Depuis 1977, les équipes qui se présentent au championnat du monde sont composées pour la plupart de joueurs dont l’équipe est éliminée des séries éliminatoires de la Ligue nationale. (Les équipes d’élite du moins.) Comme ce fut le cas assez rapidement pour les Canadiens cette année, Nick Suzuki et Cole Caufield ont reçu une invitation pour se joindre à leur équipe nationale respective, qu’ils ont tous deux refusée.
Comme le tournoi se déroule au mois de mai pendant les séries de la LNH, il devient impossible de remporter les deux titres la même année. Ce ne fut pas toujours le cas, mais même lorsque c’était possible, le chemin pour s’y rendre demeurait tortueux et un seul joueur y est parvenu, Connie Broden.
Montréalais d’origine, Broden s’aligna au début des années 1950 avec une série de clubs associés de près ou de loin aux Canadiens. Il joua d’abord avec les Canadiens Jr. Au niveau professionnel, il remporta ensuite deux Coupes Turner en 1953 et 1954 avec les Mohawks de Cincinnati de la Ligue internationale. Il se dirigea ensuite vers les Cataractes de Shawinigan de la Ligue senior du Québec, où il fit encore partie d’une équipe championne en 1955, et avec qui il fut le meilleur pointeur.
À sa deuxième saison à Shawinigan, il eut droit à son premier séjour dans la Ligue nationale, alors qu’il disputa trois matchs avec les Canadiens.
À sa troisième, en 1956-57, non seulement il eut aussi droit à une autre période avec le tricolore, mais il put également ajouter un autre titre à son palmarès déjà garni. C’est par mesure d’urgence qu’il fut rappelé par les Canadiens pour les séries. S’il joua peu, il participa tout de même à six matchs et fit partie de l’équipe championne de la Coupe Stanley.
Ayant terminé ses études, Broden décida alors de prendre sa retraite et de se concentrer sur le poste intéressant qui l’attendait chez la Brasserie Molson. Toutefois, les Dunlops de Whitby de la Ligue senior de l'Ontario cherchaient des renforts, puisqu’ils avaient mérité le droit de représenter le Canada aux championnats du monde. C’est Sam Pollock qui recommanda Broden à l’équipe, qui comptait entre autres dans ses rangs le futur directeur-gérant des Bruins, Harry Sinden.
Pour le Canada, il s’agissait d’un retour à cette compétition, après avoir refusé d’y participer en 1957. Tout comme les États-Unis, la Norvège, l’Italie, la Suisse et l’Allemagne de l’Ouest, le Canada avait voulu protester contre l’invasion soviétique de la Hongrie et s’était abstenu de se rendre à Moscou. La compétition de 1958 se tenait quant à elle en Norvège. Et contrairement à maintenant, le tournoi n’avait pas lieu au printemps, mais bien au début mars.
Broden ne déçut pas. Le Canada compila une fiche parfaite de 7-0 et c’est devant le roi Olaf V de Norvège qu’il remporta la médaille d’or. Quant à Broden, il fut le meilleur pointeur du tournoi, avec 11 buts et 7 passes. Étonnamment, il ne fut pas désigné comme étant le meilleur attaquant de la compétition. C’est plutôt le futur Bruin et North Star Charlie Burns, avec 7 points, qui hérita du titre.
La performance de Broden ne passa toutefois pas inaperçue à Montréal. À la suite du championnat, Frank Selke le rappela avec les Canadiens.
Dès son premier match à son retour, Broden marqua deux fois contre Ed Chadwick, en plus d’obtenir une passe, dans une victoire de 7-4 contre les Leafs. Ce furent néanmoins les seuls points qu’il obtint dans la LNH en saison régulière, en plus d’une passe obtenue en séries l’année précédente.
Avant le début des séries, il joua deux autres matchs. Il demeura alors dans l’entourage de l’équipe pendant les éliminatoires, mais il joua peu. Il participa d’abord au cinquième match de la finale contre Boston, pour remplacer Floyd Curry. Pour le sixième et décisif match, sa contribution fut certainement discrète, au point que selon lnh.com et hockey-reference.com, il n’y a pas participé, même si selon La Presse et la Gazette, il y était. Peu importe. D’une manière ou d’une autre, pour une deuxième fois, il a fait partie de l’équipe championne de la Coupe Stanley. Et comme mentionné précédemment, il est ainsi devenu le premier (et à moins que le championnat ne change de date, le seul à jamais) à remporter le championnat du monde et la Coupe Stanley la même année.
Broden a ainsi remporté deux Coupes Stanley en ne jouant que 13 matchs (ou 14 selon les sources) dans la LNH. J'aurais pratiquement pu l'inclure dans ma liste de ceux qui ont collectionné les titres en peu de temps...
Il a ensuite travaillé pendant 32 ans chez Molson.
Il est décédé en 2013, à l’âge de 81 ans.
Sources:
"Connie Broden est champion compteur", PC, 10 mars 1958, La Presse, page 37,
"Béliveau et Moore marquent les buts, mais Maurice Richard soulève la foule" d’André Trudelle, 10 mars 1958, La Presse, page 37,
"Habs Break Scoring Record, Win 7-4" de Pat Curran, March 21, 1958, Montreal Gazette, page 34,
"Confiance des joueurs de finir la série à Boston", 18 avril 1958, La Presse, page 51,
"Le vétéran Floyd Curry reviendra peut-être au jeu pour cette joute", 19 avril 1958, La Presse, page 26,
"Le Canadien gagne une 10e fois la Coupe Stanley" de Marcel Desjardins, 21 avril 1958, La Presse, page 28,
"Ici et là dans le monde du sport" d’André Trudelle, 21 avril 1958, La Presse, page 32,
"Edge Bruins 5-3, Geoffrion Leads Way With Two Goals" de Dink Carroll, April 21, 1958, Montreal Gazette, page 27,
"Story #99 - Broden’s Feat Will See No Repeat", IIHF (webarchive.iihf.com),
hockeyarchives.info/mondial1958.htm, hockey-reference.com, wikipedia.org.
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