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mardi 16 septembre 2025

Le hockey au Turkménistan



Malgré son statut d'ancienne république soviétique, le Turkménistan n’a jamais eu de tradition de hockey, son climat désertique rendant sa pratique impossible à l'état naturel. Situé au nord de l’Iran et de l’Afghanistan, la neige et les températures froides y sont très rares. En fait, il s'agissait à l'époque de la région la plus au sud de tout l'union soviétique. Selon mes recherches, aucun joueur de hockey de l'ancien union soviétique était d'origine Turkmène avant l'indépendance du pays en 1991.

Surtout reconnu pour les tristement célèbres «Portes de l'enfer», ce cratère de feu qui dure depuis 1971, le Turkménistan est également dirigé par un régime autoritaire et dynastique autour de la famille Berdymoukhamedov, sans opposition politique ni liberté de presse. L’État contrôle l’information et limite l’accès à Internet, mais se présente comme neutre et exploite ses ressources énergétiques pour entretenir des relations sélectives avec l’étranger. 

Le pays serait même plus oppressif que la Corée du Nord, auquel il est souvent comparé. Et comme cette dernière, les dirigeants du Turkmenistan ont cultivé un culte de la personnalité et imposé des mesures drastiques et extravagantes. Par exemple, l'ancien président Saparmurat Niyazov (1991 à 2006) avait rebaptisé les mois et les jours, interdit les barbes longues et fermé les hôpitaux et bibliothèques rurales. Son successeur, Gurbanguly Berdymoukhamedov, a ensuite annulé certaines de ces mesures mais poursuivit dans le culte de personnalité, interdisant par exemple les voitures de couleurs, ce qui fait qu'aujourd'hui, l'entièreté des voitures citoyennes du pays sont blanches... 

Donc, comment un pays désertique et oppressé comme le Turkménistan est parvenu à avoir du hockey? 

Et bien, avant sa mort en 2006, Niyazov avait fait construire la première patinoire de l'histoire du pays dans le désert Kopet Dag, situé à la frontière avec l'Iran. Après sa mort, son successeur entreprit ensuite la construction d'une deuxième patinoire, plus grande et extravagante, dans la capitale d'Achgabat. D'une capacité de 10,000 sièges, le «Winter sports Complex» d'Achgabat est un des plus gros amphithéâtres de toute l'Eurasie, à l'exception de ceux qu'on retrouve à Moscou ou St.Petersbourg. Un troisième aréna de seulement 630 places a par la suite été construit en 2014, toujours à Achgabat.

L'ancien président Gurbanguly Berdymoukhamedov

Construire un aréna hyper moderne était déjà ambitieux et quelque peu mal avisé pour un pays qui se classe dans les pires espérances de vie et niveaux de santé, en dehors du continent africain. Mais qu'à cela ne tienne, Berdymoukhamedov voulait que son pays se distingue au hockey international. Comme il n'y avait qu'une ou deux équipes informelles à travers le pays, il ordonna en 2012 la création d'équipes au sein de son gouvernement et ses institutions, afin de donner l'exemple. On vit donc apparaitre des équipes sponsorisées par différents ministères comme le ministère de l'industrie, le ministère des relations économiques et le ministère de la défense entre autres.

Le premier championnat national apparut ensuite en 2013, et fut remporté par le Galkan HC (Ministère des affaires internes) qui a remporté par la suite toutes les éditions suivantes. 

 

Le Turkménistan joignit ensuite les rangs de la IIHF en 2015 et participa à son premier tournoi international en 2017 lors des jeux d'hiver d'asie au Japon. Il termina alors en 11e place du tournoi, devant son voisin, le Kyrgystan, et les Philippines. 

Le pays entra ensuite dans le classement du championnat mondial en 2018, parvenant à se classer en 3e division-A. 

Les divisions du championnat du monde sont en fait très compliquées en dehors de la division élite que l'on connait davantage ici (Canada, USA, Suède, Etc). En dehors de ces 16 nations élite, les pays suivants se disputent les divisions I, IA, IIA, IIB, IIIA, IIIB et IV. 

Le Turkménistan n'est pas encore en voie de devenir une puissance mondiale comme le voulait Berdymukhamedov. Le Turkménistan se retrouve actuellement au 44e rang mondial sur 60. Il s'agit somme toute d'un bon résultat pour un pays au programme et à la tradition encore très jeune. Par exemple, des pays ayant des programmes plus vieux comme la Turquie (1991) et l'Arménie (1999) ne sont jamais allé plus loin que le fond de la division IIIB. Le programme a sans doute été grandement aidé par le parainage du double champion de la coupe Stanley Sergei Nemchinov, qui vint consulter au Turkménistan en 2020, mais qui semble ne pas y être retourné par la suite...

On verra ce qui adviendra pour la suite. Est-ce que le hockey peut y progresser naturellement sans l'influence forcée du régime en place? Qu'adviendrait-il en cas de changement de régime? 

Je vous laisse sur cet extrait le plus célèbre de la courte histoire du hockey turkmène, soit lors du mois de février dernier lorsqu'une mêlée générale éclata entre le Turkménistan et l'équipe de Hong Kong aux plus récents jeux asiatiques. 4 joueurs turkmènes ont été suspendus à la suite de ces incidents qui eurent lieu durant la poignée de main après le match remporté 5-1 par Hong Kong.

 

En 2022, Gurbanguly Berdymoukhamedov passa les rênes de son parti à son fils Serdar qui fut élu aux élections avec 73% des voix le mois suivant dans une élection qui fut grandement reconnue comme truquée.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

J'adore ce blogue. Des années et des années que je le suis et jamais, je n'ai été décu. Nulle part ailleurs pouvons-nous trouver ce regard oblique, et toujours grandement intéressant, sur le hockey. La grande classe... Ça fait changement de Renaud Lavoie (qui doit croire que le Turkmékistan est une sorte de tarte ?).

BRAVO À TOUTE CETTE PETITE ÉQUIPE !!!
Vous tenez ça à bout de bras, on doit vous féliciter.

-, Stéphane -

RaySheppard a dit…

Merci beaucoup de nous lire!