C’est suite à une suggestion de notre fidèle lecteur Jellos que j’ai mis le nom de Pete Stemkowski sur ma liste de sujets potentiels. Quelques mois plus tard, nous y voici.
Stemkowski date de l’époque d’avant le repêchage. Les équipes repéraient des jeunes espoirs, pour ensuite les envoyer dans un de leurs clubs affiliés. Originaire de Winnipeg, il fut remarqué par les Maple Leafs, qui l’envoyèrent ensuite avec les Marlboros de Toronto. C’est d’ailleurs dans leur uniforme qu’il remporta la Coupe Memorial en 1964, dans une équipe qui comprenait entre autres Brit Selby, Ron Ellis, Mike Walton et Gary "Suitcase" Smith.
Stemkowski prit ensuite un certain temps à se tailler une place avec les Leafs puisque l’équipe comptait sur plusieurs vétérans. Il fit alors des allers-retours entre Toronto et Rochester, dans la Ligue américaine. C’est toutefois avec ce même groupe de vieux routiers, comme Johnny Bower, Marcel Pronovost, Red Kelly et Tim Horton, qu’il remporta la Coupe Stanley en 1967.
OPC #25 - Chandail javellisé |
Joueur de centre qui jouait dans les deux sens de la patinoire, Stemkowski eut de bonnes saisons à Détroit, marquant 21 buts en 1968-69 et 25 buts en 1969-70. Les Wings entraient toutefois dans une longue période de déclin et d’instabilité. Pour la saison 1970-71, Détroit pensa avoir trouver une solution en embauchant Ned Harkness comme entraîneur. À une époque où le parcours universitaire était rare, autant pour les joueurs que pour les entraîneurs, Harkness venait de l’Université Cornell.
En plus d'une approche destinée à une jeune équipe, Harkness arriva avec ses idées innovatrices, peut-être même trop. En effet, tenter de faire jouer Gordie Howe à la défense n’était probablement pas la meilleure idée. Les résultats ne furent pas au rendez-vous et Harkness se mit ainsi à dos certains vétérans.
OPC #182 - Tête transplantée |
Stemkowski, un éternel blagueur, se mit alors à se payer la tête de son entraîneur. La goutte qui fit déborder le vase fut lorsqu’il se mit une casquette de Cornell sur la tête et se mit à faire des chants de ralliement typiques du milieu scolaire. ″Donnez-moi un C! Donnez-moi un O! Donnez-moi un R!...″ Harkness en fut insulté. Selon ce qui a été rapporté, il aurait alors demandé au directeur-gérant Sid Abel ″Get rid of that dumb Polack.″ (traduction libre : Débarrasse-toi de ce crétin de pollock.) Le 31 octobre 1970, Stemkowski fut alors expédié aux Rangers, en retour de Larry Brown.
Comme il a été échangé au cours de la saison 1970-71, il lui est arrivé quelque chose de plutôt rare à cette époque. Pour une raison obscure, O-Pee-Chee lui a produit deux cartes (régulières) différentes avec deux photos différentes. Et dans les deux cas, il s’agissait de photos cocasses : une avec une photo fantôme (dans l’uniforme des Red Wings mais où on a enlevé le logo), et l’autre avec l’uniforme des Rangers où on a collé une ″tête ballon″ de Stemkowski.
Celui qu’on surnommait ″Stemmer″ s’intégra bien avec les Blueshirts. Après avoir connu une période misérable, New York reprenait vie avec des joueurs comme Jean Ratelle, Rod Gilbert, Vic Hadfield et Brad Park. À sa première saison dans la grosse pomme, les Rangers remportèrent une première série en 21 ans, lorsqu’ils ont battu les Leafs. Au deuxième tour, Stemkowski fit tout ce qu’il put lorsqu’il marqua un but en première prolongation et un autre en troisième. Malgré ces deux victoires qu’il leur offrit, ce suffit insuffisant pour les Blueshirts, qui s’inclinèrent en sept matchs. Ce sont finalement les Black Hawks qui sont allés se faire battre par Montréal en finale.
Ce ne fut que partie remise, car en 1971-72, les Rangers atteignirent la finale pour la première fois depuis 1950. Ils se sont toutefois inclinés contre les Bruins. Sur une base individuelle, Stemkowski marqua 22 buts, un total qui sera suivi par un de 25 et un autre de 24 buts lors des saisons qui suivirent.
Après avoir joué dans des marchés de hockey plus traditionnels, Stemkowski signa comme agent libre avec les Kings à l’été 1977. Il joua un an en Californie, où il constata que plusieurs personnes ne connaissaient même pas l’équipe. Il y fit par contre connaissance du marché immobilier, où il fit quelques investissements.
Son héritage polonais lui servit lorsqu’il fut choisi pour faire une publicité de Miller Lite, où il faisait des blagues en polonais. Par contre, il y eut des plaintes et celle-ci fut retirée des ondes.
Si Stemkowski était connu pour son côté farceur, il montra en 1982 un autre côté de sa personnalité. Alors qu’il travaillait à la radio au Connecticut, il eut des problèmes avec un associé d’affaires qui lui devait 70 000$. Son beau-frère lui présenta alors quelqu’un à qui Stemkowski offrit 20 000$ pour lui briser au moins une cheville et un poignet. Le problème, c’est que cette personne était en fait un policier anonyme.
Si son beau-frère et ses ″copains″ furent arrêtés pour trafic d’armes, de drogue et pour avoir opéré un réseau de paris, Stemkowski fut accusé de sollicitation criminelle. Il reconnut les faits, exprima des regrets et plaida coupable. S’il était ainsi passible d’une peine pouvant aller jusqu’à quatre ans de prison, il écopa finalement de trois ans de probation, en plus de devoir subir des traitements psychiatriques. Le juge, qui se souvenait de l’avoir vu jouer avec les Rangers, se montra relativement clément envers lui, bien que déçu de le voir dans ces circonstances.
À ce moment, Stemkowski cherchait à revenir dans le monde du hockey et ses mésaventures ont probablement nui à ses projets. Toutefois, le temps passa et il finit par se trouver du boulot, alors qu’il travailla pendant neuf ans aux reportages des matchs des Sharks. Il travailla aussi à temps partiel pendant un moment à la couverture des Rangers.
Sources :
″Rebuilding on the more″ de Jack Dulmage, November 4, 1970, The Windsor Star, page 28,
″Golly Ned, Red Wings Balk At Rah-Rah Coach″ de Bill Heufelder, November 21, 1970, The Pittsburgh Press, page 7,
″Reformation under Barkley″ de Jack Dulmage, January 11, 1971, The Windsor Star, page 18,
″Orr ′special′″ de Ted Blackman, April 12, 1971, Montreal Gazette, page 22,
″Stemkowski voulait son argent″, UPI, 25 mars 1982, La Presse, page S4,
″Stemkowski plaide coupable″, UPI, 12 mai 1982, La Presse, page S12,
″Stemkowski écope″, PC, 23 juin 1982, La Presse, page S16,
″Stemkowski Is Sentenced to Probation″ de Gerald Eskenazi, June 23, 1982, New York Times (nytimes.com), page A22,
wikipedia.org.
Un grand merci Keithacton pour cet article très détaillé sur ce joueur coloré.
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