Les Devils ont eu des défenseurs de renom durant leurs meilleures années, comme Scott Niedermayer, Scott Stevens et Brian Rafalski. Mais avant ces trois-là, le premier vrai bon défenseur de l'histoire de l'équipe fut le plus discret Bruce Driver, qui vit la franchise passer de risée de la ligue à championne de celle-ci.
Né le 29 avril 1962 à Etobicoke en Ontario, Driver ne semblait pas destiné à faire carrière dans la Ligue nationale. À 13 ans, il est même coupé de son équipe bantam parce qu’on le juge trop petit et trop frêle. Il persévère malgré tout et se démarque dans le junior A, ce qui incite les Generals d'Oshawa à le repêcher. Il refuse toutefois l'appel de la OHL pour plutôt accepter de joindre les Badgers de l'Université du Wisconsin.
À l'époque, la voie de la NCAA demeurait peu fréquente pour se rendre à la LNH, surtout pour les joueurs canadiens. Toutefois, coïncidence ou pas, c'est suite au «Miracle on ice» de 1980 qu'on remarqua de plus en plus de joueurs optant pour la NCAA au lieu de la OHL ou la LHJMQ. Le Wisconsin offrait d’ailleurs les exemples les plus éloquents, fort d’un des meilleurs programmes universitaires du pays, dirigé par le vénérable Bob Johnson.
Driver débuta son stage universitaire en force en 1980-81, aidant les Badgers à remporter le championnat national. Il se fit suffisamment remarquer pour être repêché en 6e ronde du repêchage de 1981 par les défunts Rockies du Colorado.
En 1981-82, les Badgers reçurent davantage de renforts avec l'arrivée de deux autres futurs joueurs de la LNH, soit Patrick Flatley et Chris Chelios, ce dernier étant muté sur la première ligne de défense avec Driver, qui lui fut élu sur la première équipe d'étoiles.
En 1982-83, Driver fut nommé capitaine des Badgers et mena l'équipe à une autre conquête du championnat national. Lors du match décisif contre Harvard, il récolta 1 but et 2 passes dans une victoire de 6-2 qui allait clore son parcours universitaire de parfaite façon.
Voici un extrait. Vous pouvez également y voir Chelios (#21) en action.
Fun fact, l'équipe 1983 des Badgers mettait aussi en vedette le futur joueur du Canadien David Maley ainsi que le gardien Marc Berhend, futur joueur des Jets et des Canadiens de Sherbrooke.
Après cette conquête, Driver opta de ne pas jouer sa 4e saison universitaire pour plutôt porter le chandail rouge et blanc du Canada lors des Jeux olympiques de Sarajevo. L’équipe canadienne (où jouait également Flatley et son futur coéquipier Kirk Muller) termina en 4e place, mais Driver s’y fit remarquer comme le défenseur le plus productif de la formation.
Après les jeux, Driver termina la saison 1983-84 avec l'organisation l'ayant repêché en 1981, maintenant connue sous le nom des Devils du New Jersey. Il joua 4 matchs pour terminer la saison (récoltant 2 passes) et fut cédé au club-école, les Mariners du Maine pour poursuivre son apprentissage. Il en profita alors pour ajouter à son palmarès avec une conquête de la coupe Calder.
Driver fit ensuite l'équipe à temps plein en 1984-85. Dès ses premières saisons, il s’impose comme un défenseur fiable, intelligent et surtout constant. Il incarnait le défenseur universitaire typique de l’époque: capable de lire le jeu, de calmer la tempête et d’appuyer l’attaque par une première passe solide et un lancer précis de la ligne bleue. Il récoltait en moyenne 40 points par saison, son meilleur rendement ayant eu lien en 1987-88 avec 15 buts et 40 passes pour 55 points. Un spécialiste en avantage numérique, la moité de ses buts marqués en carrière furent lors du jeu de puissance.
Au fil des années, il devint un pilier de la défense des Devils, étant même nommé capitaine lors de la saison 1991-92 suite au départ de Kirk Muller. Sa longévité au New Jersey – douze saisons au total – en fit l’un des visages les plus associés à l’équipe de cette époque, bien avant l’ère glorieuse marquée par Martin Brodeur, Scott Niedermayer et Scott Stevens.
C'est d'ailleurs l'arrivée de ce dernier en 1991-92 qui fit en sorte que le règne de Driver comme capitaine fut très court. Les Devils avaient obtenu Stevens suite à une offre hostile controversée des Blues envers Brendan Shanahan des Devils. Un arbitre décida que les Devils étaient en droit de recevoir Stevens en compensation.
Il y eut un long litige par la suite et Stevens ne voulait pas venir au New Jersey. Il se résigna toutefois et apprit à profiter de la situation. Étant auparavant capitaine des Blues, il était logique qu'il devienne éventuellement capitaine des Devils.
Mais comme ses débuts avec l'équipe étaient encore sous atmosphère tendue, ils ont préféré élire Driver comme capitaine. Ce ne fut toutefois que partie remise. Au même moment où les Devils changèrent leurs couleurs du vert/rouge au noir/rouge, Stevens fut nommé capitaine pour la saison 1992-93. Bon joueur, Driver ne rechigna pas et garda le "A" lors des saisons suivantes.
Le point culminant de sa carrière survint en 1995, quand les Devils remportèrent leur première Coupe Stanley en surprenant les Red Wings de Detroit en finale. Driver, désormais un vétéran respecté, joua un rôle discret mais essentiel dans ce triomphe.
Il obtint une fiche modeste de 1 but et 6 passes lors de ces séries, mais son seul but eut lieu lors du 3e match de la finale.
«Driver» drives it home. On peut tu avoir un call plus parfait? Sérieux.
Lors de la remise de la coupe au capitaine, Stevens remit la coupe aux 3 joueurs les plus anciens de l'organisation, soit John MacLean, Bruce Driver et Ken Daneyko.
Ces trois joueurs, surnommés les «Original Devils» avaient tous débuté leur carrière au New Jersey durant la saison 1983-84, soit la même saison où avait eu lieu la fameuse défaite «Mickey Mouse» de 13-4 contre Wayne Gretzky et les Oilers, le 19 novembre 1983. Cependant, seul MacLean était en uniforme lors de ce fameux match, Driver étant toujours avec l'équipe canadienne et Daneyko dans le junior.
Driver était toutefois le dernier joueur toujours en poste à avoir été repêché en tant que Rockies du Colorado. Il est d'ailleurs un des seuls joueurs repêché par les Rockies à avoir remporté la coupe, le seul autre étant Rob Ramage (1989 avec les Flames et 1993 avec le Canadien).
Après la conquête de 1995, le contrat de Driver se termina. Il désirait rester au New Jersey mais seulement s'il recevait un nouveau contrat d'au moins trois saisons et une clause de non-échange, ne voulant pas déménager sa famille. La direction opta de ne pas lui offrir de contrat, ayant plusieurs jeunes défenseurs prêts à faire le saut.
Il obtint toutefois ce qu'il désirait, pas très loin, avec les Rangers de New York. Il joua donc trois dernières saisons complètes avec l'ennemi à Manhattan, se retirant finalement du jeu après la saison 1997-98.
Sa retraite ne signifia pas la fin de son lien avec le hockey. Installé dans le New Jersey, il devint entraîneur d’équipes féminines au Morristown-Beard School dès 2000 et ensuite durant plusieurs saisons. Il fut élu au temple de la renommée de l'Université du Wisconsin.
En 922 matchs dans la LNH, sa fiche fut de 96 buts et 390 passes pour 486 points, ainsi que 50 points en 108 matchs en séries.
Après la cohorte «Driver-Chelios-Flatley» du début des années 80, plusieurs autres joueurs de renom gravirent la LNH après leur passage à l'Université du Wisconsin comme Gary Suter, Scott Mellanby, Tony Granato, Curtis Joseph, Mike Richter, Brian Rafalski, Dany Heatley, Joe Pavelski, Ryan Suter, Ryan McDonagh et Cole Caufield.







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