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mercredi 24 décembre 2025

Guy Lafleur, poète

 


En ce temps des fêtes, voici quelque chose de différent. 

En faisant des recherches, je suis tombé par hasard sur ceci dans l’édition du 17 novembre 1972 de La Presse. 

Guy Lafleur, celui qu’on présentait comme le successeur de Jean Béliveau s’est présenté à Montréal avec énormément d’attentes à son endroit. À ses trois premières saisons, il a présenté une fiche qui aurait été considérée enviable pour la grande majorité des joueurs (64, 55 et 56 points), mais pas pour lui. D’abord, le courant ne passait pas vraiment entre lui et l’entraîneur Scotty Bowman. De plus, Marcel Dionne, choisi tout juste après lui par Détroit, avait de meilleurs statistiques. 

Au moment de l’écriture de l’article, Lafleur débute sa deuxième saison et est donc encore dans sa période difficile. Il n’est pas encore la grande vedette qu’il deviendra, statut auquel il aspire selon ce qui est écrit dans l’article. 

Il indique qu’il est heureux, mais que le hockey, ″y a pas juste ça dans la vie.″ (Un autre marqueur de 50 buts, Stéphane Richer, reprendra une phrase semblable quelques décennies plus tard, et la réaction ne fut pas positive.) 

Il s’ouvre sans pudeur (et je dirais avec un certain courage) au sujet d’un poème écrit l’année précédente. L’auteur indique qu’une maison d’édition lui aurait fait une vague proposition pour publier ses poèmes, mais que ce ne serait pas un service à lui rendre, ce qui ne l’empêcha pourtant pas de publier celui-ci, que je me suis permis de citer… 

Personnellement, pour un jeune de 20 ans (au moment de l’écriture) qui a quitté son domicile très jeune pour se concentrer sur le hockey (j’ignore quel niveau de scolarité il a complété, mais à l’époque dans le junior, ce n’était pas une priorité), je trouve que ce n’est pas si mal. Peut-être que je suis influencé par l’admiration et l’affection que je porte au Démon blond… À vous de juger. 

Mon amie, 

Embrasser sans serrer

C’est comme manger

Une galette non sucrée

Si un jour, tu ouvres ma tombe

Tu liras, écrit en lettres d’or

Je t’aime encore

Si tu étais un petit crochet

Et moi une petite chaudière

Laisserais-tu ma petite chaudière

S’accrocher à ton petit crochet?

La rose séparée du rosier

Se flétrit

Mais séparé de toi

Je pleure et je m’ennuie

Si parfois dans la vie

Tu te sens seule

Pense qu’il y a quelqu’un

Qui t’aime et qui pense à toi

L’amour a ses raisons

Que la raison ne connaît pas

Un peu de joie apportée

Aux autres cause satisfaction

Que bien des présents reçus

Pardonne à la main indiscrète

Qui durant ton absence

Est venue feuilleter ce cahier

Ce n’est pas pour y écrire

Un poème, coquette

Mais simplement pour y laisser

La marque d’un souvenir…

S’il me faut ces lignes

Pour te prouver mon amitié

Voici que je les signe

Avec sincérité 

Guy Lafleur, nov. 71 

Sources : ″On a tout demandé à Lafleur, même d’être poète″ de Pierre Brosseau, 17 novembre 1972, La Presse, page D2.

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