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dimanche 23 avril 2023

L'assassinat de Martin Luther King et les séries


Les séries de la Coupe ont débuté cette semaine. Une fois entamé, il s’agit d’un marathon sans interruption où l’usure fait son œuvre, pour ensuite couronner une équipe qui est rarement la même qui a remporté le titre au cours de la saison.

Le tournoi a déjà été retardé (pour la covid 19) ou annulé (en raison de la grippe espagnole en 1919 et lors de l’année du lock out de 2004-05), mais rarement a-t-il été débuté pour ensuite être suspendu pendant un moment. Il arrive tout de même que les circonstances l’imposent. C’est arrivé en 1968.

Il s’agissait alors des premières séries de l’ère de l’expansion. Dans la conférence est (composée des six anciennes équipes), Montréal faisait face à Boston, de retour en séries après huit ans d’absence. Dans l’autre confrontation, New York affrontait Chicago. Dans l’ouest (les nouvelles équipes), il y avait des duels Philadelphie-St-Louis et Minnesota-Los Angeles.

Martin Luther King

Le 4 avril, lors du jour du match 1 des quatre confrontations, le révérend Martin Luther King, militant des droits civiques des plus en vue, fut assassiné à Memphis, au Tennessee. La population, principalement bien sûr afro-américaine, était en colère et se souleva dans plusieurs villes.

Le 6, des matchs eurent tout de même lieu à Montréal, Philadelphie et Los Angeles. Par contre à New York, on appréhenda une flambée de violence et le Madison Square Garden fut fermé, ce qui empêcha les Black Hawks de pratiquer. Le lendemain, le match prévu fut reporté. Sur les ondes de CBS, on présenta plutôt un enregistrement du match de la veille entre Montréal et Boston.

Le directeur administratif de la ligue, Brian O’Neill, annonça ensuite que les prochains matchs auraient lieu après les obsèques du révérend King. Le match du 8 à Los Angeles fut donc reporté au 9, le soir de la journée des funérailles, qui eurent lieu à Atlanta. Ce même soir, il y eut aussi un match à New York et Boston. Celui de St-Louis fut reporté au 10.

En bout de ligne, seulement la série Montréal (ville canadienne) – Boston (ville peu affectée par les émeutes) conserva son calendrier initial. Comme les Canadiens ont ensuite balayé les Bruins en 4 parties, le tout fut terminé le 11 avril.

À l’inverse, les deux séries de l’ouest allèrent jusqu’à la limite et se terminèrent une semaine plus tard, le 18. Le même soir, Montréal débutait déjà son deuxième tour en écrasant les Black Hawks, qui avaient pris 6 matchs à se débarrasser des Rangers, et dont la ville fut l'une des plus affectées par les soulèvements.

Ayant déjà terminé en tête de la ligue en saison régulière, le Tricolore put se reposer après sa série expéditive contre Boston, ne céda qu’un match aux Black Hawks, avant de balayer les Blues en finale qui n'étaient, souvenons-nous, qu’une équipe d’expansion. Comme parcours en séries, on a déjà vu plus ardu.

Pour la petite histoire, notons que la LNH n’a évidemment pas été la seule à modifier son calendrier suite à l’assassinat du récipiendaire du Prix Nobel de la paix en 1964.

Les As de Québec de la Ligue américaine ont aussi vu leur match à Buffalo reporté. La NBA, la PGA et le tennis ont également modifié leur calendrier.

Quant aux Ligues majeures de baseball, pour la première fois de leur histoire, elles ont retardé de 48 heures le début de leur saison. Les Dodgers, qui avaient initialement laissé entendre qu’ils joueraient coûte que coûte, ont finalement plié. Leurs adversaires, les Phillies, avaient réagi en affirmant qu’ils boycotteraient le match s’il avait lieu, ce qui aurait été une première depuis 1949.

Sources :

"Retard dans les éliminatoires", 8 avril 1968, La Presse, page 38,

"Sport Schedule Revised", April 8, 1968, Montreal Gazette, page 37,

"Le calendrier sportif est chambardé aux USA", Montréal-Matin, 8 avril 1968, page 45,

"Les Phillies boycotteront la partie", UPI, Montréal-Matin, 8 avril 1968, page 48,

"Trois matches de hockey sont remis à plus tard", Montréal-Matin, 8 avril 1968, page 60,

"Dodgers Call Off Game", AP, Montreal Gazette, April 9, 1968, page 29,

wikipedia.org.

mercredi 19 avril 2023

Jorge Alves


Né à Stoughton au Massachusetts en janvier 1979, Alves est issue d'une famille peu aisée, d'origine portuguaise. C'est seulement au High School, vers ses quinze ans qu'il put se payer le luxe de jouer au hockey, devenant le gardien du Stoughton High School. Il impressionna, recevant des offres de certaines équipes juniors et de certains collèges américains ... offres qu'il n'a jamais pu accepter. S'étant enrôlé dans les Marines suivant sa graduation, ses parents ont caché ces offres afin qu'il ne change pas d'idée. Il resta donc dans les Marines jusqu'en 2001, où il étudia à l'Université North Carolina State, devenant le gardien partant de l'équipe universitaire, le Wolfpack. 

Suite à ses études, il mena deux carrières en parallèle : gardien de but de ligues professionnelles et assistant-gérant à l'équipement des Hurricanes de la Caroline de la LNH. En fait, Alves fut engagé par les Hurricanes pour la saison 2003-2004, à temps partiel. Dès lors, en plus de ses tâches habituelles, il était en mesure de prendre place entre les poteaux lors de certains entraînements, lorsque les gardiens réguliers devaient prendre congé. À partir de la saison suivante, Alves se mit en plus à être remplaçant dans la Southern Professional Hockey League (SPHL) et la ECHL, prenant plus souvent la place du gardien substitut. Il réussit tout de même à prendre part à un total de neuf matchs, répartis sur 3 saisons entre 2004 et 2007.

Promu à un poste à temps plein avec la Caroline, il mit un terme à sa carrière "professionnelle" afin de se concentrer à ses occupations dans la LNH ... et autres tâches connexes. Le 31 décembre 2016, alors que l'équipe se retrouvait à Tampa Bay pour y affronter le Lightning, le gardien #2 Eddie Lack dut déclarer forfait, souffrant encore de symptômes d'une récente commotion. N'ayant d'autres options, les Hurricanes offrit un nouveau contrat à Alves, cette fois à titre de gardien d'urgence pour seconder Cam Ward, en plus de son travail habituel.

Alors que le match était hors de portée des Hurricanes, il y eut un arrêt de jeux dans la zone de Tampa Bay avec 7.6 secondes au cadran. L'entraîneur de l'époque, Bill Peters, décida d'envoyer Alves dans la mêlée afin de couronner ce moment unique. 


Ces 7.6 secondes font en sorte que Alves est le deuxième joueur de l'histoire avec le temps de jeu le plus court pour un premier match en carrière. La marque appartient à l'attaquant Kellan Lain qui fit ses débuts le 18 janvier 2014 avec les Canucks. Dès la mise en jeu initiale, il y eut une bagarre générale et Lain obtint une inconduite de partie. Temps de jeu total officiel : 2 secondes.

dimanche 16 avril 2023

Excursion LVEUP : L'aréna Joannie Rochette à Berthierville



La fin de semaine passée marquait la fin de la saison d'hockey de mon gardien M11 (anciennement catégorie "Atome"). Nous avons très peu voyagé cette année, alors que leurs tournois et leur participations aux championnats régionaux se sont tous déroulé dans un rayon de 20km de mon domicile, et où ils disputaient déjà plusieurs de leurs matchs au cours de l'hiver. En cette fin de saison, lui et son équipe disputaient cette fois un tournoi à Berthierville, à l'Aréna Joannie Rochette, nommé ainsi en l'honneur de la patineuse de la région qui a raflé le bronze aux Jeux Olympiques de Vancouver en 2010.

L'aréna se trouve à même le "Centre Gilles-Villeneuve", qui inclut également la bibliothèque municipale. Parlant du coureur automobile, le "Musée Gilles-Villeneuve" se trouve à 3 minutes à pied de l'aréna. J'aurais bien voulu m'y payer une visite, mais mon horaire de travail et des matchs ne concordaient pas avec les heures d'ouverture. J'aurais eu le temps le dimanche, mais comme c'était Pâques ... bah c'était fermé. Ce sera pour une prochaine fois. 

On retrouve dans la cafétéria de l'aréna la statue de cire en l'honneur de Joannie Rochette qui se trouvait au Musée Grévin à Montréal. Suite à la fermeture de ce dernier 2021 (satanée pandémie), la ville de Berthierville a fait des démarches afin de récupérer la statue pour de l'exposer.


La section patinoire ressemble à plein d'autres que j'ai vu depuis que je cours les arénas ; elle a besoin d'une mise à niveau, tout comme les vestiaires. Heureusement, un projet de 12M$ est en cours afin de rénover et d'agrandir l'aréna, en plus de faire en sorte qu'elle soit utilisable 12 mois par année par les jeunes athlètes, autant en hockey qu'en patinage artistique.



vendredi 14 avril 2023

Le masque méconnu de Dan Cloutier





Lors des années 90 et 2000, les gardiens portant le combo casque/grille étaient en voie de disparition, transférant presque tout vers un masque conventionnel. Cette série de masques méconnus en a déjà présenté plusieurs, qui refusèrent de s'adapter au progrès.. Cette fois, c'est Dan Cloutier qui se fit offrir un nouveau masque, une oeuvre de Greg Harrison. D'ailleurs, je vous recommande de suivre son compte Instragram, il partage plein de souvenirs/anecdoctes/masques, dont l'histoire des fameux masques McDonald's.


Arrivé à Vancouver le 7 février 2001 en provenance de Tampa Bay, Cloutier devint rapidement le gardien numéro de l'équipe, alors que les Canucks expédièrent Félix Potvin à Los Angeles une semaine plus tard. Au début de la saison 2001-02, Cloutier reçut de Harrison le masque ci-haut. J'aime particulièrement les avant-bras de l'orque qui se transforment en ancien logo des Canucks, le "flying skate", ainsi que le premier logo des Canucks sur le menton.

Cloutier tenta tant bien que mal à s'habituer à ce masque, mais il décida de garder le combo casque/grille et retourna le masque à Harrison.

Après quatre saisons complètes (plus l'année du lock-out) avec Vancouver, Cloutier fut échangé aux Kings de Los Angeles suite à l'acquisition de Roberto Luongo par les Canucks. Après quelques matchs avec les Kings, il lui fut obligé fortement recommandé de faire la transition au masque contemporain. Ce serait dû à une question d'assurance, étant donné la moins bonne protection qu'offrait les vieux combos. Après une saison complète à Los Angeles, il partagea son temps avec les Kings et les Monarchs de Manchester la saison suivante avant de se retrouver sans contrat. Il participa au camp d'entraînement des Red Wings de Detroit en septembre 2009, mais fut libéré à la fin du mois. Il obtint un essai professionnel avec les Ice Hogs de Rockford de l'AHL, où il joua 3 matchs en décembre 2009 avant d'être libéré et de prendre sa retraite.

jeudi 13 avril 2023

Joueur oublié des 90's #75 - Gordie Roberts



 

Gordon Douglas Roberts est né le 2 octobre 1957 à Détroit et sa famille habitait tout près de l'Olympia, domicile des Red Wings. Ses deux frères ainés étaient des «stick-boys» à l'Olympia et étaient donc conséquemment de grands fans de Gordie Howe. Tellement fans qu'ils implorèrent leur mère enceinte de nommer le nouveau venu du nom de Gordie.

Les frères Roberts évoluèrent dans le hockey mineur de Détroit, qui avait d'ailleurs grandement évolué avec la présence de Colleen Howe qui aida grandement à développer le hockey dans la région pour que ses fils et les autres jeunes aient accès à des installations et du personnel de qualité. Gordie Roberts et ses frères purent donc en profiter, évoluant dans les mêmes ligues et équipes que les fils Howe. Gordie se développa comme défenseur et quitta le giron familial en 1974 pour évoluer une saison avec les Cougars de Victoria dans la ligue junior de l'ouest. Il n'y joua toutefois qu'un an avant d'être embauché à seulement 17 ans par les Whalers de la Nouvelle-Angleterre dans l'AMH, allant alors rejoindre son frère Doug qui joignit l'équipe au même moment pour la saison 1975-76.

Malgré sa sélection subséquente par le Canadien au repêchage de 1977, Roberts demeura dans l'AMH et fut éventuellement réuni avec son idole et celui à qui il devait son nom, Gordie Howe. Ce dernier joignit les rangs des Whalers avec ses fils Mark et Marty pour la saison 1977-78, après quatre saisons passées ensemble avec les Aeros de Houston. 

L'arrivée des Howe à Hartford fit en sorte de voir Roberts terminer au premier rang des défenseurs du circuit pour les deux dernières saisons de l'AMH avec ses saisons de 61 et 57 points respectivement.

Lors de l'absorption des 4 équipes survivantes de l'AMH dans la LNH en 1979-80, les Canadiens auraient pu se prévaloir des services de Roberts, détenant toujours ses droits. Ils firent cependant un accord avec les Whalers comme quoi ils ne réclameraient pas Roberts en échange de la promesse de non-sélection du défenseur Rod Langway lors du repêchage d'expansion pour ces nouvelles équipes.

À sa première saison dans le grand circuit, Roberts s'en sortit bien avec une fiche de 8 buts et 28 passes en 80 matchs. Signe du destin, il obtint également une passe sur le dernier but en saison régulière de la carrière du plus vieux Gordie, son fameux 801e but qui ne fut dépassé que par Wayne Gretzky et plus récemment par Alex Ovechkin.

(En fait, le dernier vrai but de Howe fut marqué lors des séries de 1980, contre le gardien Denis Herron du Canadien)

 

Roberts fut ensuite échangé aux North Stars du Minnesota en retour de Mike Fidler, quelques temps après le début de la saison 80-81. Il aida donc l'équipe à se rendre jusqu'à la finale contre les Islanders cette même année 1981. 

Il fut ensuite un fidèle morceau de la défense des North Stars pendant les 6 saisons suivantes, ne ratant presque aucun match. Il connut son sommet en carrière dans la LNH en 1983-84 avec une fiche de 8 buts et 45 passes pour 53 points, en plus de 10 points durant les séries. Il participa également à la Coupe Canada de 1984 pour les États-Unis.

Après quelques bonnes années, les North Stars commencèrent à battre de l'aile et se départirent finalement de Roberts en février 1988 en l'envoyant au Flyers en retour de considérations futures. Ces mêmes considérations futures revinrent en scène seulement 11 matchs plus tard lorsqu'il passa aux Blues de St.Louis et y termina la saison 87-88.

Il joua deux honnêtes saisons à St.Louis avant d'aboutir avec les Penguins de Pittsburgh en octobre 1990, encore une fois en retour de considérations futures.

Au moins le gars d'O-Pee-Chee n'avait pas à airbrusher le casque vert des Whalers...

St. Louis (1988-90)

 
Pittsburgh (1990-92)

Roberts arriva donc à Pittsburgh à temps pour retourner en finale de la Coupe Stanley, contre son ancienne équipe de surcroit, lors de la finale de 1991 et ensuite celle de 1992. On pourrait croire qu'à ce stade-ci de sa carrière qu'il n'était là que comme passager mais il ajouta beaucoup d'expérience et de stabilité à un corps de défense bien garni mais quand même instable où il y avait beaucoup de va et vient (Paul Coffey, Larry Murphy, Zarley Zalapski, etc...) Roberts était considéré alors comme un fiable 4e défenseur et joua pratiquement tous les matchs des Penguins lors de ces deux conquêtes.

À l'été 1992, il signa comme agent libre avec les Bruins de Boston. Il y joua ses deux dernières saisons en carrière dans la LNH, devenant au passage le premier joueur américain à dépasser le plateau des 1000 matchs dans la LNH.

À la saison 1994-95, il participa au camp d'entraînement des Sharks mais décida de prendre sa retraite après les matchs pré-saison. Il fit toutefois un retour quelques mois plus tard dans la IHL avec les Wolves de Chicago comme joueur-entraîneur. Il fit de même en 1995-96 lorsqu'il signa un dernier contrat d'un an avec le Moose du Minnesota.

Boston (1992-94)

 

Au moment de cette véritable retraite, il était le dernier coéquipier de Gordie Howe encore actif. Mais même ce dernier n'avait pas encore dit son dernier mot puisque Mr. Hockey fit un autre retour en 1996-97 en participant à un match (ou un coup publicitaire) à 69 ans avec les Vipers de Détroit dans la IHL.

Après sa retraite, Gordie Roberts fut brièvement assistant-entraîneur avec les Coyotes de 1997 à 1999, pour ensuite devenir recruteur avec les Canadiens pendant de nombreuses années, soit de 2001 à 2010. Il fut libéré par l'équipe en même temps que la fin de l'ère Bob Gainey. Il devint ensuite entraîneur au niveau secondaire au Minnesota.

En 1097 matchs dans la LNH, sa fiche fut de 61 buts et 359 passes pour 420 points et 1582 minutes de pénalité. Il joua également 311 matchs dans l'AMH avec une fiche de 42 buts et 144 passes pour 186 points.

Il fut élu au sein du temple de la renommée américain en 1999.

Pour sa part, son frère Doug avait été le premier de la famille Roberts à jouer avec le plus vieux Gordie, alors qu'il fut membre des Red Wings de 1966 à 1968. Il joua ensuite pour les Seals de Californie et fut même invité au match des étoiles comme seul représentant des Seals en 1970. Il joua également avec les Bruins et un autre séjour à Détroit. Il termina sa carrière en Finlande en 1978. Son fils Dave, et neveu de Gordie, fut repêché par les Blues en 1989 et joua une centaine de matchs dans la LNH avec les Blues, les Canucks et les Oilers.


Sources:
Howe's 801st NHL goal forgotten by many with Ovechkin closing in, NHL.com, 14 décembre 2022
Gordie Roberts remembers his namesake's sheer endurance, Maclean's, 10 juin 2016


mercredi 5 avril 2023

Hockey, sponsors et dictature: Les courts moments de Muammar Kadhafi dans l'univers du hockey...



 


L'allemand Heinz Weifenbach, surnommé «Big Heinz», avait d'abord fait sa fortune dans le développement immobilier, avant de se lancer dans le hockey professionnel en achetant le club ECD Iserlohn dans la Bundesliga en 1981. Weifenbach revait d'un championnat et tenta au fil des années de garnir son club d'autant de joueurs vedettes (lire importés) que possible, dont plusieurs canadiens. Il avait même réussi à acquérir les services de l'attaquant Jaroslav Pouzar, qui était fraîchement couronné de trois bagues de la coupe Stanley avec les Oilers d'Edmonton.

Cependant, les finances du ECD Iserlohn étaient un vrai foutoir. Les joueurs, surtout les joueurs vedettes, étaient payés, quelquefois avec des tours de passe-passe de la part du comptable de l'équipe. Ceux qui n'étaient pas payés étaient plutôt les agents du fisc allemand, réclamant l'équivalent de plus de 3 millions en impôts non-payés par l'équipe.

Heinz Weifenbach
À l'aube de la saison 1987-88, la situation était tellement dramatique que le fisc allait directement perquisitionner les joueurs du club, enquêtant sur leurs avoirs en réquisitionnant leurs relevés de paie et allant jusqu'à confisquer leurs biens, saisir leurs voitures et même les empêcher de pratiquer en mettant le cadenas sur le vestiaire. Nouvellement signé par l'équipe, l'ancien attaquant vedette des Sabres Danny Gare fut choqué du traitement réservé à ses coéquipiers, quitta l'équipe et confirma sa retraite.

Ne pouvant pas éviter les agents fédéraux très longtemps, Weifenbach dut alors user de créativité pour trouver davantage de sponsors et remettre son équipe à flot. C'est alors que le maire d'une des banlieues d'Iserlohn le mit sur une piste on ne peut plus loufoque, soit d'aller demander de l'aide financière à l'étranger, et pas n'importe où, soit en Libye en la personne de Muammar Kadhafi, leader du pays, ou plus précisément auto-proclamé «Dirigeant de fait de la Grande Jamahiriya arabe libyenne populaire et socialiste», depuis sa prise du pouvoir en 1969 jusqu'à sa mort en 2011.

Vers la fin novembre 1987, Weifenbach prit l'avion pour Tripoli et fut accueilli en grande par le gouvernement Libyen, avec des prestations de danseuses sous des tentes directement sur le tarmac de l'aéroport. Kadhafi, qui ne connaissait rien au hockey, n'ayant que visionné une videocassette lui démontrant le sport, rencontra Weifenbach et quelques journalistes. Il accepta de financer l'équipe pour 900 000$, ce qui permettrait à Weifenbach de terminer la saison.

Il y avait toutefois une condition à ce financement. Pour recevoir son soutien financier, l'équipe se devait de promouvoir le «Livre vert» de Khadhafi sur son chandail. Paru en trois tomes à partir de 1975, le livre vert était en quelque sorte le manifeste de Kadhafi où il expliquait les fondements de sa pensée politique et sa conception du socialisme. Un peu comme le Petit livre rouge de Mao Zedong ou le Mein Kampf d'Adolf Hitler, le livre vert deviendra le symbole du long régime de Kadhafi.

Kadhafi et son «Livre vert».

Kadhafi et Weisenbach tenant le Livre vert lors de leur rencontre en novembre 1987

 

Donc, Weifenbach rentra en Allemagne avec en poche cette entente avec le gouvernement lybien. Il annonça à ses joueurs la grande nouvelle que l'équipe était sauvée, qu'ils avaient une chance de remporter le championnat, et leur présenta leur nouveau chandail. Tout ce que les joueurs avaient à faire était de le porter pour seulement six matchs, suite à quoi Kadhafi leur enverrait l'argent.

Les joueurs, étant d'abord surpris, ont toutefois accepté l'entente, étant traditionnellement de l'école où l'argent mène, voulant avant tout jouer au hockey. Ils étaient de toute manière habitués de porter n'importe quoi de sponsorisé dans ces ligues européennes.

C'est donc le 4 décembre 1987 que les fans du Iserlohn purent voir le nouveau chandail de leur équipe favorite. Devant une salle comble de plus de 6000 spectateurs (dans un aréna d'une capacité de 4800), dont plusieurs déguisés en Kadhafi, le ECD Iserlohn croyait que sa saison était repartie du bon pied. 

Cependant, la fédération du hockey allemand n'était pas du tout enchantée de cet accord et voulait voir disparaître ce livre vert du chandail du ECD Iserlohn. Les médias s'en donnaient également à cœur joie et même le ministre de l'intérieur Friedrich Zimmerman déclara qu'il s'agissait «d'une mauvaise blague en flagrante violation envers la neutralité politique du sport». Et aux yeux de plusieurs, il s'agissait surtout d'une question de mauvais goût, considérant que Kadhafi était celui qui avait ordonné un attentat dans une discothèque de Berlin en 1986, faisant trois morts, dont deux soldats américains, ainsi que plus de 200 blessés.

Voici un excellent vidéo d'époque où vous pouvez voir le chandail en action (et même un but!) ainsi que les personnages discutés jusqu'à maintenant:

L'attaquant canadien Bruce Hardy

Le gardien tchèque Cestmir Fous

Jaroslav Pouzar, champion de la coupe Stanley avec les Oilers en 1984, 1985 et 1987

Lors du match suivant à Francfort, leur autobus fut accueilli par une foule hostile avec des pancartes ridiculisant et menaçant le club, en plus de l'escouade anti-émeute. Il faut dire que la mauvaise attention était davantage décuplée dans cette ville, où des centaines de soldats américains étaient stationnés. Apparemment même que l'aréna aurait reçu des menaces d'attaque à la bombe, ce que l'unité anti-terroriste nia après avoir fouillé de fond en comble l'aréna.

Suite à cet accueil très mitigé, et ce possible danger imminent, les joueurs firent une réunion d'urgence dans le vestiaire. Ils firent part de leurs inquiétudes et leur malaise à Weifenbach qui leur implora que s'ils ne portaient pas le livre vert, l'argent ne viendrait pas et le club serait dissout. Les joueurs passèrent au vote et décidèrent finalement de ne pas le porter et Weifenbach s'inclina en quittant le vestiaire. 

Le ECD Iserlohn joua donc ce match contre Francfort avec ses vieux chandails sans propagande dans ce qui fut effectivement le dernier match de l'équipe, qui n'aura donc porté le chandail de Kadhafi à une seule occasion. Ce dernier retira son offre et le club déclara faillite peu après. L'équipe fut dissoute sans terminer la saison, alors qu'il ne restait que 6 matchs au calendrier. 

La saison suivante, Weifenbach parvint à se sortir suffisamment d'affaire pour ressusciter son club, renommé ECD Sauerland, mais cette fois-ci relégué en 3e division. Il put finalement goûter au champagne d'un championnat en 1990. Il se départit ensuite du club en 1991 et ne put finalement pas fuir ses anciens problèmes très longtemps, étant condamné en 1993 à 27 mois de prison pour évasion fiscale. Il est toutefois resté dans les bonnes grâces des partisans d'Iserlohn, qui le considèrent comme un des leurs et qui le respectent pour avoir tout tenter pour faire survivre le hockey dans la ville. Il fut accueilli en héros lors du 40e anniversaire de l'équipe en 1999, étant longuement réclamé par la foule jusqu'à temps qu'il accepte d'aller parader sur la glace. Il mourut à 75 ans en 2015 après de longues années où il était atteint de démence.


Le club d'Iserlohn, désormais connu sous le nom des Roosters, font partie depuis l'an 2000 de la première division, la DEL. Ils n'ont jamais remporté de championnat.

Après 41 ans au pouvoir en Lybie, la guerre civile éclata et le régime de Kadhafi prit finalement fin. Des milliers d'exemplaires du livre vert furent alors publiquement brûlés à Benghazi. Lors de la prise de Tripoli par les rebelles, Kadhafi s'enfuit en Syrie mais fut peu après capturé et exécuté le 20 octobre 2011.

De nos jours, le Livre vert est interdit de publication en Lybie. Il n'existerait apparemment que deux exemplaires du fameux chandail «livre vert» encore existants. Un d'entre eux est exposé au temple de la renommée du hockey allemand à Augsburg, tandis que l'autre est toujours en possession d'un ancien joueur, le canadien Bruce Hardy.


Sources:
The Worst Sponsorship Deal In The History of Pro Sports?, WBUR.org, 6 juillet 2018
The forgotten story of … Muammar Gaddafi's German ice hockey team, The Guardian, 1er février 2016
The Ice Hockey Follies, With Qaddafi Starring, New York Times, 9 janvier 1988


lundi 3 avril 2023

Joueur oublié des 90's #74 - Wendell Young

 


  


Wendell Young a eu une carrière honnête dans la LNH, principalement comme adjoint et quelque fois comme partant, mais il a surtout passé la majorité de sa carrière dans les mineures. Cependant, le fait d'avoir dominé (ou d'être tombé au bon endroit) dans la plupart des équipes où il a joué a fait en sorte qu'il possède un fait d'arme qu'aucun autre joueur ne pourra accomplir.

Wendell Edward Young est né le 1er août 1963 à Halifax. Il débuta son stage junior dans la OHL avec les Rangers de Kitchener pour la saison 1980-81, devenant rapidement le gardien #1 de l'équipe qui remporta le championnat, la J.Ross Robertson Cup. Cette bonne première saison permit à Young d'être repêché par les Canucks de Vancouver en 4e ronde (73e au total) du repêchage de 1981. Il remit ça de plus belle la saison suivante, menant de nouveau les Rangers à la J.Ross Robertson Cup en plus cette fois du championnat de la coupe Memorial.

Il évolua ensuite dans les diverses équipes du système des Canucks lors des saisons suivantes, d'abord dans la CHL à Salt Lake City, ensuite à Milwaukee dans la IHL et finalement avec l'Express de Fredericton dans la AHL. Il fit finalement ses débuts dans la LNH en 1985-86, étant rappelé pour 22 matchs en saison régulière (fiche de 4-9-3) ainsi qu'un match en séries.

Il joua ensuite 8 autres matchs en 1986-87, mais ce fut ses derniers dans l'organisation de Vancouver alors qu'il fut échangé aux Flyers de Philadelphie durant l'été 1987. En plus de Young, les Flyers reçurent un choix de 3e ronde en 1990, choix qui devint le grand voyageur Kimbi Daniels. En retour les Canucks reçurent le gardien Darren Jensen et le défenseur Daryl Stanley.

À Philadelphie, Young ne fit qu'une courte présence en début de saison, étant rapidement récalé après 6 matchs dans la AHL avec les Bears de Hershey. Il y connut toutefois une saison du tonnerre, terminant d'abord au premier rang de la ligue pour les victoires avec 33 gains, avant de mener les Bears à la coupe Calder, parcours où l'équipe ne perdit aucun match (trois rondes 4 de 7) et où Young fit l'histoire en remportant un record de 12 matchs consécutifs. Il reçut ainsi les trophées Baz Bastien pour le gardien de l'année dans la AHL ainsi que le Jack A. Butterfield, remis au joueur le plus utile en séries.

 

Inutile de dire que cette saison 87-88 attira l'attention mais pas celle de Flyers, plutôt celle de leurs ennemis naturels de Pennsylvanie, les Penguins, qui firent l'acquisition de Young en retour d'un choix de 3e ronde en 1990 qui devint le défenseur Chris Therien pour les Flyers.

Young put donc revenir dans la LNH comme adjoint de Tom Barrasso en compagnie de Frank Pietrangelo (également membre de cette série) qui s'alternèrent au bout du banc. Young joua 22 matchs en 1988-89, remportant 12 victoires contre 9 défaites.

Des blessures limitèrent Barrasso à seulement 24 matchs en 1989-90 et c'est Young qui hérita de la majorité des départs en son absence, terminant la saison avec 16 victoires, 20 défaites et 3 matchs nuls. Ce fut toutefois la seule saison de sa carrière où il put être considéré comme numéro un, car ce fut ensuite à son tour d'être atteint de blessures lors des deux saisons suivantes, ne jouant que 18 matchs en 90-91 et encore 18 matchs en 91-92. 

Le mauvais timing de ces blessures firent en sorte qu'il était toujours sur le carreau lors des deux parcours jusqu'en finale et les coupes Stanley des puissants Penguins. Il se mérita toutefois ces deux bagues malgré qu'il ne joua aucun match en séries.

Durant la saison 91-92, les Penguins avaient de nouveau cueilli un gardien auxiliaire chez l'ennemi à Philadelphie en se portant acquéreurs de Ken Wregget lors du méga-échange à trois équipes entre les Flyers, les Penguins et les Kings impliquant entre autres Paul Coffey, Mark Recchi et Rick Tocchet. Ils n'avaient donc plus besoin de Pietrangelo, qui fut peu après échangé à Hartford, ni de Young qui fut laissé sans protection au repêchage d'expansion de 1992.

C'est ainsi que Young devint le premier membre de l'organisation du nouveau Lightning de Tampa Bay, étant réclamé lors du premier choix de ce repêchage. Il fut alors le premier gardien de l'équipe floridienne, étant le portier partant lors de leur premier match où il récolta la première victoire de l'équipe.

Une épaule disloquée vint toutefois nuire à sa saison et il ne joua donc que 31 matchs en 92-93, connaissant une année de 7-19-2 avec l'équipe d'expansion. Il retourna également dans les mineures pour la première fois depuis 1989, étant envoyé à Atlanta dans la IHL pour quelques matchs. Une autre blessure subie lors du camp d'entraînement vint lui nuire davantage en 93-94 et il ne put jouer aucun match avant la fin février. 


Durant ce temps, le Lightning avait fait l'acquisition de Darren Puppa et Young n'était donc plus dans les plans de l'équipe, en plus qu'il était tout le temps blessé. Il fut donc prêté aux nouveaux Wolves de Chicago dans la IHL pour la saison 1994-95. 

Au retour des activités après la grève de 1994, les Penguins découvrirent une grave blessure de Tom Barrasso datant des séries précédentes. Ils durent alors trouver du renfort et c'est alors que Wendell Young fit son retour dans l'organisation comme second de Ken Wregget jusqu'au retour de Barrasso. Young joua alors 10 matchs durant cette demie-saison, ses derniers dans la LNH.

Sans contrat la saison suivante, il opta de retourner comme agent libre avec les Wolves de Chicago où il se plaisait bien. Il y joua comme gardien numéro un lors des six saisons suivantes, soit jusqu'à la dissolution de la IHL après la saison 2000-01. Avec les Wolves, Young put ajouter encore plus de vaisselier à son armoire de trophées alors qu'il remporta à deux reprises la coupe Turner dans la IHL, soit en 97-98 et en 99-2000. 

 

Ces deux conquêtes additionnelles font de Young le seul joueur dans l'histoire à avoir remporté les quatre coupes majeures de son époque, soit la coupe Memorial (1982), la coupe Calder (1988), la coupe Stanley (1991 et 1992) et la coupe Turner (1998 et 2000)

Ajoutez à tout ça ses deux coupes Robertson dans la OHL ainsi que ses trophées Baz Bastien et Jack Butterfield dans la AHL en 1988. Young hérita alors du surnom «Ringmaster».

Après la fin de la IHL, les Wolves furent une de ses six équipes qui purent migrer dans la Ligue américaine. Young décida toutefois qu'il s'agissait alors du bon moment pour prendre sa retraite. Lors de la première saison des Wolves dans la AHL, ils retirèrent le numéro 1 de Young en décembre 2001. Lors de cette cérémonie, les quatre coupes remportées par Young furent présentées à la foule pour souligner son exploit.

Dans l'ordre: coupe Calder, coupe Turner, coupe Stanley et coupe Memorial.
 

Comme la IHL n'existe plus, il demeurera le seul à avoir accompli l'exploit. Cependant, depuis ce temps c'est plus ou moins la ECHL qui a  remplacé la IHL dans l'échelon des ligues mineures. Donc il est techniquement possible qu'un autre joueur effectue l'équivalent de cet exploit en gagnant les championnats dans les trois ligues professionnelles actuelles en Amérique du nord (coupe Stanley, coupe Calder et coupe Kelly dans la ECHL) en plus de la coupe Memorial. 

Cependant, jusqu'à ce jour, un seul joueur est passé près d'accomplir cet exploit, soit l'attaquant Jay Beagle, qui remporta la coupe Kelly en 2007 avec les Steelheads de l'Idaho, la coupe Calder en 2009 et 2010 avec les Bears de Hershey, et ensuite la coupe Stanley avec les Capitals de Washington en 2018. Il n'a cependant jamais gagné la coupe Memorial...

Après sa retraite, Young fut brièvement entraîneur des gardiens pour les Flames de 2001 à 2003. Il revint ensuite avec les Wolves comme assistant entraîneur de 2003 à 2009, entre autres lors de la conquête de la coupe Calder des Wolves de 2008. Il passa ensuite au 2e étage comme DG, poste qu'il occupe encore jusqu'à ce jour, menant de nouveau les Wolves aux grands honneurs en 2022 avec une autre coupe Calder. Il fut également élu au Temple de la renommée du sport de la Nouvelle-Écosse.

En 187 matchs dans la LNH, sa fiche fut de 59 victoires, 86 défaites et 12 matchs nuls.
En 329 matchs dans la IHL, sa fiche fut de 174 victoires, 104 défaites et 31 matchs nuls.*
En 138 matchs dans la AHL, sa fiche fut de 71 victoires, 39 défaites et 10 matchs nuls.
Ses totaux dans les trois ligues professionnelles de son époque furent donc de 304 victoires, 229 victoires et 53 matchs nuls en 654 matchs.
*stats incomplètes dans la IHL

 

Sources:
hockeydraftcentral.com
chicagowolves.com
eliteprospects.com
NHL.com
hockeydb.com
nhltradetracker.com


samedi 1 avril 2023

Hib Milks


 


C'est assez rare que je parle de joueurs des années 20 (1920 pas 2020) et encore moins de joueurs des anciens Pirates de Pittsburgh. Je me suis donc dit que ce serait une bonne opportunité de faire ça quand je suis tombé sur un nom comme Hib Milks...

Hibbert Henry «Hib» Milks
est né le 1er avril 1899 dans le petit village de Eardley en Outaouais, un patelin qui fut fusionné en 1975 avec 3 autres villages pour donner aujourd'hui la municipalité de Pontiac. Il déménagea de l'autre côté de la rivière, à Ottawa lors de ses 18 ans et gradua dans les différents niveaux de la ligue de hockey organisé de la région, la Ottawa City Hockey League (OCHL), qui est considérée comme la deuxième ligue organisée dans l'histoire du hockey, ses origines remontant à 1890. Au sein des Gunners d'Ottawa, Milks, qui évoluait comme ailier gauche et comme centre, forma un duo redoutable avec un joueur du nom de Harold Darragh pendant trois saisons, soit de 1919-20 à 1921-22. 
 
Milks et Darragh prirent la décision de joindre les rangs des Yellowjackets de Pittsburgh de la United States Amateur Hockey Association (USAHA) pour la saison 1922-23. Ils revinrent tous les deux dans la OCHL la saison suivante avec les New Edinburghs d'Ottawa mais cela ne dura qu'une saison avant de revenir avec les Yellowjackets en 1924-25 lors de ce qui était la dernière saison d'existence de la USAHA. La saison suivante, comme Pittsburgh allait faire son entrée dans la LNH, une dizaine d'anciens membres des défunts Yellowjackets, bref pratiquement toute l'équipe à cette époque, devinrent membres de la nouvelle organisation des Pirates de Pittsburgh, qui sont essentiellement considérés comme la continuation des Yellowjackets. On retrouvait également chez ces premiers Pirates de futurs membres du temple comme le défenseur Lionel «Big Train» Conacher et le gardien Roy Worters, en plus du fameux duo Darragh-Milks.

Les Pirates de Pittsburgh ont existé pendant seulement 5 saisons et n'ont jamais laissé une très grande marque dans l'histoire du hockey, à l'exception de la présence des Conacher et Worters. Mais si ces derniers représentaient bien le niveau défensif de l'équipe, on n'y retrouvait pas vraiment de grandes vedettes offensives. Durant 4 de ces 5 saisons, c'est Hib Milks qui termina au premier rang des pointeurs des Pirates, Darragh étant celui de la cinquième. Durant ces saisons de 44 matchs, Milks mena les Pirates pour les points avec des saisons de 19, 22, 21 et une de seulement 12 points en 1928-29, qui faisait quand même de lui le meneur des Pirates. 
 
Il faut cependant dire qu'on ne décernait pas autant de mentions d'assistance à l'époque, soit seulement une mention pour la première passe et même souvent qu'on oubliait de l'inscrire au pointage. Par exemple, Milks obtint un sommet en carrière de 18 buts en 1927-28, le restant de sa fiche étant composée de 3 passes. Autre exemple durant cette même saison 1927-28, Howie Morenz du Canadien termina avec 33 buts et 18 passes, ce qui le plaçait au premier rang pour les deux catégories.

 
Milks, au deuxième rang et Darragh à l'avant-dernier.


Les Pirates firent les séries durant deux de leurs trois premières saisons mais commencèrent à vivre des difficultés financières les forçant à vendre des joueurs pour survivre, dont Conacher. Milks et Darragh furent toutefois épargnés et terminèrent exæquo en 1928-29 avec cette mince fiche discutée plus haut de 9 buts et 3 passes chacun pour 12 points en tête des faibles Pirates qui terminèrent avec une fiche de 9-27-8. La saison 1929-30 fut ensuite la dernière de l'équipe où les choses ne firent que se dégrader davantage avec une fiche de 5-36-3.
 
La franchise fut alors achetée par le bootleger Bill Dwyer et déménagée à Philadelphie sous le nom des Quakers en 1930-31, dans l'espoir qu'un nouvel aréna soit construit à Pittsburgh pour y ramener l'équipe plus tard. Les Quakers furent encore pire que les Pirates et finirent leur seule saison d'existence avec une minable fiche de 4-36-4, ce qui est toujours le deuxième pire pourcentage de victoire après les Capitals de Washington de 1974-75. Milks fut toutefois fidèle au poste comme toujours, terminant premier compteur des Quakers avec 17 buts et 23 points. Il termina toutefois au deuxième rang pour les points derrière les 27 points d'un certain Gerry Lowrey. 
 
Cette saison marqua toutefois la fin du duo Milks-Darragh alors que ce dernier fut échangé aux Bruins  en retour d'un défenseur et d'une somme d'argent.

Hib Milks avec les Quakers
Après la disparition des Quakers, Hib Milks aboutit avec les Rangers où il ne fut que très peu utilisé en attaque, terminant la saison 1931-32 totalement blanchi de la colonne des buts avec 0 filets et seulement 4 passes. Il décida ensuite de revenir au bercail, alors qu'il signa avec les Senators, qui eux revenaient au jeu après une saison d'inactivité causée aussi par des difficultés financières. La disette de Milks continua à Ottawa alors qu'il fut de nouveau blanchi durant cette saison 1932-33. N'ayant toujours pas marqué en 19 matchs, il se blessa grièvement au genou en janvier 1933 et ne revint jamais au jeu.

Il retourna dans l'Outaouais après sa retraite et y mourut en 1949 après une longue maladie. Il avait 50 ans.

En 317 matchs dans la LNH, Hib Milks récolta 87 buts et 41 passes pour 128 points. Ses 98 points acquis avec les Pirates font de lui le meneur de l'histoire de la franchise, suivi de près par Darragh à 91 points.

Pour sa part, Darragh joua quelques matchs à Boston suite à son départ de Philadelphie. Il joua ensuite deux saisons à Toronto, mais fut cédé dans la IHL en 1933. Il y joua quelques temps avant de prendre sa retraite en 1936 et revenir lui aussi dans le coin d'Ottawa. Son plus vieux frère, Jack Darragh, joua longtemps pour les Senators, y gagnant 4 Coupes Stanley, et fut élu au temple de la renommée en 1962.