Bien qu’il jouait avec les Petes de
Peterborough au niveau junior, John Garrett fut prêté aux Canadiens Jr pour le
tournoi de la Coupe Memorial en 1970. (Il faut
dire qu’à l’époque, les Canadiens Jr jouaient en Ontario dans l’OHA et
apparemment qu’on se prêtait encore des joueurs. De plus, il y avait plusieurs ligues juniors
et le tournoi de la Coupe Memorial était plus long.) En absence de Michel Dion, c’est Garrett qui
servit d’auxiliaire à Wayne Wood, avec qui il partagea le travail devant le
filet. Ce court séjour à Montréal permit
à Garrett de remporter la Coupe Memorial, avant de retourner à
Peterborough l’année suivante.
Au repêchage de 1971, Garrett fut choisi en troisième
ronde par les Blues. Par contre, il ne
jouera jamais à St-Louis, puisqu’un an plus tard, il fut échangé aux Black
Hawks pour compléter une transaction impliquant Christian Bordeleau. Il ne joua toutefois pas plus pour Chicago, étant
donné qu’il avait devant lui dans la hiérarchie des Hawks Tony Esposito et Gary Smith. Lorsqu’on lui offrit plus du
double de ce que les Hawks lui offraient (50 000$ pour 2 ans versus 22 000$
pour les mêmes 2 ans), Garrett signa donc avec les Fighting Saints du Minnesota
de l’AMH en 1973.
Celui qu’on surnommait Cheech (en référence au
duo humoristique Cheech et Chong) y effectua des débuts convaincants, puisqu’il
fut choisi pour participer au match des étoiles.
L’année suivante, dans le sillon des Broad
Street Bullies à Philadelphie, l’entraîneur Harry Neale misa de plus en plus
sur la robustesse. C’est alors que
Garrett, gardien de petite taille, se retrouva devant le but d’une équipe qui comprenait entre autres
Gordie Gallant et Jack Carlsson. Ce
dernier sera rejoint par ses frères Jeff et Steve l’année suivante, qui eux
joueront plus tard les frères Hanson dans le film Slap Shot.
(Bill Goldthorpe, celui qui a inspiré Ogie Ogilthorpe dans le même film,
avait joué quelques matchs avec les Fighting Saints en 1973-74.)
À l’été 1975, Garrett devint agent libre. Il avait entendu les rumeurs voulant que
l’équipe soit en difficulté. Par contre,
une autre rumeur voulait que les Fighting Saints soient en négociation avec Bobby Orr. Garrett, qui était représenté par
Alan Eagleson tout comme Orr, lui demanda si la rumeur était fondée et s’il
devait demeurer avec les Saints. Sa
femme était enceinte, et il voulait également s’acheter une maison. Eagleson lui répondit que c’était sérieux. Garrett
signa donc son contrat et acheta sa maison.
En fait, c’est la première rumeur qui était
vraie. La deuxième était une invention
d’Eagleson pour faire monter la valeur de Bobby Orr.
À partir de décembre, des paies furent manquées,
avant de carrément disparaître. Les
joueurs continuèrent donc de jouer sans être payé jusqu’au 25 février. Suite à une défaite contre San Diego,
l’équipe fut alors dissoute. Garrett fut donc
récupéré par les Toros de Toronto et dut vendre sa maison à perte. Son contrat prévoyait également un bonus de
20 000$ s’il atteignait le plateau de 30 victoires. Au moment de la dissolution de l’équipe, il
en avait 26.
Il ne jouera que 9 matchs à Toronto, puisqu’à
la fin de l’année 1975-76, les Toros déménagèrent à Birmingham, pour devenir
les Bulls.
À sa première année en Alabama, Garrett fut
nommé au sein de la première équipe d’étoiles de la ligue, mais en 1977-78, l’arrivée
de Glen Sonmor derrière le banc changea la philosophie de l’équipe. Tout comme les Fighting Saints auparavant,
les Bulls misaient principalement sur leurs poings pour attirer des foules dans
ce marché non-traditionnel. C’est alors
que l’équipe fit l’acquisition de joueurs comme Dave Hanson (le troisième frère
Hanson de Slap Shot), Frank Beaton, Gilles Bilodeau et Ken Linseman. L’équipe n’étant pas rentable, le
propriétaire John Bassett vendit quelques contrats pour effectuer un virage
jeunesse en embauchant des joueurs de 18 ans, à ce moment non-éligibles au
repêchage de la LNH. On les surnomma les
″Baby Bulls.″ Malgré qu’il ait été le
gardien le plus occupé de la ligue avec 58 matchs, Garrett fit partie des
sacrifiés. Il se retrouva alors avec les
Whalers de la Nouvelle-Angleterre de Gordie Howe, où il partagea le filet avec
Al Smith.
C’est l’année suivante que se termina l’aventure
de l’AMH. Dans l’histoire de la ligue,
Garrett possède le troisième plus haut total de matchs chez les gardiens (323)
et le cinquième plus grand nombre de victoires (148).
Les Whalers firent alors partie des équipes
admises dans la LNH. Les droits de
Garrett appartenaient à ce moment toujours à Chicago, mais Hartford utilisa l’une
de ses trois sélections prioritaires pour le garder.
Garrett fit donc ses débuts dans la LNH en même
temps que les Whalers, le 11 octobre 1979. Il passa alors les deux années suivantes à
jouer beaucoup, au sein d’une équipe plutôt faible. Par contre, pendant la saison 1981-82, il
perdit son poste de numéro 1 à Greg Millen.
Il fut alors échangé aux Nordiques contre Michel Plasse (qui étonnamment
ne joua pas un seul match avec les Whalers).
Auxiliaire de Daniel Bouchard, il passa
beaucoup de temps sur le banc. Grand
gourmand, il était un amateur des hot dogs du Colisée et il lui arrivait de demander
au soigneur de lui en amener un discrètement, qu’il cachait dans sa jambière. Toutefois, un soir, il fut appelé à prendre
la relève soudainement. N’ayant pas de
place pour se débarrasser de son hot dog, celui-ci demeura dans sa cachette. Il dut donc subtilement resserrer les sangles
de sa jambière, pour éviter qu’il ne tombe sur la patinoire. À son retour au vestiaire, il y avait du
ketchup et de la moutarde un peu partout…
Le passage de Garrett à Québec fut tout de même
court. Le 4 février 1983, les Nordiques
l’échangèrent à Vancouver contre Anders Eldebrink. Cette transaction eut lieu quelques jours
avant le match des étoiles, où Richard Brodeur était le seul représentant des
Canucks. Brodeur se blessa, mais comme
il fallait que chaque équipe ait au moins un joueur au match, on demanda au deuxième gardien, Garrett, de représenter sa nouvelle équipe, même si ses statistiques ne le
justifiaient pas.
Loin d’être déclassé, Garrett eut une bonne
performance, au point où il aurait pu être considéré comme candidat pour le
titre de joueur du match. Toutefois,
après que Wayne Gretzky eut compté son troisième et son quatrième but du match
dans les cinq dernières minutes, le choix devint évident.
Garrett passa deux autres saisons derrière
Richard Brodeur, avant d’être nommé assistant directeur-gérant, toujours à
Vancouver, en 1985-86.
Il entama ensuite une longue carrière de
commentateur, d’abord à la CBC, puis à Sportsnet, principalement sur la côte
ouest. Reconnu pour sa bonne humeur, il
est toujours en poste.
Sources :
Willes, Ed, The Rebel League, the short and
unruly life of the World Hockey Association, McClelland &
Stewart, 2004, p.36, 88, 102-107, 153,
« Being
No.2 : Hockey cushiest gig is also one of its toughest » de Alex
Prewitt, 20 novembre 2016, Sports Illustrated (si.com),
hhof.com, hockeydraftcentral.com,
hockeydb.com, wikipedia.org.
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