Bruins.

Le retour du lock-out ne fut pas meilleur alors que l'équipe retourna en dehors du portrait des séries en 2005-06 et 2006-07.


Joueur emblématique de cette période: Joe Thornton
Premier choix au total obtenu lors de la saison passée au dernier rang en 1996-97, le capitaine Joe Thornton deviendra malgré lui le visage de cette équipe sous-performante des Bruins du tournant du millénaire. Cela mena à la transaction malfamée de 2005-06 où il passa aux Sharks et deviendra le seul jour de l'histoire à terminer champion pointeur en ayant joué pour deux équipes durant la saison.

Années de gloire: 2007-08 à 2013-14 / 2017-18 à maintenant
Après l'ajustement post-lockout et ces deux saisons hors des séries, les Bruins redevinrent aussitôt compétitifs après l'embauche de Claude Julien avant la saison 2007-08. L'équipe progressa rapidement par la suite, remportant finalement de nouveau les grands honneurs en 2011 contre les Canucks, terminant une disette de 39 ans à Boston.

Ils retournèrent ensuite en finale dans une cause perdante contre les Blackhawks en 2013, suivi d'une autre saison au sommet en 2013-14 avec 54 victoires et le trophée du Président.

L'ère Julien s'essouffla par la suite et les Bruins ratèrent les séries en 2014-15 et 2015-16, menant au renvoi de Julien. Ce léger «reset» porta fruit puisque les Bruins font de nouveau partie de l'élite de la LNH depuis, retournant en finale en 2019 contre les Blues et remportant deux autres trophées du Président, dont le dernier l'an passé suite à une saison record de 65 victoires et 135 points, éclipsant tous les records d'équipes précédents dans la ligue à ce niveau, à prendre bien sûr avec des pincettes depuis l'élimination des matchs nuls, du point de perdant et l'arrivée de la fusillade, mais quand même tout un exploit.

Joueurs emblématiques de cette période: Zdeno Chara / Patrice Bergeron
Je ne pouvais pas en mettre qu'un seul ici. Je voulais garder Chara comme il était capitaine et continuait dans cette lignée des Shore, Bourque et Orr comme défenseur dominant et récipiendaire du trophée Norris (2008-09). Cependant, durant cette période c'est Patrice Bergeron qui remporta le plus de trophées individuels avec ses 6 trophées Selke.

À noter aussi durant cette périodes les trophées suivants:
- Tim Thomas: Conn Smythe 2010-11, Vézina 2008-09, 2010-11
- Bruce Cassidy: Jack Adams 2019-20
- Jim Montgomery: Jack Adams 2022-23
- Patrice Bergeron: King Clancy 2012-13
- David Pastrnak: 2019-20
- Tuuka Rask: Vézina 2013-14, Jennings 2019-20 (avec Jaroslav Halak)
- Linus Ullmark: Vézina 2022-23, Jennings 2022-23 (avec Jeremy Swayman)

Donc pas mal de gloire et pas tellement d'années de véritable misère à Boston depuis 100 ans. Ce ne sera pas aussi glorieux lors du prochain chapitre dans l'ordre alphabétique: Buffalo...

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