J'avais croisé le nom de Doug Mohns lors de plusieurs recherches mais je ne lui accordais que très peu d'attention. Je croyais à prime abord qu'il était un joueur moyen et vagabond qui avait quand même connu une bonne carrière de façon anonyme. Mais en regardant finalement ses statistiques de plus près, j'ai tout de suite sursauté lorsque je me suis rendu compte qu'il était défenseur et qu'il avait accumulé plus de 700 points et joué durant 22 saisons. Il méritait alors définitivement une bio ici.
Doug Mohns est né le 13 décembre 1933 à Capreol en Ontario. Un patineur né, il fut même approché par les Ice Capades à l'âge de seulement 7 ans. Sa famille refusa toutefois l'offre et il se concentra plutôt sur le hockey. Surnommé «Diesel» pour sa vitesse sur patins rappelant une locomotive, il se distingua tout d'abord au sein des Flyers de Barrie de la ligue junior de l'Ontario avec qui il fut d'abord prêté par son club local de Capreol pour la coupe Memorial de 1951. Après leur victoire, les Flyers recrutèrent Mohns pour la saison 1951-52. Évoluant comme attaquant, il mena les Flyers pour les points à sa première saison et ramena les Flyers à la coupe Memorial en 1953. En compagnie de joueurs de renom comme Orval Tessier et Don Cherry, Mohns récolta 18 points en 10 matchs lors de ce tournoi et ramena la coupe Memorial à Barrie.
Propriété des Bruins, Mohns, alors âgé de seulement 19 ans, fit le saut directement dans la LNH en 1953-54. Il était assez rare de voir un si jeune joueur percer un alignement de la LNH à l'époque «Original 6» surtout sans devoir faire ses preuves dans les mineures. Mais des blessures à la défense chez les Bruins firent en sorte qu'il y avait un poste disponible. Il fut toutefois converti en défenseur, encore une fois un fait assez rare.
Mohns connut une très bonne première saison, accumulant 13 buts et 14 passes pour 27 points, soit le meilleur rendement offensif chez les défenseurs des Bruins, alors un club très médiocre en attaque. Leur meilleur attaquant n'ayant obtenu que 47 points.
Il joua 11 saisons complètes à Boston, devenant en 1959-60 le deuxième défenseur de l'histoire de la LNH (après Flash Hollett) à marquer 20 buts en une saison. En plus de sa rapidité et sa versatilité à pouvoir jouer parfois comme attaquant, il était un des premiers disciples du lancer frappé suite à son introduction par Bobby Hull et Boom Boom Geoffrion. Il participa 5 fois au match des étoiles lors de ses années avec les Bruins, 4 fois comme défenseur et 1 fois comme attaquant. Son entraîneur à Boston, le légendaire Milt Schmidt, évoqua que Mohns était un des meilleurs joueurs de la ligue à l'époque.
Cependant, malgré quelques bonnes années vers la fin des années 50, dont deux participations en finale (1957 et 1958 contre Montréal), les Bruins n'allaient plus nulle part durant les années 60 et ratèrent les séries de 1960 à 1967. À l'été 1964, Mohns fut échangé aux Blackhawks en retour de deux joueurs, Reggie Fleming et Ab McDonald.
Lors de sa première saison à Chicago, il fut reconverti comme ailier gauche et muté sur le trio de Stan Mikita et Kenny Warham. Surnommé la «Scooter line» pour leur vitesse étourdissante, le trio fut un des meilleurs de la ligue pendant six saisons durant lesquelles Mohns connut ses meilleurs moments. Sa meilleure saison eut lieu en 1966-67 où il obtint 60 points, dont 25 buts, en seulement 61 matchs. Il retourna également au match des étoiles en 1965. Son entraîneur Billy Reay déclara qu'avoir Mohns sur la glace était comme d'avoir droit à un 3e défenseur tellement il était capable de se replier efficacement en défense ou d'adapter facilement son rôle selon l'intensité des matchs.
Après six ans à Chicago, l'âge commença à ralentir Doug Mohns. Il eut toutefois la chance de prolonger sa carrière grâce aux expansions. Après une première moitié de saison difficile, il fut échangé aux North Stars du Minnesota en février 1971. Il y joua durant deux autres saisons, retournant une dernière fois au match des étoiles en 1972, avant d'être réclamé par les Flames d'Atlanta au repêchage intraligue de 1973. Des blessures le limitèrent toutefois à seulement 28 matchs avec les Flames.
L'heure de la retraite semblait avoir sonné pour Mohns à l'été 1974. Il y eut des rumeurs selon qui il deviendrait le premier entraîneur des nouveaux Capitals de Washington. Ces derniers portèrent toutefois leur choix sur Jim Anderson. Malgré tout, le DG des Capitals, son ancien coéquipier et entraîneur Milt Schmidt, voulait quand même avoir Mohns dans son équipe. N'ayant pas obtenu beaucoup de vétérans aguerris durant le repêchage d'expansion, Schmidt et les Caps achetèrent la dernière année du contrat de Mohns et le nommèrent comme premier capitaine de la franchise pour la saison 1974-75.
La première saison des Capitals demeure à ce jour la pire de l'histoire de la ligue avec seulement 8 victoires, 67 défaites, 5 matchs nuls et la majorité des joueurs avec une fiche de -50 (et le record de tous les temps de -82 de Bill Mikkelson). Lors de cette 22e saison en carrière, le vénérable Mohns parvint à jouer 75 matchs et accumula 2 buts et 19 passes à la défense des Capitals. Il termina avec une fiche de -54 et prit ensuite une retraite bien méritée.
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| Au autre cas de «patch» de capitaine appliquée avec du tape électrique |
En 1389 matchs dans la LNH, Doug Mohns aura obtenu 248 buts et 462 passes pour 710 points et 1250 minutes de pénalité. Lors de sa retraite, seulement 4 joueurs avaient joué davantage de matchs; Gordie Howe, Alex Delvecchio, Tim Horton et Harry Howell.
Il n'a malheureusement jamais remporté la coupe Stanley ou remporté d'honneurs individuels, ce qui nuit grandement à sa postérité. Durant ses années où il évoluait principalement comme défenseur (1953 à 1964 avec les Bruins), seulement 3 défenseurs ont obtenu davantage de points, soit Red Kelly (qui évoluait lui aussi parfois comme attaquant), Bill Gatsby et Doug Harvey.
Si le trophée Selke avait existé (il n'existe que depuis 1978), nul doute que Doug Mohns aurait été candidat durant ses années à Chicago. Il a aussi eu la malchance de partir de Boston quelques années avant l'éclosion des Big Bad Bruins et les coupes des années 70, en plus d'arriver à Chicago trop tard, les Blackhawks ayant remporté les grands honneurs en 1961. Il fut toutefois nommé au 57e rang du Top 100 de l'histoire des Bruins lors des célébrations du 100e de l'équipe en 2023-24.
Après sa retraite, il s'impliqua dans plusieurs causes humanitaires et travailla une vingtaine d'années au Massachusetts comme administrateur d'hopital. Il décéda en 2014 à l'âge de 80 ans.










































