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mercredi 29 septembre 2021

Histoire de la ECHL

 

Avec les débuts imminents des nouveaux Lions de Trois-Rivières dans la ECHL, je croyais approprié de parler en détail de cette ligue qui fait ainsi sa première incursion en territoire québécois. Les Lions ne sont en fait que la 4e franchise canadienne de l'histoire de cette ligue et il faut remonter aux Rafales de Québec de la IHL (1996-98) pour retrouver une autre équipe professionnelle au Québec en dehors de la AHL. Et même dans la AHL ce n'est pas une chose courante alors qu'avant le récent Rocket de Laval, il fallait remonter à 2002 avec les Citadelles de Québec...

C'est donc quelque chose d'assez exceptionnel que j'attends avec impatience. Les billets de matchs individuels entrent en vente bientôt et j'entreprends peut-être d'organiser une petite excursion LVEUP à 3-R prochainement.

Mais en attendant, parlons donc de la genèse fascinante menant à la ECHL.

Comme toute ligue mineure qui se respecte, la East Coast Hockey League débuta humblement. Elle est en fait née des cendres de deux autres ligues obscures soit la Atlantic Coast Hockey League (ACHL) et la All-American Hockey League (AAHL).

Les Thunderbirds de la Caroline,
club fondateur anciennement de la ACHL


(Avertissement au lecteur) Comme on parle des ligues mineures, je recommande toujours de bien se concentrer pour démêler toutes les différentes ligues et abréviations de ligues... (fin de l'avertissement)

Fondée en 1981, la ACHL avait des racines dans la vieille Eastern Hockey League, cette ligue hébergeant les Jets de Johnstown à l'origine de l'histoire du film Slapshot. La EHL avait cessé ses opérations en 1973 et ses équipes se séparèrent pour former deux autres ligues, la North American Hockey League (NAHL) et la Southern Hockey League (SHL). Ces deux ligues cessèrent à leur tour leurs opérations en 1977.

Comme on peut voir jusqu'à maintenant, cette période était très instable pour les ligues mineures, et même pour les équipes majeures alors que la WHA en était à ses derniers milles et même plusieurs clubs de la LNH en arrachaient.

Une deuxième EHL fut ensuite formée par quelques anciens propriétaires mais ferma aussi rapidement boutique en 1981. Deux équipes de cette deuxième EHL firent ensuite partie des clubs fondateurs de la ACHL. 

Le proprio de la WWF, Vince McMahon, était également un des hommes d'affaires à l'origine de la ACHL mais quitta le navire après un an. La ligue opéra durant quelques saisons instables avant de fermer après la saison 1986-87. Il ne lui restait alors que 3 équipes actives. Deux de ces équipes, les Lancers de Virginie et les Thunderbirds de la Caroline migrèrent donc dans la AAHL pour la saison 87-88 tandis que les Panthers de Erie suspendirent temporairement leurs opérations.

Panthers de Erie

La AAHL fut pour sa part fondée en 1986 et était aussi née des cendres d'une autre ligue, la Continental Hockey League (CnHL). Mais après cette seule saison 87-88, les Lancers et les Thunderbirds en compagnie des Chiefs de Johnstown quittèrent la AAHL, pour finalement former la ECHL. 

Ils furent rejoints par une nouvelle équipe, les Cherokees de Knoxville, ainsi que par la franchise dormante des Panthers de Erie. La AAHL ferma boutique après une autre saison.

Premier logo de la ligue rappelant les graphiques de jeux Nintendo...

C'est ainsi que la ECHL put débuter ses humbles opérations avec ces 5 équipes pour sa saison inaugurale en 1988-89. La ligue avait alors comme commissaire une légende des ligues mineures, Pat Kelly. Kelly avait fait ses classes à tous les niveaux possibles, d'abord comme joueur-entraineur des Comets de Clinton, cette équipe qui connut en 1967-68 la meilleure saison en terme de points dans l'histoire du hockey professionnel.  Il fut ensuite entraineur dans la SHL, la WHA, brièvement dans la LNH avec les Rockies du Colorado (1977 à 1979) et ensuite dans la AHL, ACHL et finalement la IHL jusqu'à sa retraite comme entraineur en 1988.

Le trophée du championnat de la ECHL fut d'abord nommé la Coupe Riley en l'honneur de Jack Riley, premier DG des Penguins de Pittsburgh et ancien commissaire de la SHL et ensuite président de la IHL entre 1979 et 1983. 

La Riley Cup fut toutefois retirée par la ECHL en 1997 pour être remplacée par la Coupe Kelly en l'honneur de son premier commissaire. Les premiers récipiendaires du championnat furent les Thunderbirds de la Caroline en 1989.

Pat Kelly et la coupe à son nom
 

Dans ses premières années, la ligue n'était pas encore considérée comme une ligue de développement alors que seulement quelques clubs de la LNH y prêtaient des prospects ici et là, préférant la AHL ou la IHL. Mais au fil des années, des frictions commencèrent à s'installer alors que la LNH trouvait que la IHL empiétait trop sur ses plate-bandes en s'installant dans des marchés convoités par la LNH en plus d'offrir des contrats à des joueurs de la LNH en grève avec leurs équipes respectives, ce qui fit que de moins en moins de clubs de la LNH envoyaient des joueurs dans la IHL au fur que la décennie progressa et c'est la ECHL qui en bénéficia. De plus en plus de clubs de la ligue devinrent donc affiliés avec ceux de la LNH vers la fin des années 90.

Mais au départ, les équipes de la ECHL étaient complètement indépendantes et une des choses qui fit son succès auprès des fans est le fait que les équipes voulaient principalement gagner et garder leurs joueurs vedettes. Un joueur prêté par la LNH était un bonus et non pas la pierre angulaire d'une équipe.

 


La ECHL prit rapidement de l'expansion, passant de 5 à 19 équipes lors de ses 5 premières saisons d'existence. Le hockey professionnel alors en meilleur santé que dans les années 70 et 80, il fallait désormais jouer du coude dans le monde des ligues mineures au début des années 90. C'était fort probablement dû à l'effet «Gretzky» mais le hockey commença à germer partout sur le continent avec des ligues pour tous les territoires géographiques possibles. 

À la même époque, on retrouvait, en plus de la LNH, les ligues suivantes:

  • AHL
  • IHL
  • ECHL
  • Colonial Hockey League (CoHL) fondée en 1991
  • Central Hockey League (CHL) fondée en 1992
  • West Coast Hockey League (WCHL) fondée en 1995
  • Western Professionnal Hockey League (WPHL) fondée en 1996

Mais sur cet échiquier assez confondant à savoir comment juger le niveau de talent en ordre d'importance, la ECHL se sortait assez bien d'affaire même au niveau du développement des joueurs, malgré que ce n'était pas sa mission. C'est lors de sa deuxième année d'existence qu'elle envoya son premier gradué dans la LNH lorsque le gardien Scott Gordon fit ses débuts avec les Nordiques. Oui les Nordiques employèrent 7 gardiens lors de cette saison mais quand même...

En fait là où on peut dire que la ECHL s'est distinguée, c'est principalement dans le développement des gardiens. Ce qui a du sens alors qu'il est parfaitement logique d'envoyer un espoir légitime voir du rubber souvent dans la ECHL au lieu de le laisser réchauffer le banc dans la AHL derrière un espoir plus établi.

Ce fut particulièrement le cas pour le gardien Olaf Kolzig qui joua une trentaine de matchs avec les Admirals d'Hampton Road lors de ses 2 premières saisons professionnelles alors que plusieurs prospects se bousculaient dans le pipeline des Capitals de Washington comme Jim Carey et Byron Dafoe (également un alumni de la ECHL). Kolzig sera d'ailleurs le premier joueur admis au temple de la renommée de la ECHL dans la catégorie des «joueurs développés» lors de son introduction en 2010.

Donc au cours des années suivantes, plusieurs gardiens atteindront assez rapidement la LNH après quelques matchs dans la ECHL comme David Aebisher, Jean-Sébastien Aubin, Martin Biron, Patrick Lalime, Manny Legace, Tim Thomas, Devan Dubnyk, Mike Smith et Jonathan Quick. Même récemment, on retrouve les noms de Jordan Binnington, Aaron Dell, Darcy Kuemper et Philipp Grubauer.

Au niveau des patineurs c'est quelque peu moins reluisant mais on retrouve de bons noms comme Andrew Brunette, Alexandre Burrows, Ruslan Fedotenko, P.A. Parenteau, Chris Neil, André Roy, Glen Metropolit et bien d'autres. Récemment ce sont les noms de Yanni Gourde et Mike Hoffman qui retiennent l'attention.

Le Canadien sembla particulièrement frapper dans le mille avec la ECHL dans les années 2000 alors que le grand club accueillit plusieurs gradués de cette ligue comme Francis Bouillon, Mark Streit, Francois Beauchemin, Frédéric St-Denis, Jaroslav Halak, Michael Ryder et David Desharnais.

David Desharnais, champion de la Coupe Kelly en 2008 avec les Cyclones de Cincinnati.
 

Au fil des années, comme toutes les ligues mineures, beaucoup de va et vient se produisit au sein des équipes formant ce circuit. Au total on retrouve à ce jour 88 noms d'équipe qui ont évolué dans la ECHL incluant les 27 actives en ce moment. Du lot, seulement deux franchises sont en place depuis la première saison de 1988-89, mais sous un autre nom. Il s'agit des Nailers de Wheeling, anciennement connus sous le nom des Thunderbirds de la Caroline discutés plus haut. Ensuite le seul autre club «original» sont les Swamp Rabbits de Greenville, autrefois connus sous le sobriquet des Road Warriors et auparavant une équipe originale remontant à l'époque de la AAHL, les Chiefs de Johnstown, nommés bien sûr en référence à Slapshot, qui évoluèrent là-bas de 1988 à 2010. 

D'ailleurs, les Chiefs avaient vraiment embrassé l'image du film en engageant même un des frères Hanson, Steve Carlson comme entraineur à leurs débuts.

Chiefs de Johnstown
Club fondateur de la ECHL en 1988.


Le seul autre club actif maintenant un certain lien avec les débuts de la ligue sont les Grizzlies de l'Utah, auparavant connus sous le nom des Lancers de Virginie au début de la ligue mais qui prirent ensuite 6 autres noms en plus d'être inactifs l'espace de deux saisons avant de finalement revenir sous le nom des Grizzlies en 2005. Le nom des Grizzlies était en fait le nom d'un autre club du même nom dans la ligue américaine. 

Cependant, le véritable club champion en terme de longévité sont les Stingrays de la Caroline, en place sous le même nom depuis leur année d'expansion en 1993. Ils sont d'ailleurs les meneurs au niveau des championnats dans l'histoire de la ECHL avec 3 coupes Kelly à leur actif, à égalité avec les Aces de l'Alaska et les Admirals de Hampton Roads.

En 1995-96, la ligue forma un partenariat avec NHL Enterprises pour son marketing. Un nouveau logo, toujours en place, fut créé pour l'occasion. Pendant ce temps, l'échiquier continua de bouger sans cesse pendant que la ECHL progressait à son rythme. Un changement majeur eut lieu en 2001 lorsque fut dissoute la IHL après 56 saisons. 

Désormais sans la IHL sur son chemin, la LNH désirait stabiliser le système des ligues mineures et que la hiérarchie soit davantage définie avec la AHL définitivement campé au 2e échelon et ensuite la ECHL. 6 clubs de la IHL joignirent les rangs de la AHL et 1 autre, les Cyclones de Cincinnati, prit le cap de la ECHL.

Nouveau logo en 1996

Cette nouvelle hiérarchie se consolida lors des années suivantes, surtout en 2003 lorsque la ECHL remporta la «guerre des côtes» lorsque la WCHL (West Coast Hockey League) cessa ses opérations et envoya 7 de ses clubs dans la ECHL. La ligue prit donc davantage d'importance et s'étalait désormais jusqu'en Californie et l'Alaska avec un total jusque-là inégalé de 31 clubs, soit 1 de plus que la LNH à l'époque. Ne pouvant pas faire survivre autant de clubs, le nombre d'équipes diminua naturellement au cours des années suivantes.

Le terme «East Coast Hockey League» ne faisant alors plus de sens, la ligue raccourcit son nom sous celui non abrévié de la «ECHL», ce qu'on appelle dans le milieu un «acronyme orphelin» où les lettres composant l'acronyme n'ont plus de signification. On en apprend tous les jours... Donc si vous entendez quelqu'un dire que les Lions jouent dans la «ligue de la East Coast» ou la «ligue de la Côte Est», vous pourrez faire votre finfinaud en lui expliquant ce qu'est un «acronyme orphelin» et que les Lions jouent dans la «E-C-H-L». Je ne sais pas si ça va causer des problèmes pour certains, alors qu'on a tendance ici au Québec à franciser les noms de ces ligues: LNH, LAH, AMH etc... Vous verrez peut-être apparaître l'abréviation «LHCE» pour «Ligue de Hockey de la Côte Est» mais ce sera techniquement faux...

 

Scott Gomez avec les Aces de l'Alaska durant le lock-out de 2012.
 

Bref, ce ne fut toutefois pas les derniers changements à survenir dans les ligues mineures. En même temps que la IHL, la WPHL (Western Professionnal Hockey League) discutée plus haut fut à son tour absorbée, cette fois par la Central Hockey League. Cette dernière s'en sortit assez bien durant cette période. Elle était constituée de clubs provenant de sa propre création en 1992 ainsi que ces clubs absorbés de la WPHL et de l'ancienne Colonial Hockey League (CoHL) discutée plus haut. Cette CoHL avait entre-temps changé de nom deux fois soit sous le nom de la United Hockey League (1997) et ensuite (pour bien nous mélanger) sous une deuxième incarnation de la International Hockey League (2007) jusqu'à son absorption par la CHL en 2010.

Mais à partir de ces années 2010, la CHL commença à son tour à battre de l'aile et quelques uns de ses clubs firent défection dans la ECHL. C'est finalement en 2014 que la CHL fut finalement dissoute et comme en 2003 avec la WCHL, 7 clubs de la CHL joignirent les rangs de la ECHL qui revint à 28 clubs après avoir redescendu jusqu'à 22 en 2013-14.

Histoire de vous démêler, pourquoi pas faire un graphique parce que moi-même je commence à m'y perdre...

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Bon là c'est un peu plus clair.

C'est depuis assez stable depuis ces fusions malgré plusieurs déménagements annuels, équipes qui ferment et équipes d'expansion. Le seul changement vraiment majeur effectué au cours des dernières années fut lors de la création d'une division «pacifique» dans la AHL pour la saison 2015-16. Cette division avait pour but d'établir un club de la AHL dans le même état que chacune des équipes californiennes dans la LNH. Quelques clubs changèrent alors de ville et de ligue. Les Condors de Bakersfield de la ECHL déménagèrent donc à Norfolk en Virginie tandis qu'un nouveau club du nom des Condors débuta au même moment dans la AHL. Le Reign d'Ontario (ECHL) et les Monarchs de Manchester (AHL) changèrent aussi de ligue l'un pour l'autre. 

Comme tout ce qui concerne les ligues mineures, c'est assez mélangeant. En fait c'est plus simple de résumer cette «transaction» en s'imaginant qu'au lieu d'un échange de joueurs, ce sont en fait les villes de Manchester et d'Ontario qui s'échangèrent leur club. En plus il faut comprendre que «Ontario» est ici une ville californienne et non pas la province... Manchester est pour sa part située au New Hampshire...

Cela dut également causer de la confusion pour les joueurs des deux équipes membres du système des Kings. Vous imaginez la scène, un jeune joueur qui évoluait dans la ECHL avec le Reign se fait dire qu'il évoluera pour les Monarchs la saison suivante. Il croit alors à une promotion mais finalement il demeure dans la ECHL et doit en plus quitter les plages de la Californie pour le New Hampshire... Confusion aussi pour les fans de ces villes qui voient le niveau de jeu baisser ou augmenter d'un cran et un alignement presque totalement différent de l'année précédente. Juste le chandail qui n'a pas changé... 

D'ailleurs cela n'a pas fonctionné pour Manchester, la ville perdante dans cet «échange». Leurs fans se sont sentis laissés pour compte et ont déserté l'aréna. Le club a cessé ses opérations en 2019.

Les plus récents champions de la coupe Kelly, les légendaires Komets de Fort Wayne, ont trouvé refuge dans la ECHL en 2012 après avoir évolué précédemment dans la CHL, UHL et IHL

 

Donc après tant de mouvements, fusions, dé-fusions, mariages, divorces, séparations, expansions et 698 joueurs (à ce jour) qui ont gradué vers la LNH, on se retrouve avec une ECHL composée de 27 clubs dont 2 au Canada avec Trois-Rivières et les Growlers de Terre-Neuve, créés en 2018 et affiliés aux Maple Leafs. Les seuls autres clubs canadiens dans le passé furent les Salmon Kings de Victoria entre 2004 et 2011 et le Beast de Brampton de 2014 à 2020. Les Salmon Kings cessèrent leurs activités lorsque arriva la franchise junior des Royals de Victoria dans la WHL tandis que le Beast ne s'est pas remis de l'arrêt des activités dû à la Covid et n'est pas revenu après la saison 2019-20.

La ECHL en sera à sa 32e saison en 2021-22 et 33e année d'existence au total en comptant la saison annulée de 2019-20 à cause de la Covid. Mine de rien, cette longévité fait de la ECHL la 4e plus vieille ligue professionnelle nord-américaine après la LNH (fondée en 1917), la AHL (fondée en 1936) et la IHL (1945-2001).

Bref tout ça me donne l'envie d'aller me virer à Trois-Rivières bientôt. Peut-être un petit match contre les Growlers?

 

Sources:
Fun while it lasted
Chris Creamer's Sports Logos
ECHL.com

dimanche 26 septembre 2021

Joueur oublié des 90's #56 - Kevin Evans



Vous connaissez l'histoire mais ici à LVEUP, notre sujet fétiche le plus récurrent est la genèse menant à la création des Sharks de San Jose. Mais si vous êtes nouveau ici je n'ai pas le choix de me répéter une 1000e fois de plus. 

Les Sharks n'étaient pas une équipe d'expansion traditionnelle lors de leur arrivée en 1991. Leurs propriétaires étaient les anciens propriétaires des North Stars qui reçurent une équipe d'expansion à condition de ne pas déménager les North Stars et de les vendre à un autre acheteur. Également comme compensation, ils avaient droit de choisir une vingtaine de joueurs du système des North Stars pour leur nouvelle équipe en plus du repêchage d'expansion traditionnel. Pour renflouer leurs pertes de personnel, les North Stars purent également participer à ce repêchage d'expansion, même s'ils n'étaient pas une équipe d'expansion...

Vous voyez, le paragraphe précédent est en fait un copié-collé d'un autre paragraphe de mon ancien texte sur Alan Haworth, un des joueurs impliqués dans ces 2 étranges repêchages. On dirait en fait que plus je creuse et plus je me rends compte que la plupart de ces joueurs marginaux ont des histoires intéressantes à raconter. D'ailleurs la liste s'allonge dans nos bios car c'était le cas pour Haworth, Jayson More, Link Gaetz, Doug Zmolek et Bengt-Åke Gustafsson. Même Guy Lafleur y a passé...

Et tout ça ne prend même pas en compte les vraies origines de la genèse des Sharks, soit la dissolution de la fusion North Stars/Barons de 1978 mais là c'est trop long à résumer....

 

 

Mais toute cette longue intro a pour but d'en venir à un autre joueur qui fut impliqué dans cette intarissable dispersion North Stars/Sharks, Kevin Evans

Mais avant de réellement commencer sa bio, je voulais vous expliquer comment j'ai décidé de choisir ce joueur. Voici une photo d'un de mes cartables de cartes pour vous montrer un exemple de ma fixation pour cette équipe d'expansion particulière. Ici c'est une page où j'essaie de rassembler cette sous-collection douteuse d'O-Pee-Chee de 10 cartes exclusivement comprise de ces joueurs obscurs provenant des North Stars.

 

En plus de cette série, j'essaie d'avoir le plus de cartes possible des joueurs de la première saison des Sharks en 91-92, (processus que j'ai ensuite répété pour toutes les équipes d'expansion récentes). J'ai donc beaucoup de Kelly Kisio et de Rob Zettler, mais je n'avais jusqu'à maintenant aucune carte de Kevin Evans, lui qui ne joua qu'une poignée de matchs dans la LNH et qui n'était même pas dans les 10 joueurs de la série d'O-Pee-Chee.

Mais l'autre jour je me suis rendu compte que j'avais désormais cette carte:


Je n'y avais pas beaucoup porté attention au départ, j'étais juste content d'en rajouter un à ma liste mais en croyant peut-être que je l'avais déjà, son nom ne m'étant que très peu familier. Je n'avais jusque-là que très peu d'intérêt envers Kevin Evans.

Mais c'était avant de lire sa bio au verso...

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648 minutes de pénalité en une saison, ce qui en ferait le recordman du hockey professionnel à ce niveau. Je me devais d'en savoir plus.

Allons-y donc pour vrai avec sa bio.

Kevin Robert Evans est né le 10 juillet 1965 à Peterborough en Ontario. Il évolua dans le hockey mineur local de Peterborough à divers niveaux. Déjà à l'âge junior on pouvait voir quel joueur il allait devenir alors qu'il récolta 181 minutes de punition en 33 matchs en 82-83 et ensuite 210 minutes en 39 matchs en 83-84 avec les Legionnaires de Peterborough, un club AAA. Ce n'est que durant cette saison 1983-84 qu'il parvint à se rendre à la OHL avec son équipe locale, les Petes, où il disputa seulement 2 matchs. Il attira assez l'attention pour graduer dans la OHL en 1984-85 avec les Knights de London où il joua 52 matchs et obtint cette fois-ci 148 minutes de pénalité. 
 
Ici je prends une pause pour vous annoncer que, comme le sujet va revenir souvent, pour le reste de l'article je vais désormais raccourcir avec le standard «PUN» pour minutes de pénalité...

Toujours non repêché jusque-là, Evans opta de passer dans la WHL pour sa dernière saison junior en 1985-86, saison qu'il joua avec les Cougars de Victoria où il mena la ligue avec 441 PUN. 

Il termina cette même saison 1985-86 en devenant professionnel avec les Wings de Kalamazoo dans la IHL. En seulement 11 matchs pour terminer la saison, il récolta 97 PUN et 56 en 6 matchs des séries.

Il débuta ensuite à temps plein à Kalamazoo en 1986-87 et ce fut une saison pour la légende. En 73 matchs, Evans récolta effectivement pas moins de 648 minutes de pénalité. Ici ça vaut la peine de l'écrire au complet... Une moyenne de 8,7 minutes par match au cachot. C'est un total assez impressionnant malgré que c'était bien sûr durant ces folles années 80, mais à ma mémoire je n'ai pas souvenir d'avoir vu un autre joueur dans les 600 minutes. J'ai quelquefois vu 500 et quelques 400 dans la LNH mais 600 c'est une première dans toutes mes années de recherche.




Et pourtant, Evans n'avait pas l'air du goon traditionnel. Il faisait seulement 5'9" et 182 livres et avait aussi un certain talent offensif alors qu'il récolta également 19 buts, 31 passes pour 50 points durant cette saison.

Il «s'assagit» légèrement lors des saisons suivantes à Kalamazoo avec 404 PUN en 54 matchs, 328 PUN en 54 matchs et ensuite 346 PUN en 76 matchs durant la saison 1989-90. Cette dernière était également sa meilleure saison professionnelle avec 30 buts et 54 passes pour 84 points. Cette bonne saison attira l'attention du club affilié aux Wings, les North Stars, qui l'invitèrent au camp de l'équipe pour la saison 1990-91. Il y joua ses 4 premiers matchs dans la LNH, récoltant 19 PUN et aucun point, avant d'être retourné à Kalamazoo. 
 
De ces 19 minutes, seulement une bagarre semble être répertoriée selon le site hockeyfights.com. Je ne suis pas un apôtre de la violence au hockey mais parfois ce sont les seuls extraits vidéos que je peux trouver. Et dans le cas d'Evans, je me permets d'au moins mettre cette première bagarre dans la LNH:
 
On ne voit pas grand chose mais comme bonus on peut voir des caméos de quelques autres joueurs repêchés par les Sharks comme Shane Churla et Rob Zettler.
 
 


Après sa courte initiation dans la LNH, Evans sembla reprendre de plus belle dans la IHL avec 22 points en 16 matchs mais une blessure au genou le mit au rancart pour la majorité de la saison.
 
Durant l'été 1991, un tournant allait s'effectuer au Minnesota avec la dissolution officielle du «merger» Cleveland/Minnesota de 1978. Les anciens proprios des North Stars allaient alors pouvoir garder une partie du système des North Stars pour la base de leur nouvelle équipe à San Jose. Parmi ces joueurs non-protégés disponibles pour les Sharks, la plupart évoluaient avec Evans à Kalamazoo et allaient avoir la chance de graduer dans la LNH avec cette nouvelle opportunité à San Jose. Evans obtint sa chance au début de la saison 91-92 où il joua 5 matchs, récoltant 1 passe et 25 PUN. Il fut toutefois envoyé dans les mineures avec les Blades de Kansas City et ne revint jamais avec les Sharks ou dans la LNH. Il put toutefois célébrer cette saison 91-92 avec un championnat de la IHL avec les Blades. Car si les Sharks étaient sans surprise poches à leur première saison, le club-école se retrouva grandement «boosté» avec ces joueurs obtenus du système des North Stars (dont Arthurs Irbe). Evans obtint d'ailleurs 15 points en 14 matchs durant ces séries (et 70 PUN).
 
Libéré par les Sharks après cette seule saison, il retourna, pour la plus grande joie de ses fans, avec les Wings de Kalamazoo en 92-93 mais il joua seulement 49 matchs (283 PUN). Il évolua ensuite 3 autres saisons dans la IHL avec Peoria et un retour d'une saison à Kansas City.

En 95-96, il migra pour la CHL (Central Hockey League) avec les Riverkings de Memphis (356 PUN en 38 matchs). Il évolua ensite deux saisons dans la ECHL avec les Sea Wolves du Mississippi et où il canalisa le Kevin Evans de 10 ans plus tôt avec 505 PUN en 63 matchs durant la saison 96-97. C'était sa seule autre saison au dessus de 500 minutes. J'ai dit plus tôt qu'il s'était un peu assagi depuis 1987 mais il lui arrivait bien sûr d'être une tête folle à plus d'une reprise... Le terme «lunatique» revient d'ailleurs assez souvent dans les commentaires de ceux qui l'ont vu jouer.



Il termina sa carrière en 2000 après une saison partagée entre les T-Rex de Tupelo de la WPHL et un court retour de 7 matchs avec les Riverkings de Memphis.
 
En 9 matchs dans la LNH, Kevin Evans obtint 1 passe et 44 minutes de pénalité.
C'est toutefois principalement dans la IHL qu'il évolua, dont 7 saisons à Kalamazoo, et il y obtint en tout 128 buts et 271 passes pour 399 points en 517 matchs et un total de 3083 minutes de pénalité.
 
Au moment de sa retraite, Evans détenait le record du joueur le plus puni de toute l'histoire du hockey professionnel. En combinant ses statistiques de la LNH, IHL, CHL, ECHL et WPHL, on obtient un total de 4417 minutes de pénalité, soit l'équivalent de 73 heures ou 3 jours + 1 heure au cachot. On pète le 5000 minutes en incluant ses statistiques du junior.
 
Le recordman de la LNH à ce niveau, Dave «Tiger» Williams détient le record de 3966 minutes dans la LNH mais «seulement» 4172 minutes au total avec ses statistiques des ligues mineures.

Le record de Evans dura jusqu'en 2007 lorsqu'il fut dépassé par Dennis Bonvie, anciennement des Penguins et des Oilers. Lors de sa retraite, Bonvie établit alors la marque à 4804 PUN.

Cette carte Score 91-92 de Evans vue plus haut est sa seule carte en carrière dans la LNH.

Il demeure à ce jour un joueur culte à Kalamazoo. Les Wings l'ont d'ailleurs honoré lors de la «Kevin Evans Night» en mars 2019 où les 1000 premiers spectateurs obtinrent un slendide «bobblehead» à son éffigie:


samedi 25 septembre 2021

Roy Worters



En 1920, alors qu’elle n’en était qu’à sa deuxième édition, la Coupe Memorial fut remise au Toronto Parkdale Canoe Club. On retrouvait dans leur alignement une future légende, Lionel Conacher. Dans les buts, on retrouvait aussi un petit gardien de but, Roy Worters.

Après être passé par le hockey senior, Worters pensa abandonner. Son ancien coéquipier, Conacher, le convainquit toutefois de le suivre à Pittsburgh, pour s’aligner avec les Yellow Jackets de la USAHA. Lorsqu’en 1925, l’équipe fut convertie en formation de la Ligue Nationale et devint les Pirates, Worters fit ses débuts dans la LNH. À 5’3’’ et 135 livres, il est devenu (et demeure à ce jour) l’un des plus petits joueurs de l'histoire de la ligue. Selon la légende, la tête de celui qui était surnommé "Shrimp" (crevette) touchait la barre transversale lorsqu’il était profondément dans son filet.

Malgré une faible défensive, Worters tint le fort du mieux qu’il put, faisant des Pirates une équipe moyenne. D’ailleurs, le 26 décembre 1926, il réussit 70 arrêts contre les Americans de New York, mais ce fut malgré tout insuffisant. Pittsburgh s’inclina 3-1.

Après trois saisons, il eut une dispute salariale avec Pittsburgh, ce qui entraîna son échange vers les Americans de New York. En retour, les Pirates, une équipe avec des problèmes aux guichets, obtinrent Joe Miller et 20 000$.

Les Americans étaient alors une équipe pathétique, détenue par Bill Dwyer, un individu louche impliqué dans le trafic d’alcool, avec un entourage qui l’était tout autant.  Il était fréquent de voir ses acolytes armés dans ses bureau du Madison Square Garden. 

Worters rejoignit alors Conacher et ne mit pas de temps à faire sa marque. Il aida les Americans à atteindre les séries pour la première fois. Dans une série de deux matchs au total des buts, ils perdirent toutefois 1-0 en prolongation contre leurs rivaux new yorkais, les Rangers.

Les efforts de Worters furent tout de même soulignés, puisqu’il remporta le Trophée Hart, remis au joueur le plus utile à son équipe, pour la saison 1928-29.  Il fut d'ailleurs le premier gardien à être choisi pour cet honneur, et il faudra attendre à la saison 1949-50 avant que Chuck Rayner ne réédite l'exploit. 

Le 27 février 1930, il se passa quelque chose qui serait inimaginable aujourd’hui. Le gardien des Canadiens, George Hainsworth, souffrait de grippe. Comme à l’époque, il n’y avait pas de gardien auxiliaire, il fallut donc lui trouver un remplaçant. Il arrivait alors que dans de telles circonstances, une équipe prête un joueur à une autre. Comme les Canadiens avaient joué le samedi précédent contre les Americans, qu’ils jouaient ensuite à Montréal contre Toronto le jeudi et que les Americans jouaient après à Montréal contre les Maroons le samedi suivant, il était logique d’un point de vue logistique que Worters se joigne aux Canadiens pour revenir à Montréal, joue le match contre Toronto dans leur uniforme, avant d’être rejoint par les Americans pour leur match contre les Maroons.

Worters se tira très bien d’affaires et les Canadiens l’emportèrent 6-2. Le samedi suivant, ce fut un retour à la normale pour Worters, alors que les Americans s’inclinèrent 5-1 contre les Maroons. Ce match avec le Bleu Blanc Rouge fut sa seule (et courte) expérience avec une équipe championne, puisque les Canadiens remportèrent ensuite la Coupe Stanley, alors que Worters passa le reste de sa carrière avec les Americans, qui ne s’approchèrent jamais du titre. En fait, ce petit match fut son seul au sein d’équipe qui existe toujours, puisque les Pirates et les Americans ont disparu depuis longtemps.

Ça n’empêcha pas Worters de reprendre le collier et l’année suivante, il le fit de brillante façon. Il remporta le Trophée Vézina pour avoir accordé le moins de buts en 1930-31. Il aida ainsi les Americans à être une équipe moyenne, malgré le fait qu’ils avaient aussi l’attaque la plus anémique de la ligue (à égalité avec les misérables Quakers de Philadelphie). Étonnamment, malgré cet honneur, son nom ne fut pas retenu, ni pour la première équipe d’étoiles, ni pour la deuxième.

Le diminutif Worters n’hésita alors pas à tenir tête à son patron peu fréquentable pour obtenir une augmentation de salaire. Mais Dwyer, qui aimait bien Worters, qui le faisait rire, finit par céder et lui concéda un contrat de trois ans à 8500$ par année, un sommet à ce moment pour un gardien.

Shrimp joua jusqu’en 1937, moment où il dut subir une chirurgie pour une hernie. Il investit ensuite ses économies, dont il avait pris grand soin, dans divers projets hôteliers dans la région torontoise. Il devint ainsi un prospère homme d’affaires.

Il demeura alors en contact avec son ex-entraîneur (et plus tard président de la ligue) Merv "Red" Dutton. Lorsque ce dernier l’initia à la chasse et que Worters tua sa première oie, c’est avec son humour habituel qu’il déclara qu’elle était plus grosse que lui…

Malheureusement, Worters ne put jouir très longtemps de ses succès en affaires, étant emporté par un cancer de la gorge en 1957, à l’âge de 57 ans.

Il fut intronisé à titre posthume au Temple de la renommée en 1969.

Sources:

"Worters occupera le poste de Hainsworth, Roy Worters, de l’Américain, remplacera Geo. Hainsworth", 27 février 1930, La Patrie, page 13,

"Canadiens Capture Second Position By Beating Leafs, 6-2", February 28, 1930, Montreal Gazette, page 16,

"Famous N.H.L. Goalie, Roy Worters, 57, Dies", CP, November 8, 1957, Montreal Gazette, page 25,

"Good Morning" de Vern Greer, November 8, 1957, Montreal Gazette, page 25,

"Former Netminder Ace, Worters, Dies", CP, November 8, 1957, Calgary Herald, page 46.

dimanche 19 septembre 2021

Trève de hockey #104: Norm Macdonald au gala des ESPY


 

Voici un petit texte/hommage avec quand même un bon lien avec le sport et un petit peu le hockey.

 

 

C'est avec grandement de tristesse que j'ai appris le décès du comédien Norm Macdonald, décédé la semaine dernière du cancer à l'âge de 61 ans.  Lorsque j'apprends le décès d'une personne célèbre ou d'un ancien joueur, je suis parfois surpris ou attristé mais rarement à ce point. Je n'ai pas pleuré ou rien mais j'ai vraiment été plusieurs minutes en état de choc. C'était davantage bizarre alors que j'avais regardé des extraits du podcast de Norm sur Youtube pas plus tard que la veille de son déces.

Car voyez-vous pour moi, Norm Macdonald était un des meilleurs comiques que j'aie jamais vu et je vous invite à aller parcourir Twitter et vous verrez de nombreuses sommités du milieu comme Conan O'Brien ou David Letterman qui ont évoqué le même sentiment que moi. Pourtant il n'était pas le plus connu ni le plus célébré mais son style terre à terre nonchalant et sa répartie légendaire en font un des meilleurs de tous les temps. Norm en avait rien à foutre si ses jokes ne plaisaient pas ou en choquaient plusieurs et c'est peut-être un peu ce qui explique qu'il n'était pas aussi connu que bien de ses confrères. Macdonald avait un parfait sens du timing et était tellement naturel qu'il avait le don d'être drôle, que sa blague soit bonne ou pas. Même qu'en le connaissant davantage, on remarque que parfois plus sa blague était mauvaise, le plus de plaisir il semblait avoir.

Je l'ai originalement connu lorsque j'ai découvert la comédie «Sale Boulot» (Dirty Work) au secondaire en 1999, un film tellement niaiseux mais qui devint un incontournable pour moi et mes potes qui avons beaucoup emprunté et cité les nombreuses blagues hilarantes de ce film. 

Mais après ça, j'ai rarement revu Norm Macdonald. Il faut dire qu'ici au Québec on avait pas vraiment la même culture comique qu'aux States ni les moyens technologiques de maintenant. Et pourtant Macdonald était québécois d'origine, étant né dans la ville de Québec en 1959 avant de déménager à Ottawa lorsqu'il était adolescent.

Donc bien des années plus tard j'ai commencé à m'intéresser à Saturday Night Live en parcourant l'internet et c'est là que j'ai vraiment découvert Macdonald, membre de la distribution entre 1993 et 1998 et qui était principalement connu pour l'animateur du segment «Weekend Update» où il avait plusieurs célébrités majeures comme têtes de turc comme Madonna, Michael Jackson et surtout O.J. Simpson. Ce serait d'ailleurs ses opinions répétitives sur l’ex-footballeur et accusé de meurtre qui firent en sorte qu'il fut congédié de SNL en 1998 alors que son patron, le président du réseau NBC, était un proche ami de Simpson... Son renvoi du réseau fut quelque chose qui fit en sorte qu'il fut quelque peu «blacklisté» par la suite... Même que «Sale boulot» aurait floppé au box office un peu pour ces raisons, mais est devenu un film culte par la suite.



Macdonald était donc un sacré numéro et il fut étrangement choisi comme animateur de la cérémonie des ESPY (Excellence in Sports Performance Yearly) du réseau ESPN en février 1998. Alors à sa 6e édition, les ESPY ne savaient probablement pas à quoi s'attendre de Macdonald qui se défoula envers les nombreuses personnalités sportives assemblées dans la salle, plus habitués de se faire encenser et non pas de se faire «roaster» de la sorte. Macdonald raconta plus tard qu'il se sentait comme dans un gymnase rempli de «jocks» prêts à lui casser la figure.

Je vous laisse ici cet exquis monologue d'ouverture de Macdonald où vous pouvez tâter le malaise de plusieurs célébrités sportives. Il y a aussi une blague de hockey et une courte apparition de Mark Messier.

 

Coïncidence ou pas après cette énième blague sur Simpson, Macdonald fut renvoyé de SNL 3 semaines plus tard. Il n'a jamais été ré-invité aux ESPYS...

R.I.P Norm.

samedi 18 septembre 2021

R.I.P. Fred Stanfield


Nous avons appris cette semaine le décès de Fred Stanfield, à l’âge de 77 ans. Si vous n’avez pas connu les années 1970, peut-être que ce nom ne vous dit rien. Pourtant, il a connu une carrière plus qu’enviable, mais il a souvent été dans l’ombre.

Comme ses frères Jim et Jack, Fred Stanfield fut recruté par les Black Hawks de Chicago. Si Jack a joué un match avec les Hawks et deux saisons avec les Aeros de Houston et Jim, 7 matchs avec les Kings, Fred était de toute évidence le plus talentueux de la fratrie.

Chicago avait toutefois une formation avec de la profondeur et Stanfield dut se contenter de jouer 107 matchs en trois ans, entrecoupés de séjours dans les mineures.

C’est toutefois le 15 mai 1967 que le vent tourna et ce, à plusieurs aspects. À ce moment, les Hawks envoyèrent Stanfield, Phil Esposito et Ken Hodge aux faibles Bruins. En retour, ce sont Pit Martin, Gilles Marotte et Jack Norris qui prirent le chemin inverse.

Même si ceux-ci venaient de s’assurer des services du jeune prodige Bobby Orr, il demeure que les Bruins venaient de rater les séries pour une huitième année de suite et ce, dans une ligue qui à l’époque ne comptait toujours que six équipes.

Dès leur première année dans l’uniforme noir et jaune, les trois joueurs connurent leur meilleure saison à ce jour, aidant les Bruins à finalement atteindre les séries. Si Esposito (deuxième pointeur de la ligue) et Hodge attirèrent beaucoup l’attention, Stanfield y alla d’une première de six saisons de vingt buts ou plus consécutives.

Dans les années qui suivirent, alors qu’Esposito (qui collectionnait les honneurs et les records) et Hodge formèrent l’omniprésent premier trio avec Wayne Cashman, Stanfield apporta son importante contribution sur la deuxième ligne de façon plus discrète, avec John McKenzie et Johnny Bucyk. Sans rien enlever à Marotte, Martin et Norris, l’un des échanges les plus déséquilibrés de la LNH avait apporté la moitié des deux premiers trios à ce qui s’avéra une équipe dominante de cette époque.

Si Stanfield accumulait de très peu nombreuses punitions, ça ne l’empêchait pas de déplacer de l’air d’une autre façon, avec un coup de patin efficace et un tir frappé fulgurant. D’ailleurs, lors du premier match de la finale de 1970, au début de la deuxième période, son tir a atteint Jacques Plante en plein visage, qui brisa son masque. Plante mit trois minutes à quitter la patinoire, avant d’être conduit à l’hôpital. On lui diagnostiqua alors une commotion. Le pointage était alors de 1-1. Le match se termina 6-1. Plante ne revint pas de la série et le duel qui s’annonçait inégal entre une équipe établie et les Blues, une équipe de troisième année, se termina en balayage. À peine trois ans après une absence prolongée en séries, la Coupe retourna à Boston après 29 ans d’absence.

En 1970-71, les Bruins atteignirent des sommets statistiques, incluant Stanfield, avec 76 points. La saison se termina toutefois en queue de poisson, alors que les Canadiens menés par un gardien recrue, Ken Dryden, les surprirent au premier tour des éliminatoires.

Ce ne fut toutefois que partie remise pour 1971-72. Stanfield réalisa sa meilleure saison en carrière avec 79 points (un total dans l’ombre de ceux d’Orr et d’Esposito, mais tout de même appréciable). En finale, on assista à une rencontre des deux équipes qui, peu de temps auparavant, étaient les éternels derniers de la ligue, Boston et New York. Les Bruins durent travailler un peu plus dur que la fois précédente, mais ils remportèrent à nouveau le trophée de Lord Stanley.

En mai 1973, suite à une autre sortie hâtive en séries, Boston jugea que la perte de Gerry Cheevers à l’AMH lui avait coûté trop cher et voulut se renforcer devant le filet. Stanfield fut alors sacrifié et expédié au Minnesota en retour de Gilles Gilbert.

Le séjour de Stanfield avec les North Stars fut toutefois peu fructueux. Les Stars convertirent le centre en ailier droit et les résultats ne furent pas au rendez-vous. Après une saison et demie, il fut échangé aux Sabres, une équipe en pleine montée, mais jeune. Normand Gratton prit la direction du Minnesota.

Le pari des Sabres porta fruit puisqu’ils atteignirent la finale, où ils durent toutefois s’incliner devant les Flyers.

Stanfield joua trois autres saisons à Buffalo, incluant un match de trois buts et une passe dans un massacre de 14-2 des misérables Capitals, la pire équipe d’expansion de l’histoire. Encore une fois, malgré performance remarquable, elle passa derrière la soirée de quatre buts et une passe de Richard Martin

En 914 matchs, sa fiche est de 211-405-616 et seulement 136 minutes de pénalité.

Il termina avec une saison dans la Ligue américaine, avec les Bears de Hershey, où il y fut brièvement joueur-entraîneur.

Après sa carrière de joueur, le torontois d’origine demeura dans la région de Buffalo, où il géra pendant 25 ans son magasin d’ameublement de bureau.

Sources:

"Plante injury helped Bruins", AP, May 4, 1970, Montreal Gazette, page 17,

"Former Bruin Fred Stanfield dies at age 77" de Steve Conroy, September 14, 2021, Boston Herald (bostonherald.com),

"Fred Stanfield, member of the Sabres 1975’ Stanley Cup Final team, dies at 77" de Mike Harrington, September 13, 2021, Buffalo News (buffalonews.com),

wikipedia.org.

mardi 14 septembre 2021

Les grands voyageurs #9 - Mike Sgroi

 
 
Ça va être difficile de faire mieux en terme de joueur nomade que Trevor Jobe et ses 38 équipes dans l'épisode précédent. Mais ça veut pas dire qu'on va pas essayer et de toute façon, chaque histoire de ces grands voyageurs a quelque chose d'unique et c'est aussi le cas avec le joueur d'aujourd'hui, un autre de ces drôles de moineaux, le fameux Mike Sgroi. 

Si vous n'êtes pas familier avec cette série, je comptabilise chaque équipe professionnelle où le joueur a joué entre parenthèse au fur et à mesure que le récit progresse...


 
Né le 14 août 1978 à Toronto, c'est très tôt que Mike Sgroi fut habitué aux déménagements alors qu'il déménagea à Calgary à l'âge de 4 ans. Il déménagea ensuite aux États-Unis lorsqu'il était adolescent et il joua ainsi son junior dans la NAHL. Géant de 6'5" et 230 livres, il se développa assez tôt une réputation d'homme fort lorsqu'il mena la NAHL avec 328 minutes de pénalité en 1997-98 avec les Blues Jr. de Springfield. Il retourna ensuite en Ontario cette fois dans le Junior B avec les Bulldogs de Tecumseh où il connut une bonne saison qui lui permit d'être recruté par la suite par l'université UMass-Lowell. Il détesta toutefois l'université et quitta après seulement 6 matchs et 1 semestre.

Non repêché, il débuta ensuite son parcours professionnel en 2000-2001 où il s'établit comme un des nouveaux hommes forts de la ECHL. Il joua pour trois équipes lors de cette première saison soit le Storm de Toledo (1), le Brass de New Orleans (2) et les Generals de Newsboro (3). Davantage un habitué de la colonne des minutes de pénalité, il récolta en tout 10 buts, 11 passes et 210 minutes de punition en seulement 58 matchs. Il obtint également un essai avec les Red Wings de Detroit et joua même quelques matchs pré-saisons avec eux sans toutefois réussir à se dénicher un poste.

Il changea de ligue pour la UHL en 2001-02 et évolua alors avec deux clubs, les Icehogs de Rockford (4) et les Mallards de Quad City (5) en plus de faire ses débuts dans la AHL lors d'un séjour de 4 matchs avec les Wolves de Chicago (6). 
 
Durant la saison morte, Sgroi habitait Orlando et peaufinait depuis plusieurs années ses habiletés de combattant en participant à des combats d'arts martiaux mixtes. Il débuta ces combats à l'âge de 18 ans mais comme il était encore considéré comme mineur aux États-Unis, il combattait sous le nom de Jason Anderson, soit le nom apparaissant sur ses fausses cartes d'identité. Il garda ce même nom pour ses combats même une fois passé ses 21 ans... 


À l'époque, Sgroi faisait comme plusieurs joueurs en envoyant un vidéo de ses habilités aux équipes de la LNH afin de se faire recruter. Cependant, le vidéo de Sgroi contenait également des extraits de ces combats MMA... Celà fonctionna car à l'aube de la saison 2002-03, il obtint un essai au camp des Flames de Calgary. Il avait à ce moment une fiche à vie impressionnante de 88-1 comme combattant MMA.

Il n'obtint toutefois pas de poste avec les Flames et repris alors de plus belle dans les mineures avec les Grizzlies de l'Utah (7) dans la AHL et les Men O'War de Lexington (8) dans la ECHL. Note à moi-même, me renseigner sur ces intrigants «Men O'War»...

Le même pattern AHL/ECHL se répéta pour Sgroi lors des saisons suivantes. Grizzlies de l'Utah et Steelheads de l'Idaho (9) en 2003-04 et ensuite une saison partagée entre les Penguins de Wilkes-Barre/Scranton (10) et les Nailers de Wheeling (11) en 2004-05.

Durant l'été 2005, il fit partie de la fameuse et malfamée édition de «Battle of the Hockey Enforcers», cette compétition diffusée sur «pay per view» de combats d'hommes forts sur glace qui fit les manchettes de façon controversée. Après ses 3 victoires de qualification consécutives, Sgroi gagna la demie-finale et perdit ensuite en grande finale contre Dean Mayrand (alors un joueur de la LNAH) qui remporta la bourse de 60,000$... À noter que le légendaire Link Gaetz participa également à ce fameux tournoi mais ce ne fut pas aussi glorieux pour lui alors qu'il se retira après avoir subi une commotion lors de son premier combat...
 


Cette prestation vint probablement ajouter à la notoriété de Sgroi alors qu'il réussit à demeurer dans la AHL en 2005-06, obtenant un contrat avec les Devils qui l'assignèrent à leur club-école, les River Rats d'Albany (12). Il fut toutefois libéré avant la fin de la saison et termina l'année avec le Crunch de Syracuse (13).

Ensuite, il ne joua seulement qu'une trentaine de matchs en 2006-07 avec les Senators de Binghamton (14) et les Jackals d'Elmira (15) dans la UHL. Une certaine réputation de cancer dans le vestiaire semblait le suivre lorsqu'on consulte les archives de textes à son sujet.

En fait, beaucoup des textes ou vidéos que l'on peut trouver à son sujet porte à propos de ses bagarres...
 
 
 
 
ou de ses crampes au cerveau:
 

 
J'aime particulièrement le prochain où comme un champion, il brise la baie vitrée avec sa tête et pour quitter ensuite le match... 

 
 
C'est ce qu'on peut qualifier de tête folle...
 
Jusque-là Sgroi était principalement connu pour ses talents de pugiliste, et jamais vraiment pour ses talents offensifs, lui qui n'avait jamais marqué plus de 10 buts en une saison. Son retour dans la ECHL en 2007-08 fut toutefois une amélioration à ce niveau alors qu'il obtint 25 buts et 22 passes en 53 matchs partagés entre les Ice Pilots de Pensacola (16) et les Chiefs de Johnstown (17)

Il croyait que cette bonne saison lui vaudrait une place définitive dans la AHL en 2008-09 mais il en fut autrement. S'en suivit plutôt une saison plus que rocambolesque. Il fut remercié après seulement 3 matchs d'essai à Syracuse et retourna donc avec les Chiefs. Il n'y connut pas autant de succès offensifs qu'en 2007-08 et les Chiefs l'échangèrent donc aux Grizzlies de l'Utah, là où il avait aussi joué en 2002 et 2003. Il ne joua cependant qu'un seul match avec eux avant d'être libéré. 
 
Durant cette même saison, il obtint un autre essai de 25 matchs dans la AHL avec les Senators de Binghamton mais fut également remercié après un seul match. Le même scénario se produisit avec les Admirals de Norfolk (18), toujours dans la AHL. Ces derniers ne le gardèrent aussi que très peu longtemps, soit 3 matchs. Il signa ensuite avec les Jackals d'Elmira Pour terminer la saison, là où il avait aussi joué dans le passé. 
 
C'est donc avec 6 clubs dont 5 où il avait déjà joué, que Sgroi passa sa saison 2008-09. Ces 6 clubs en une saison représentent pour moi une possible première... J'ai déjà vu quelques joueurs atteindre les 5 clubs, par exemple Chris Wideman en 2018-19, mais c'est la première fois à ma mémoire défaillante que je vois un joueur se rendre à 6 clubs. Un fait encore plus impressionnant lorsqu'on se rappelle que la saison de hockey dure environ 8 mois... Et il ne joua que très peu avec ces 6 clubs, soit seulement 37 matchs au total...

En 2009-10 il obtint un essai au camp des Americans de Rochester mais fut libéré avant la saison. Il signa éventuellement avec les Bucks de Laredo (19) dans une nouvelle ligue pour lui, la CHL. Les Bucks le libérèrent toutefois après 1 mois et il retourna alors avec les Jackals d'Elmira, soit son 3e séjour là-bas. Ce fut une nouvelle fois un séjour éphémère alors qu'il fut de nouveau libéré. Il opta alors de tenter l'expérience outre-mer en signant un contrat pour le reste de la saison avec les Steelers de Sheffield (20) dans la ligue du Royaume-Uni. 

Il revint dans la CHL en 2010-11 avec les Eagles du Colorado (21) mais fut libéré après le congé de Noël. Il signa alors avec les Brahmas du Texas (22) toujours dans cette CHL où il termina la saison à l'exception d'un prêt de 2 matchs dans la AHL avec les Sound Tigers de Bridgeport (23). Ces deux matchs furent ses derniers dans la AHL.

 

La saison 2011-12 fut ensuite plutôt tranquille pour Sgroi alors qu'il ne joua que pour un seul club (une première en carrière), les IceMen d'Evansville (24) dans la CHL. Ce fut également sa dernière saison comme joueur à temps plein. Il récolta 5 buts et 4 passes en 51 matchs en plus de 103 minutes de pénalité.

Après une brève pause au début de la saison 2012-13 et un essai infructueux avec le Rush de Rapid City (libéré sans jouer de match), il revint au jeu à la mi-saison avec l'équipe de sa ville d'adoption, les Solar Bears d'Orlando (25) dans la ECHL. Il y joua 11 matchs et prit sa retraite par la suite, à l'exception de deux signatures d'urgence chez les Solar Bears soit pour 2 matchs en 2014-15 et ensuite 1 dernier match à la fin de la saison 2016-17. Il obtint 17 minutes de pénalités durant ce seul match, étant chassé pour inconduite.

En 598 matchs professionnels en carrière (AHL, CHL, ECHL, EIHL, UHL), Mike Sgroi a récolté 95 buts et 108 passes pour 203 points en plus de 1937 minutes de pénalité. Son unique championnat en carrière fut lors de la conquête de la Coupe Kelly des Steelheads de l'Idaho en 2004 mais il ne joua qu'un seul match durant ce parcours.
 
En tant que grand voyageur et bien ses 25 équipes ne font évidemment pas le poids contre les membres précédents de cette série comme Trevor Jobe (38) et David Ling (27) mais il faut aussi prendre en considération que sa carrière fut pas mal plus courte que ces deux joueurs et le ratio équipe/année est davantage élevé pour Sgroi. Et jusqu'à maintenant, seul Sgroi aura effectué le fait d'armes d'avoir joué pour 6 équipes en une saison, ce qui jusqu'à ce que je trouve mieux, est un record.

Depuis sa retraite, Sgroi habite toujours Orlando où il enseigne plusieurs styles de combat comme le Muay Thai, le jiu-jitsu brésilien et a également une école de hockey.


Sources:
Scrappiness name of game for Flame, The Globe and Mail, 14 sept. 2002
Sheffield Steelers secure enforcer Mike Sgroi, BBC, 26 janvier 2010
Chiefs trade enforcer Sgroi to Utah, The Tribune-Democrat, 24 janvier 2009
Solar Bears blasted by Everblades, Pro Hockey News, 9 avril 2017

samedi 11 septembre 2021

Le ballon dans la fourche, version LNH

 



Nous avons tous un souvenir marrant d'un de nos amis qui se tord de douleur suite à un coup dans les burnes. Moment classique dans la vie d'Homer Simpson, un ballon dans la fourche, ça reste un ballon dans la fourche.

Mais si nous pouvons en rire, c'est rarement le cas de la victime, du moins, pas sur le coup. Je me demande si Al MacInnis et Rich Parent peuvent prendre un verre et rire de l'incident du 13 février 1999 encore aujourd'hui. 


Lors de l'échauffement précédent le match où les Blues recevaient les Oilers d'Edmonton, MacInnis décida de faire ce que tout joueur de "Ligue de garage" se doit (malheureusement) de faire, c'est-à-dire décocher un lancer frapper de la "slot" sur son gardien. Mais contrairement à Guillaume* qui travaille sur un chantier de construction et qui n'a pas joué un niveau plus élevé que Midget B, Al MacInnis possédait (et possède sûrement encore) un lancer frappé dévastateur. Ledit lancer atteint directement l'entrejambe de Parent, fit éclater son support athlétique, lui causant une contusion scrotale et une rupture d'un testicule … (Vous avez le droit d'avoir mal en ce moment).

Parent dût subir une intervention chirurgical d'urgence, rata 11 matchs et probablement une belle fête de la St-Valentin ...

* = nom fictif