Il y a trente-cinq ans aujourd’hui, c’était un grand jour pour moi. Pour la première fois, je voyais un match de la Ligue nationale sur place.
Je n’avais pas tout à fait huit ans. Mon oncle préféré (qui avait marié ma tante préférée deux ans plus tôt) avait demandé à ma mère s’il pouvait m’emmener au Forum. À ce moment, ils venaient à peine d’avoir leur aînée (qui était évidemment beaucoup trop jeune pour s’intéresser au hockey) et il s’occupait beaucoup de moi. Notre intérêt commun pour le hockey avait créé des liens.
Ma mère, qui aimait bien le hockey également, demanda si elle pouvait venir aussi. (Mon père est, encore aujourd’hui, plus un style « pêche ». Il n’a jamais eu d’intérêt pour le hockey.) Mon frère, qui aimait plus ou moins le sport, voulut tout de même venir.
Mon oncle réussit donc à mettre la main sur quatre billets dans les bleus pour le match du 26 mars 1981. C’était un jeudi soir, mais j’ai eu une permission spéciale pour me coucher tard, malgré l’école le lendemain. Les adversaires étaient une nouvelle équipe, les Flames de Calgary. Il s’agissait de leur première saison suite à leur déménagement d’Atlanta. Le match de mars allait être leur deuxième visite à Montréal à vie. Par contre, ce n’était pas une équipe d’expansion et elle n’était pas si mauvaise avec sa fiche de 37-25-13.
J’étais très fébrile. Le chemin pour se rendre à nos sièges (parmi les plus hauts) m’a paru long. En chemin, mon oncle m’a acheté le programme et les photos des joueurs. Rendu à nos sièges, comme c’était le cas dans l’ancien Forum, la galerie de presse nous obstruait la vue. (Pour une raison que je ne m’explique toujours pas, la galerie de presse cache également la vue du tableau indicateur d’une partie des bleus au Centre Bell. Dans le cas du Forum, je peux comprendre en raison des nombreux agrandissements et rénovations subis au fil des ans. Le Centre Bell, lui, a été construit d’un bloc et a donc été prévu ainsi…)
Nous sommes arrivés tôt afin de pouvoir voir la pratique. Les Canadiens étaient en blanc, comme c’était toujours le cas à domicile au cours de ces années-là. J’entrai aussi en contact avec une autre tradition de cette époque : la voix de l’annonceur Claude Mouton. Je l’avais déjà entendue à la télé, mais là, c’était en « vrai ».
C’est Richard Sévigny qui prit le filet pour les Canadiens. Du côté des Flames, c’est un type dont j’ai essayé de prononcer le nom une bonne partie de la soirée avec mon anglais embryonnaire. Malheureusement, mon oncle ne pouvait pas me venir en aide. Rigein? Riguin? Ridgein? Rigine? (C’était Pat Riggin.) Il y eut toutefois une déception. Guy Lafleur était blessé et ne jouait pas.
Le jeu commença. L’ambiance était impressionnante. Ça criait. Ça applaudissait. Ça s’exclamait.
Après sept minutes, ce fut le délire lorsque Pierre Larouche ouvrit la marque pour les Canadiens. Je jubilais. Larouche a d’ailleurs connu un match exceptionnel, avec trois buts et une passe. (Comme vous pouvez vous en douter, j’ai dû faire un peu de recherche pour me souvenir de tous ces détails. Ce n’est pas du haut de mes sept ans que j’ai mémorisé tout ça…)
Les Flames ont répliqué presque immédiatement, dans ce qui a probablement été le dernier moment où ils ont été dans le coup.
Quelques minutes plus tard, je ne tenais plus en place. Mon joueur préféré, Keith Acton, donna les devants aux Canadiens. Montréal n’a plus jamais regardé en arrière par la suite, dans ce qui s’est avéré un massacre. Même le nouveau, Robert Picard (acquis contre Michel Larocque quelques jours plus tôt), a marqué.
Ce fut une partie parfaite pour un petit garçon qui assistait pour la première fois à un match de ses favoris. Non seulement les Canadiens l’ont emporté, mais en plus, il y a eu des buts à profusion et mon joueur préféré a marqué. Pointage final : 8-2 Canadiens. Le bonheur total.
D’ailleurs, vingt-neuf ans plus tard, cette merveilleuse soirée m’est revenue en tête lorsque j’ai accompagné mon fils aîné à son premier match au Centre Bell. Pauvre lui, il n’a pas eu la même chance que moi… Non seulement les Canadiens ont perdu, mais en plus, ils se sont faits blanchir, 3-0 par les Bruins. Il n’a même pas eu un petit but à se mettre sous la dent.
Lorsque je suis allé avec mon plus jeune, ils ont aussi perdu, 4-3 contre les Flyers. Au moins, les Canadiens ont marqué. Ironiquement, lorsque j’ai emmené ma fille, le tricolore l’a emporté 5-4 contre le Wild. Mais bien qu’elle ait apprécié sa soirée, pour elle, ce qui se passait sur la patinoire semblait plutôt secondaire…
Source : « Quand Larouche fait oublier Lafleur » de Bernard Brisset, 27 mars 1981, La Presse, p.S3.
1 commentaire:
moi je m'en souviens comme si c'etait hier, victoire de 4 à 3 des Canadiens contre les North Stars, le 8 octobre 1988, pour ma fête de 10 ans!! 2 buts de Stephane Richer, un de Dino Ciccarelli et de Brian Bellows (avec des stars évidemment...)que de souvenirs!!
Enregistrer un commentaire