Ralph Weiland se fit coller dès l’âge de 14 ans un surnom qu’il garda toute sa vie. Alors qu’il jouait avec des joueurs plus vieux que lui, on lui donna du tabac à chiquer. Weiland s’est donc mis à le chiquer, tellement que son visage devint noirci. Les autres se mirent alors à l’appeler « Cooney », terme plutôt péjoratif pour désigner un noir.
Au début des années 1920, il joua au niveau junior avec les Greys d’Owen Sound. En 1924, en tant que figure de proue de leur attaque, le petit avant les aida à se mériter la sixième Coupe Memorial.
Weiland prit ensuite la route des États-Unis, pour s’aligner avec les Millers de Minneapolis de la Ligue centrale, puis de l’American Hockey Association (AHA). C’est là qu’il fut recruté avec Tiny Thompson par Art Ross, le directeur-gérant des nouveaux Bruins de Boston.
En 1928-29, à leur quatrième saison, les Bruins déménagèrent dans leur nouveau domicile, le Boston Madison Square Garden. (On éliminera le « Madison Square » plus tard, pour le réserver pour New York.) De plus, aidés entre autres par leurs nouvelles recrues, ils remportèrent le titre de la division américaine, ainsi que leur première Coupe Stanley.
Lors de cette saison, Weiland montra une fiche respectable de 11 buts et 8 passes, mais qui n’a rien à voir avec sa performance de l’année suivante.
Pour la saison 1929-30, la LNH changea son règlement concernant le hors-jeu. Il devint alors permis d’entrer en zone offensive avant la rondelle. L’impact sur la production offensive fut hallucinant au niveau de la ligue, mais c’est à Boston que ce fut le plus visible. Habile manieur de bâton (qu’il choisissait long pour mieux contrer l’adversaire), Weiland jouait avec Dit Clapper et Dutch Gainor sur la Dynamite Line et développa l’art d’aller immédiatement se positionner en zone offensive. (Quand j’étais plus jeune, on disait « scéner ».)
Weiland passa de 11 à 43 buts, un de moins que le record de Joe Malone. Clapper en compta 41 et Gainor 18. À eux trois, ils marquèrent plus de buts que toute l’équipe l’année précédente (alors que les Bruins étaient en tête de la ligue).
Au niveau des points, en 44 matchs, Weiland en accumula 73, battant ainsi le record de 51 de Howie Morenz. Cette performance aurait dû lui valoir le Trophée Art Ross, en tant que meilleur pointeur de la ligue, mais le trophée portant le nom de son patron n’existait pas encore… Son record tiendra jusqu’en 1943-44, alors qu’il fut battu par Herb Cain. (Doug Bentley l’avait égalé la saison précédente.) Devant de tels résultats, la ligue dut changer le règlement au cours de la saison.
La performance de la Dynamite Line et compagnie permit aux Bruins de compiler la fiche exceptionnelle de 38-5-1, mais ils ne purent terminer le travail. Ils se firent surprendre par les Canadiens en finale.
L’année suivante, dans des circonstances plus normales, Weiland accumula tout de même un respectable 25 buts, mais il ne s’approchera plus jamais de sa marque de 43.
En plus de s’illustrer sur la glace, Weiland avait un autre rôle au sein de l’équipe, il était le secrétaire de voyage d’Art Ross. Mais après s’être brouillé avec celui-ci, il fut échangé aux Senators à l’été 1932. Son passage dans la capitale fédérale fut toutefois de courte durée. Après un peu plus d'une saison, l’équipe en difficulté financière dut l’échanger aux Red Wings contre Carl Voss et un montant d’argent.
On suppose que Ross et Weiland se sont ensuite réconciliés, puisque le premier a réacquis le deuxième en juillet 1935 avec Walter Buswell, contre Marty Barry et Arthur Giroux.
À sa dernière saison comme joueur, en 1938-39, Weiland se mérita une deuxième Coupe Stanley. Il prit ensuite sa retraite pour prendre la place d’Art Ross derrière le banc des Bruins. Ross demeura toutefois directeur-gérant.
À sa première saison comme entraîneur, les Bruins terminèrent premiers pendant la saison régulière, mais perdirent au premier tour contre les éventuels champions, les Rangers.
Les hommes de Weiland, avec entre autres la Kraut Line (Milt Schmidt, Woody Dumart et Bobby Bauer), se reprirent l'année suivante et remportèrent la Coupe Stanley. Weiland en eut toutefois assez d’être constamment épié par Ross et décida de quitter. Il prit plutôt le poste d’entraîneur des Bears de Hershey, dans la Ligue américaine.
En 1950, il retourna dans la région de Boston, en devenant entraîneur du Crimson de l’Université Harvard. Il y restera pendant 21 ans et y montre une fiche de 315-173-17. En 1960, lorsque l’équipe américaine se mérita l'or aux Jeux de Squaw Valley, quatre de ses joueurs faisaient partie de l’équipe.
En 1972, la LNH et USA Hockey lui décernèrent le Trophée Lester Patrick pour souligner sa contribution au hockey aux États-Unis.
Il est décédé en 1985, à l’âge de 80 ans.
Sources:
DiBiase, Matthew, Bench Bosses: The NHL’s Coaching Elite, McClelland & Stewart, 2015, Toronto,
Zweig, Eric, Art Ross : The Hockey Legend Who Built the Bruins, Dundurn, 2015, chapitre 23,
« Sous la serpe du glaneur » d’Oscar Major, 5 février 1937, La Patrie, p.27,
hhof.com, wikipedia.org.
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