En ce temps des fêtes, voici quelque chose de différent.
En faisant des recherches, je suis tombé par hasard sur ceci dans l’édition du 17 novembre 1972 de La Presse.
Guy Lafleur, celui qu’on présentait comme le successeur de Jean Béliveau s’est présenté à Montréal avec énormément d’attentes à son endroit. À ses trois premières saisons, il a présenté une fiche qui aurait été considérée enviable pour la grande majorité des joueurs (64, 55 et 56 points), mais pas pour lui. D’abord, le courant ne passait pas vraiment entre lui et l’entraîneur Scotty Bowman. De plus, Marcel Dionne, choisi tout juste après lui par Détroit, avait de meilleurs statistiques.
Au moment de l’écriture de l’article, Lafleur débute sa deuxième saison et est donc encore dans sa période difficile. Il n’est pas encore la grande vedette qu’il deviendra, statut auquel il aspire selon ce qui est écrit dans l’article.
Il indique qu’il est heureux, mais que le hockey, ″y a pas juste ça dans la vie.″ (Un autre marqueur de 50 buts, Stéphane Richer, reprendra une phrase semblable quelques décennies plus tard, et la réaction ne fut pas positive.)Il s’ouvre sans pudeur (et je dirais avec un certain courage) au sujet d’un poème écrit l’année précédente. L’auteur indique qu’une maison d’édition lui aurait fait une vague proposition pour publier ses poèmes, mais que ce ne serait pas un service à lui rendre, ce qui ne l’empêcha pourtant pas de publier celui-ci, que je me suis permis de citer…
Personnellement, pour un jeune de 20 ans (au moment de l’écriture) qui a quitté son domicile très jeune pour se concentrer sur le hockey (j’ignore quel niveau de scolarité il a complété, mais à l’époque dans le junior, ce n’était pas une priorité), je trouve que ce n’est pas si mal. Peut-être que je suis influencé par l’admiration et l’affection que je porte au Démon blond… À vous de juger.
Mon amie,
Embrasser sans serrer
C’est comme manger
Une galette non sucrée
Si un jour, tu ouvres ma tombe
Tu liras, écrit en lettres d’or
Je t’aime encore
Si tu étais un petit crochet
Et moi une petite chaudière
Laisserais-tu ma petite chaudière
S’accrocher à ton petit crochet?
La rose séparée du rosier
Se flétrit
Mais séparé de toi
Je pleure et je m’ennuie
Si parfois dans la vie
Tu te sens seule
Pense qu’il y a quelqu’un
Qui t’aime et qui pense à toi
L’amour a ses raisons
Que la raison ne connaît pas
Un peu de joie apportée
Aux autres cause satisfaction
Que bien des présents reçus
Pardonne à la main indiscrète
Qui durant ton absence
Est venue feuilleter ce cahier
Ce n’est pas pour y écrire
Un poème, coquette
Mais simplement pour y laisser
La marque d’un souvenir…
S’il me faut ces lignes
Pour te prouver mon amitié
Voici que je les signe
Avec sincérité
Guy Lafleur, nov. 71
Sources : ″On a tout demandé à Lafleur, même d’être poète″ de Pierre Brosseau, 17 novembre 1972, La Presse, page D2.


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