samedi 27 février 2021

Les grands voyageurs #4: Brent Ashton


 

Voici l'histoire d'un joueur qui est dans ma pile depuis un petit moment, soit depuis que j'ai su qu'il était co-détenteur du record pour le joueur qui a été échangé le plus souvent dans l'histoire de la LNH, soit 9 fois, record partagé avec Mike Sillinger qui lui a aussi le record pour le nombres d'équipes avec 12. Je me disais donc qu'il méritait définitivement sa place dans cette série.


Brent Kenneth Ashton est né le 18 mai 1960 à Saskatoon. Après 4 saisons passées avec le club junior de sa ville natale, les Blades de Saskatoon dans la WHL, Ashton était bien en vue pour le repêchage de 1979, où il fut repêché au 26e rang par les Canucks. Il fit immédiatement l'équipe en 1979-80 mais sa première saison fut écourtée par une grave blessure au genou. Il joua en tout 47 matchs et obtint 19 points. Il joua ensuite une deuxième saison à Vancouver où il obtint 18 buts et 29 points. 

C'est toutefois à l'été 1981, après sa deuxième saison qu'il connut le premier échange de sa carrière. En fait, il s'agissait d'un échange compliqué à trois équipes, ce qui fait donc rapidement avancer le décompte à 2 échanges. Il passa d'abord aux Jets de Winnipeg en plus d'un choix de 4e ronde. Il s'agissait en fait d'une compensation aux Jets suite à la signature de l'agent libre avec restriction, le légendaire tchèque Ivan Hlinka, par les Canucks. Les Canucks avaient également envie de réunir Hlinka avec un autre tchèque, le défenseur Jiri Bubla. Bubla et Hlinka étaient en fait disponibles par le bienfait d'un repêchage spécial de joueurs provenant de la Tchécoslovaquie, les premiers transferts alors autorisés par ce pays.  Seulement des joueurs en fin de carrière purent se joindre à la LNH.

 

Les Canucks firent donc un arrangement avec les Rockies du Colorado. Ces derniers promirent de sélectionner Bubla et de l'envoyer ensuite aux Canucks. En retour, les Rockies obtinrent Ashton et un choix de 3e ronde des Jets qui eux, reçurent l'attaquant Lucien DeBlois en provenance du Colorado. C'était donc Hlinka et Bubla à Vancouver, Ashton au Colorado et DeBlois à Winnipeg avec quelques choix ajoutés au travers...

Ce premier (double) échange d'Ashton marqua alors le décollage de sa carrière de grand voyageur, alors qu'il habitera dans 4 villes différentes au cours des 4 années suivantes.

Il joua d'abord la saison 1981-82 avec les Rockies, où il connut sa meilleure saison jusqu'à ce moment avec 24 buts et 60 points dans ce qui fut la dernière année d'existence de la franchise. Il était d'ailleurs le meilleur pointeur de la faible équipe.


Il suivit ensuite l'organisation lors du déménagement au New Jersey en 1982-83 et joua l'entièreté de la première saison des Devils, avant d'être échangé une troisième fois lorsqu'il passa aux North Stars en octobre 1983 en retour de Dave Lewis. 

Son parcours au Minnesota fut le moins productif de sa carrière, alors qu'il ne marqua que 7 buts et 17 points en 1983-84. L'équipe l'envoya ensuite (pour son 4e échange) aux Nordiques en décembre 1984 en compagnie de Brad Maxwell. 

En retour, les North Stars mirent la main sur Tony McKegney et Bo Berglund. 

 


C'est à Québec qu'il connut quelques-uns de ces meilleurs moments. Il termina cette saison 84-85 en force avec les Nordiques avec 27 buts et 51 points en 49 matchs, lui donnant sa première saison de plus de 30 buts avec les 4 autres buts qu'il avait récolté au Minnesota. Il connut ensuite une autre bonne saison en 85-86 avec 26 buts et 58 points. 

Il fit toutefois partie d'un échange majeur durant la saison 1986-87, lorsqu'il passa aux Red Wings en compagnie de Gilbert Delorme et Mark Kumpel. En retour les Nordiques mirent la main sur John Ogrodnick, Basil McRae, et Doug Shedden. Cette transaction sera toutefois un mauvais coup pour le fleurdelisé alors que Ogrodnick exigea plus tard d'être échangé et les autres ne firent également que passer. 

Ashton avait à ce moment 25 buts en 46 matchs à Québec et en récolta 15 autres à Detroit, ce qui lui valut sa première et seule saison de 40 buts, et son plus haut total de points avec 75.

 

Il joua la saison 1987-88 au complet à Detroit (fiche de 26-27-53) mais fut une fois de plus utilisé comme monnaie d'échange pour sa sixième transaction, lorsqu'il passa aux Jets à l'été 1988 en retour de l'attaquant et futur coach des Sénateurs Paul MacLean. Ce fut donc un retour à Winnipeg après celui de quelques minutes lors de son premier échange à trois équipes en 1981, et c'est à Winnipeg qu'il joua le plus longtemps. 

Il connut d'abord une bonne première saison de 31 buts et 68 points en 88-89 et ensuite il vit sa production chuter à 56 en 89-90 et finalement 36 points en 90-91. Après seulement 7 matchs en 1991-92, il passa aux Bruins en retour de Petri Skriko, dans ce qui était son 7e échange.

Il obtint 17 buts et 39 points avec les Bruins, mais des blessures aux genoux commençaient à vraiment le malmener durant cette saison. Il rata donc une partie de la saison 1992-93 où il joua ses premiers matchs jusqu'à maintenant dans les mineures avec les Bruins de Providence. Il ne termina pas cette saison à Boston mais plutôt à Calgary puisque les Bruins l'échangèrent en février 1993 aux Flames en retour de l'attaquant C.J Young.


 


Sans contrat la saison suivante, il ne reçut pas d'offre d'une nouvelle équipe et joua donc dans la IHL avec le Thunder de Las Vegas. Une autre blessure au genou vint toutefois couper court à sa carrière alors qu'il était supposément en pourparlers avec les Kings pour un retour dans la LNH. Il prit donc sa retraite à 33 ans.

C'était donc la carrière de ce grand voyageur du nom de Brent Ashton, co-détenteur du record pour le plus de transactions... En fait non, ce n'est pas vrai. Si vous recomptez avec moi, il a été échangé 8 fois et non pas 9 comme le prétend la légende et même le livre des records Guinness. J'ai revérifié et le compte est bel et bien de 8 échanges selon plusieurs sources dont les plus fiables, hockeydb et NHL Trade Tracker. Ce serait donc véritablement Mike Sillinger le recordman légitime dans les deux catégories. Je me demande pourquoi la confusion demeure sur un bon nombre de sources contradictoires. Peut-être une transaction oubliée dans un autre échange à trois équipes? 

Je crois en fait que plusieurs ont simplement mal compté ou mal analysé les équipes où il a joué car Ashton a bel et bien porté 10 uniformes différents mais parmi ces 10, on retrouve la même franchise avec les Rockies/Devils. Peut-être que certaines sources ont tout simplement déduit que pour avoir joué avec 10 équipes, tu devais avoir été échangé 9 fois, ce qui est techniquement faux car tu n'es pas échangé de ta dernière équipe, dans son cas les Flames.

Mais quoiqu'il en soit, Ashton fut bel et bien détenteur du record de 8 échanges mais seulement jusqu'en janvier 2006 lorsque Mike Sillinger passa des Blues aux Predators dans ce qui était alors son 9e et dernier échange. Les Flames étaient également la 9e équipe d'Ashton, ce qui était aussi un record à l'époque avant d'être battu quelques années plus tard par Jean-Jacques Daigneault et Michel Petit et ensuite Sillinger. En plus de ses 9 transactions, Sillinger a tout de même eu le luxe, contrairement à Ashton, de pouvoir choisir sa destination à deux reprises comme joueur autonome avec les Blue Jackets et les Islanders à la fin de sa carrière.

C'est donc en 1993 que Ashton joua ses derniers matchs dans la LNH. Il n'était alors qu'à deux matchs du plateau des 1000 parties en carrière dans la LNH. Sa fiche en 998 matchs fut de 284 buts et 345 passes pour 629 points. Son numéro 7 fut retiré par les Blades de Saskatoon et il fut élu au temple de la renommée du sport de la Saskatchewan.

Il était donc un bon petit joueur, capable de marquer par séquences mais aussi reconnu pour un certain manque de robustesse. Il était aussi une sacré bonne monnaie d'échange.

Voici quelques-uns de ces bons moments avec les Nordiques:



Il retourna ensuite à Saskatoon après sa retraite et il opéra pendant quelques années un magasin de sport sous son nom, Brent Ashton Sportswear. Il a également travaillé pour l'armée américaine. 

Son fils, Carter Ashton, a été un choix de 1re ronde (29e au total) du Lightning en 2009. Il ne joua jamais à Tampa Bay mais joua plus tard une cinquantaine de matchs avec les Maple Leafs entre 2012 et 2015. Il évolue présentement en Suède. Le frère de Brent, Ron Ashton, a aussi joué quelques temps au hockey professionnel avec les Jets de Winnipeg dans l'AMH durant les années 70.

 

Sources:
Hockeydraftcentral
NJDevilspitchfork.com
No one knows what it's like to be traded better than former NHLer Brent Ashton, Sports Illustrated, 26 mars 2016

dimanche 21 février 2021

Joueur oublié des 90's #48 - Jason Herter


 

Il est normal que le joueur d'aujourd'hui ne vous soit pas aussi connu que d'autres joueurs semi-oubliés de cette série comme Valeri Bure, Cliff Ronning ou Craig Janney. Contrairement à ces joueurs qui ont quand même connu de bonnes et longues carrières dans la LNH, Jason Herter fait plutôt partie de la catégorie des ''One-game wonders'', ces joueurs qui n'ont joué qu'un seul match dans la LNH. En fait, si vous vous rappelez de lui, c'est peut-être que vous avez comme moi cette étrange carte de la première édition Upper Deck en 1990-91. Carte que j'ai judicieusement choisi comme carte du jour d'ailleurs...

 
 
 
Jason Herter est né le 2 octobre 1970 à Hafford en Saskatchewan et est d'origine métis française. Défenseur offensif de gros gabarit, il était très haut placé en vue du repêchage de 1989 après sa première saison à l'Université du Dakota du Nord. Il fut même à un certain moment considéré comme le possible premier choix. Il fut plus tard relégué au deuxième rang, mais ce n'est finalement qu'au 8e rang qu'il fut choisi par les Canucks. Ces derniers recherchaient désespérément un véritable défenseur numéro un, eux qui n'ont jamais vraiment eu de défenseurs vedette autres que Doug Lidster, Jyrki Lumme ou Mattias Ohlund... De bons joueurs mais pas vraiment des prétendants au trophée Norris.
 
Il considéra ensuite de transférer avec les Blades de Saskatoon dans la WHL, mais opta finalement de rester avec les Fighting Sioux dans la NCAA en 1989-90, saison où il fut élu sur la deuxième équipe d'étoiles en plus de remporter l'or avec l'équipe canadienne des moins de 20 ans au championnat junior. 
 
Il joua ensuite une dernière saison universitaire en 90-91 avant de finalement signer un contrat avec les Canucks. Il joua quelques matchs pré-saison avec l'équipe avant d'être envoyé dans les mineures avec les Admirals de Milwaukee dans la IHL. Une blessure à l'aine ralentit toutefois sa progression et lui fit manquer une vingtaine de matchs.

Il passa ensuite une autre saison dans les mineures, cette fois avec les Canucks d'Hamilton dans la ligue américaine sans vraiment s'imposer avec une fiche de 7 buts et 16 passes pour 23 points. Il n'était donc pas le défenseur offensif que les Canucks cherchaient depuis tant d'années et il fut libéré après la saison 1992-93. Il fut ensuite signé par les Stars de Dallas mais ne put également percer leur alignement, passant les deux saisons suivantes dans la IHL.

Il fut ensuite obtenu des Stars par les Islanders en échange d'une somme d'argent. Il débuta la saison 95-96 avec le club-école des Islanders, les Grizzlies de L'Utah où il fit assez bien pour finalement se mériter un rappel au début décembre avec le club, alors en pleine déroute lors de cette première saison du chandail ''Fisherman''. Il fit donc finalement ses débuts dans la LNH avec les Islanders le 6 décembre 1995, soit plus de 6 ans après sa sélection au repêchage. Il était alors dans l'histoire de la ligue le plus haut choix au repêchage à ne pas encore avoir joué un match dans la LNH.

Ceci n'est techniquement pas vrai, alors que plusieurs joueurs repêchés dans le top 5 lors des premières années du repêchage n'ont jamais joué dans la LNH, mais c'était à une toute autre époque où le repêchage n'était pas encore aussi sophistiqué et important dans le processus de recrutement des équipes (voir texte du 22 juin 2015). Mais depuis 1970, Herter était effectivement le plus haut choix (8e) d'un repêchage à n'avoir pas encore goûté à un match de la LNH.


Son seul match... son seul chandail dans la LNH...


Il fit d'ailleurs bien lors de ce premier match à Long Island, puisqu'il obtint une passe et une fiche de +1. Son histoire de persévérance fut une des seules bonnes histoires des Islanders durant cette saison trouble et les journalistes aimaient ce qu'ils avaient vu de sa part, alors que l'équipe avait peu de relève et peinait à attirer des joueurs autonomes. Ce ne fut cependant pas assez suffisant pour percer l'alignement des pauvres Islanders et il retourna avec les Grizzlies, où il remporta la Coupe Turner de 1996. Mais même s'il n'avait pas joué ce seul match à Long Island, son ''record'' aurait tout de même été battu puisqu'en 1992, les Flyers repêchèrent au 7e échelon l'attaquant Ryan Sittler, fils du légendaire joueur des Leafs Darryl Sittler, qui ne se rendit jamais à la LNH et qui détient désormais ce titre peu enviable.

Herter joua ensuite deux autres saisons dans la IHL partagées avec les Blades de Kansas City et les Solar Bears d'Orlando suite à quoi il mit le cap sur l’Allemagne où il joua de 1998 à 2002 et où il remporta le championnat en 1999-2000 avec les Barons de Munich. 

Il revint ensuite en Amérique du Nord et débuta un long parcours comme entraîneur à divers niveaux junior aux États-Unis. Il occupa ensuite longtemps le poste d'entraîneur-adjoint à l'Université de Minnesota-Duluth.

Il raconta plus tard qu'il n'avait jamais assez travaillé pour atteindre la LNH et qu'il avait trop pris son talent pour acquis sans faire les efforts nécessaires pour passer au niveau suivant.


Sa fiche dans la LNH fut de 0 but, 1 passes pour 1 point en 1 match.
Sa fiche dans la IHL fut de 63 buts, 145 passes pour 208 points en 394 matchs.
Sa fiche dans la NCAA fut de 30 buts, 89 passes pour 119 points en 118 matchs. 


Sources:
Wasted Talent: Jason Herter's Not Alone, The Province, 12 mai 2008
We want Fish Sticks, the bizarre and infamous rebranding of the New York Islanders
, Nicholas Hirshon, University of Nebraska Press, 2018

vendredi 19 février 2021

Joueur oublié des 90's #47 - Valeri Bure

  
 
Le joueur d'aujourd'hui n'est pas vraiment le plus ''oublié'' de la série car ayant joué à Montréal et étant le frère d'un des joueurs les plus électrisants de tous les temps, il est clair qu'il demeure assez présent dans notre mémoire collective. J'avais toutefois envie de parler de lui depuis un bout alors que je trouve qu'il a eu une carrière intéressante au-delà d'avoir été dans la catégorie des ''frères moins bons que l'autre''.



 
Quand je dis que ça fait longtemps que j'ai envie de parler de lui, c'est surtout à cause d'une anecdote personnelle. J'ai commencé à suivre le hockey aux alentours de 1992 mais je me suis graduellement écœuré rapidement dans les 2-3 années suivant la conquête du Canadien en 1993. C'est surtout la faute du club qui a échangé plusieurs de mes champions auxquels je m'étais tellement attaché. Je me rappelle même avoir pleuré quand ils ont échangé Stéphane Lebeau aux Mighty Ducks. J'avais 11 ans donc, ne riez pas trop de moi... Ensuite ils se sont débarrassé de Kirk Muller, Brian Bellows, Eric Desjardins, Guy Carbonneau, Patrick Roy, etc... donc j'ai rapidement déchanté. Au travers de tout ça, j'étais quand même excité par la venue de nouveaux joueurs comme Mark Recchi, Pierre Turgeon etc. et j'aimais surtout le petit russe Oleg Petrov... Mais bref, aux alentours de 1995-96 j'ai comme complètement arrêté de suivre le hockey. 
 
J'y suis cependant revenu et ce, inexplicablement durant la saison 1998-99, soit une des pires de l'histoire du CH... Je me demande vraiment ce qui a pu me faire revenir alors que le club était plein de Sergei Zholtok, de Turner Stevenson et de Igor Ulanov. On était loin des bonnes années et le club se débarrassa même de ce qui lui restait de joueurs vedettes comme Recchi et Vincent Damphousse durant cette fin de saison horrible. Je sais pas pourquoi, mais je suivais le club à travers tout ça... c'était peut-être le début de ma fascination pour les clubs poches qui s'est créé à ce moment? 
 
Mais ça n'a quand même pas été facile de demeurer fan avec un club aussi mauvais et surtout, dans cette époque horrible de trappe extrême où les matchs se terminaient plus souvent qu'autrement 1-0 ou 2-1 et où les marqueurs de 30 buts étaient extrêmement rares... surtout à Montréal. 
 
Je me rappelle vivement d'un match durant cette saison 1998-99 où ma patience a vraiment été testée. C'était un match dans l'ouest contre les Flames dont j'ai retracé la date sur le site de la ligue, soit le 25 mars 1999. Le Canadien était alors pratiquement éliminé et ce match était particulièrement plate avec un score de 1-1 avant de commencer la 3e période. Je me rappelle avoir agonisé sur mon divan en attendant qu'il se passe quelque chose et c'est finalement Valeri Bure qui marqua pour les Flames avec 5 minutes à faire au match. À ce moment, j'étais vraiment en criss et j'ai juré que je ne prendrais plus jamais pour les Canadiens. La première de nombreuses déclarations similaires au cours des 20 années suivantes...
 
Je m'étais en fait attaché à ces jeunes Flames durant ce match et quand j'ai su ensuite que c'était le Canadien qui avait échangé Bure à Calgary contre rien d'intéressant je m'étais sagement dit ''Ça y est. Fuck le Canadien. Je prends maintenant pour les Flames''. Je ne suivais toutefois pas le classement et je ne savais pas que les Flames étaient alors aussi poches que le Canadien et j'ai rapidement abandonné cette nouvelle ''flamme'' pour revenir au CH peu après...

Mais je crois que j'étais surtout intéressé par Valeri Bure, étant d'abord curieux du fait qu'il était le frère moins connu de Pavel. Comme j'avais précédemment arrêté de suivre le CH en 1995, j'ai comme quelque peu manqué son arrivée dans la LNH. Par la suite, je me suis longtemps intéressé à sa carrière un peu en demi-teinte, quoique pour un ''frère moins bon que l'autre'', il était quand même un très bon joueur. Je le considère d'ailleurs comme un des ''meilleurs frères moins bons que son frère'. Un peu comme Pete Mahovlich, Dennis Hull ou Sylvain Turgeon...

Allons-y donc sans plus tarder avec sa bio.




Valeri Vladimirovich Bure est né le 13 juin 1974 à Moscou. En plus de son illustre frère, la famille Bure était déjà assez illustre alors que leur père Vladimir fut autrefois un nageur quatre fois médaillé aux olympiques de 1968 et 1972. Valeri fut nommé en honneur de son grand-père paternel du même nom, Valeri Bure, un ancien gardien de but de water-polo. La famille Bure faisait originalement partie de la noblesse russe alors que leurs ancêtres étaient fabricants de montres exclusivement pour les Tsars de Russie entre 1815 et 1917. D'ailleurs, durant le lock-out de 1995, Pavel redémarra l'ancienne entreprise familiale en fabriquant des répliques de ces anciennes montres. Une cinquantaine de ces répliques furent construites et avaient une valeur de 30,000$ chacune. Quelques-unes furent remises à plusieurs dignitaires russes, dont le président Boris Yelstin.

Valeri traversa en Amérique du nord en compagnie de son père et de son frère aîné en 1991 lorsque Pavel joignit enfin les rangs de la LNH avec les Canucks. Pendant que l'aîné débuta sa première saison qui lui valut le trophée Calder, Valeri était toujours d'âge mineur et put joindre les rangs des Chiefs de Spokane dans la WHL. Il était en fait le premier joueur originaire de Russie à jouer dans ce circuit. Il obtint 49 points en 53 matchs avec les Chiefs, en plus de 11 buts en 10 matchs en séries. Cette bonne première saison combinée au buzz engendré par la saison recrue du tonnerre de son frère incitèrent les Canadiens à la repêcher en 2e ronde (33e au total) du repêchage de 1992. Les Canadiens détenaient cette sélection suite à l'échange d'Andrew Cassels aux Whalers de Hartford. Cassels et Bure seront plus tard coéquipiers à Calgary. Comme Pavel fut surnommé ''The Russian Rocket'' en référence à Maurice Richard, Valeri fut pour sa part surnommé ''The Russian Pocket Rocket'' en référence à Henri...

Vladimir fut l'entraîneur personnel de ses fils et joindra plus tard Pavel comme consultant en conditionnement physique avec les Canucks en 1994. Les deux frères coupèrent toutefois les ponts avec le paternel quelque peu abusif en 1998. Vladimir joignit ensuite les rangs des Devils dans les mêmes fonctions et est ainsi le seul de la famille à avoir son nom inscrit sur la Coupe Stanley. J'ai entendu dire qu'ils se seraient récemment réconciliés, mais je n'ai pas pu le vérifier.


Valeri, Vladimir et Pavel Bure circa 1991


Valeri demeura à Spokane en 1992-93 et brûla la ligue avec 68 buts et 79 passes pour 147 points, bon pour le deuxième rang de la ligue, ainsi qu'une place sur la première équipe d'étoiles de la WHL. Il connut une moins bonne saison en 1993-94 mais franchit tout de même de nouveau le cap des 100 points avec 40 buts et 62 passes pour 102 points. Il gradua ensuite avec le CH, tout d'abord à Fredericton durant le lock-out, où il menait le club avec 48 points en 45 matchs avant de joindre le grand club à la reprise des activités. Il fut utilisé pendant 24 matchs durant cette saison écourtée et connut des débuts modestes avec 3 buts et 1 passe. 
 
En 1995-96, il fut jumelé avec Oleg Petrov et une autre recrue du nom de Saku Koivu. À 5'-10 pouce et 178 livres pour Bure, 5-10'' 180 livres pour Koivu et un bon 5'-9'' 172 livres pour Petrov, le trio fut surnommé la ''ligne des Schtroumpfs''...

Petrov et Bure obtinrent d'ailleurs les passes sur le premier but de la carrière de Saku:





À sa première vraie saison complète à Montréal, Bure connut une bonne année majoritairement sur le troisième trio avec 22 buts et 20 passes pour 42 points en 77 matchs. Il ne put toutefois progresser lors des saisons suivantes et eut de la difficulté à monter dans l'alignement, étant surpassé par d'autres ailiers comme Martin Rucinsky, Shayne Corson et Brian Savage. Il régressa donc à 14 buts et 35 points en 1996-97 en plus de manquer plusieurs matchs suite à une commotion et diverses blessures. 
 
En février 1998, après seulement 7 buts et 29 points et n'ayant pas marqué à ses 25 matchs précédents, le Canadien lança la serviette dans le cas de Bure. Voulant également se grossir et se renforcer en défensive, ils l'envoyèrent aux Flames en retour du plus gros Jonas Hoglund (6'3'') et du défenseur Zarley Zalapski, alors en grève avec les Flames. Hoglund était également un attaquant qui ne progressait pas à Calgary après des débuts prometteurs. 
 
Mais à l'époque, tout ce que Montréal touchait tournait au vinaigre et il n'était pas vraiment étonnant que Bure ne produisait pas. À son troisième match à Calgary, Bure obtint le premier tour de chapeau de sa carrière et termina la saison avec 9 points en 16 matchs avec les Flames. Il joua ensuite trois saisons complètes à Calgary, devenant un joueur vedette.

Il obtint d'abord 26 buts et 53 points en 98-99 et ensuite sa meilleure saison en carrière en 99-00 avec 35 buts et 40 passes pour 75 points. Je vous rappelle que c'était en pleine ''dead puck era'', donc on pourrait ajuster avec l'inflation que ces 75 points en aurait valu presque 100 une dizaine d'année auparavant. Il fut élu pour le match des étoiles de 2000 où il fut réuni avec son frère Pavel alors que les deux firent brièvement partie de l'élite de la LNH en même temps. Cette histoire fut un des points marquants de ce match et il était alors presque écrit dans le ciel que les deux allaient être réunis dans la même équipe éventuellement.
 
Cette même saison, Pavel marqua 58 buts. Combiné aux 35 de Valeri, les deux détiennent donc le record pour le plus de buts marqués en une saison par deux frères avec 93 filets.

 
Match des étoiles 2000


Pendant que Bure sortait de sa coquille à Calgary, Hoglund joua les 102 prochains matchs de sa carrière à Montréal, n'amassant au passage que 14 buts et 29 points. Il signa ensuite à Toronto comme agent libre et comme tant d'autres à la même époque, il explosa aussitôt sorti de Montréal. Il obtint 29 buts en 1999-2000... Pour sa part, Zalapski ne joua que 28 matchs à Montréal sans trop d'histoire... 
 
En plus de voir le Canadien tomber dans la cave et mal repêcher, ce scénario du joueur qui produit ailleurs était assez cliché à l'époque, ce qui n'aidait pas notre moral commun. Par exemple, après une saison de seulement 53 points en 98-99, Mark Recchi en obtint 91 la saison suivante à Philadelphie. Vincent Damphousse avait seulement 36 points en 65 matchs au compteur avant d'être échangé aux Sharks en mars 99. Il termina la saison avec 13 points en 12 matchs et connut ensuite une saison de 70 points l'année d'après. Même Scott Thornton, cousin de Joe, connut une éclosion une fois parti de Montréal dont une saison de 26 buts à San Jose en 2001-02. 
 
Comme je disais, ce n'était pas facile d'être fan à cette époque où on ne comprenait pas vraiment la philosophie de l'équipe. Bure avait été échangé entre autres parce qu'il était trop petit mais la saison suivant son échange, le CH en manque d'attaque rapatria... Oleg Petrov. Ce dernier avait quitté l'organisation en 1996 et avait joué les trois saisons précédentes en Suisse...
 
Pour revenir à Bure, ce dernier ne connut pas une aussi bonne saison en 2000-01 mais obtint tout de même 27 buts avec cependant une fiche de -27. Il devint toutefois en froid avec ses entraîneurs qui voulaient qu'il joue plus défensif. Alors que les Flames faisaient toujours du surplace malgré l'émergence de Bure et Jarome Iginla, ils décidèrent d'exaucer son souhait de jouer avec son frère en l'envoyant aux Panthers durant l'été 2001 en retour de Rob Niedermayer. C'était aussi apparemment une façon pour les Panthers de plaire à Pavel pour l'inciter à demeurer avec le club. 
 
Les deux frères furent donc réunis, mais ce ne fut que temporaire et pas vraiment un succès. Valeri était d'abord sans contrat avant le début de la saison et ne se rapporta pas au début du camp. Il se blessa ensuite au genou après seulement 6 matchs au début de cette saison 2001-02, une blessure qui ne lui permit de revenir qu'au début janvier. Durant ce temps les Panthers n'allaient nulle part et dépendaient trop de la production de Pavel qui n'avait pas beaucoup de soutien. L'équipe prit donc la décision de reconstruire et de se débarrasser du lourd contrat de leur capitaine et joueur vedette en l'envoyant aux Rangers. 
 
Les deux frères Bure n'auront donc joué qu'une trentaine de matchs ensemble en Floride et Valeri ne connut pas une très bonne saison avec seulement 8 buts et 18 points en 31 matchs. Il se reblessa d'ailleurs la veille de l'échange de Pavel aux Rangers et ne termina pas la saison. Au moins les deux auront été plus chanceux sur la scène internationale alors qu'ils aidèrent la Russie à remporter les médailles d'argent et de bronze aux Jeux Olympiques de 1998 et 2002 respectivement.

Il demeura en Floride en 2002-03 mais cette saison fut quelque peu à l'image de celle de son frère, lui qui ne joua que 39 matchs avec les Rangers avant de devoir prendre sa retraite prématurément à cause de graves blessures aux genoux, un problème qui lui avait déjà coûté presque deux saisons complètes par le passé. Peut-être était-ce une sorte de malédiction familiale conjurée par les ennemis des tsars envers leurs alliés, car Valeri avait également les genoux fragiles et rata encore plusieurs semaines d'action tout en voyant sa production offensive diminuer davantage. Il fut échangé à son tour mais cette fois aux Blues de St.Louis en mars 2003. Il ne joua que 5 matchs avec les Blues pour clore la saison et 6 en séries où il n'amassa que 2 passes.


Court séjour à St.Louis (2003)


Wow, la ressemblance est frappante!


Les Blues le placèrent ensuite au ballottage dans l'entre-saison et il fut rapparié par les Panthers. Remis de ses blessures, Valeri rebondit en 2003-04 et était le meilleur pointeur des Panthers avec 20 buts et 45 points en 55 matchs avant la date des transactions. Les Panthers étaient cependant à nouveau hors de la course aux séries et ils continuèrent d'être des vendeurs. Valeri fut donc échangé aux Stars de Dallas pour terminer la saison.


Court séjour à Dallas (2004)


Séjour encore plus court à Los Angeles

 
Durant le lock-out de 2004, Bure décida de prendre une année sabbatique pour ne pas risquer de nouvelles blessures. Au retour des activités en 2005-06, il signa comme agent libre avec les Kings. Il se blessa toutefois au dos durant le camp d'entraînement et ne joua donc jamais en saison régulière à Los Angeles, préférant alors prendre sa retraite à 31 ans. 

Malgré cette carrière moins reluisante que celle de son frère, Valeri Bure a tout de même eu une fiche de 174 buts et 226 passes pour exactement 400 points en 621 matchs dans la LNH, dont 5 saisons de plus de 20 buts à une époque où c'était un plateau assez difficile à atteindre. 

Il était parfait pour lui de terminer sa carrière à Los Angeles car sa conjointe est l'actrice Candace Cameron Bure, qui est principalement reconnue pour son rôle dans la série Full House. Il voulait alors passer plus de temps avec sa famille et permettre à sa conjointe de se concentrer sur sa carrière à Hollywood. C'est d'ailleurs la co-vedette de Candace, le canadien Dave Coulier, qui les a présentés lors d'un match de hockey alors qu'il jouait toujours à Montréal. Les deux se marièrent en 1996 et ont 3 enfants ensemble. Bure est depuis devenu producteur de vin dans la vallée de Napa en Californie. Il aurait commencé très tôt cette passion pour les vins alors qu'il était membre du CH. Il raconte que c'est notamment ses coéquipiers Martin Rucinsky et Brian Savage qui l'on initié à cette passion leurs de nombreux soupers d'équipe. 
 
Sa vignerie ''Bure Family Wines'' a comme logo l'ancien sceau impérial russe que ses ancêtres gravaient sur les montres des Tsars, mais avec quelques modifications évidentes...
 
 

 
Il fit un retour sur la glace en 2010, non pas comme hockeyeur mais comme patineur artistique à l'émission canadienne ''Battle of the blades", édition qu'il remporta avec sa compatriote Ekaterina Gordeeva.

Donc Valeri Bure ne fut pas aussi emblématique que son célèbre frère, mais il représente toutefois un joueur culte pour les fans des Flames soit un des rares points positifs de l'équipe avec Jarome Iginla au tournant du millénaire. Il est particulièrement emblématique du 3e chandail de l'équipe de l'époque, le chandail ''Blasty" avec la tête de cheval enflammée... Il fut d'ailleurs "endosseur" du chandail pour le programme Reverse Retro.
 

 

Sources:
Valeri Bure : «Je me souviens», TVA Sports, 26 avril 2020
«Nous recherchions de la profondeur», La Presse, 2 février 1998
«Valeri fait tout le travail seul», La Presse, 1er novembre 1999

mercredi 17 février 2021

Mike Veisor



En 1972, le futur entraîneur des Leafs, des Canucks et d’autres équipes, Roger Neilson, mena les Petes de Peterborough à la finale de la Coupe Memorial. Bien qu’ils perdirent devant les Royals de Cornwall, le parcours des Petes permit au petit gardien acrobatique Mike Veisor de se mettre en valeur. Au repêchage, il fut donc le troisième cerbère à entendre son nom, derrière Michel Larocque et Denis Herron. C’est donc au 45e rang que les Black Hawks firent sa sélection.

Veisor passa l’année 1972-73 avec les Black Hawks de Dallas, où il remporta le titre de recrue de l’année dans la Ligue centrale.

En 1973, Chicago échangea Gary Smith. Veisor saisit alors l’occasion pour s’approprier le poste de deuxième gardien. Sauf qu’à ce moment, le filet des Hawks appartenait à Tony Esposito. Veisor fut donc limité à 10 matchs. C’est le 5 décembre qu’il fit ses débuts, alors qu’il prit la relève d’Esposito en fin de troisième période. Veisor étant de confession juive, l’organiste de l’Olympia de Détroit se mit à jouer le chant traditionnel "Hava Nagila" à son entrée sur la glace. On doute qu’une telle chose pourrait se faire aujourd’hui…



L’année suivante, ce fut neuf parties, incluant la partie du 15 février 1975 contre les Canadiens. Lors de ce match au Forum, Yvan Cournoyer devint le neuvième (et à ce jour dernier) joueur des Canadiens à marquer au moins cinq buts en un match. (Newsy Lalonde et Joe Malone l’ont fait trois fois, Maurice Richard, deux. Malone détient le record de sept, mais à ce moment, il portait les couleurs des Bulldogs de Québec.) L’entraîneur Billy Reay laissa alors Veisor subir le massacre en entier, une défaite de 12-3.

En 1975-76, Chicago fit l’acquisition du vétéran Gilles Villemure, ce qui relégua Veisor au club école de Dallas. L’année suivante, il fut rappelé pour trois matchs.

Lors de la saison 1977-78, il reprit son poste de deuxième gardien, mais Esposito prenait toujours autant de place. La campagne de Veisor fut toutefois écourtée par des problèmes de phlébite. Ceci aurait pu mettre fin à sa carrière, mais avec la prise d’anticoagulants et avec l’aide de bas spéciaux et de rembourrage additionnel, il parvint à contrôler son problème.

Cette solution ne lui accorda toutefois pas plus de temps de glace. Pour pouvoir voir plus d’action, il fallait que Veisor quitte Chicago. C’est finalement en juin 1980 qu’il fut échangé aux Whalers, en retour d’un choix de deuxième ronde.

À Hartford, il demeura un numéro deux, mais derrière John Garrett, il vit plus d’action qu’à Chicago. Son total de 29 matchs est d’ailleurs son plus élevé en carrière.

Par la suite, Garrett fut remplacé par Greg Millen, mais Veisor demeura derrière.

En novembre 1983, il fut échangé à Winnipeg, avec qui il joua huit matchs, avant de se retrouver avec les Jets de Sherbrooke, leur filiale de la Ligue américaine à ce moment.

Après 139 matchs dans la LNH, Veisor prit ensuite sa retraite. Il retourna alors vivre dans la région de Hartford, où il fut entraîneur des gardiens et gérant d’aréna dans une école préparatoire ("prep school").

Sources:

"Hawks 8, Wings 2", AP, December 6, 1973, Montreal Gazette, page 48;

"Cournoyer a pris la relève…" de Guy Robillard, 17 février 1975, La Presse, page D4,

"Difficult To Practice Religion: Veisor" de Harvey Rosen, March 21, 1980, The Jewish Post and Opinion, page 6,

hockeydraftcentral.com.

vendredi 12 février 2021

Une vidéo pour le plaisir #5 - Billy Joel ''Downeaster Alexa''

 
 
En 1995-96, les Islanders de New York sont devenus la risée de la LNH et du sport professionnel lorsqu'ils inaugurèrent leur nouveau chandail qui mettait en scène l'arrivée d'un nouveau logo, le mal-aimé ''Fisherman'' qui évoquait une forte ressemblance au logo des bâtons de poissons ''Gorton's'', ce qui leur valut des railleries de la part des médias, des fans et surtout ceux des équipes adverses. Même à ce jour le ridicule continue de s'abattre sur la franchise pour avoir un jour conceptualisé cette horreur de chandail. 
 
Même nous à LVEUP avons un trophée en son honneur... C'est d'ailleurs devenu pour moi une bonne source d'inspiration dans les derniers mois. Je me suis même procuré comme cadeau de Noël le livre ''We want fish sticks'' qui traite du sujet en profondeur. Je n'y suis qu'à mi-chemin mais c'est un excellent livre que je vous recommande fortement. On y parle abondamment du climat qui régnait dans cette organisation moribonde et mal gérée (et bien avant l'embauche de Mike Milbury) en plus des raisons qui menèrent l'équipe à changer son traditionnel chandail qui a vu l'équipe remporter 4 coupes Stanley au début des années 80. On y parle entre autres de «l'effet Gretzky» et des nombreuses expansions dans la LNH et dans le sport nord-américain qui amenèrent un boom au niveau de la commercialisation des chandails et des produits dérivés. Il y a aussi le fait que les Islanders perdaient du terrain après des années de médiocrité et l'émergence des autres équipes de leur marché, les Rangers et les Devils, qui remportèrent les coupes de 1994 et 1995 respectivement. Le balayage de l'équipe aux mains des Rangers en quatre petits matchs lors des séries de 1994 aurait apparemment été l'événement déclencheur qui poussèrent les dirigeants de l'équipe à adopter cette nouvelle direction. Mais bref il y en aurait tellement à dire et je ne voudrais pas vous gâcher le livre davantage si jamais vous aviez l'intention de le lire. 
 
Je vais cependant vous révéler un spoiler. Le logo ''Fisherman''ou le ''Fish sticks'' était la faute du chanteur Billy Joel.
 
William Martin Joel, surnommé ''The Piano Man'' en honneur de son méga-succès du même nom paru en 1973, est né à New York dans le Bronx mais a plutôt grandi par la suite à Hicksville, Long Island, soit à 15 minutes de Uniondale et du Nassau Coliseum, domicile de (trop) longue date des Islanders. Il est un des plus célèbres et fiers résidents de Long Island et dont plusieurs chansons évoque d'ailleurs ce coin de pays ou sa jeunesse passée là-bas. Il a maintes fois fait salle comble au Nassau Coliseum durant sa carrière et il y a même une bannière à son nom dans les hauteurs de l'aréna. Il n'aurait cependant jamais vraiment assisté à des matchs des Islanders ni même fait de promotion majeure avec l'équipe si ce n'est que ce ''bobblehead'' lors de la soirée Billy Joel organisée par l'équipe en 2018.  




Mais en quoi donc Billy Joel est-il responsable du Fisherman Jersey? Et bien lors des premières sessions de brainstorming pour ce rebranding, les dirigeants et leur firme de design tentaient de trouver des symboles et inspirations pour l'équipe qui voulait se départir du logo générique des Islanders avec le NY en forme de bâton devant une carte de Long Island. Plus facile de développer quelque chose pour une équipe nommée les Devils ou les IceDogs que pour un surnom régional vague comme «Islanders». Le terme est souvent utilisé davantage pour des habitants des îles tropicales, mais cela ne fonctionnait pas pour une équipe d'un climat plus froid comme Long Island. On cherchait plutôt des symboles représentant la région mais celle-ci est majoritairement reconnue comme étant simplement une banlieue de New York assez ringarde, pleine de centres d'achat, de «beach houses», de familles blanches riches et de soccer moms. Pas assez cool comme Manhattan ou Brooklyn et pas vraiment reconnaissable géographiquement comme San Francisco, Miami ou Washington par exemple. 
 
Les designers et l'équipe se tournèrent donc vers les figures populaires de l'endroit comme sources d'inspiration. Parmi les Long Islanders les plus connus on retrouvait Mariah Carey, LL Cool J, Jerry Seinfeld, Cyndi Lauper, Alec Baldwin (et ses frères), Theodore Roosevelt et aussi les Ramones, célèbre groupe punk plutôt originaire de Queens... Avouez que ça aurait été cool comme logo de voir Joey Ramone avec ses lunettes fumées et son coat de cuir... La pochette de ''Road to Ruin'' ferait d'ailleurs un excellent logo. Cependant, tout ce beau monde sont nés ou habitent sur la Longue Île mais aucun n'est vraiment emblématique de l'endroit. Ils sont généralement partis faire leur fortune ailleurs. 

Il restait donc toujours Billy Joel comme option. Non pas comme personnage à adapter en logo sportif mais peut-être que ses chansons typiquement «long-islandaise» pouvaient inspirer notre bande de designers. En 1990, Joel avait enregistré la chanson «The Downeaster Alexa» pour son album «Storm Front». La chanson fut un hit mineur qui atteignit la 57e position du Billboard US. La chanson parle des pêcheurs de la région de Long Island qui ont de plus en plus de difficulté à maintenir ce mode de vie dû à la précarité du métier, le manque de poissons et les régulations environnementales de plus en plus importantes empêchant la pêche au gros de certaines espèces. 

Dans le livre ''We want fish sticks'', on raconte que les dirigeants de l'équipe tombèrent en amour avec l'image du pêcheur tel qu'illustré dans le vidéoclip. Ce pêcheur viril et résilient, vaillant au travail et bravant la tempête était facile à transposer aux défis que pouvait surmonter une équipe de hockey. Le thème des références maritimes était déjà sur la table des discussions pour le nouveau chandail avec des ancres, des phares et autres références marines mais le vidéo de ''Downeaster Alexa'' resta au cœur des conversations et l'image du pêcheur fut donc grandement mise de l'avant. En plus de dénoncer la cause auprès de la population, Joel avait également rejoint plusieurs associations de pêcheurs en participant à plusieurs de leurs manifestations et la cause avait touché une corde sensible de la population de Long Island. Les Islanders croyaient que le thème était bon et qu'en plus, il ne serait pas mauvais de s'attirer la faveur d'un plus grand public et de la publicité en s'associant avec Joel et ces communautés de pêcheurs. Mais malgré quelques tentatives, l'équipe ne réussit jamais à établir un réel contact avec le chanteur mais la thématique fut tout de même adoptée avec les résultats qu'on connait. Je ne crois pas que cela aurait aidé de toute manière. Ce rebranding n'était qu'une manière désespérée de générer des revenus pour cette équipe qui ne fera qu'encaisser les séries de défaites et les mauvaises décisions de hockey dans son aréna miteux. Le chandail fisherman fut rapidement retiré graduellement de la circulation et n'est désormais plus qu'un mauvais souvenir pour ceux qui l'ont vu en action ou surtout ceux qui l'on porté, comme notre Kirk Muller national vu plus haut...

Comme je vous disais je n'ai pas encore terminé le livre mais après avoir été référé environ 15 fois à la chanson jusqu'à maintenant dans ma lecture je me devais d'aller l'écouter et de partager cet petite chanson soft rock avec vous... 

Donc voici pour vous la vraie origine du chandail Fisherman des Islanders...


mardi 9 février 2021

Jacques Plante avec les Seals?

 

 
Je crois que le légendaire Jacques Plante n'a pas besoin d'introduction. On connait tous ce grand gardien non seulement excellent à sa position (7 trophées Vézina et 1 trophée Hart) mais également innovateur par sa capacité d'analyser le jeu et de diriger ses défenseurs tout autant par son introduction et par la suite du perfectionnement du fameux masque du gardien.


Le grand public reconnaît principalement ses meilleures années avec le CH, tandis que les plus férus connaissent ses années de fin de carrière alors qu'il revint au jeu lors de la grande expansion avec les Blues de St.Louis, pour par la suite jouer avec les Maple Leafs, brièvement avec les Bruins (8 matchs), et enfin un dernier tour de piste dans l'AMH avec les Oilers d'Edmonton à l'âge vénérable de 46 ans après une courte retraite et court séjour comme entraîneur des Nordiques en 1973-74....

Cependant, il existe un autre chapitre peu connu de la carrière de Plante, soit celui de sa première retraite d'une durée de trois saisons entre 1965-66 et 1967-68. À l'époque, Plante venait de connaître deux saisons moyennes avec les Rangers où il évoluait depuis la saison 1963-64 après plusieurs différends à Montréal avec ses coéquipiers et l'entraîneur Toe Blake (qui s'opposait au port du masque). Malgré sa récente prestation de maître en 1961-62 où il joua les 70 matchs des Canadiens et remporta le Vézina et le Hart, le Canadien se fit éliminer en première ronde pour la troisième année de suite ce qui suscita la grogne chez les partisans après la saison 1962-63.

Cette pression et les tensions entre lui et Plante firent en sorte que Blake imposa un ultimatum à l'équipe, déclarant que c'était lui ou Plante. Les Canadiens profitèrent donc de l'occasion pour secouer et remanier l'équipe et ils l'envoyèrent à New York en compagnie de Phil Goyette et Don Marshall. En retour ils mirent la main sur le gardien Gump Worsley ainsi que Dave Balon, Léon Rochefort et Len Ronson. Henri Richard aurait alors déclaré que c'était une surprise mais que personne dans l'équipe n'allait pleurer le départ de Plante...



Avec une équipe pas mal plus faible à New York, Plante eut pour la première fois de sa carrière une fiche perdante durant ces deux saisons 63-64 et 64-65. La seule autre fois fut en 72-73 avec les Leafs. Si sa première saison fut relativement bonne malgré sa fiche perdante, il perdit la faveur de ses patrons lors de la deuxième. Il débuta même la saison en passant quelques semaines dans la ligue américaine avec les Clippers de Baltimore pour retrouver la forme après des problèmes aux genoux. Lors de son retour, il avait perdu le poste de numéro un au profit de Marcel Paillé.

Après ces deux années tumultueuses, malgré qu'il se considérait toujours parmi les meilleurs gardiens au monde et qu'il avait un meilleur contrat qu'à ses années à Montréal, il désirait se rapprocher de sa famille et de sa femme malade. Il décida donc de prendre sa retraite. Cela faisait alors l'affaire des Rangers qui, après ces deux saisons en dessous de ses standards, ne le considéraient plus vraiment comme un gardien d'élite autour duquel il était sage de construire. En plus, Plante était décrit comme un solitaire qui ne se fraternisait pas beaucoup avec ses coéquipiers malgré qu'on retrouvait bon nombre d'anciens du CH et de québécois à New York (Rod Gilbert, Camille Henry, Jean Ratelle, Goyette, etc.).

Court séjour à Baltimore dans la AHL en 1964-65


Durant cette première retraite, il devint représentant des ventes pour Molson mais ne resta pas inactif du hockey pour autant. Il fut invité par Scotty Bowman, alors entraîneur des Canadiens Junior de la ligue de l'Ontario pour participer à un match hors-concours contre l'URSS en décembre 1965. L'équipe de Bowman était en fait composée de joueurs de deux filiales du CH, les Canadiens Junior et les Apollos de Houston. Cependant, les Canadiens durent recevoir la permission des Rangers pour utiliser Plante alors que ses droits leur appartenaient toujours.

Jean Béliveau déclara également dans sa biographie que Plante aurait joué quelques matchs avec les As de Québec, mais je n'ai trouvé aucune traces de ces statistiques.

Mais bref comme vous savez, Plante est éventuellement revenu au jeu dans la LNH suite à la grande expansion où la ligue passa de 6 à 12 équipes. On se souvient généralement de cette période de sa carrière par le duo de vieux routiers superbement efficace qu'il formait avec Glenn Hall. La jeune équipe, alors la meilleure de la nouvelle conférence comprenant seulement ces 6 nouvelles franchises, se rendit jusqu'en finale de la coupe Stanley lors des trois premières années post-expansion soit en 1968 et 1969 et 1970.

Cependant, Plante n'était seulement là que pour les éditions de 69 et 70. En 1967-68 il était toujours à la retraite et Hall faisait tandem avec le vénérable gardien du hockey senior canadien Seth Martin.

Mais il s'en est toutefois fallu de peu pour que le légendaire gardien ne joigne les rangs des non-légendaires Seals d'Oakland lors de leur saison inaugurale. Le premier entraîneur des Seals était alors l'ancien du CH Bert Olmstead. Ayant besoin de conseils pour son premier camp comme entraîneur recrue, il fit appel à son ancien coéquipier comme conseiller et entraîneur des gardiens. On le voit ici prodiguer ses conseils lors du camp d'entraînement des Seals aux jeunes Gary ''Suitcase'' Smith, le victoriavillois Jean-Guy Morrisette et Jack McCartan. On voyait d'ailleurs en Smith un disciple de Plante, alors qu'il était également du type à s'aventurer hors de son filet.


Si vous vous demandez quel est ce chandail des Seals sur la photo et bien il s'agit des anciens chandails des Seals de San Francisco. Cette ancienne équipe alors dans la défunte WHL fut en fait achetée par les proprios des nouveaux Seals et fut la base de la nouvelle équipe dans la grande ligue. Comme signe avant coureur que les Seals allaient être une organisation broche-à-foin, leurs nouveaux chandails pour leur entrée dans la LNH n'étaient pas prêts. Ils utilisèrent donc ces anciens chandails durant le camp.

Derrière cette invitation se tramait toutefois plusieurs spéculations. On évoquait dans les journaux que la présence de Plante était en fait une sorte de moyen de pression pour que le supposé gardien numéro un des Seals Charlie Hodge (repêché de Montréal) signe avec les Seals. Hodge avait alors refusé de se joindre à l'équipe à moins de recevoir une augmentation sur son nouveau contrat, contemplant d'ailleurs la retraite le cas échéant. 

Malgré qu'il ait déclaré n'être avec les Seals que comme conseiller, Plante enfila les jambières comme gardien durant le camp et même durant un match pré-saison contre les Kings. Il partagea en fait cette rencontre avec Smith. Les Seals et les Kings firent match nul 3-3 et Plante alloua 2 buts. Dans le camp opposé on retrouvait également une légende vivante dans les buts des Kings avec Terry Sawchuk qui lui aussi ne joua que la moitié du match.

Tout ce qui persiste de ce seul match en tant que Seal pour Jacques Plante est donc cette coupure d'un journal dont j'ignore le nom...


Mais quoiqu'il en soit, je suis aussi dans l'ignorance à savoir si le stratagème aura fonctionné pour les Seals car éventuellement Hodge revint sur sa décision et se rapporta à Oakland tandis que Plante retourna à la retraite, ce poste de conseiller/assistant entraîneur n'étant uniquement le temps de ce camp d'entraînement. On peut toutefois spéculer que la présence de Plante a dû faire réfléchir Hodge d'une manière ou d'une autre alors qu'il a longtemps dû ronger son frein à Montréal dans l'ombre de Plante. Ce n'est d'ailleurs qu'après que Plante fut échangé aux Rangers que Hodge put enfin graduer dans la LNH à temps plein. On raconte toutefois que les Seals n'avaient pas réussi à s'entendre avec les Rangers pour une compensation en retour des droits de Plante. Ces derniers auraient probablement désiré avoir Smith en retour, ce que les Seals n'étaient pas en mesure de sacrifier. 

Plante déclara par la suite à Pierre Foglia, alors au journal La Patrie, que ce n'était aucunement dans ses intentions de revenir au jeu, que ses raisons familiales de se retirer étaient toujours valides et même que toutes les six équipes d'expansion lui aurait fait la proposition d'un retour.

Mais malheureusement pour notre folklore de hockey goldensealois, ce court retour de Plante d'une demie-partie hors-saison avec les Seals n'aurait été (selon lui) qu'une sorte de démonstration pratique pour les bienfaits de Smith, son protégé. 

La situation avait toutefois bien changé un an plus tard alors que Plante annonça aux Rangers qu'il était bel et bien prêt à sortir de sa retraite et qu'il désirait qu'ils fassent tout en leur pouvoir pour l'échanger ou le libérer. Ce fut alors plutôt facile puisque les Rangers durent l'exposer au repêchage intra-ligue afin de ne pas perdre leur tandem alors composé de Ed Giacomin et Gilles Villemure. Il fut alors sélectionné par les Blues et vous connaissez la suite. À son retour au jeu officiel à 39 ans, il avait effectivement encore du gaz dans le réservoir et gagna même à nouveau le trophée Vézina (son 7e et dernier) à sa première saison à St.Louis. Le trophée était alors remis au(x) gardien(s) de l'équipe ayant accordé le moins de buts et il fut donc partagé avec Hall.


Pendant ce temps à Oakland, Smith obtint le poste de gardien numéro 1 lors de la deuxième saison d'existence de l'équipe, tandis que Hodge devint son adjoint. Smith demeura en place jusqu'à son échange aux Blackhawks après la pire saison jamais enregistrée par un gardien (48 défaites) en 1970-71, mais lui aussi gagna le Vézina (partagé avec Tony Esposito). Hodge prit pour sa part le chemin de Vancouver avec une nouvelle équipe d'expansion, les Canucks en 1970-71 où il joua 35 matchs avant de prendre sa retraite. Les Seals, dorénavant connus sous le nom des Golden Seals, trouvèrent finalement leur véritable gardien de concession (également un québécois) lorsqu'ils renvoyèrent le gardien Gerry Desjardins aux Black Hawks. Desjardins avait été obtenu en retour de Smith mais était blessé et l'échange fut déclaré invalide. Les Blackhawks envoyèrent donc Gilles Meloche aux Seals et la aussi vous connaissez la suite (si vous lisez souvent ce blog).

Plante prit sa retraite finale après le camp d'entraînement des Oilers avant la saison 1975-76.

Sources:
Les Rangers savent comment rémunérer un joueur de Talent - Jacques Plante, La Presse, 30 juillet 1963
Jacques Plante se retire pour vivre avec sa famille - La Presse, 8 juin 1965
Retro Rangers: Plante Didn’t Bloom on Broadway - Insidehockey.com, 2 avril 2011
Jacques Plante sera dans les buts des As contre les Russes
- Le Nouveliste, 10 décembre 1965
Hodge à sa retraite? Plante de Retour? - La Presse, 18 septembre 1967
Plante ferait un retour au jeu dans la nationale - La Tribune, 23 septembre 1967
Jacques Plante: ''J'ai dit non... et c'est non!'' - La Patrie, 8 octobre 1967
Wikipedia
Greatest Hockey legends

mercredi 3 février 2021

Pete le manchot...

 
 

Il y a de ces histoires que je découvre au hasard qui semblent bien inoffensives au départ. Le genre de petite anecdote cocasse qui te fait dire ''Ah ouais, cool'' et tu passes à autre chose dans ta vie. Mais il arrive quelquefois où l'on s'aventure au fond de l'histoire pour ensuite regretter son geste. C'est comme un bobo qui ne guérit pas parce qu'on arrête pas de le gratter... 
 
L'histoire de ''Penguin Pete'' fait partie de cette catégorie. Après avoir ruminé le tout en position fœtale pendant quelque heures, je pense être prêt à la partager avec vous...

 
 

Penguin Pete était un manchot originaire de l'Équateur. Il était plus précisément un ''manchot de Humboldt'', une espèce de manchot habitant principalement les côtes du Chili et du Pérou. En passant, je m'efforce ici de respecter la linguistique particulière française alors qu'un Pingouin en français et un Penguin en anglais (et dans la plupart des autres langues) ne sont pas exactement le même animal. Je vous réfère à cette archive de 2014 si vous désirez en savoir plus. Mais Penguin Pete était bel et bien un manchot et non pas un ''pingouin''...

Autre petite parenthèse sur les manchots de Humboldt avant de commencer. En 2005, il fut découvert que plusieurs de ces manchots mâles formaient des couples homosexuels dans un zoo allemand. Voulant ''remédier'' à la situation, la direction du zoo fit venir davantage de femelles dans leur environnement, ce qui fit la manchette et qui fut dénoncé par les associations LGBTQ... De toute façon, plusieurs mâles sont restés gays même après l'arrivée des femelles. Ceci ne sera malheureusement pas la dernière démonstration de la bêtise humaine dans cet article...

Retournons à nos moutons, pingouins, manchots. Mais avant, je vais aller me chercher une advil...

Revenons d'abord dans le temps en 1968. Les Penguins de Pittsburgh en sont à leur première saison et ont de la difficulté à attirer des gens aux guichets. Vous voyez alors sûrement où je veux en venir... Le fondateur et propriétaire de l'équipe, Jack McGregor, a alors eu une ampoule qui s'est allumée au dessus de sa tête. Il décida d'adopter comme mascotte non pas un simple gars déguisé en manchot mais bel et bien un manchot vivant. C'est donc devant 9000 spectateurs lors du match du 21 février 1968 contre les Flyers de Philadelphie que l'on assista aux grands débuts de Penguin Pete, ce manchot de Humboldt prêté généreusement par le zoo de Pittsburgh. Pete fut d'ailleurs donné ''cérémonieusement'' durant les cérémonies d'avant-match par McGregor comme cadeau à son fils Doug, qui fêtait ses 9 ans cette même journée. C'est aussi d'ailleurs la femme de McGregor qui avait trouvé le nom Penguins, en référence au domicile de l'équipe surnommé ''L'Igloo''... même si les manchots et pingouins résident dans l'hémisphère sud et n'ont probablement jamais vu un igloo dans toute l'histoire de la vie sur terre...

 
De gauche à droite: Doug McGregor (9 ans), son père Jack McGregor (proprio des Penguins) et Pete Schelpis (employé du zoo et responsable de Penguin Pete)


Le jeune Doug a plutôt l'air effrayé là-dessus...

Pete n'aurait fait ensuite qu'une seule autre apparition durant la saison 1967-68, ne faisant que gambader maladroitement avec un harnais sur la glace durant les intermissions et les avant-matchs. Durant l'entre-saison, McGregor commanda à CCM des patins spéciaux adaptés aux petites pattes palmées de Pete. L'anatomie particulière des manchots fit de cette commande une tâche pratiquement impossible pour CCM mais ils auraient apparemment réussi. Un entraîneur prit ensuite la tâche d'apprendre à patiner à ce pauvre Pete. L'idée était qu'il mène l'équipe hors du vestiaire et les conduise triomphalement sur la patinoire.

Cependant, surprise, les manchots ne savent pas voler et encore moins bien patiner. Ils peuvent à peine marcher si ce n'est que de cette manière adorable et non pas virile du tout... Le DG des Penguins Jack Riley se rappela que Pete préférait se laisser glisser sur son estomac lorsqu'il était sur la glace... tsé comme un manchot normal dans son habitat normal. Les médias eurent alors carte blanche pour de belles manchettes. Le Globe and Mail commenta de la sorte : ''Les Penguins ont deux problèmes majeurs à l'aube de leur deuxième saison. Ils ont un Pingouin qui ne sait pas patiner et une défensive tout aussi inexpérimentée...''


Penguin Pete n'aura fait que seulement 6 apparitions (sans patins) de la sorte, sa dernière lors d'un match contre les Rangers le 16 novembre 1968. Et il n'eut même pas l'effet escompté, alors qu'il y avait seulement 7000 spectateurs pour ce match que les Penguins perdirent 2-1. Comme à l'habitude, Pete fut retourné au zoo après le match. Cependant, le pauvre animal mourut d'une pneumonie 5 jours plus tard, soit le 23 novembre 1968. Il fut énoncé que Pete aurait attrapé cette pneumonie parce que les tenanciers de l’aréna aurait trop chauffé son espace de repos. Le changement soudain de température causé par tous ces trimbalements entre le zoo, son espace de repos et la glace de l'aréna aurait donc été fatal pour cette pauvre créature. Qui aurait pu croire qu'un animal sauvage totalement déplacé de son habitat naturel pourrait attraper une pneumonie? Sûrement pas Jack McGregor qui était incrédule face à ce diagnostic du vétérinaire. Il déclara: ''Les Penguins vivent dans les températures les plus froides de la planète! Comment pourrait-il être mort d'une pneumonie?''. Mais à la défense du jugement de McGregor, il était, en plus d'être proprio des Penguins, sénateur républicain de l'état de Pennsylvanie. Alors on comprend un peu mieux...

La farce ne s'arrête toutefois pas ici. Je finis mon shot de whisky et je vous reviens...

Après sa mort, Pete fut envoyé à un taxidermiste et il fut exposé dans un présentoir à trophée (à défaut d'en avoir des vrais) dans le lobby des bureaux des Penguins. Il disparut toutefois du radar après quelques semaines.. 
 
Il existe plusieurs théories sur ce qui advenu de ce pauvre Pete. Selon quelques sources, des gens étaient inconfortables de sa présence et il fut simplement retiré et emmené au domicile d'un des membres de l'organisation. McGregor déclare toutefois qu'il fut volé par un fan tandis que son fils Doug raconte qu'il a plutôt été jeté aux ordures par le personnel de l'équipe...

 

 
... et un autre shot de whisky pour moi svp...

N'ayant pas appris leur leçon, le zoo de Pittsburgh prêta par la suite un deuxième manchot aux Penguins. Et là vous allez sûrement penser que je vous niaise, mais cette deuxième mascotte vivante fut rebaptisée sous le nom de ''Re-Pete''... REPEAT! TU LA POGNES-TU?

Au moins Re-Pete aura été mieux traité par l'équipe et fut d'office jusqu'à la fin de la saison 1971-72 sans mourir une seule fois... Il ne fut toutefois pas aussi populaire que le Pete original et on raconte qu'il fut retiré suite à plusieurs plaintes de la SPCA. C'était le temps qu'ils rappliquent eux autres d'ailleurs...

Je me demande s'il existait une variante ''Pittsburghienne'' de notre superbe joke nationale durant ces quelques saisons à Pittsburgh... Du genre ''Pete pis Re-Pete sont sur la glace. Pete meurt d'une pneumonie. Qui qui reste?''

Rendu ici dans mon texte, j'ai pris une pose et 2-3 verres d'eau pour dé-saouler. Ensuite en retournant dans mes recherches je suis tombé sur un article qui est venu tout chambouler ce récit. Il s'agit d'un article hommage de 2017 suite à la mort de Pete Schepis, personnage adoré de Pittsburgh et employé de longue date du zoo de l'endroit. Il est celui qui transportait Pete et Re-Pete que l'on voit sur les photos et le vidéo plus haut. Dans l'article on raconte qu'il aurait débuté ses fonctions en 1969 mais que le Penguin était en fait un manchot empereur surnommé plutôt ''Slapshot'' et que ''Penguin Pete'' était plutôt lui, ce Pete Schepis... On raconte même que ''Slapshot et Penguin Pete'' étaient d'office pour chaque match local des Penguins jusqu'en 1975...

Je croyais alors qu'il ne s'agissait que d'une erreur du journal mais on retrouve dans le même article un témoignage de sa fille, Becki Schepis. Cette dernière raconte que elle et sa soeur ''adoraient se rendre à l'aréna mais qu'elles détestaient partager le Station Wagon du paternel en compagnie de ce penguin puant dans le coffre avant et après chaque match''....

CET EMPLOYÉ DU ZOO TRANSPORTAIT UN MANCHOT VIVANT DANS LE COFFRE DE SON STATION WAGON, SIMONAC. Pas étonnant que le premier soit mort d'un choc de température. C'est quoi ce zoo de merde?

Donc après ces aventures zoologiques, les Penguins arrêtèrent d'employer des mascottes, mais l'idée fut ramenée en 1992 après les deux conquêtes de la coupe Stanley par l'équipe. Cette fois-ci on abandonna l'idée d'un manchot vivant pour plutôt prendre le bon vieux classique d'un bonhomme dans un costume. L'équipe voulait alors ramener le nom de Penguin Pete mais entre temps, l'Université Youngstown State en Ohio avait repris le nom pour sa propre mascotte. Un concours fut alors lancé pour trouver un nouveau nom et c'est alors que naquit le très populaire ''Iceburgh'' que tout le monde adore depuis... sauf Jean-Claude Van Damme.




Mais comme les erreurs du passé ont tendance à ressurgir des décennies plus tard, les Penguins ramenèrent une flopée de manchots lors des célébrations de la Stadium Series de 2017. Six manchots sensibles aux changements d'environnement placés au centre d'une mer de plus de 20 000 personnes et des centaines de flashs de caméra? Qu'est-ce qui pourrait bien mal tourner cette fois?



Ah ben oui. Des feux d'artifices détonnés à quelques mètres d'eux. Inutile de dire que PETA fut sur le coup encore une fois et que le zoo de Pittsburgh en prit pour son rhume. Le zoo déclara que l'incident était mineur et que la réaction de choc des manchots était ''similaire'' à celle d'un humain en pareilles circonstances, qu'ils étaient rétablis du choc quelques secondes plus tard et qu'il s'agissait d'ailleurs d'une belle expérience pour eux de pouvoir découvrir de ''nouveaux sons, de nouvelles choses à voir et de nouvelles senteurs''... Wow. 
 
En tout cas, ces gens du PR du zoo savent mieux patiner que les manchots. Moi j'ai une idée. À moins de savoir vraiment ce que vous faites, laissez-donc ces pauvres animaux tranquilles. C'est pas des chiens de concours.
 
 
Sources:
Pittsburgh Hockey
100 Things Penguins Fans Should Know & Do Before They Die, Rich Buker

Penguins’ Name & Mascots Hold Legacy in Pittsburgh, The Hockey Writers, 7 avril 2020
The curious case of the Penguins’ waddling (and missing) mascot, Pittsburgh Post-Gazette, 2 mars 2016
The bizarre and sad story of the Pittsburgh Penguins' first mascot, Ottawa Citizen, 19 mai 2017
PETA Condemns N.H.L.’s Use of Real Penguins in Pittsburgh Pregame Show, NY Times, 3 mars 2017
Brookline man spent life caring for animals, Pittburgh zoo, Triblive.com, 14 juin 2017