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mercredi 17 mai 2023

John Druce


C’est dans sa ville natale de Peterborough que John Druce effectua son stage junior et ce, avec une progression plutôt lente. À sa première année, en 1983-84, il dut se contenter d’un seul match avec les Petes, passant le reste de l’année avec l’équipe B.

L’année suivante, il n’amassa que 26 points, jouant plutôt sur un trio défensif. Par contre, il faisait partie d’une équipe parmi les meilleures de la Ligue de l’Ontario. Si les Petes pouvaient compter sur des joueurs qui eurent des carrières très honnêtes dans la LNH comme Terry Carkner, Randy Burridge, Ron Tugnutt et Kris King, il n’y avait toutefois pas de futurs membres du Temple de la renommée parmi eux. Mais comme l’équipe avait de la profondeur, elle remporta sa division en saison régulière et atteignit la finale en séries.

Lorsque vint le repêchage, Druce suscitait un certain intérêt, mais sans être parmi les favoris. Ce sont finalement les Capitals qui le choisirent au 2e tour, au 40e rang. Son coéquipier chez les Petes, le gardien Kay Whitmore, entendit son nom 14 rang avant lui. Ils retournèrent toutefois à Peterborough.

En 1985-86, Druce fut limité à 49 matchs, mais son total augmenta à 46 points. Les Petes terminèrent alors en tête de la ligue, mais ils s’inclinèrent en demi-finale.

Il fut ensuite temps pour Druce de graduer dans la Ligue américaine. À ce moment, les Caps partageaient une équipe avec Hartford, les Whalers de Binghampton. Encore une fois, Druce ne fut pas une terreur offensive, avec ses 13 buts. Étonnamment, il enchaîna ensuite avec une saison de 32 buts, plus que sa meilleure production dans le junior, bien qu’avec 68 matchs, il a aussi atteint son plus haut nombre de parties joués.

Il partagea ensuite les deux saisons suivantes entre les Skipjacks de Baltimore (nouvellement associés aux Capitals) et Washington. À chaque occasion, il marqua 8 buts dans la grande ligue, jusqu’à ce que se présentent les séries de 1990.

Avec 78 points, les Caps terminèrent au 3e rang dans leur division. Ils furent donc légèrement négligés face aux Devils au premier tour des séries.

L’entraîneur Terry Murray, qui avait remplacé son frère Bryan au cours de la saison, sembla faire confiance à Druce. Alors qu’il avait à peine joué un match sur 2 en saison, il joua tous les matchs en séries. D’ailleurs, comment Murray aurait-il pu le retirer de la formation, alors que Druce, sorti de nulle part, marqua dans trois des six matchs, aidant ainsi Washington à avoir le dessus sur le New Jersey.

Ce fut ensuite au tour des Rangers de goûter à la médecine de Druce, qui profita d’une blessure à Dino Ciccarelli pour accéder au premier trio. Les résultats : un but au 1er match, 3 au 2e, 2 au 3e et 2 au 4e. Il couronnera le tout avec un but en prolongation lors du cinquième match pour éliminer les Blueshirts, champions de leur division.

En demi-finale, Druce tenta de poursuivre sa magie, mais face aux puissants Bruins, il ne pouvait pas tout faire. Il marqua deux autres buts, mais ça n’empêcha pas Boston de balayer Washington. Il demeure toutefois qu’il marqua 14 buts en 15 matchs, en plus de 3 passes, alors qu’il s’était contenté de 11 points en 45 matchs en saison.

En 1990-91, il suivit avec une saison de 22 buts, ce qui était également le même nombre que son sommet dans le junior, dans ce cas-ci en 80 matchs. En séries, il se contenta d’un but en 11 matchs.

Après une saison de 19 buts en 1991-92, Washington l’expédia à Winnipeg en retour de Pat Elyniuk. Les résultats ne furent pas très heureux, avec 6 buts, et Druce se retrouva alors avec les Kings.

Il joua cinq autres saisons, à Los Angeles et Philadelphie, mais ses statistiques offensives allèrent en diminuant, près de son total de buts lors de ses séries magiques de 1990 (mais dans une saison complète), puis inférieur à celui-ci.

Il termina sa carrière avec deux saisons en Allemagne.

Ses statistiques dans la LNH sont de 113-126-239 en 531 matchs. En séries, il a marqué 17 buts en 53 matchs, incluant 14 dans son parcours de 1990.

Il a par la suite été analyste de hockey junior chez Sportsnet et conseiller financier. Il est aujourd’hui président et co-fondateur d’Unique Media Solutions, une entreprise de Peterborough qui produit du lettrage pour les véhicules.

Il s’impliqua également pour amasser des fonds pour la recherche contre le cancer, suite à la leucémie qui lui a ultimement enlevé sa fille.

Initialement, Druce était irrité par le fait qu’on ne lui parlait que de son improbable parcours des séries de 1990. Pour lui, sa carrière ne se résumait pas à ça. Et puis, il a finalement fait la paix avec le fait qu’il s’agit de son exploit signature. Après tout, pour qu’on vous associe invariablement au même exploit, il faut quand même avoir accompli un exploit…

Sources : hockeydb.com, linkedin.com, uniquemediasolutions.ca, wikipedia.org.

mardi 16 mai 2023

Pat Falloon



 

Depuis les débuts du blog en 2009 et toutes nos activités depuis, peu de joueurs ont pu être autant «name-droppé» que Pat Falloon. Je crois que les seuls autres prétendants sont Dennis Maruk ou Gary «Suitcase» Smith. Cependant, on n'a jamais fait sa bio complète et il le mérite bien alors que sa carrière vaut la peine d'aller la scruter plus en détails.

Patrick J. Falloon est né le 22 septembre 1972 dans la petite communauté rurale de Foxwarren au Manitoba. Ailier droit agile de 5'11 et 200 livres, Falloon se fit initialement remarquer au niveau Midget AAA alors qu'il brûla la ligue manitobaine en 1987-88 avec un record toujours valide de 74 buts et 69 points pour 143 points en 52 matchs. Le plus proche poursuivant de Falloon était alors loin derrière à 85 points. Il se fit ensuite repêcher par les Chiefs de Spokane dans la WHL, où il joua trois saisons explosives sur la même ligne que deux autres futurs joueurs de la LNH en Ray Whitney et Travis Green. Après une première saison de 22 buts et 78 points, Falloon explosa avec deux saisons consécutives de 60 buts dont un sommet de 64 buts et 138 points à son année d'éligibilité en 1990-91.

Pat Falloon et Scott Niedermayer

Suivit alors le plus que captivant repêchage de 1991 dans la LNH. Inutile de rappeler que les Nordiques détenaient le premier rang et qu'ils firent la sélection d'Eric Lindros malgré le refus de ce dernier de jouer avec eux. Parmi les autres choix disponibles qui sortirent en première ronde, on retrouva entre autres Scott Niedermayer (3e rang par New Jersey), Peter Forsberg (6e rang par Philadelphie), Alex Kovalev (15e rang par New York) et Markus Naslund (16e rang par Pittsburgh). Ce fut aussi un repêchage où on recruta plusieurs bons soldats comme Richard Matvichuk, Martin Lapointe, Philippe Boucher, Glen Murray, Zigmund Palffy (tout un vol en 2e ronde), Chris Osgood et Michael Nylander.

Faisant leur grande entrée dans la LNH la saison suivante, les nouveaux Sharks de San Jose détenaient le 2e choix derrière Lindros. Ils firent alors la sélection de Pat Falloon.

Bien sûr qu'avec le recul du temps, il est à se demander pourquoi les Sharks ont laissé passer autant de bons et légendaires joueurs au profit de Falloon. Ce dernier venait toutefois de connaître toute une saison en 1990-91, étant couronné champion de la coupe Memorial avec Spokane, tournoi où il fut nommé joueur le plus utile avec 8 buts et 12 points en seulement 4 matchs. Il avait aussi connu tout un tournoi au championnat junior avec 6 points en 7 matchs et une médaille d'or. Il était grandement convenu par la plupart que Falloon serait dans le top 3 au repêchage de 1991.

Ray Whitney et Pat Falloon, coupe Memorial 1991

En deuxième ronde, les Sharks se rattrapèrent en repêchant le coéquipier de Falloon à Spokane, Ray Whitney, en plus du défenseur Sandis Ozolinsh. Whitney avait pourtant connu une meilleure saison que Falloon à Spokane (67 buts et 185 points) mais semblait plus frêle que le plus costaud Falloon, dont on prévoyait un développement comme ailier de puissance dans la LNH, contrairement à Whitney qu'ils considéraient davantage comme un risque calculé ou un projet à long terme.

Falloon fit donc directement le saut dans la LNH en 1991-92 avec les nouveaux Sharks et devint la première vedette des Sharks, alors qu'il termina au premier rang des pointeurs de la faible équipe avec 25 buts et 34 passes pour 59 points. Ce n'était pas du tout mauvais et il termina même au 4e rang pour l'obtention du trophée Calder derrière Tony Amonte, Nicklas Lidstrom et le gagnant Pavel Bure. Si ça vous semble tiré par les cheveux de voir autant de votes envers Falloon, il ne faut pas oublier que Bure n'avait terminé la saison qu'avec un seul point de plus que Falloon avec 60 points. D'ailleurs, si ça vous intéresse, sachez aussi que Benoit Brunet reçut 1 vote...

Ce fut toutefois la meilleure saison de Falloon dans la LNH. Il ne dépassa le plateau des 20 buts qu'à deux reprises par la suite. En 1992-93, il manqua la moitié du calendrier à cause d'une blessure à l'épaule et termina à 28 points en 41 matchs. Il revint en 1993-94 avec une saison similaire à sa saison recrue avec 22 buts et 53 points. 

Une autre saison en dessous des attentes suivit lors de la saison écourtée de 1995 avec seulement 12 buts et 7 passes en 46 matchs. Il était alors de moins en moins utilisé par son entraîneur qui le trouvait peu fiable défensivement, surtout en séries. Il n'obtint que 4 points en 11 matchs pour les surprenants Sharks qui passèrent une deuxième année d'affilée en 2e ronde. 

San Jose (1991-1995)




Les Sharks abandonnèrent alors sur son cas après quelques semaines du début de la saison 1995-96. Il fut alors échangé lors d'une transaction à trois équipes le 16 novembre 1995. En retour uniquement de Falloon, les Flyers envoyèrent aux Sharks un joueur des mineures du nom de Martin Spanhel, ainsi qu'un choix de 1ère ronde et un autre de 4e ronde au repêchage de 1996. Les Sharks envoyèrent ensuite Spanhel et ces deux choix, en plus de Vaclav Varada, aux Sabres de Buffalo en retour du défenseur Doug Bodger. Intéressant à noter que le premier choix cédé par les Flyers passera finalement de Buffalo à Winnipeg/Phoenix dans l'échange impliquant Michal Grosek. Les Coyotes repêchèrent alors Daniel Brière. Étonnant de penser que le futur joueur et actuel DG des Flyers aurait pu y commencer sa carrière si ce n'était de... Pat Falloon.

Philadelphie (1995-98)


À Philadelphie, Falloon connut une certaine renaissance au départ, étant parfois même réuni avec celui qui le précéda au repêchage de 1991, Eric Lindros. Il termina la saison 95-96 avec 22 buts et 48 points obtenus en 62 matchs avec les Flyers, lui donnant 51 points au total avec ses maigres 3 points obtenus en 9 matchs à San Jose. Une blessure à l'aine vint toutefois le ralentir davantage en 1996-97, alors qu'il ne put jouer que 52 matchs. Sa production fut alors limitée à seulement 23 points. Il fit partie du parcours des Flyers jusqu'en finale contre les Red Wings en 1997 mais ne fut pas un très grand facteur avec une fiche de 3 buts et 1 passe en 14 matchs.

Après 30 matchs la saison suivante, déçus de son rendement et de son manque de conditionnement physique, les Flyers l'envoyèrent aux Sénateurs d'Ottawa dans un autre échange intéressant. Il passa aux Sénateurs en compagnie de Vaclav Prospal en retour d'un autre grand espoir déchu, nul autre qu'Alexandre Daigle, premier choix de l'encan 1993. Difficile à confirmer, mais ce serait probablement durant ce passage à Philadelphie que Falloon hérita du surnom peu flatteur mais tout de même hilarant de «Fat Balloon». 

Le passage de Falloon à Ottawa fut très bref et décevant, seulement 3 buts et 3 passes en 28 matchs, suite à quoi il fut libéré par l'équipe. Il signa ensuite comme agent libre avec les Oilers en 1998-99. Il connut une première saison potable à Edmonton avec 17 buts et 23 passes pour 40 points en 82 matchs. Mais après quelques mois en 1999-2000, il fut placé au ballotage et réclamé par les Penguins où il termina la saison et joua ses derniers matchs dans la LNH.


Ottawa (1998)

Edmonton (1998-2000)
Pittsburgh (2000)

En 2000-01, sans contrat dans la LNH, Falloon mit le cap sur la Suisse avec le distingué club de Davos. Il y connut une saison potable avec 38 points en 43 matchs mais surtout un bon tournoi de la coupe Spengler où il récolta 7 points en 5 matchs, menant Davos à une victoire du titre contre le Canada qui alignait entre autres des noms comme Christian Dubé, Daniel Marois, Benoit Hogue et nul autre que le légendaire Ray Sheppard.

Ensuite, Falloon décida de mettre un terme à sa carrière professionnelle et retourna à la ferme de céréales familiale à Foxwarren. Il ne fit toutefois pas une croix sur le hockey alors qu'il joignit les rangs de l'équipe locale, les Falcons de Foxwarren, au sein de la ligue sénior de l'endroit, la North Central Hockey League. Il joua 7 autres saisons au niveau sénior et dominant ridiculement cette ligue. Il obtint d'abord deux saisons identiques de 111 points en 23 matchs, ensuite une saison de 118 points en 2003-04. Il se calma ensuite avec seulement 64 points en 16 matchs en 2004-05. Au moment de sa véritable retraite en 2008, il avait obtenu au total une fiche de 265 buts et 343 passes pour 608 points en 144 matchs avec les Falcons, terminant avec le meilleur ratio de points par match de l'histoire de cette ligue. Les Falcons ont d'ailleurs remporté le championnat lors de 7 saisons d'affilée durant cette période (2001 à 2007).

Falloon a également remporté la coupe Allan, emblème du hockey sénior canadien, lorsqu'il fut prêté aux North Stars d'Île-des-Chênes pour le tournoi de l'édition 2003. Il termina en tête des pointeurs du tournoi avec 9 points en 4 matchs. Questionné durant ce tournoi s'il aimerait, à 30 ans, tenter de faire un retour dans la LNH, un peu comme Alexandre Daigle avait réussi à faire au même moment, Falloon déclara : «I don't know, I'd have to get in shape first. I might . . . I don't know.»

Falloon, troisième de la 3e rangée, avec les Norh Stars d'Île-des-Chênes en 2003

 

Depuis sa retraite, il travaille toujours à la ferme de Foxwarren. Il a très rarement parlé de sa carrière depuis ce temps, ne faisant que très rarement les manchettes, à l'exception d'une comparution pour alcool au volant en 2020.  

En 575 matchs dans la LNH, Pat Fallon aura obtenu une fiche de 143 buts et 179 passes pour 322 points. Pas exactement mauvais si ce n'était de cette inévitable comparaison avec les autres grands joueurs sélectionnés après lui en 1991. 

S'il n'a pas gagné la coupe Stanley ou été une vraie vedette dans la LNH, on peut toutefois compter à son actif la coupe Memorial (1991), la coupe Chynoweth dans la WHL (1991), la coupe Spengler (2001) et la coupe Allan (2003). Il fait aussi partie du temple de la renommée du hockey du Manitoba.

Son ancien coéquipier Ray Whitney, malgré qu'il ait lui aussi été abandonné par les Sharks, a pour sa part terminé sa carrière avec 1064 points en 1330 matchs au sein de plusieurs équipes (San Jose, Edmonton, Floride, Columbus, Detroit, Caroline, Phoenix et Dallas).


Sources:
Ex-NHLer Falloon leaves Manitoba farm for run at the Allan Cup, The Globe and Mail, 16 avril 2003
Former NHLer spared custody, Winnipeg Free Press, 27 janvier 2020
Sharks draft Falloon with the second pick, UPI, 22 juin 1991

vendredi 5 mai 2023

Joueur oublié des 90's #77 - Alexei Yegorov



 


Né le 21 mai 1975 à Leningrad (aujourd'hui St-Petersbourg), le jeune Alexei Yurievich Yegorov était bien petit et chétif à la naissance, passant bien près de ne pas survivre. Il parvint toutefois à s'en tirer et devint un hockeyeur d'exception dès son plus jeune âge, jouant la majorité du temps au sein d'équipes aux joueurs plus vieux qu'il parvenait à mettre dans sa poche. 

Le jeune Yegorov était un enfant turbulent à l'école mais avait un bon cœur et était très populaire. Il parvient entre autres à faire adopter par sa mère un ami dont les parents sont décédés et il organise aussi des funérailles pour un chien desquels il réussit à faire assister toute son école au grand dam des professeurs impuissants. Pendant qu'il se développe dans les différents niveaux du club local, le SKA St-Petersbourg, Yegorov devient père à seulement 17 ans. Sa copine et lui entretiennent une relation difficile et mouvementée, les forçant à habiter séparément, ce qui mènera à ce que son fils Nikita soit majoritairement élevé par la mère d'Alexei.

Graduant au sein du SKA senior en 1992-93, où il évolue comme ailier droit, Yegorov a aussi des problèmes d'autorité avec son entraîneur, l'ancien joueur légendaire Boris Mikhailov, un entraîneur formé à la vieille école. Durant la saison 1994-95, les deux en viennent à un argument irréconciliable suite à quoi Mikhailov le libère de l'équipe. Ayant précédemment été repêché en 3e ronde du repêchage de 1994 par les Sharks, Yegorov quitte la Russie pour tenter sa chance en Amérique du Nord, terminant la saison avec le Fire de Fort Worth dans la Central Hockey League ou il récolte 14 points en 18 matchs. 

 

 


Il fait ses débuts dans l'organisation des Sharks en 1995-96 avec leur club-école de la IHL, les Blades de Kansas City. Il s'en sort admirablement bien avec une fiche de 31 buts et 25 passes en 65 matchs, ce qui lui vaut un rappel à San Jose en fin de saison. Durant ce court séjour de 9 matchs dans la grande ligue, il obtient 5 points dont 3 buts. Ces trois filets sont tous obtenus lors d'un match contre les Flames. Il est toutefois retourné à Kansas City après ce court essai.

L'année suivante, il migre dans la AHL avec les Thoroughblades du Kentucky ou il obtient 26 buts et 36 passes en 76 matchs. Il n'est rappelé que pour deux petits matchs avec les Sharks, récoltant une seule passe. Ce seront malheureusement ses derniers matchs dans la LNH. Il passe ensuite la saison 1997-98 exclusivement dans la AHL, obtenant 32 buts et 52 passes pour 84 points et participant au match des étoiles. Difficile de confirmer mais selon ce que j'ai lu, ce 84 points serait le record pour un joueur russe en une saison dans la AHL.

Cependant, les Sharks ne feront plus jamais appel à ses services. La haute direction des Sharks avait complètement changé de main et ils désiraient faire table rase sur la précédente recette d'employer une grosse majorité de joueurs européens, les entraîneurs précédents étant de toute manière très racistes envers eux. C'est un peu ce qui est arrivé à un autre joueur de cette série évoluant avec les Sharks, Jan Caloun (voir texte du 2 mars 2022).

Yegorov et sa famille décident alors de retourner en Russie. Il évolua pour 3 clubs en 1998-99, terminant la saison à St-Petersbourg de retour avec le SKA. Malheureusement pour lui, cette décision de revenir en terrain familier sera le point tournant et tragique de cette histoire.

 

Habitant le même quartier de sa jeunesse, Yegorov renoua avec d'anciens amis qui étaient désormais des gens peu fréquentables. Bien qu'il ait joué peu longtemps en Amérique, son contrat avec les Sharks lui rapporta tout de même plus de 300 000$. Ses amis commencèrent alors à abuser du généreux Yegorov qui leur payaient des vêtements et qui les sortaient dans des discothèques et des casinos. Mais la pire chose qui lui arriva fut son introduction à l'héroïne, qu'il commença à consommer sans retenue durant cette saison 98-99. Il se rendit compte assez rapidement qu'il avait un problème et tenta de se réhabiliter. Malheureusement, lors de ses séjours à l'hôpital pour sevrer, il se révéla qu'il était très facile de se procurer de l'héroïne à même l’hôpital qui était assez facile d'accès pour que ses amis aillent lui en porter directement.

Voulant tenter d'échapper à tout ça, Yegorov décida de tenter un retour en Amérique du Nord. Au même moment, coïncidence ou pas, les nouveaux Thrashers d'Atlanta avaient acquis les droits sur Yegorov lors du repêchage d'expansion. Il ne fut pas signé par les Thrashers mais joua quand même dans les mineures en 1999-2000 au sein des Ice Dogs de Long Beach dans la IHL et des Hawks d'Adirondack dans la UHL.

Il quitta ensuite pour l'Allemagne où il joua une saison en 2000-01, tout en continuant d'éviter de retomber dans la drogue et de subir des traitements. Mais encore une fois, il rechuta lors d'un retour à St.Petersbourg, renouant de nouveau avec sa vieille gang et écoulant ce qui lui restait monétairement. Toute tentative de réhabilitation sembla alors inutile et il ne joua plus jamais au hockey.

Au début de l'année 2002, alors qu'il commença à manquer d'argent, il se mit à consommer à crédit. Pour continuer à avoir du crédit, il laissa son passeport en garantie à son dealer. Sans argent lorsqu'il fut temps de payer, il se rendit chez le dealer pour tenter de récupérer son passeport de force. Il fut toutefois accueilli par trois autres hommes forts qui le tabassèrent sans merci et le firent débouler les escaliers entre le 7e et le 3e étage. Selon la version officielle diffusée dans les journaux, Yegorov se serait ensuite jeté lui-même par la fenêtre du 3e étage, certains disent pour échapper à ses assaillants, d'autres racontent que c'était pour simplement en finir lui-même. Il mourut donc sur le coup de l'impact à l'âge de 26 ans, le 2 mars 2002. Ses attaquants jetèrent ensuite son passeport sur son corps inerte avant l'arrivée des policiers. 

Lors de ses funérailles, peu de ses anciens amis ou anciens coéquipiers furent présents à la demande de la famille, offusquée que plusieurs d'entre eux lui aient tourné le dos quand il avait besoin d'aide.

Son fils Nikita Yegorov, aujourd'hui âgé de 30 ans, joua également au hockey à divers niveaux en Russie durant les années 2010. Il a toujours eu des doutes sur la mort de son père, refusant la théorie officielle du suicide. Il raconte être retourné sur les lieux plus tard pour faire sa propre enquête et un ancien résident lui aurait dit qu'il aurait plutôt tenté de s'échapper en s'accrochant par la fenêtre et qu'il aurait plutôt glissé ou bien que ses assaillants l'aient fait tomber.

1975-2002


La fiche dans la LNH de Alexei Yegorov fut de 3 buts et 3 passes en 11 matchs.

Il obtint également 247 points en 298 matchs combinés dans les rangs mineurs nord-américains ainsi que 110 points en 259 matchs en Russie et en Europe.


Sources:
White trash burned Alexei Yegorov, Sovsport.ru, 23 octobre 2002
He was admired in Russia and America, and he traded his career for drugs. The tragedy of Egorov's hockey talent, Sport24.ru, 29 avril 2022
The terrible story hockey player Yegorov, Sportexpress.ru, 15 avril 2020
Sharks lose game, but may have found a star in Yegorov, SF Gate.com, 21 février 1996

mercredi 3 mai 2023

Joueur oublié des 90's #76 - Anatoli Semenov

 

 


Anatoli Anatolievich Semyonov
est né le 5 mars 1962 à Moscou. Il se développa dans le puissant système du hockey moscovite jusqu'à ce qu'il fasse ses débuts à seulement 17 ans en 1979-80 avec le Dynamo de Moscou. Il passa l'entièreté de la décennie comme joueur vedette du Dynamo, terminant 3 fois comme premier pointeur du club et une fois au sein de l'équipe d'étoile de la ligue. Sa grande stature (6'-2") combiné à une certaine grâce sur patins lui valut d'être surnommé le «Jean Béliveau» russe.

Au final, il aura joué 11 saisons dans la première ligue russe, récoltant 303 points en 374 matchs. Mais comme la ligue soviétique de l'époque n'était essentiellement qu'une ligue d'entraînement pour le puissant CSKA de Moscou, Semenov et le Dynamo ne se méritèrent aucun championnat durant les années 80, étant éternellement considérés comme deuxièmes violons. Ridiculement dominé entre autres par la fameuse ligne KLM (Vladimir Krutov, Igor Larionov et Sergei Makarov), le CSKA remporta le championnat à chaque saison entre 1977 et 1989, soit un record de 13 saisons consécutives. 

En fait, la ligue soviétique de l'époque, ancêtre de la KHL actuelle, fut entièrement dominée par les clubs de Moscou durant son existence. De 1946 jusqu'à la dissolution de la ligue en 1992, aucun club hors de Moscou ne fut sacrer champion. Malgré la présence de dizaines d'autres équipes, il n'y eut que 5 récipiendaires du titre durant cette longue période; le Dynamo, le VVS Moscou, le HC Spartak Moscou, le Krylya Sovetov Moscou, et bien sûr le CSKA et ses 32 titres.


L'équipe nationale, également surpuissante durant cette époque, était grandement constituée de joueurs du CSKA dont bien sûr la KLM, laissant quelques places sur les lignes secondaires à des joueurs comme Semenov. Ce dernier parvint toutefois à se faire remarquer sur la scène internationale malgré un temps de glace limité, notamment en 1987-88 avec une récolte de 7 points en 9 matchs à la Coupe Canada, et 6 points en 8 matchs durant les Olympiques de Calgary, d'où il repartit avec une médaille d'or. Cela lui permit d'être choisi par les Oilers d'Edmonton en 6e ronde du repêchage de 1989.

Il joua alors une dernière saison avec le Dynamo où comme capitaine, il permit à l'équipe de finalement prendre le dessus sur le CSKA et remporter le championnat de 1990. Il termina ensuite la saison avec les Oilers pour leurs parcours en séries. Il ne joua toutefois que 2 matchs en finale de conférence contre les Blackhawks, et aucun en finale, ce qui le disqualifia d'obtenir son nom sur la Coupe Stanley. Il reçut toutefois une bague pour ses efforts, devenant le deuxième joueur russe de l'histoire à faire partie d'une équipe championne dans la LNH après son compatriote Sergei Pryakhin l'année précédente avec les Flames. 

Comme Semenov, Pryakhin n'avait pas joué pas durant la finale de 1989 et n'avait pas joué assez de matchs en saison régulière pour voir son nom gravé sur la coupe. Il fallut attendre le printemps 1994 pour voir des joueurs soviétiques recevoir cet honneur lorsque les Rangers gagnèrent le trophée avec plusieurs joueurs russes comme Alex Kovalev, Sergei Zubov, Sergei Nemchinov et Alexander Karpovtsev.

Semenov fit ses débuts en saison régulière en 1990-91 avec les Oilers, s'en sortant relativement bien avec une fiche de 31 points dont 15 buts en 57 matchs, suivi de 10 points en 12 matchs en séries avec un club toujours bien «huilé» à Edmonton ou ils se rendirent jusqu'en finale de conférence contre les North Stars. Une de ses meilleurs saisons fut celle de 1991-92 où il obtint 20 buts et 22 passes en 59 matchs. On lui reprochait toutefois d'être trop empreint de la mentalité du jeu soviétique, où beaucoup de joueurs de son style étaient conditionnés à passer en premier lieu et non à tirer au but.



Les Oilers n'avaient apparemment pas beaucoup de plans pour lui dans leur équipe en reconstruction et le laissèrent aller au repêchage d'expansion de 1992 accueillant les Sénateurs et le Lightning. Il fut ainsi réclamé par l'équipe floridienne et marqua un but lors du premier match de l'histoire du Lightning. Il ne resta cependant que quelques semaines avec l'équipe puisqu'il fut rapidement acquis par les Canucks en novembre 1992 en retour de Dave Capuano. Les Canucks espéraient qu'il puisse remplacer Igor Larionov, son ancien coéquipier de l'équipe nationale russe, sur la première ligne d'attaque de l'équipe, au centre de Pavel Bure. Le duo Bure-Semenov fonctionna initialement à merveille, Semenov récoltant 20 points en 15 matchs à ses débuts à Vancouver. Il commença toutefois à ralentir la cadence et Bure fut alors davantage réuni avec Cliff Ronning et Murray Craven. Semenov termina quand même la saison 92-93 avec sa meilleure récolte avec 49 points dont 37 passes principalement acquises sur les 60 buts de son compatriote. 

Un autre repêchage d'expansion suivit ensuite durant l'été 1993 et Semenov fut de nouveau laissé sans protection avant d'être réclamé par les nouveaux Mighty Ducks d'Anaheim. Le premier entraîneur des Ducks, Ron Wilson, avait vu évolué Semenov de près l'année précédente alors qu'il était assistant avec les Canucks. Wilson voulait que Semenov devienne le principal marqueur de l'équipe et qu'il tire plus souvent au but et n'attende plus qu'un coéquipier plus talentueux vienne marquer, n'ayant de toute façon que très peu d'autres options en attaque chez les Ducks. Semenov commença de nouveau la saison en lion, récoltant 24 points lors de ses 30 premiers matchs. Des blessures vinrent toutefois mettre un frein à sa productivité et il ne put jouer que 49 matchs au total en 1993-94, terminant à 30 points.




Il commença la saison suivante à Anaheim avant d'être échangé aux Flyers en mars 1995, sa 5e équipe en seulement 4 saisons. Il ne fut utilisé que sporadiquement sur le bottom 6 avec les Flyers, étant toutefois plus utilisé en séries avec 6 points en 15 matchs. La saison suivante fut une version inversée de la précédente alors qu'après une récolte de 16 points en 44 matchs à Philadelphie, il fut retourné aux Mighty Ducks en mars 1996 et termina la saison avec un bon 10 points en 12 matchs. Il signa ensuite un contrat comme agent libre avec les Sabres pour la saison 1996-97 mais ne put jouer que seulement 25 matchs, étant de nouveau blessé à long terme. Il se retira du jeu peu après à l'âge de 35 ans.

Après sa retraite il occupa certains postes comme entraîneur ou adjoint à divers niveaux en Russie. Il est présentement recruteur pour les Blackhawks depuis 2017.

En 362 matchs dans la LNH, sa fiche fut de 68 buts et 126 passes pour 194 points.


Sources:
His Best Shot : Anatoli Semenov Has Become Offensive Force for Mighty Ducks, LA Times, 7 décembre 1993

lundi 1 mai 2023

Le sort des champions de la saison régulière


Malgré une saison record, les Bruins de Boston ont été sortis en première ronde par les Panthers. C’est décevant pour les partisans, l’équipe et particulièrement pour un vétéran comme Patrice Bergeron, qui pourrait mettre fin à son illustre carrière de cette façon.

Est-ce si inédit? Pas tant.

Pour établir un comparatif, j’ai pris les données à partir de 1979-80. Pourquoi cette année? Parce que c’est à partir de ce moment que 16 équipes ont été admises en séries (donc quatre rondes complètes) comme c’est le cas maintenant.

Ensuite, bien que les différentes séries ont porté différents noms au fil des ans (demi-finale de division, quart de finale de conférence, etc.), j’ai standardisé le tout sur une base mathématique pour qualifier le moment où les champions de la saison régulière ont été sortis (1/8, 1/4, 1/2, finale, champions de la Coupe Stanley).

On constate d’abord que seulement une fois sur quatre (25,58%) les champions de la saison sont allés jusqu’au bout et ont remporté la Coupe Stanley. Pour l’atteinte de la finale, on monte à 39,53%.

À l’opposé, dans 18,60% des cas, ils ont subi le même sort que les Bruins, soit une sortie immédiate. Si on ajoute ceux qui ont passé le premier tour, mais sans plus, on atteint 46,51%, presque un cas sur deux.



En regardant les statistiques, on note que les années 1980 ont été marquées par des dynasties (Islanders, Oilers) qui en ajoutant les Flames de 1988-89, ont réussi à accomplir une saison sans faille (premiers en saison et champions de la Coupe Stanley) à cinq reprises.

J’ai donc décidé d'ajouter un autre point de départ. Après 12 saisons stables à 21 équipes, la ligue a amorcé une autre vague d’expansion en 1991-92, avec l’arrivée des Sharks, suivie ensuite par les Sénateurs, le Lightning, etc. On peut considérer qu’à partir de ce moment, la ligue est devenue relativement semblable à ce qu’elle est maintenant.

On constate donc qu’à ce point, la tendance s’amplifie légèrement. Seulement 19,35% des champions de la saison ont remporté la Coupe. Les derniers à accomplir ce fait sont les Blackhawks en 2012-13.  

À l’inverse, 22,58% d’entre eux sont disparus du tableau immédiatement, comme les Bruins. En ajoutant les 32,26% qui n’ont passé que le premier tour, on note que plus d’un champion sur deux (54,84%) n’a pas passé le deuxième tour.

Parité?  Pression excessive? Épuisement d’avoir été à fond pendant trop longtemps? Si c’est le cas, est-ce à dire qu’à un certain moment, il vaudrait mieux lever le pied? ("Tanker" par le haut?)  

À moins que ça signifie pour les superstitieux que le Trophée des Présidents (décerné depuis 1985-86 aux champions de la saison régulière) ne porte malheur...